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Circuit de Zandvoort - Pays-Bas

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En 2014, un très jeune pilote néerlandais raviva la flamme de la Formule 1 pour une nation toute entière. Disparu du calendrier depuis 1985, le circuit de Zandvoort effectue son grand retour avec un tracé très différent de celui du vingtième siècle.

En réalité, c’est sur une cinquième configuration de circuit que s’élanceront les pilotes. Tracé très sinueux et bosselé, les différences avec les anciennes pistes sont grandes : virages bien plus serrés et tortueux, beaucoup moins de lignes droites ou courbes rapides mais surtout, l’ajout d’un banking assez incliné dans le dernier virage, rappelant Indianapolis. Avec sa proximité avec la mer, le circuit est quelque peu vallonné en raison des dunes environnantes, étant parfois balayé par le sable des plages des alentours. C’est en 1952 que Zandvoort intégra pour la première fois le championnat du monde de Formule 1 jusqu’à sa disparition en 1985. Exceptées quelques années où la course n’a pas eu lieu, la piste néerlandaise s’imposa comme l’un des classiques de la catégorie reine. Jusqu’au début des années 70, le circuit se trouvait dans les premières manches de chaque saison. Il n’était donc pas rare de voir de nouveaux arrivants qui plus tard, devenaient de grands champions. C’est le cas de Clark, de Regazzoni ou de Cevert par exemple. D’autres y décrochèrent leur premier podium comme G.Hill, Beltoise ou Hunt. Quant aux victoires, ils sont quatre à y avoir remporté leur tout premier succès : Bonnier, Von Trips, G.Hill et Hunt, respectivement en 1959, 1960, 1961 et 1975... Le premier de ce quatuor réalisa même la course parfaite, accrochant son unique pole, unique triomphe et unique podium en Formule 1. Du côté des constructeurs, là aussi les débuts furent gagnants à l’image de BRM, de Matra ou d’Hesketh tout comme certains motoristes comme BRM ou Ford Cosworth. Mais si Zandvoort fut le théâtre de premières fois, les dernières ne sont pas à oublier. On peut alors retenir la dernière victoire d’Andretti et le dernier podium de Peterson en 1978, le dernier succès de Pironi en 1982 puis d’Arnoux l’année suivante. Trois ans plus tard, c’est le champion autrichien Lauda qui grimpa sur la plus haute marche du podium pour la dernière fois de sa carrière. En cette saison 1985, McLaren écrasa la concurrence en s’octroyant, ici même, le titre constructeur grâce au fabuleux TAG-Porsche. Sept ans plus tôt, Lotus remportait ses mêmes lauriers avec sa très véloce 79. Car oui Zandvoort était un circuit rapide à l’époque. Les longues pleines charges poussaient à la course à l’aspiration, nous offrant quelques belles luttes, souvent pour la tête du grand-prix. En 1971, Ickx et Rodriguez se disputèrent la première place, se dépassant sans cesse jusqu’à l’arrivée. Sur la piste humide mais séchante, c’est finalement le belge qui gagna, faisant imposer la Ferrari 312 B2 pour la première fois. En 1975, Lauda et sa Ferrari sont à nouveau les grands favoris et sa nouvelle pole position ne laisse pas de doute quant à un énième succès. C’était sans compter sur un crachin mouillant suffisamment la piste avant le départ pour redistribuer les cartes. Si les pneumatiques pour la pluie sont de mise, les slicks s’avèrent rapidement meilleurs. Mais contrairement à ce que l’on aurait pu penser, ce n’est pas l’autrichien, pourtant grand calculateur, qui prit cette décision en premier. A l’étonnement général c’est le britannique Hunt qui fit le pari gagnant, menant sa Hesketh blanche, vierge de sponsors vers son unique triomphe en Formule 1 et ce, malgré la pression imposée par Lauda. D’ailleurs, c’est ce dernier qui ressentit la pression en 1985, année de sa dernière victoire, talonné jusqu’à l’arrivée par son équipier Prost. Le français qui, en 1981, opéra une magnifique manœuvre de dépassement sur Jones, lui-même se débarrassant d’un retardataire, fonçant vers une nouvelle victoire en Formule 1. Mais à l’issue de la saison 1985, Zandvoort disparaît du calendrier, les installations devenant vétustes et peu sécurisantes, et la pollution sonore générée par les voitures perturbent le voisinage. Si le tracé a aujourd'hui évolué, reste encore la partie mythique : le virage Tarzan. Cette épingle, légèrement relevée, est le premier virage de ce circuit. Avec son bac à graviers à l’extérieur, les erreurs sont interdites mais grâce au banking, la trajectoire extérieure peut-être utilisée pour garder une plus grande vitesse de passage, comme sur les circuits ovales américains. De quoi nous augurer de belles passes d’armes avec les futures voitures à effet de sol. Finalement repoussé à 2021 en raison de la pandémie, le retour à Zandvoort fut tout sauf ennuyeux. Attendu par tout un peuple, Verstappen se montra immédiatement à l’aise avant de remporter, au bout du compte, un succès amplement mérité sous un brouillard de fumigènes oranges, une passion rare rendant presque jaloux les tifosi… En 2022 puis 2023, le hollandais est l’homme à battre et ce ne sont pas les conditions dignes d’un mois de Mars avec ses giboulés qui l’empêcheront de trôner sur la plus haute marche du podium devant Alonso et Gasly, sauvés des eaux.

Si le tracé actuel est devenu une suite de courbes plus ou moins rapides, c’est bien évidemment par raison de sécurité. Dans son histoire, la Formule 1 aura connu deux accidents mortels sur le circuit néerlandais, tous deux dans des circonstances accablantes. Ainsi, Courage et Williamson, en 1970 et 1973, perdirent la vie lors de sorties de piste où leurs voitures s’embrasèrent. Sans réels moyens de sécurité aux abords du circuit, aucun des deux hommes ne purent être sauvés. En 1960, Gurney subit une défaillance de freins de sa BRM, l’envoyant en direction des spectateurs. Malheureusement, l’un d’entre eux fut mortellement fauché. Il faut dire que la présence des photographes et spectateurs dans le gazon bordant la piste n’avait rien de bien sécurisant. Outre ces deux tragiques incidents, la piste de Zandvoort aura vécu quelques accrochages et accidents iconiques. En 1977, la bataille fait rage en tête entre Hunt et Andretti. A l’amorce du premier virage, l’américain opte pour la trajectoire extérieure. Si à la sortie les deux monoplaces sont côte-à-côte, l’écart entre les deux est trop restreint. La roue arrière gauche de la Mclaren frotte la roue avant de Lotus, conduisant à l’accrochage des deux leaders. Si Andretti parvient à s’en tirer, il renoncera quelques tours plus tard sur problème moteur. L’année suivante, c’est Pironi et Patrese qui sortirent de piste au même moment. Les monoplaces sont détruites mais aucun bobo n’est à signaler. En 1979, Villeneuve menait un train tranquille en tête de l’épreuve quand son pneu arrière gauche commença à montrer des signes de faiblesse. En arrivant dans Tarzan, la crevaison attendue arriva. La 312 T3 s’échoua dans le sable mais son fougueux pilote en décida autrement. Une fois la marche arrière enclenchée et la Ferrari sur la bonne trajectoire, voici le canadien regagnant son garage à une allure folle pour une voiture endommagée. Si la conduite est incroyable, la mécanique est très touchée. A force de rebondir et de frotter au sol, la suspension arrière gauche lâche. L’image est iconique mais l’abandon inévitable. En 1980, toujours dans la même épingle, la Tyrrell de Daly se voit privée de ses freins en bout de ligne droite. La sortie est terrible. La monoplace se désintègre et s’envole en percutant le mur de pneus mais plus de peur que de mal pour l’irlandais qui s’en tira avec seulement quelques égratignures. L’année suivante, Villeneuve est à nouveau le protagoniste du premier accident de la course, s’envolant à travers le peloton pour finalement s’échouer dans les graviers de Tarzan. Quelques boucles plus tard, c’est la Ligier de Lafitte qui vient y finir sa course, le français étant harponné par Reutemann. En 1982, toujours dans le même virage iconique, c’est Arnoux qui se retrouva en fâcheuse posture. A pleine vitesse, sa roue avant gauche se détacha, laissant sa Renault privée de tout ralentissement. Le crash est spectaculaire mais le français indemne. En 1983, son ex-équipier Prost commet l’une de ses seules erreurs de sa carrière. Alors qu’il se battait pour le commandement de la course avec la Brabham de Piquet, le français manqua son freinage et empoigna la monoplace du brésilien. Si la BT52B trouve sa place au fond du bac à sable, la Renault poursuit son chemin mais avec un aileron trop abimé, elle s’écrasa dans les rails un peu plus loin. Une faute que le professeur reconnaît immédiatement, tout comme Piquet, bien évidemment.

Si les avancées en matière de sécurité ont considérablement changé la face de la Formule 1, il n’en reste pas moins que Zandvoort est un circuit technique, surtout dans sa configuration actuelle. Si le célèbre virage Tarzan est toujours de la partie, il n’est pas le seul à pouvoir être témoin d’une sortie de route, la piste étant peu large, surtout avec des monoplaces actuelles aussi imposantes. Sur ces faits, le tracé néerlandais se rapproche en tous points du Hungaroring, véritable tourniquet où les dépassements sont très complexes à opérer. La stratégie devrait être un élément clé pour la course à la victoire, à moins que la météo, pas toujours au beau fixe sur les rives de la mer du Nord ne change la donne. Quoi qu’il en soit, c’est une véritable marée orange rassemblée pour un seul homme que Zandvoort devrait vibrer au cours de ces prochaines années.

Le circuit de Zandvoort en chiffres...

Années de présence en Formule 1 :

1952 - 1953 ; 1955 ; 1958 - 1971 ; 1973 - 1985 ; 2021 - Aujourd'hui

Longueur :

4.307 km

Nombre de tours :

71

Meilleur temps en qualifications :

1'08"885 (Verstappen - 2021)

Meilleur temps en course :

1'11"097 (Hamilton -2021)

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