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Ferrari F1-75

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De grands espoirs, des débuts convaincants, mais une réalité bien difficile à assumer. Telle fut l’histoire de la Ferrari F1-75…

Après une saison 2019 marquée par une suspicion de triche sur le bloc moteur, la Scuderia Ferrari retombe bien bas en 2020. 2021 sera bien meilleure mais pour les rouges, il est temps de jouer de jouer en haut du tableau. Après l’échec Vettel, les problèmes de fiabilité et de stratégie, l’écurie italienne entend bien utiliser la nouvelle réglementation 2022 pour sortir tout l'attirail. Car dans cette nouvelle campagne, tout change. La Formule 1 prépare sa plus grosse révolution depuis l’introduction des V6 Hybrides en 2014. Révolution ? Pas vraiment en fait. Ce qui change réellement, c’est le profil des monoplaces. Auparavant hautement aérodynamiques mais extrêmement complexes à comprendre, les monoplaces doivent se simplifier avec notamment, le retrait de quasiment toutes les petites ailettes aéro disséminées un peu partout sur les carrosseries. Pour générer cet appui manquant, la F1 décide de réutiliser une invention vieille de plus de 30 ans : l’effet de sol. Rien à voir avec les antiques monoplaces et leurs jupes coulissantes. Les machines sont ici pourvues d’un plancher découpé en différents couloirs qui, par aspiration de l’air, viennent plaquer les monoplaces au sol. C’est le cas de la Ferrari F1-75. Sa présentation aura beaucoup fait parler. Tout d’abord, ce sont ses pontons qui choquent : verticaux à l’extérieur, extrêmement creusés à l’intérieur, les observateurs sont subjugués. A l’avant comme à l’arrière, les ailerons sont totalement différents des anciennes versions. Le museau ressemble ainsi à une large planche en forme delta où s’acheminent d'impressionnantes ailettes sur les flancs. A l’arrière, l’aile est bombée mais avec une forme de cuillère inspirée des dernières monoplaces encore en piste. Sous le capot, on y retrouve un V6 1,6L couplé par une assistance hybride (MGU-K et MGU-H), développant un peu plus de 1000 cv. Toujours recouverte de rouge, la F1-75, en honneur des 75 ans de la création de la marque, arbore du noir à l’avant comme à l’arrière, de quoi rappeler le look spécifique des machines de Maranello des années 80 et 90. Pour mener à bien ce projet, la Scuderia rempile avec Charles Leclerc et Carlos Sainz Jr, les deux jeunots qui rêvent tous deux de faire revenir le team italien un peu plus près des étoiles. A noter l’arrivée d’un nouvel élément majeur : le passage en pneumatiques 18 pouces à la place des antiques 13 pouces…

Les premier essais d’avant-saison sont l’occasion pour toutes les équipes de se confronter une première fois à la concurrence. Et le premier constat est plutôt étonnant : les voitures sautent toutes en ligne droite. Le marsouinage venait d’être inventé. En fait, il s’agit tout juste d’un effet aéro qui, à haute vitesse, fait rebondir les monoplaces à cause de la trop grande proximité du fond plat par rapport à la piste. L’autre surprise, c’est la méforme des flèches d’argent et de leurs pontons tout aussi atypiques car presque inexistants. Le premier grand-prix à Bahreïn s’annonce palpitant. La première qualifications présente d’ores et déjà le combat de 2022 : Ferrari VS Red Bull. Leclerc premier, Verstappen deuxième, Sainz troisième, Perez quatrième, voilà qui prévaut un fabuleux dimanche. Et la course est somptueuse. Si le classement n’évolue pas jusqu’aux premiers arrêts, le néerlandais donne la charge sur le monégasque à peine ce dernier chaussé de nouvelles gommes. La passe d’arme est magnifique et plusieurs fois, les deux pilotes nous régaleront. Pourtant, petit-à-petit, la F1-75 agrandit l’écart jusqu’à ce qu’une voiture de sécurité, provoquée par l’incendie de l’Alpha Tauri de Gasly, ne vienne regrouper le peloton pour quelques tours. Mais dès la relance, c’est la catastrophe : les deux Red Bull abandonnent à tour de rôle, de quoi offrir un incroyable doublé pour la Scuderia, le premier depuis Singapour 2019 ! Dès lors, tout le monde pense que le championnat est plié. La Scuderia est revenue à son meilleur niveau, Leclerc écrasera tout. Mais à Djeddah, c’est Perez qui prend la pole position, sa première en carrière. De la malchance sous Safety Car lui fera cependant perdre le leadership au profit du monégasque mais derrière lui, le champion du monde sortant reste à l'affût. Comme à Sakhir, les deux hommes s’échangent leurs positions et frôlent même l’accident dans un remake mieux réussi à l’épingle finale. Au bout du compte, c’est le néerlandais qui s’impose pour quelques dixièmes devant son adversaire du jour, puis quelques secondes devant Sainz, troisième. Le nouveau tracé de Melbourne confirmera la bonne forme de Leclerc, menant le plus parfait des week-ends en signant la pole, la victoire, le meilleur tour et l’intégralité du grand-prix mené, soit son premier Grand Chelem en carrière. Mais pour l’autre F1-75, les choses ne sont pas aussi roses. Neuvième en qualifications à cause d’un mauvais timing, il perdra de nombreuses places à l'extinction des feux avant de s’enliser, un tour plus tard, dans le bac à gravier bordant l'enchaînement Waite. l’espagnol qui ne sera pas plus chanceux à Imola, première manche européenne, percuté par Ricciardo dès le premier passage dans Tamburello, conduisant une nouvelle fois à son abandon. Leclerc reste donc le seul espoirs des rouges à domicile mais après avoir échoué dans les derniers kilomètres de la course sprint face à Verstappen, le monégasque ne peut poursuivre la Red Bull du néerlandais, tellement à l’aise sous la pluie. Le passage en slicks conduira les deux autrichiennes aux deux premiers rangs. S’en suit alors une lente remontée de la F1-75 rescapée mais à force d’attaquer, l’erreur arriva. Sur les vibreurs de la Variante Alta, la Ferrari part en tête-à-queue et tape légèrement les barrières. L’aileron avant est brisé, les espoirs de podiums aussi. Sixième et dépité sous le drapeau à damier, Leclerc ne se cherche pas d’excuses : il perd ici de précieux points au championnat, glanés par un étonnant Norris, seul pilote hors top-teams à accrocher un top 3 cette année-là. Après cette rapide halte italienne, les pilotes rejoignent la côte floridienne pour une première escale à Miami et son tout nouveau tracé urbain. Tout n’est que show biz mais sur une piste correspondant sans doute mieux à la RB18, c’est bien la Scuderia qui monopolise la première ligne. Pourtant, le dimanche sera une autre affaire : le hollandais volant déroula avec facilité, contenant jusqu’au bout les assauts d’un clan Ferrari décidément bien en forme. A ce moment précis, Charles mène le championnat de dix-neuf points face à Max. Sainz compte déjà deux fois moins de points que son équipier ce qui n’empêche pourtant pas l’équipe italienne de caracoler en tête du tableau constructeur, mais pour combien de temps encore ?

Le vrai retour en Europe voit tous les team apporter les premières grosses évolutions de l’année. Si Aston Martin attire l’attention avec sa copie quasiment parfaite de la Red Bull, Ferrari aura abattu tout autant de travail. Après une première évolution moteur un peu plus tôt dans la saison, la Scuderia amène ici un nouveau package, composé notamment d’un nouveau fond plat. Attention de ne pas oublier que depuis 2021, les budgets sont limités et qu’un trop fort développement peut finir par coûter cher. Comme depuis l’entame de saison, la F1-75 est la meilleure monoplace du plateau et Leclerc le démontre mieux que personne en signant une cinquième pole position. Moins en verve depuis l’Australie, Sainz peine pour trouver les justes réglages de sa monture, ne lui permettant pas de battre Verstappen sur un tour chronométré. Dès l’extinction des feux, le monégasque vire en tête et s’envole loin devant le reste du plateau. Au septième tour, l’autre Ferrari part en tête-à-queue, victime d’une rafale, avant de traverser les graviers et perdre un temps considérable. Un tour plus tard, c’est le néerlandais qui commet la même excursion hors piste, toujours à cause du vent, quand à Leclerc, il mène la course parfaite. Parfaite, sauf lorsque son turbo explose à mi-course. Le monégasque n’a d’autre choix que d’abandonner, une cruelle fin de grand-prix. La Ferrari de tête hors-course, c’est la Mercedes frétillante de Russell qui caracole en tête devant un Max visiblement énervé par son DRS malade. La Red Bull finira par trouver l’ouverture et s’imposer devant Perez et Russell. Sainz termine au pied du podium pour son grand-prix national. Pire encore, les taureaux rouges et Verstappen prennent le commandement des deux championnats. Leur domination ne fait que commencer… Pourtant, à Monaco, ce sont encore les F1-75 qui sont aux avant-postes avec une première ligne complètement bouclée. Cette fois-ci, Charles évite les rails et fonce devant ses fans pour acquérir une magnifique pole position devant Sainz, accidenté en voulant éviter la monoplace de Perez juste avant le tunnel. Mais avant que la course ne parte, des trombes d’eau s’abattent sur la principauté. Le départ est évidemment reporté mais dès le retour des premiers rayons du soleil, la meute s’élance. Les Ferrari tiennent le cap mais au moment où la trajectoire s’assèche, les stratégistes commencent à paniquer. Dans un premier temps, c’est Leclerc qui est rappelé aux stands pour chausser les intermédiaires. Problème, la piste sèche si vite que les slicks sont déjà de sortie. Trois tours plus tard, Sainz stoppe pour les gommes lisses mais dans le même temps, la Scuderia rappelle le monégasque qui se retrouve bloqué derrière son équipier ! La déroute est totale, les chances de succès envolées. Le gros crash de Mick Schumacher, qui verra sa Haas coupée en deux et entraîner l'interruption de l'épreuve, n'y changera rien : Red Bull à encore gagner. Pour une fois, le résultat évolue un peu avec un Perez vainqueur de son troisième grand-prix devant Sainz et Verstappen. Le malheureux Leclerc, qui avait course gagnée avant la bourse de son équipe, ne se classe que quatrième, évidemment furieux. Il faut vite se ressaisir pour les hommes de Maranello car actuellement la meilleure voiture du plateau n’est pas celle qui gagne mais ce n’est pas la manche azéri qui ira dans ce sens. Au huitième tour, Sainz sent quelque chose se briser sur sa machine. L’hydraulique est HS, l’abandon inévitable. Puis quelques boucles plus tard, c’est le moteur de Leclerc qui explose alors qu’il menait, une fois encore. L’issue est une fois encore des plus cruelles, d’autant plus que le monégasque devra déjà écoper de pénalités moteur alors que seulement huit grands-prix se sont tenus sur les vingt-deux du calendrier. C’est donc sans grands espoirs que la Scuderia débarque à Montréal. Le monégasque, bon dernier au départ, se fraye un chemin jusqu’au cinquième rang , trois rangs derrière Sainz, extrêmement pressant derrière le champion néerlandais durant les derniers kilomètres, sans pour autant trouver l’ouverture. La saison en est presque à sa moitié et déjà les écarts de points sont notables. Presque 80 unités de retard aux constructeurs, l’addition est plus que salée et pourtant, ce n’est que le début…

Début Juillet, la Formule 1, qui se félicite de son nouveau règlement offrant davantage de spectacle et de dépassements, retrouve sa piste historique de Silverstone. Une fois n’est pas coutume, la pluie est bien présente lors des qualifications, ce qui profite étonnement à Carlos Sainz, auteur de sa première pole position en carrière malgré un tour peu agressif. A l’extinction des feux, le leader du championnat s’empare du commandement mais derrière, le carnage est total : Russell et Gasly se touche, Zhou se fait toucher à son tour et exécute une effrayante série de tonneaux avant de s’arrêter derrière les barrières, retenu pas les seuls grillages qui séparent les spectateurs du circuit. Vettel, Albon et Tsunoda seront eux aussi victime de ce premier virage. La course est arrêtée une bonne heure avant de repartir selon le classement initial. Cette fois-ci, l’espagnol garde la première place mais un coup de vent en sortie de Chapel l’emmène au large. La Red Bull en profite immédiatement et passe mais quelques kilomètres plus tard, la voici au ralenti, plancher abîmé. Carlos vogue donc seul en tête, bientôt rattrapé par son équipier et son aileron avant bien amoché. Les deux hommes se livrent une impressionnante bataille jusqu’à l’arrêt aux stands. Si les positions s’inversent, le peloton se retrouve vite regroupé derrière la voiture de sécurité, le temps de dégager l’Alpine d’Ocon, stoppée dans l’ancienne ligne de départ. Si Sainz plonge dans les stands, Ferrari n’invite pas Leclerc à chausser de nouvelles gommes. Résultat : le monégasque se retrouve leader mais avec de vieux pneus, à l’inverse de tous ses poursuivants. La sentence était connue d’avance. Dès le restart, l’espagnol ne fait qu’une bouchée de son équipier qui doit désormais subir les attaques répétées de Perez et d’Hamilton. Les passes-d’arme sont un régal, notamment ce fabuleux dépassement à l’extérieur de Charles sur Lewis dans Copse, théâtre du fameux accrochage un an auparavant. Finalement, Leclerc doit s’incliner au pied du podium. Sa déception est immense et contraste nettement avec la joie de son voisin de garage, victorieux pour la première fois en Formule 1, bien aidé, il est vrai, par la nouvelle bourde stratégique des rouges. Sur le Red Bull Ring, les qualifs sprint sont de retour. Le combat de Silverstone entre les deux F1-75 reprend de plus belle mais devant, l’intraitable Verstappen demeure force tranquille. Pourtant, la Scuderia annonce dès le samedi la couleur : la victoire, elle est pour eux. Vœu exaucé. Les monoplaces italiennes sont surpuissantes, Leclerc laissant son adversaire hollandais sur place à trois reprises. Sainz vole également sur la piste et fond ostensiblement sur la RB18 mais au moment de porter son attaque, le moteur Ferrari s’emballe et explose. En quelques secondes, la voiture s’embrase sans qu’aucun commissaire n'intervienne. Le pauvre espagnol subira quelques petites brûlures superficielles mais devra purger une pénalité dès la manche suivante, en France. Leclerc remporte sa troisième victoire de l’année et semble devenir le seul homme capable de lutter face au hollandais volant. Pourtant, personne ne pouvait imaginer que la Scuderia ne s’imposerait plus d’ici la fin de la saison… En France, les italiennes font mouche en qualifications, notamment grâce à une stratégie d’aspiration réussie, propulsant le monégasque en pole position. Mais tous ces efforts seront bien inutiles. Au dix-septième-tour, et alors qu’il menait facilement, Leclerc part à la faute dans le double droite du Beausset et heurte les barrières. Le monégasque est fou de rage, lui qui comptait bien réduire son retard sur Verstappen au championnat. Désormais, tout semble plié. Parti de trop loin, Sainz ne remontera que jusqu’au cinquième rang mais avec un rythme d’enfer, de quoi susciter de gros regrets chez les rouges. Des regrets, il y en aura tout autant en Hongrie. Battus par un Russell étonnement rapide sur un tour, les machines rouges restent en embuscade. Si elles parviennent à faire sauter le bouchon gris après quelques boucles, la stratégie décidée sur le muret des stands sera catastrophique. Alors qu’Alpine s’empêtre avec une stratégie pneus dures désastreuse, Ferrari arrête ses pilotes pour leur chausser … les durs ! La déroute sera totale. Les critiques à l’encontre de la Scuderia fusent sans arrêt. Pourquoi avoir utilisé des gommes qui ne fonctionnaient nulle part ? Le doublé envisagé et envisageable se transforme en quatrième et sixième places. Les deux hommes font part de leur exaspération à la presse. L’écurie italienne est tombée bien bas.

Les vacances sont passées et tout le monde rentre dans une deuxième partie de saison presque dénuée de suspense. A Spa-Francorchamps, de très nombreuses pénalités moteur, dont Verstappen et Leclerc, chamboulent totalement la grille de départ, propulsant Sainz, troisième meilleur temps, en pole position. S’il s’élance bien, il ne pourra résister longtemps à la menace Verstappen, passé de la quatorzième à la première place en l’espace de dix tours. Il ne tiendra pas non plus face à l’autre Red Bull de Perez, ne récoltant que la troisième place à l’arrivée. Pour Leclerc, ce ne sera que la cinquième à l’arrivée mais la sixième au classement réel, le monégasque écopant d’une pénalité de cinq secondes pour vitesse excessive lors de son dernier arrêt aux stands, une pénalité dure à encaisser, surtout pour 1km/h… La manche suivante à Zandvoort sera de la même trempe. Devant ses milliers de fans, Verstappen écrase la concurrence et notamment Mercedes, bien plus en forme que Ferrari en cette deuxième moitié de campagne. Les rouges qui s’illustreront aux Pays-Bas par une nouvelle bévue aux stands lors du premier arrêt de Sainz. Alors que l’espagnol s’arrête, le préposé à l’arrière gauche est manquant. Le malheureux, appelé en hâte, se retrouve coincé entre l’entrée du garage et les mécaniciens de droite. Il lui faudra une dizaine de secondes pour rejoindre son emplacement et permettre le changement de roue. Pour ne rien arranger, un pistolet qui trainait passe sous la Red Bull de Perez, de quoi augmenter le nombre de détracteurs sur le muret des stands Ferrari. L’espagnol ne sera classé que huitième, touché par une bête pénalité pour retour en piste dangereux. Quant à Leclerc, il sauvera la troisième place face à Hamilton, sans jamais pouvoir lutter contre Russell et Super Max. La barre doit être redressée dès Monza, là où des milliers de tifosi attendent un triomphe qu’ils n’auront peut-être jamais. Pour l’occasion et pour les soixante-quinze ans de la marque, les monoplaces sont pourvues d’un capot moteur jaune et d’un vieux logo Ferrari sur l’aileron arrière, alors que les deux pilotes sont tous deux de jaune vétus. Encore rejeté en fond de grille, Sainz aide, comme en France, son équipier qui s’octroie, sans difficultés, sa huitième depuis le début de l’année. Avec un Verstappen relégué en milieu de grille, tous les espoirs sont permis. Le monégasque tiendra longtemps la première place mais le rival de chez Red Bull n’est jamais très loin. Pourtant, l’écart reste stable après les premiers arrêts mais chez Ferrari, la dégradation inquiète. Sans prise de risque, Leclerc est arrêté mais jamais il ne pourra refaire la différence sur Verstappen. Dans les derniers tours, la voiture de sécurité entre en piste et regroupe le peloton. Tout peut encore se jouer mais la course ne repartira pas, au grand dam des supporters qui croyaient vraiment à la victoire sur le fil. Sainz aura bien cravaché pour terminer au pied du podium mais cette belle performance ne cache pas la frustration des pilotes et notamment de Leclerc, victime de trop nombreux mauvais coups. Avant de quitter l’Europe et de s’envoler vers Singapour, la Formule 1 est brutalement secouée par les médias : Red bull a dépassé le budget plafonné de 2021. Si l’accusée dément et se défend corps et âme, l’infraction est bien réelle. Après des jours de concertation, la FIA punit le team autrichien en leur infligeant, en plus d’une ridicule amende, une pénalité aérodynamique consistant en un retrait de temps de soufflerie autorisé en 2023. Évidemment, la polémique enfle dans les paddocks de Marina Bay mais Red Bull ne s’avoue pas vaincue. Comme souvent, c’est Leclerc qui prend les rênes des qualifications mais en course, sur une piste largement détrempée, il doit céder face à Perez, bien plus dans le coup que son équipier lors de cette étape nocturne. Les Ferrari complèteront le podium derrière le mexicain, désormais seul avec Charles à encore pouvoir contrer la terreur Max au championnat des pilotes. Ce sera chose faite dès Suzuka lors d’une course fortement perturbée par la pluie. Après un premier départ donné sous une pluie battante et un dépassement royal par l’extérieur de Verstappen sur Leclerc dans la première courbe, le grand-prix est rapidement interrompu après la grosse sortie de piste de Sainz, parti en aquaplaning avant Spoon. Des scènes ressemblant aux tragiques évènements de 2014 sont relayées par les caméras, de quoi susciter un tollé de la part de la direction de course et d’une indignation générale de la part des pilotes. Lorsque l’épreuve reprend, la trajectoire est toujours détrempée. Si le champion en titre surnage, derrière lui, Leclerc et Perez se suivent continuellement. La F1-75 use bien trop ses gommes et dans le tout dernier virage, le monégasque manque son freinage et court-circuite la chicane. S’il garde sa deuxième place, il est aussitôt pénalisé de cinq secondes, de quoi le repousser un rang plus bas. Le championnat vient donc de se sceller sur une nouvelle directive de la direction de course qui se ridiculisera encore plus en hésitant de longues minutes sur l’attribution ou non de la couronne mondiale. Au bout de dix-huit des vingt-deux courses, Max Verstappen remporte son deuxième titre de champion du monde à vingt-cinq ans. Ne reste plus qu’à valider celui des équipes, une formalité pour les autrichiens, désormais sans réelle concurrence…

Les quatre derniers rendez-vous n’ont que peu d’importance du point de vue sportif si ce n’est le combat pour la deuxième place pilote entre Leclerc et Perez et la deuxième place constructeur entre Ferrari et Mercedes. Depuis le début de l’été, les rouges ont clairement perdu pied et les performances s’en ressentent. Le principal suspect, c’est ce plancher, inauguré en France mais qui aura conduit à une plus forte dégradation des gommes, autrefois point fort des rouges. Le marsouinage du début de saison s’est quelque peu atténué mais reste présent par moment, sans vraiment d’explication. La Scuderia, qui voulait tout gagner après la pause estivale, est à la recherche de sa première victoire depuis l’Autriche mais jusqu’ici, seule Red Bull s’est imposée. A Austin, la F1-75 se montre une nouvelle fois la plus véloce sur un tour avec la pole de Sainz devant Leclerc, le monégasque qui ne s’élancera que 10 rangs plus loin en raison d’une énième pénalité moteur. La course de l’espagnol sera loin d’être celle rêvée : percuté au premier virage par Russell, le voilà contraint à l’abandon d’entrée de jeu. Heureusement, son équipier semble en mesure de faire la différence et lorsque Verstappen se voit bloqué à son stand à cause d’un pistolet défectueux, le pilote rescapé entrevoit presque la première place, tenue jusqu’ici par Hamilton. Mais la RB18 reste une Red Bull et après plusieurs attaques infructueuses, l’ordre entre les deux rivaux du début de saison s’inverse. Leclerc doit même composer avec un Perez très offensif, nous offrant peut-être l’un des plus beaux dépassements de l’année avec ce plongeon tardif mais correct en bout de ligne droite. Troisième sous le drapeau à damier, le pilote Ferrari s’est bien battu mais n’aura rien pu faire pour empêcher le sacre attendu du team autrichien au tableau des constructeurs. Une semaine plus tard, à Mexico, grosse incompréhension. Les F1-75 sont lentes, extrêmement lentes. En qualifications, elles ne visent pas mieux que les troisième et quatrième ligne, du jamais-vu depuis l’entame de la campagne 2022. Le grand-prix sera long et soporifique à tel point que les rouges termineront à une minute du vainqueur Verstappen. Cette déconvenue sera effacée à Interlagos, théâtre des dernières qualifications sprint et du dernier coup de génie de Ferrari. Lors des qualifications standard pour déterminer la grille de la course sprint, la pluie s’apprête à tomber. Tout le monde s'agglutine en sortie de stands pour tenter de boucler un tour en slicks sauf Leclerc, chaussé de gommes intermédiaires. A ce petit jeu là, c’est l'inattendu Magnussen et sa Haas qui réalise la pole position, une surprise que personne n’a vu venir. Le samedi, les rouges retrouvent quelques couleurs avec un Sainz deuxième et un Leclerc sixième mais le travail du dimanche s’annonce plus complexe. La raison ? Le retour en force des flèches d’argent, absente depuis le premier grand-prix de la saison. Les deux allemandes domineront de la tête et des épaules ce rendez-vous pour s’offrir un splendide doublé lors d’une course marquée par de nombreux incidents, notamment le clash entre les deux principaux protagonistes de 2021 dès le premier virage. Quelques mètres plus loin, Norris expédie la Ferrari de Leclerc dans les barrières mais contrairement au Paul Ricard, le monégasque parvient à repartir malgré un important choc. Il remontera jusqu’au quatrième rang, fustigeant son équipe de ne pas avoir demandé à Sainz de lui laisser les points de la troisième place pour le championnat. Un championnat qui se conclut à Abu Dhabi, lieu du dernier départ en carrière de Sebastian Vettel, le quadruple champion du monde décidant d’en rester là avec la Formule 1 à seulement 35 ans. Les Red Bull s’emparent de la première ligne aux dépens des machines rouges et ne lâcheront pas ces places au départ. Ce n’est que grâce aux arrêts aux stands que les choses évoluent avec un Leclerc sur une stratégie à un arrêt contre deux pour son rival Perez. Le mexiciain reviendra sur le monégasque dans les tous derniers instants mais il lui manquera un tour. Charles Leclerc sécurise la deuxième place du grand-prix et celle du championnat pilote, son meilleur résultat jusqu’ici. Sainz termine quatrième mais ne se classe que cinquième du championnat, la faute à ses trop nombreux abandons. Quant à la Scuderia, elle arrache de justesse la deuxième place des constructeurs aux allemands de chez Mercedes, une faible satisfaction après les fabuleux espoirs entrevus en Mars à Bahreïn…

Au final, la Ferrari F1-75 termine sa saison avec quatre victoires, douze poles position, cinq meilleurs tours et vingt podiums. Elle aura surtout péché là où d’autres, comme Red Bull ou Mercedes, ont su garder un rythme de développement constant et satisfaisant. Pour ne rien arranger, les erreurs de pilotage, la fiabilité désastreuse et des stratégies trop souvent hasardeuses auront condamné la Scuderia à jouer un second rôle qu’elle ne visait pas. Pour beaucoup, le championnat était plié avant même la deuxième manche mais il faut savoir qu’en sport automobile, rien n’est acquis d’avance, surtout dans une saison comportant de très gros changements de réglementation. Beaucoup pointèrent du doigt Mattia Binotto qui continuait sans cesse de défendre l’indéfendable. Si toutes les décisions ne venaient pas de lui, la pression accumulée sera de trop. En Décembre, il annonce quitter la firme au cheval cabré, remplacé par Frédéric Vasseur. Le français, dénicheur de talent de génie, sait comment gérer des équipes de F1 et comment porter un team vers la gagne. Son flegme et son envie de bien faire le rapproche évidemment du grand Todt. Alors 2023 sera-t-elle gagnante pour la Scuderia ? Les paris sont ouverts…

La Ferrari F1-75 en chiffres...

Grands-prix :

22

Victoires :

4

Podiums :

20

Poles Position :

12

Meilleurs Tours :

5

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