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Ferrari 126 C2

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1982, année de tous les superlatifs : puissance, vitesse, suspense, trahison, tragédie. Cette saison sera marquée à tout jamais dans l’histoire de la Formule, et ce n’est pas la Scuderia Ferrari qui démentira ces propos.

La 126 C2 est une évolution de la précédente 126 CK. Comme sa devancière, elle est équipée de la nouvelle technologie en vogue à l’époque : les moteurs turbocompressés. Deux turbos sont alors greffés sur le V6 d’1,5L plafonnant à 11 000 trs/min et développant pas moins de 580cv. La révolution ne concerne pourtant pas ce fabuleux moteur mais la monocoque qui, pour la première fois, est réalisée en intégralité en aluminium.

Pour la seconde année consécutive, Gilles Villeneuve et Didier Pironi sont désignés pour piloter les montures rouges 27 et 28. Admiratif devant sa fougue et son style très agressif, Enzo Ferrari nomme le canadien comme le futur champion du monde 1982. Le Commendatore ne s’y trompe pas : la 126 C2 est très bien née et la concurrence prend peur avant même le début de le saison. Mais après trois courses, il n’en est rien. Les résultats sont même catastrophiques. En Afrique du Sud, Villeneuve met pied à terre en raison d’un turbo défaillant tandis que son équipier rejoint péniblement l’arrivée en fond de peloton, problème d’injection. Le 2 Mars, Pironi est victime d’un effroyable accident lors d’un test au Castellet. A plus de 290km/h, sa monture s’est envolée avant de s’encastrer dans les barrières. Plus de peur que de mal pour le français, s’en sortant avec quelques contusions seulement. Au Brésil, Villeneuve tient la dragée haute devant Piquet mais sous un excès d’optimisme, le canadien sortit de la piste et encastra sa Ferrari dans les barrières. Pironi décrocha le point de la sixième place, bien aidé par les très nombreux abandons. A Long Beach, nouvelle déconvenue. Tandis que Pironi termine dans le mur à cause de freins problématiques, Villeneuve réalise une solide course, hissant sa Ferrari sur la troisième marche du podium. Mais à l’issue de la course, ce dernier est disqualifié pour aileron arrière non-conforme. Il faut dire que l’étrangeté de ce double aileron avait de quoi faire réfléchir sur sa légalité. Après trois courses, les voitures attendues de tous sont très loin du compte.

Mais tout bascula à Saint-Marin sur le mythique tracé d’Imola. Les Ferrari retrouvent enfin des couleurs, pourtant devancées une nouvelle fois par les Renault. Devant un public entièrement acquis à la cause des rouges, l’erreur était interdite. Au bout de quarante-quatre tours, aucune des deux voitures françaises n’est en course. Villeneuve mène tranquillement, Pironi le suit de loin. Pour assurer la victoire et le doublé, mais aussi pour préserver la mécanique, une instruction « Solw » est tendue aux pilotes. Villeneuve baissa son rythme de deux secondes, mais pas son équipier, qui revint alors rapidement dans les roues du leader. Pironi prend la tête. S’en suit alors un duel fratricide mais amicale entre les coéquipiers Ferrari. Pensant qu’il lutte pour le spectacle, Villeneuve ne s’attend pourtant pas à ce que Pironi franchisse la ligne d’arrivée en tête. Furieux du comportement du français, le canadien refuse de lui adresser la parole, parlant alors de trahison.

C’est le couteau entre les dents que Villeneuve arrive à Zolder en Belgique. Toujours très remonté envers son équipier, le pilote de la 27 tente le tout pour le tout pour détrôner Pironi de la pole position, mais en vain. Alors qu’il s’apprêtait à rejoindre les stands, Villeneuve déboula derrière la March de Mass. L’allemand se décala à droite, le canadien aussi. La Ferrari décolla et se disséqua en l’air, éjectant le malheureux pilote qui décéda sur le coup. Tout le monde reste sans-voix, choqué. Ferrari et Pironi décident unanimement de ne pas présenter la 28 au départ.

Lors des trois épreuves suivantes, seul Pironi est aligné par Ferrari. La mort de Gilles est encore dans tous les esprits. A Monaco, à l’issue d’une course rocambolesque, Pironi laisse s’échapper la victoire dans l’ultime boucle suite à des soucis d’allumage mais se classe tout de même second. A Détroit, Pironi réalise une course solide, la 126 C2 résistant aux bosses du tracé urbain. La manche suivante se déroule au Canada, mais sans Gilles. La seule Ferrari en piste se hisse en pôle mais la course prit une tournure dramatique. Au départ, Pironi cale et créé un énorme carambolage derrière lui, emportant la vie du pauvre Paletti. Une fois repartie, le pilote de la 28 glissa dans le classement, terminant à une insignifiante neuvième place.

De retour en Europe, Pironi est désormais épaulé par son compatriote Tambay pour le reste de la saison. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la paire française va faire briller la 126 C2. Victoire de Pironi à Zandvoort, deuxième et troisième place du podium à Brands Hatch, troisième et quatrième au Castellet, les points s’accumulent et Pironi pointe en tête du championnat pilote. Mais en Allemagne, la tragédie frappa à nouveau. Alors qu’il avait à nouveau signé la pole position, le pilote de la 28 ne peut éviter la Renault de Prost invisible sous les projections d’eau. La Ferrari s’envola, rebondit, redécolla avant de se poser beaucoup plus loin, complètement détruite. Pironi est conscient mais ses jambes sont dans un sale état. Même s’il ne finit pas amputé, sa carrière en Formule, elle, est définitivement terminée. A nouveau, une seule voiture prend le départ. Pour redonner quelque peu le sourire aux rouges, Tambay s’impose, décrochant ainsi sa première victoire en Formule 1. Les questions autour de la sécurité refont surface et Ferrari sait que sans la solidification du museau, Didier y aurait laissé sa vie, comme Gilles. En Autriche, Tambay réalise une belle remontée après avoir subi une crevaison dès l’entame de course pour finalement se classer quatrième. Si le championnat pilote semble compliqué à décrocher pour Pironi, l’espoir du titre constructeur est bien présent. Pour le grand-prix de Suisse, couru sur le tracé de Dijon-Prenois, aucune Ferrari n’est présente sur la grille de départ, Tambay étant victime d’une hernie discale. Rosberg l’emporte et prend les commandes du championnat. Pironi ne sera pas le premier français champion du monde. En Italie, petite nouveauté : la 28 fait son retour avec le champion du monde Mario Andretti. Le coup de volant est toujours là puisque l’américain décroche le meilleur temps des qualifications. Petite désillusion en course malgré un podium pour les deux Ferrari, mais devancées par Arnoux et sa Renault. Avec encore une course à disputer, Ferrari dispose de 11 points d’avance sur son plus proche rival, McLaren. Juste avant le départ, Tambay déclare une nouvelle fois forfait pour de nouveaux problèmes de santé. Andretti mène donc seul l’écurie Ferrari mais après 27 tours, un triangle de suspension cède et envoi la voiture dans le bac à sable. La saison 1982 s’achève ici pour Ferrari, mais avec le titre constructeur en poche.

La Ferrari 126 C2 restera à jamais une des voitures mythique de la Scuderia. Moins performante que les Renault mais plus fiable, la monture rouge aura permis à ses pilotes de monter à dix reprises sur le podium, dont trois fois sur la plus haute marche. Trois pôles position ainsi que deux meilleurs tours sont à mettre à l’actif de cette monoplace championne du monde des constructeurs.

La Ferrari 126 C2 en chiffres...

Grands-prix :

16

Victoires :

3

Podiums :

10

Poles Position :

3

Meilleurs Tours :

2

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