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Ferrari 248 F1

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Sèchement battue en 2005, la Scuderia Ferrari se devait de redresser la barre pour retrouver sa domination de début de millénaire. Ce fut presque gagné avec la 248 F1.

Pour la première fois depuis 2000, l’écurie italienne a rétrogradé dans la hiérarchie. Le nouveau réglement aérodynamique de 2005 couplé à la stupide règle de l’interdiction des changements de pneus en course aura passablement affectés les rouges. Pour ne rien arranger, le grand maître d'œuvre Ross Brawn quitte le navire pour se diriger vers Honda, en compagnie de Barrichello, fidèle lieutenant depuis déjà cinq ans. Après l’échec de la F2005, Ferrari conçoit la 248 F1, première monoplace V8 depuis 1964. La raison derrière ce changement, c’est l’obligation d’utiliser cette nouvelle architecture moteur à compter de 2006. Comme l’exige le règlement, les monoplaces de 2006 doivent courir avec un moteur V8 ou V10 bridé. Si à première vue la monoplace ne change que très peu, de très nombreuses améliorations ont été apportées. Les suspensions arrière représente le plus gros du travail abattu mais il y a bien d’autres nouveautés : l’aérodynamique à l’avant avec ces ailettes qui rejoignent le haut du museau, l’abandon du petit aileron à l’avant, modification de l’emplacement des rétroviseurs, travail sur les ailettes et pontons,... Côté couleurs, pas vraiment de nouveautés si ce n’est l’abandon progressif des logos du fameux cigarettier au profit de petits carrés rouges. Pour mener à bien cette nouvelle saison, M.Schumacher se voit rejoint par Felipe Massa, rapide chez Sauber Petronas mais peut-être trop inexpérimenté pour jouer les gros bras. A qui le dernier mot ?

Et c’est à Bahreïn, et non à Melbourne, que s’ouvre cette nouvelle épopée. C’est d’ailleurs la première fois depuis 1997 que l’Australie n’ouvre pas le championnat du monde de Formule 1. Au beau milieu du désert, la Scuderia souhaite enterrer ses démons de 2005 et d’entrée de jeu, les nouvelles sont rassurantes. En pole position pour la première fois depuis la Hongrie en 2005, Schumacher semble largement en mesure de contrer les Renault, nouvelles armes à abattre. Mieux encore, l’allemand égalise le record détenu par Senna depuis 1994 ! Le duel de titan qui oppose Alonso au septuple champion fait le plus grand bonheur des téléspectateurs. Les deux pilotes ne seront que très peu distancés en piste mais sous le drapeau à damier, c’est bien l’espagnol qui passe en premier. La deuxième place n’est pas qu’une consolation, elle représente également une avancée considérable par rapport à l’année passée, là où la F2005 ne pouvait jamais se battre pour la première place. Moins de chance pour Massa, en grande difficulté avec sa monture, effectuant même un spectaculaire tête-à-queue sous le museau d’Alonso après un freinage complètement manqué. Neuvième à l’arrivée à trois secondes des points, le brésilien n’aura pas démérité. En Malaisie, premier coup dur : les deux monoplaces sont obligées de changer de moteur. En ne respectant pas le quota d’une unité de puissance pour deux grands-prix, les deux pilotes descendent chacun de dix places sur la grille. Pire encore pour Massa, son V8 casse en qualifications, le faisant partir bon dernier. Fort heureusement, ces nouveaux blocs sont puissants à souhait et petit-à-petit, les italiennes remontent dans le classement. A la faveur de la stratégie, le brésilien passera même son équipier, qui terminera juste derrière, à quelques dixièmes de secondes. Les deux Ferrari pointent au cinquième et sixième rangs, loin des Renault R26 de Fisichella et Alonso, encore les plus véloces. A Melbourne, le résultat est catastrophique. Schumacher dixième au départ, Massa quinze. Le brésilien ne connaîtra même pas la fin du premier tour, un sévère accrochage à la sortie de premier virage avec Klien et Rosberg le mettant sur le carreau d’office. Tous les espoirs reposent donc sur la 248 F1 affublée du numéro 5 mais là, c’est une rare erreur de l’allemand qui anéantira ses chances de bien figurer. A la sortie du dernier virage, la machine rouge sort large sur les boules de gomme avant de déraper et de taper le mur. Aileron avant arraché, suspension avant gauche détruite, c’est l’abandon. Le renouveau aperçu à Bahreïn commence déjà à se dissiper car avec déjà vingt-sept unités de retard sur les français au losange, l’addition est salée…

Il faudra attendre l’arrivée sur le vieux continent et la manche d’Imola pour sentir le souffle de la nouveauté. M.Schumacher réalise la pole position, battant le précédent record détenu par Senna, devançant les deux Honda puis la monoplace de Massa, en amélioration constante depuis le début de saison. Les deux pilotes s'élancent correctement et si le brésilien stagne au pied du podium, rien ne résiste au champion allemand. Pourtant, à la sortie de son dernier arrêt aux stands, rien n’est joué. Dans son sillage, la menace Alonso surgit. Comme l’année passée, les deux hommes nous offrent une âpre bataille jusque dans le dernier tour, cette fois-ci à l’avantage de la Ferrari, enfin gagnante. Les tifosi surexcités revoient enfin les machines rouges s’imposer à la régulière, un an après la déroute de la Scuderia. Pour le grand-prix d’Europe au Nürburgring, on prend les mêmes et on recommence. Si Alonso réalise la pole position devant les deux 248 F1, l’ordre établi en qualifications sera quelque peu modifié pour la course. Par le biais d’une stratégie plus conservatrice, Ferrari parvient à faire ressortir Schumacher devant la Renault pour s’assurer un second succès de rang. Quatre secondes derrière, Massa tient la troisième place, synonyme de podium, son premier en carrière. La machine rouge se met petit-à-petit en marche mais face aux italiennes, les françaises sortent le grand jeu. Ainsi, à Barcelone, c’est l’espagnol qui s’impose à domicile avec un écart conséquent sur son plus grand rival. Les deux grands champions ne tardent pas à se démarquer au niveau du championnat du monde et tous les points deviennent précieux, à condition de les récupérer à la loyale. Car à Monaco, petit contretemps. Alors qu’il luttait pour la pole, le septuple champion allemand s’arrêta volontairement à la Rascasse, simulant une erreur de pilotage. Avec les drapeaux jaunes agités,n aucun autre pilote ne pouvait améliorer et donc le meilleur temps lui revenait. Tout le monde sait que la pole est déterminante pour un grand-prix. A Monaco, elle est quasi obligatoire. Problème, ce geste fait beaucoup parler et il parait vite clair qu’il était délibéré. Face à toute cette agitation, la direction de course se devait de réagir. La sanction ne tarde pas à tomber : c’est la disqualification. Coup dur pour la Scuderia qui voit ses deux voitures s’élancer en dernière ligne sur le sinueux tracé de Monte-Carlo après que Massa n’ait pas eu l’opportunité de faire un seul tour chrono ! Si le petit brésilien ne fait pas mieux que neuvième, son équipier Schumacher grimpe dans la hiérarchie, terminant cinquième, à quelques dixièmes du podium tenu par “Superman Coulthard”. Reste que malgré la performance, beaucoup d’encre continuera de couler sur l’affaire des qualifications. A Silverstone comme à Montréal, l’histoire est strictement identique : Renault devant, Ferrari en embuscade, McLaren en outsider. Encore plus incroyable, le top 5 de ces deux grands-prix est exactement le même : Alonso - M.Schumacher - Raikkonen - Fisichella - Massa. Toutes ces victoires du champion sortant ne font évidemment pas le bonheur des italiens qui se voient alors largement distancés dans les deux championnats mais ce n’est que la moitié de la saison et rien n’est encore acquis…

En arrivant à Indianapolis pour la seconde moitié du championnat, Ferrari sait que sa 248 F1 est performante mais les quelques erreurs de Massa et problèmes mécaniques pèsent lourd sur le compteur de points. Mais aux Etats-Unis, la monture rouge se montra exemplaire, propulsant facilement ses deux pilotes aux deux premières places de la grille de départ. Loin du carnage u départ impliquant sept voitures, plus Button deux boucles plus tard. Les italiennes seront, et de loin, les meilleures en ce week-end américain et pour la première fois depuis presque deux ans, voilà la Scuderia monopolisant les deux plus hautes marches de podium, l’allemand devant le brésilien. En France, à Magny-Cours, M.Schumacher décroche sa soixante-huitième pole position en Formule 1. Personne ne le savait mais il n’y en aura jamais d’autres (Monaco 2012 ne comptant pas). Si Alonso s’intercale en deuxième position, les deux 248 F1 complètent à nouveau le podium, toujours dans le même ordre. A Hockenheim, Raikkonen vient troubler la lutte des champions en s’immisçant en pole position mais avec une stratégie à trois arrêts, McLaren condamne son pilote. A l’inverse, Ferrari calcule mieux son coup et saute le bouchon finlandais pour tenir les premières places jusqu’à l’arrivée. Deux doublés en trois épreuves, les points commencent à s’accumuler sérieusement et championnat des pilotes, seuls onze points séparent les deux prétendants, dix entre Renault et Ferrari. En quelques semaines, les 248 F1 renversent la tendance et si Massa accepte son rôle de second couteau, il n’a jamais été aussi proche de son premier succès. Ce ne sera pas le cas en Hongrie. Sur une piste détrempée, l’action est partout. Les Ferrari ne sont étonnement pas la fête, au contraire des McLaren de Raikkonen et de De La Rosa, l’espagnol remplaçant un Montoya blessé, qui ne reviendra finalement jamais. Après l’auto-élimination du finlandais de tête, c’est Alonso qui figure en haut du tableau mais un écrou de roue mal serré lors d’un arrêt l’expédie tout droit dans les barrières de pneumatiques. La chance de reprendre de grosses unités sourit aux Ferrari mais à trois tours du but, la direction de Schumacher fait des siennes. Malgré son abandon, il sera classé huitième, un rang derrière Massa. Ce jour-là, un britannique du nom de Button s’illustre enfin en remportant son premier succès avec Honda, une victoire que le constructeur japonais n’avait plus vue depuis 1967. Il ne reste que cinq épreuves à disputer et tout est encore ouvert. La Renault R26 s’est faite rattrapée par la concurrence alors que les Ferrari 248 F1 ont pris un sérieux avantage en cette seconde moitié de saison mais sera-t-il décisif ? Réponse au Brésil…

Mais avant d’atteindre l’Amérique du Sud, il faut en finir avec l’Europe. Pas de grand-prix de Belgique en 2006 mais à la place, et pour la première fois de son histoire, la Formule 1 fait halte en Turquie, sur le tout nouveau tracé d’Istanbul. En qualifications, petit évènement : Felipe Massa réalise sa première pole position en carrière, juste devant son équipier. Sa course sera magistrale et au bout des 58 tours de course, le voilà enfin sur la plus haute marche du podium. Son week-end aurait pu être parfait si l’autre 248 F1 ne lui avait pas chiper le meilleur tour en course dans les derniers kilomètres. Le Baron Rouge s’inclinera face à Alonso pour la deuxième place. Arrive ensuite l’épreuve phare du championnat pour la Scuderia : le grand-prix d’Italie à Monza. Sur cette piste ultra rapide, c’est encore Raikkonen qui se montre le plus véloce, juste devant M.Schumacher. Encore une fois, c’est à la stratégie que se jouera la victoire et une fois encore, ce sont les rouges qui mènent la danse. Jamais inquiété, l’allemand triomphera devant une foule en délire. Moins de chance pour Massa, gêné par la casse moteur d’Alonso, l’obligeant à freiner de toutes ses forces pour éviter la sortie sur l’huile glissante. Avec des pneus carrés, pas le choix de s’arrêter à nouveau. Mais c’est après la course que l’histoire changera à jamais. Lors de la conférence de presse du trio de tête, Michael Schumacher annonce son retrait de la Formule 1 à l’issue de la saison 2006, remplacé par Kimi Raikkonen. Cette déclaration émouvoir bien plus que le cortège de journalistes présents sur place. C’est toute une génération de fans qui voit partir un grand de la discipline, un pilote adoré par certains, détesté par d’autres, mais toujours admiré pour ses prouesses au volant. Mais avant de partir, il y a une saison à finir. A Shanghai, la pluie retombe à nouveau, parfois fort, parfois moins. L’asphalte est très gras et les gommes feront une grande partie de la différence. Les Ferrari sont loins sur la grille, Schumi sixième, Massa vingtième en raison d’un changement moteur. Tous les regards sont braqués sur le duel pour le championnat et quel spectacle que ces monoplaces évoluant sous ces conditions piégeuses. En début d’épreuve, les Michelin font rapidement la différence mais au fur et à mesure que l’averse s’éloigne et que les conditions s’améliorent légèrement, les Bridgestone reprennent l’ascendant. Rapidement, M.Schumacher grappille de précieuses secondes sur les Renault avant de les dépasser toutes deux à une quinzaine de boucles du but. Avec une quatre-vingt-onzième, mais dernière victoire en carrière, le Kaiser prend le leadership au classement pilote malgré l’égalité de points avec Alonso. Au tableau des constructeurs, tout est aussi serré : un point sépare les deux teams, à l’avantage des bleu et jaune. Qui sortira vainqueur ? L’issue est désormais très proche…

L’avant-dernière épreuve de l’année se tient sur le redouté tracé de Suzuka, là où l’allemand s’est déjà imposé à six reprises. Une septième serait pour lui une grande avancée dans sa conquête d’un huitième titre. La 248 F1 se montre d’emblée très à l’aise sur ce tracé difficile et exigeant, autant pour les pilotes que pour les mécaniques. A la fin des qualifications, Massa devance l’autre Ferrari, qui elles-même devancent les étonnantes Toyota. En quelques instants, les deux machines rouges prennent le large et à la fin du deuxième tour, les positions sont inversées. Après les premiers arrêts ravitaillement, Massa, qui était ralenti dans le trafic, voit la Renault du champion espagnol lui couper devant en sortie de stands. Il n’y a désormais plus personne entre les deux rivaux mais l’avantage de l’allemand est toujours conséquent. Mais trente-sixième des cinquante-trois tours, scène impensable : le V8 de Schumacher part en fumée alors qu’il avait course gagnée ! C’est sa première casse moteur depuis le grand-prix de France 2000, signe de la très grande fiabilité du bloc italien, pourtant mit à mal au plus mauvais moment. L’addition finale est salée. En remportant le grand-prix devant la Ferrari rescapée, Alonso sécurise quasiment sa deuxième étoile mondiale. Si le Baron Rouge veut contrer son adversaire, il n’y a qu’une chose à faire : gagner sans qu’Alonso ne soit dans les points. De même,au niveau des constructeurs, les français ont un avantage de neuf points qu’il sera difficile de combler. Tout cela prendra fin au Brésil, sur la piste vallonnée d’Interlagos. Pour l’occasion, la Scuderia sort le grand jeu. D’un côté, Felipe Massa se voit décoré d’une combinaison au couleur de son drapeau national, de l’autre, de nombreuses festivités sont mises en place pour le départ en retraite du septuple champion. Certaines équipes n’hésitent pas à passer de chaleureux messages à même leurs monoplaces, comme BMW-Sauber et leur “Thanks Michael” inscrit sur l’aile arrière. Mais dès les qualifications, les pépins apparaissent. En Q3, la pompe à essence du prétendant au titre devient défectueuse. Il ne partira que dixième, neuf rangs derrière le poleman Massa alors qu’Alonso ne tient que la quatrième place. A l’extinction des feux, l’allemand grimpe dans le classement mais rapidement, la Safety Car intervient pour évacuer les deux Williams accidentées. Au moment de repartir, Schumacher touche légèrement la Renault de Fisichella en tentant un dépassement. La crevaison est immédiate. Son pneu délaminé lui fait perdre quasiment un tour, de quoi rappeler les mauvais souvenirs de 1998 dans son duel face à Häkkinen. Avec un panache comme celui qu’on lui connaît, le pilote de la 248 F1 pousse sa mécanique dans ses retranchements, tournant plus vite que tous les monde, à raison de deux à trois secondes par tour ! Les concurrents sont dépassés un à un mais le temps manque. Sous le drapeau à damier, Felipe Massa gagne chez les siens, une première depuis Senna en 1993. Ce succès signifie surtout que la couronne ne sera pas pour Michael, pourtant démentiel sur ce dernier round. L’allemand prendra la quatrième place finale, à peine six secondes derrière le nouveau double champion Fernando Alonso, deuxième. Cette folle épreuve n’aura pas non plus permis à Ferrari de voler la vedette aux françaises, titrées une deuxième fois après le sacre de 2005. Une grande page de l’histoire de la Formule 1 venait de se tourner…

Au final, la 248 F1 aura décroché neuf victoires, sept pôles position, neuf meilleurs tours en course et dix-neuf podiums. Il n’en aura pas manqué beaucoup pour voir les lauriers retrouver Maranello. Sans cette casse moteur au Japon, les deux titres revenaient aux rouges, à quinze tours près… Cette dernière campagne de Michael Schumacher avec la Scuderia aura tout de même été brillante, malgré l’incident de Monaco. Ce sont surtout ses coups d’éclat, à Imola, Monza ou Shanghaï qu’il faut se remémorer. La conclusion reste la même pour Massa. Loin du compte en début de saison, il aura vite redressé la barre, laissant derrière lui sa fâcheuse tendance à partir trop souvent en tête-à-queue. Avec deux victoires pour sa première année dans une top team, le résultat est plutôt convaincant. Il ne sera pourtant pas vraiment de la partie en 2007, se faisant sèchement battre par son nouvel équipier Raikkonen et un petit jeune du nom de Lewis Hamilton. Quant à la Scuderia, elle retrouvera enfin le top du top avec le titre pilote avec la F2007, en partie développée par … Michael Schumacher !

La Ferrari 248 F1 en chiffres...

Grands-prix :

18

Victoires :

9

Podiums :

19

Poles Position :

7

Meilleurs Tours :

9

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