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Williams FW19

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Quand il s’agit de parler de saison folle, animée, disputée, mais décevante, 1997 fait figure de premier choix. Retour sur l'histoire de la monture gagnante au bout du compte : la Williams FW19.

Après une saison 1996 triomphale, conclue par le sacre de Damon Hill sur sa FW18, Williams cherche à poursuivre sa domination installée depuis déjà cinq ans sur la Formule 1. Le gros changement de règlement attendu pour 1998 risque fort de rebattre toutes les cartes. Il est donc important pour l’écurie anglaise d’amasser des gros succès, tant qu’il est encore temps. Et c’est avec la FW19, grosse évolution de la monoplace précédente, que le team de Grove se lance dans l’arène avec l’étiquette de favorite, bien que les McLaren, Benetton et Ferrari restent en embuscade. Pour sa dernière saison avec l’équipe de Frank Williams, Adrian Newey donne le meilleur de lui-même pour améliorer davantage sa FW18 : modification de la distribution des masses, modification de son comportement, changement au niveau des suspensions, les nouveautés sont bien présentes. Sous sa robe bleue et blanche, la nouvelle monoplace dispose du V10 Renault le plus évolué, le motoriste français ayant annoncé son départ à l’issue de la saison. Avec plus de 750 chevaux et un régime maximal poussé à 18 000 trs/min, l’anglaise apeure la concurrence. Si la machine change peu, c’est du côté des pilotes que les choses ne sont plus les mêmes. Champion en titre, Damon Hill s’est vu remercié par son patron, propulsant son jeune équipier Villeneuve au poste de premier pilote. Pour le seconder, le canadien peut compter sur un jeune allemand venu de chez Sauber, Heinz-Harald Frentzen. Problème, les deux hommes ne sont pas connus pour leurs qualités de metteur au point. Williams parviendra-t-elle à tenir son cap ? Rien n’est moins sûr finalement…

Pour la deuxième année consécutive, la saison s’ouvre sur le grand-prix d’Australie, à Melbourne. En 1996, les FW18 avaient dominé l’épreuve et ce, malgré une grosse fuite d’huile sur la monture de Villeneuve. Le canadien qui d’ailleurs, signe la pole position avec brio, quasiment deux secondes plus rapide que son équipier, second ! Mais son épopée australienne tourna bien court : percuté par un Irvine sorti de nul part, le pilote Williams termina planté dans le bac à graviers du premier virage. Seul Frentzen peut désormais sauver la course de l’écurie anglaise mais après avoir bêtement perdu le leadership suite à une stratégie hasardeuse, l’explosion d’un disque de frein l’envoi s’échouer au même endroit que son équipier lors du premier tour. Un zéro pointé, Williams rêvait mieux pour débuter. Après de rudes essais pour tenter d’améliorer la motricité, l’écurie de Grove se rend à Interlagos pour retrouver les avant-postes. Si Villeneuve y parvient, sur l’autre monture, les choses sont plus délicates. Peu à l’aise avec son nouveau bolide, l’allemand peine à trouver du rythme à l’instar de son équipier, poleman. Qualifié en fond de top 10, Frentzen ne s’en sortira jamais vraiment, achevant son périple en neuvième position. Pour le canadien, l'histoire de Melbourne aurait pu se répéter. Moins bien parti que M.Schumacher, le vice-champion 1996 freina bien trop tard, coupant très largement l'enchaînement du premier virage mais fort heureusement pour lui, l’interruption de l’épreuve lui offrit une deuxième chance au départ. Jamais vraiment inquiété, il s’imposa devant Berger sans trop forcer. La machine semble lancée mais il demeure une inconnue : Frentzen parviendra-t-il à élever son niveau de jeu ? Pas en Argentine en tout cas. Parti deuxième, il s’arrêta au bout de cinq petites boucles, embrayage cassé. De l’autre côté du garage, c’est un pilote malade qui tente de survivre sous la chaleur sud-américaine. Bien que n’ayant pas tous ses moyens, le canadien résiste tant bien que mal et tient son rang malgré la forte pression exercée par Irvine dans les tous derniers instants de course. A leur arrivée en Europe, les monoplaces évoluent. Chez Williams, c’est la direction assistée qui fait son apparition, de quoi simplifier encore plus la tâche de ses pilotes, à nouveau en première ligne à Imola. Le dimanche, grosse surprise : la boîte de vitesses de Villeneuve change de rapport toute seule ! Sans contrôle, le québécois n’a plus qu’à renoncer. Mais à l’étonnement général, c’est l’autre Williams qui pointe le bout de son nez en tête. L’allemand, pourtant mis sous pression par son compatriote de chez Ferrari, résiste jusqu’au drapeau à damier pour signer une victoire inattendue. La confiance accordée à Heinz-Harald remonte peu à peu mais sans ses ennuis, Villeneuve l’aurait sûrement emporté…

Pour la cinquième étape du championnat, la Formule 1 retrouve l’iconique tracé de Monaco. Boosté par son succès de Saint-Marin, Frentzen parvient à prendre le meilleur en qualifications, réalisant la première pole position de sa carrière. Mais le dimanche, à quelques minutes du départ, un terrible orage éclate. La piste est totalement détrempée mais contrairement aux avis des météorologues qui ne prévoient aucune amélioration, Frank Williams fait installer des gommes slicks sur ses deux montures : énorme erreur. Dès le départ, les deux Williams patinent, ne parvenant pas à trouver l’adhérence. Avec son habileté si particulière, M.Schumacher se défait des deux machines anglaises facilement avant de s’envoler vers un succès remarquable. Après avoir passé deux tours sur une patinoire, les FW19 rentrent aux stands pour chausser les bons pneumatiques mais il est trop tard, le baron rouge est déjà très loin devant. Alors qu’il remontait sur Villeneuve pour lui prendre un tour, le canadien percuta le rail dans la montée de Sainte-Dévote, abimant suffisamment sa monoplace pour ne pas continuer. Même erreur pour Frentzen quelques boucles plus tard, lui aussi piégé par la piste très glissante. C’est déjà le deuxième double-abandon pour l’écurie championne du monde, le troisième en cinq épreuves pour son chef de file. Fort heureusement, il parvient à renverser la tendance en Espagne, menant d’une main de fer ce grand-prix. Mais tout ne fut pas si simple. Avec une dégradation des pneumatiques extrême, quasiment tous les pilotes optèrent pour une stratégie à trois arrêts ravitaillements, ce que ne fit pas le québécois avec seulement deux passages aux stands. Mais sur l’autre Williams, l’ambiance est loin d’être identique. Après un départ manqué, Heinz-Harald retrouve ses mauvais démons du début de saison, englué dans le trafic et dans le ventre mou du peloton. Seulement huitième sur la ligne, l’allemand ne sait que dire quant à sa piètre performance du jour. Avant l’arrivée de la Formule 1 au Canada, c’est en coulisses que les choses s’agitent. Après avoir vivement critiqué un bon nombre de fois le nouveau règlement 1998, Jacques Villeneuve est convoqué par la FIA, et surtout Mosley, pour discuter de son attitude et infliger une sanction adéquate. Un voyage Canada-France plus tard, le canadien se rend à son audience qui dura seulement dix minutes ! Le pilote est réprimandé mais gare à lui s’il recommence. Dès lors, le vice-champion 1996, bien connu pour son franc-parler, se fait plus discret devant la presse. Pourtant, à Montréal, c’est bien lui le héros, l’homme en qui tout le monde croit même si pour l’instant sa saison se résume en deux mots : victoires et abandons. Sur le circuit portant le nom de son père, il passe proche de la pole position, se faisant subtiliser la première place par un M.Schumacher des grands jours. Sur l’autre FW19, Frentzen se classe quatrième mais espère bien mieux pour la course. Hélas, les hommes de Frank Williams connaissent un nouveau week-end compliqué. Au deuxième tour, sans doute piqué par le leadership de la Ferrari, Villeneuve rentre trop vite dans la chicane finale, perd le contrôle de sa monoplace et vient s’encastrer dans le mur “Bienvenue au Québec”. Le canadien s’extrait penaud de sa voiture, conscient d’avoir commis une grosse boulette. Pour Frentzen, les récentes évolutions n’y changent rien : quatrième au départ, quatrième à l’arrivée, l’allemand ne parvient toujours pas à trouver les bons réglages et à extraire tout le potentiel de sa FW19, pourtant si performante entre les mains de son équipier…

Plus la saison avance et plus les championnats tendent les mains à M.Schumacher et Ferrari. Williams se doit de réagir pour renverser la tendance, tout comme Villeneuve, trop brouillon à certaines reprises. Le canadien qui, en arrivant en France, se fait tout de suite remarquer par sa teinte de cheveux en blond, de quoi pousser encore plus loin son côté excentrique et original. Mais sur la piste, les erreurs se multiplient. En fracassant sa voiture durant les essais, le québécois est contraint de se rabattre sur son mulet, loin de lui convenir. A noter le petit changement livré et l’apparition des ces points d'interrogation dû à l’application de la fameuse loi Evin. En qualifications, c’est la claque : la Ferrari de M.Schumacher s’offre la pole position alors que son pilote annonçait un mauvais week-end pour les rouges. Ce coup de bluff perdurera jusqu’au dimanche soir où après une course magistrale, l’allemand l’emporte et conforte sa place de leader du championnat. Pour les FW19, impossible de suivre le rythme de l’allemand. Si Frentzen tient la seconde place, son équipier se débat avec un Irvine largement sur la défensive. Dans le tout dernier virage, le canadien tente un dépassement mais sa manœuvre s’achève en tête-à-queue, heureusement sans dommages. A Silverstone, c’est toujours le yoyo : matant les machines de la Scuderia, Villeneuve s’élance de la pole position mais avec une avance très réduite sur ses plus proches poursuivants. En course, un long arrêt fait perdre énormément de temps au poleman, pourtant archi dominateur sur les terres de son écurie, mais pour une fois, la chance lui sourit. A cause de la rupture d’une arbre de roue, M.Schumacher doit stopper sa route, une grosse désillusion pour l’allemand. Le même sentiment habita Frentzen. Après avoir calé lors du tour de chauffe, son renvoi en fond de grille l’oblige à prendre des risques pour remonter. Hélas, il ne franchira même pas le cap du premier tour, renonçant suite à un accrochage avec Verstappen. Toutefois, le clan de Grove se réjouit du succès de leur canadien, devenant l’une des écuries les plus capées de la discipline avec désormais cent victoires à son actif. En Allemagne, alors que la mi-saison est franchie, Frank Williams redéfini les rôles. Dorénavant, Villeneuve sera le pilote numéro un, poussant Heinz-Harald au rang de porteur d’eau. L’avance prise par les rouges semblent de plus en plus inquiéter le grand patron qui compte bien sur l'entièreté de son staff pour redresser la barre. Pourtant, ce n’est pas ce qui se produisit sur le très rapide Hockenheimring. Tout le long du week-end, les FW19 se montrent médiocres, souffrant de gros problèmes de motricité. Au départ, Frentzen a le malheur de croiser la route du fougueux irlandais de Maranello. Trop abîmée, sa Williams stoppera au bout d’un petit tour. Pour le canadien, rien ne va mieux si bien qu’englué dans le peloton, il finira par exécuter une pirouette en défendant sur la Prost de Trulli. Mais après un rendez-vous compliqué, le ciel se dégage de nouveau en Hongrie. Cette fois-ci, c’est le très étonnant Damon Hill et son Arrows qui caracolent en tête. L’anglais s’est même payé le luxe de dépasser M.Schumacher à bord de sa modeste monoplace. Mais à deux boucles du but, l'impensable se produisit : l’hydraulique fait des siennes, obligeant le champion 1996 à ralentir considérablement pour espérer croiser la ligne d’arrivée. Il n’en fallait pas plus pour le québécois, lointain deuxième pourtant, pour pousser sa FW19 dans ses retranchements pour récupérer in extremis le leadership dans le dernier tour. Avec dix unités de récoltées au lieu de six, Villeneuve engrenge, sans le savoir, des points qui lui seront essentiels en fin de saison…

Car à l’heure actuelle, un rien sépare les deux protagonistes du championnat. Étonnamment, ces deux hommes n’ont toujours pas partagé un seul podium depuis l’entame de saison. Cette étrange campagne 1997 se poursuit sur le tracé fétiche du champion 1994 et 1995 : Spa-Francorchamps. Et comme à l'accoutumée, ce sont des trombes d’eau qui accueillent les pilotes sur la grille de départ. Fait historique, le départ est donné derrière la voiture de sécurité pour la première fois de l’histoire mais comme trop souvent depuis le début de l’année, chez Williams, tout se passe de travers. L'équipe stoppe Villeneuve dès la troisième boucle pour le chausser d’intermédiaires alors que la piste s'asséchait rapidement. Le canadien perdit ici toute chance de bien figurer, loin du roi de la pluie M.Schumacher, vainqueur avec plus de quarante secondes d’avance sur le québécois. Pour une fois, c’est le surprenant Frentzen qui termine devant, quatrième, avant de monter sur le podium après la disqualification de Hakkinen, une disqualification qui permit à l’autre pilote Williams de grimper d’un rang dans la hiérarchie pour un petit point supplémentaire. A Monza, terre des bolides rouges, la tension est palpable chez Williams. Trop de contre-temps sont venus perturber les plans de Frank Williams. Avec la meilleure voiture, difficile de comprendre pourquoi l’écurie anglaise perd autant de points. La fin de l’année approche à grands pas et contrairement aux années passées, rien n'est encore acquis, tout reste à prendre. Étonnamment, les machines de la Scuderia peinent à domicile. Le V10 Renault est à la fête mais c’est finalement Alesi et sa Benetton qui s’adjugent le meilleur chrono. A noter la réprimande à l’encontre de Villeneuve pour avoir ignoré les drapeaux jaunes, une faute loin d’être la bienvenue si près du but. Le jour du grand-prix, alors que la chaleur est intense, les deux protagonistes, que l’on attendait au duel, naviguent en cinquième et sixième places, sans pour autant lutter l’un contre l’autre. Comme en Belgique, c’est Frentzen qui ramène le podium à l’équipe de Grove, son deuxième consécutif. En Autriche, pour le grand retour de la discipline, les teams découvrent une toute nouvelle piste, baptisée A1-Ring, reprenant la forme de l’ancien Osterreichring. Si le tracé alpin ne fait pas l’unanimité auprès des pilotes, il fait en tout cas la part belle aux Williams, bien plus rapides que les Ferrari 310B. Mais dès le départ, c’est un incroyable Trulli et sa Prost qui surgissent en tête de l’épreuve. Villeneuve finira par la retrouver une trentaine de boucles plus tard mais c’est sur l’autre monture qu’un petit événement se produit. Alors qu’il luttait avec M.Schumacher, Frentzen se fait dépasser par ce dernier alors que les drapeaux jaunes étaient brandis suite à l’accident entre Irvine et Alesi. De ce fait, le pilote Ferrari écope d’un stop and go, pénalité qui aura une lourde conséquence sur son résultat final. A l’issue de la course, alors que le canadien l’emporte pour la dixième fois, l’écart au championnat devient plus serré que jamais. Avec un point d’avance sur son poursuivant, M.Schumacher commence à ressentir la pression car il le sait, la FW19 est meilleure que sa F310B…

Pour cloturer cette folle saison 1997, la F1 retourne en Allemagne, sur le tracé du Nürburgring, pour disputer… le grand-prix du Luxembourg ! Si Villeneuve est le mieux armé pour ce dernier chapitre, M.Schumacher dispose ici d’un public entièrement acquis à sa cause, faisant passer son compatriote Frentzen pour un simple inconnu. Comme en Autriche, la FW19 est bien plus performante que la F310B mais pour ajouter encore un peu de piment, ce sont les McLaren-Mercedes qui prennent les devants. Le jour de la course, tout se joua à l’extinction des feux. En arrivant au premier virage, les deux Jordan se percutent, entrainant dans leur sortie le malheureux baron rouge, au mauvais endroit au mauvais moment. Sa suspension est abimée, c’est déjà l’abandon pour le double champion du monde. Il n’en fallait pas tant pour Williams pour cravacher et chercher les gros points. Mais devant le canadien, alors troisième de l’épreuve, se dresse encore et toujours le rempart McLaren. Les machines grises sont décidément les voitures à battre en ce dernier tiers 1997 mais la fiabilité reste précaire. Et ce qui devait arriver arriva : en l’espace de quelques boucles, les V10 allemands cassent successivement. Voici donc Villeneuve en tête, une position qu’il ne quittera plus jusqu’à la fin. Troisième mais anonyme, Frentzen complète le podium et ajoute de nouveaux points dans l’escarcelle Williams, presque suffisant pour bloquer le titre des constructeurs. Celui des pilotes est bien entendu le plus convoité et le québécois à de grandes chances de l’obtenir à Suzuka, circuit fait sûr mesure pour la FW19. Mais ce qui se passa au Japon fut une toute autre histoire. Tout débuta lors de la séance d’essai du samedi matin. Alors que Verstappen, tout juste heureux papa d’un petit Max, immobilise sa Tyrrell en bord de piste, plusieurs pilotes, dont Villeneuve, Frentzen et M.Schumacher, sont accusés de ne pas avoir ralenti sous régime de drapeau jaune. Si pour cinq des six pilotes cette erreur est la première commise, pour le canadien, c’est une récidive. Sans attendre, la FIA se charge de l’enquête et dans la soirée, le couperet tombe : Villeneuve est exclu du grand-prix du Japon, avant même que la course ne soit disputée. Furieux, le québécois menace de tout plaquer sur le champ, avant de revenir à la raison et de demander un appel. Son appel accepté, il peut participer au grand-prix mais sait dorénavant que son résultat ne comptera pas puisque sa disqualification est assurée. Ne reste plus qu’à faire perdre le plus de points possible à M.Schumacher. Pari perdu. Au prix d’une audacieuse stratégie, les hommes de Ferrari prennent le commandement, au grand dam du clan Williams. Un problème de ravitaillement pour le canadien plus tard, le voici hors de la lutte pour le podium, mais pas son équipier. En s’immisçant entre les deux bolides rouges, Frentzen permet à son écurie de scorer suffisamment pour valider la couronne constructeur, pour la plus grande joie de Frank Williams, ne jurant, lui, que par ce championnat. Pourtant, du côté des pilotes, la situation est invraisemblable : M.Schumacher mène pour un seul petit point devant Villeneuve. Le suspense est intenable pour la grande finale disputée à Jerez, pour le grand-prix d’Europe. Et les hostilités débutent lors des qualifications avec un incroyable concours de circonstances. Plus rapide que ses adversaires, Villeneuve réalise le meilleur temps en 1'21''072''' mais quelques minutes plus tard, M.Schumacher déboule et exécute le même chrono que son rival au millième près ! C’était sans compter sur le troisième larron, Frentzen, débarquant lui aussi à vive allure sur la ligne d’arrivée pour signer … exactement le même temps que les deux rivaux pour la couronne ! Mais si la qualification offrit aux spectateurs et aux équipes un incroyable spectacle, la course tourna au drame. Non pas qu’un terrible accident soit survenu mais parce qu’une manœuvre provoqua un vrai scandale. Au quarante-huitième tour, alors que la Ferrari mène devant la Williams, le québécois tente une attaque et s’infiltre par l’intérieur. Voyant venir son adversaire, le baron rouge ferme la porte par un violent coup de volant. Les deux monoplaces s’accrochent. La F310B s’échoue dans les graviers tandis que la FW19 meurtrie, poursuit sa route. Tous les yeux sont alors rivés sur la machine anglaise, visiblement en état de continuer. Son pilote ralentira grandement pour vérifier son intégrité et après plusieurs tours sans déceler d’importants problèmes, Villeneuve reprend sa marche en avant. Dans les dernières boucles, les McLaren reviennent fort. Sachant qu’une troisième place lui est suffisant, le canadien s’efface dans l’ultime boucle pour laisser libre champ aux grises et à Hakkinen pour s’offrir un succès très gentiment offert par Williams. De ce fait, Jacques Villeneuve réalise ce que son père n’aura pas eu le temps d’accomplir : devenir champion du monde de Formule 1. Pourtant, ce titre passe largement inaperçu, et pour cause. Toutes les conversations tournent autour de l’incident opposant les deux rivaux. Le geste de M.Schumacher, s’il n’est pas prémédité, fut sans aucun doute intentionnel. La même manœuvre était déjà à mettre à son actif trois ans plus tôt, lors de la finale à Adélaïde, le voyant triompher cette fois-ci…

Cette magnifique saison s’achève donc dans la tourmente. Quelques jours plus tard, une audition, à laquelle est convoquée M.Schumacher, scelle le sort de l’allemand. Jugé coupable, le pilote Ferrari est tout bonnement exclu du championnat du monde 1997 et perd donc sa place de vice-champion au profit de Frentzen. La FW19 aura été menée au succès mais que dire de tous ses déboires, ses tensions, ses victoires mais aussi ses imprévus. Après cinq titres conquis en six saisons, le team de Grove implante les V10 Mecachrome dans ses FW20 et FW21, repeinte en rouge et blanc suite à un changement de partenariat avant l’arrivée du bavarois BMW en 2000. Depuis 1997, l’écurie anglaise n’a presque plus gagné et année après année, elle ne cesse de dégringoler en termes de performance. Le dernier titre semble infiniment loin pour Frank Williams, désormais spectateur d’une équipe à la dérive.

La Williams FW19 en chiffres...

Grands-prix :

17

Victoires :

8

Podiums :

15

Poles Position :

11

Meilleurs Tours :

9

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