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Lotus 49

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Au milieu des années 60, la bataille fait rage entre les Brabham, Ferrari, Cooper ou encore Lotus. Chaque écurie rivalise d’ingéniosité pour améliorer ses voitures et ainsi viser le haut du classement. L’une d’entre elle s’en tira particulièrement bien et sa nouvelle arme pour 1967 aura réalisé de belles prouesses.

En 1967, Lotus est en plein changement. Pouvant enfin utiliser ses V8, la marque anglaise produit une toute nouvelle voiture pour remplacer sa 43, la 49. Le moteur, un Cosworth de 3L, dégageait 405 cv à 7850trs/min. La principale innovation de cette monoplace résidait dans le montage de ce V8. En effet, pour la première fois de l’histoire, le moteur n’était pas positionné sur le châssis mais était boulonné à un demi-châssis, idée brillante de Colin Chapman. Du côté de l’esthétique, la Lotus 49 affiche toujours les fameuses couleurs vertes et jaunes, du moins, pour la saison 1967, l’arrivée des premiers sponsors en Formule 1 changeant les livrées un an plus tard.

Si elle débuta en 1967, la Lotus 49 ne courra pas l’intégralité de la saison. Encore en développement pour les deux premières manches, ce sont les Lotus 43 à Kyalami, puis les anciennes 33 à Monaco qui reprendront du service. Ce n’est que sur le tracé de Zandvoort que la nouveauté tant attendue débarqua. Les pilotes, Hill et Clark pour 1967, semblent satisfaits du comportement, jugeant la Lotus 49 très agile et facile à piloter. Le premier émettra quelques réserves à propos du moteur Cosworth, le jugeant quelque peu imprévisible. Mais malgré cela, le britannique décrocha d’emblée la pole. En course, c’est la boite de vitesses qui trahira Hill, le contraignant à l’abandon au bout de dix tours. Parti en milieu de grille, Clark remonta tout le peloton et remporta la victoire, menant plus des trois quarts de l’épreuve. Par cette occasion, le motoriste Cosworth s’adjugea sa première pole position, sa première victoire, son premier podium, mais aussi son premier meilleur tour. Cette entrée en fanfare sur la scène internationale effraie déjà la concurrence, épatée par l’ingéniosité de la Lotus. Mais si cette dernière est très performante, elle n’est pas invulnérable. Son talon d’Achille ? Le fragile V8. A Spa-Francorchamps, Clark s’envole pour une victoire facile mais sa folle course est entachée d’un arrêt aux stands non prévu pour un changement de bougie. Toujours pas de drapeau à damiers pour Hill, victime de son embrayage. En France, pour l’unique épreuve disputée sur le circuit Bugatti du Mans, les Lotus 49 font figures de favorites et leur troisième pole position en trois courses ne fait que confirmer leur position. Pourtant, la course fut de courte durée, seulement treize tours pour Hill, dix de plus pour Clark, touchés tous deux au niveau de la transmission. La belle voiture verte et jaune est performante mais fragile.

Pour la course à domicile de Siverstone, les Lotus 49 monopolisent les deux premières places, pour le plus grand plaisir des supporters anglais. La course est à l’image des qualifications avec une domination sans failles des deux monoplaces, Clark et Hill s’échangeant à plusieurs reprises la tête de la course. Mais à vingt-cinq tours du but, la malchance touche à nouveau. Si Clark parvient à rejoindre l’arrivée et s’imposer une nouvelle fois facilement, son équipier se retrouve une nouvelle fois arrêté, le moteur étant une nouvelle fois en cause. Sur le tortueux Nürburgring, Clark prouve toute la maniabilité et l’agilité de sa voiture en réalisant un tour presque dix secondes plus vite que le second sur la grille, Hulme. Mais le lendemain, l’Allemagne ne sourira pas vraiment au team anglais. Au troisième tour, l’auteur de la pole se voit contraint de stopper son effort, sa suspension se brisant, entraînant une crevaison et un abandon inévitable. Pas plus de chance pour Hill qui finira par souffrir du même pépin que son équipier. La douche froide se poursuit au Canada, sur la piste de Mosport Park et ce, malgré une troisième voiture pour l’équipe officielle confiée à Wietzes, un régional de l’étape. Si Clark réalise à nouveau le meilleur temps et bat le record de poles positions à cet effet, c’est encore dans le dernier quart de course que la mécanique s’enraye. L’allumage est en cause et stoppa la voiture du canadien pour la même raison un peu plus tôt dans l’épreuve. Seul Hill parvient à s’en tirer, son premier drapeau à damiers sur la Lotus 49, mais juste au pied du podium. Sur le très rapide circuit de Monza, c’est toujours Clark qui démarre en tête mais au douzième tour, une crevaison lui fait perdre un tour. Parti dans une remontée folle, l’anglais cravacha pour revenir dans le tour et remonta tous ses adversaires. Devant lui, Hill mène jusqu’à l’entame des dix derniers tours où son moteur montra des signes de faiblesse avant de casser. Mais la folle course de son équipier ne s’arrêta pas là et le voici en tête à quelques boucles du but, fonçant vers une victoire sans conteste. C’est alors, dans le dernier tour, que sa pompe à carburant lui fit défaut et le ralentit. Ce n’est qu’en troisième position qu’il croisa la ligne d’arrivée sur ce qui reste probablement la plus belle course signée par Clark. A noter qu’une troisième Lotus 49 était pilotée par Baghetti mais le V8 Cosworth ne permit pas à l’italien de terminer sa solide performance en sixième place.

Les problèmes de fiabilité de la voiture font perdre de très gros points à l’équipe, si bien qu’aux trois-quarts de la saison, l’écurie Brabham est déjà couronnée en cette saison 1967. C’est à ce moment-là que la Lotus 49 dévoila son vrai potentiel, devenant la bête de course tant attendue par Chapman et ses hommes. Trois 49 sont au départ, une troisième étant ajoutée pour Solana. Comme il l’avait fait aux Pays-Bas, Hill parvient à devancer Clark en qualifications. Le lendemain, les positions s’inversent mais pour une fois, les Lotus tiennent le coup, exceptée celle de Solana, arrêtée suite à un souci d’allumage. Très facilement devant, les deux 49 dominent de la tête et des épaules mais l’embrayage de Hill commence à fatiguer et le changement de vitesse se complique. Son équipier s’envole et Amon remonte jusqu’en deuxième place. A quelques tours de l’arrivée, ce n’est pas l’anglaise mais l’italienne du néo-zélandais qui abandonna. C’est le premier doublé des voitures verte et jaunes, terminant toutes deux un tour devant tous leurs adversaires. Pour la dernière course au Mexique, les pilotes Lotus n’ont plus aucune chance au championnat mais la récente démonstration de la 49 fait rêver à un nouveau succès. Solana est reconduit pour sa manche à domicile. La course en altitude est rude pour les machines et sur les trois Lotus au départ, seule celle de Clark termina. Pourtant bien parti, Hill renonce sur ennui technique, tout comme Solana, bien installé en cinquième position. En proie à de gros problèmes d’embrayage, le recordman de poles positions domina comme jamais, menant tous les tours, à l’exception des deux premiers emmenés par Hill. La saison 1967 est finie et c’est Hulme qui récolte les lauriers. Pour sa première année en compétition, la Lotus 49 aura fait mal à ses adversaires, les privant de toutes les poles positions. Si en course, l’effort de la veille ne se concrétisait pas toujours, l’incroyable maniabilité de la voiture en faisait une arme de choix. Ne restait plus qu’à fiabiliser le capricieux Cosworth…

En entrant dans la saison 1968, les jours de la Lotus 49 sont déjà comptés. Une évolution de la monoplace est attendue en début de saison. Au grand-prix d’Afrique du Sud, les deux monoplaces vertes et jaunes s’élancent des deux premières positions sur la grille avant de mener d'une main de maître l’intégralité de l’épreuve le lendemain, Clark devançant Hill. Mais ce que Lotus ne pouvait imaginer arriva quelques mois plus tard. Dans une course de F2, le récent vainqueur se tua sur la piste de Hockenheim. Avant de partir, l’anglais abattit une grande partie des records en Formule 1 au volant de sa Lotus : plus grand nombre de victoires, plus grand nombre de poles positions, plus grand nombre de meilleurs tours, plus grand nombre de grand chelem (pole + victoire + meilleur tour + tous les tours menés, record encore actif aujourd’hui) et plus grand nombre de tours menés. A partir du grand-prix d’Espagne, Hill devient le numéro 1 de l’équipe, voyant Siffert et Oliver le rejoindre dans l’équipe officielle, ce dernier ne courant finalement pas. Pour la première fois de l'histoire, c’est une voiture décorée aux couleurs d’un sponsor qui s’impose et cette voiture n’est autre que la Lotus 49 de Hill, désormais or et rouge. A Monaco, la remplaçante de la Lotus 49 est là. Il s’agit de la 49B, dotée d’une toute nouvelle invention : un aileron avant. En remportant très facilement le grand-prix monégasque, la 49 se voit dédiée aux équipes privées. Elle apparaîtra quatre fois en 1968 aux mains de Siffert, sans jamais mieux figurer que onzième. En 1969, c’est uniquement à Monaco qu’elle fut engagée, aux mains d’Attwood, réalisant tout de même une solide quatrième place. L’année suivante, c’est sa dernière course. Au grand-prix d’Afrique du Sud, Love parvient à accrocher la huitième place, loin des 49B dominatrices.

Au final, la Lotus 49 aura permis à ses pilotes d’empocher six victoires, onze poles positions (pour autant de participations de l’équipe officielle), neuf podiums et dix meilleurs tours. En 1968, Hill remporte le championnat du monde de Formule 1. Sans ses performances des deux premiers grands-prix sur la Lotus 49, il n’aurait peut-être pas été titré. De même, sans le doublé dès l’entame de saison, l’écurie anglaise engrengea de gros points qui lui permirent, avec la 49B, de glaner la couronne constructeur. La 49B fut remplacée en 1970 par la 49C, grosse évolution aérodynamique avec ses ailerons avants et arrières, avant l’arrivée du modèle 72 (et ses nombreuses déclinaisons) dès 1970.

La Lotus 49 en chiffres...

Grands-prix :

11

Victoires :

6

Podiums :

9

Poles Position :

11

Meilleurs Tours :

10

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