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Circuit de Spa-Francorchamps - Belgique

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Spa-Francorchamps, le mythe, l’histoire, la gloire et la tragédie. Récit d’une épreuve belge hors du temps.

Présent lors de la toute première saison, le circuit a pourtant été réduit de moitié après 1970 pour passer à 7 kilomètres de long, soit la piste la plus longue du calendrier actuel. Le grand-prix belge n’a pas toujours été disputé sur la piste ardennaise, laissant à quelques reprises les pistes de Zolder et de Nivelles. Surnommé le toboggan des Ardennes, ce circuit mythique vallonné au milieu des collines est un rendez-vous immanquable pour tout fan de compétitions automobiles. Ayant subi peu de modifications au cours du temps depuis son rétrécissement, le circuit a perdu petit à petit de son charme, notamment avec la suppression des bacs à graviers. La Source, Eau Rouge, les Combes, Rivage, Pouhon, Blanchimont ou encore le Bus Stop sont autant de noms qui font rêver petits et grands. Le plus connu reste sans aucun doute le Raidillon de l’Eau Rouge, cette côte spectaculaire à l’aveugle ou les F1 passent sur un fil à plus de 300km/h. L’erreur y est donc formellement interdite. Barilla, Zanardi, J.Villeneuve, Zonta, Fisichella, Magnussen ou encore Norris en auront fait les frais en sortant très violemment de la piste, heureusement pour eux, sans blessures majeures. Les accidents ont été très nombreux sur la piste belge, souvent très spectaculaires et parfois dangereux. Qui ne se souvient pas du départ de l’édition 1998 ? Avec pas moins de treize voitures sur le carreau, c’est de loin le plus gros carambolage de l’histoire de la Formule 1. Cette course fut également le théâtre de l’accrochage M.Schumacher-Coulthard, où l’allemand percuta l’écossais alors qu’il lui prenait un tour. Au tour suivant, Fisichella explosa sa Benetton en tentant de dépasser Nakano, provoquant la sortie de la voiture de sécurité. En 2001, le malheureux Burti qui se remettait tout juste d’une spectaculaire cabriole à Hockenheim, fut victime d’un très gros accident au niveau de la courbe rapide de Blanchimont alors qu’il était à la bagarre avec la Jaguar d’Irvine. Filant dans le mur à plus de 280 km/h, Burti resta inconscient pendant presque 46 heures, les images de son casque très abîmé faisait et font encore aujourd’hui froid dans le dos. Neuf ans plus tôt, lors des essais, Comas perd le contrôle de sa Ligier en ce même virage avant de fracasser sa monture. Inconscient, le français est rapidement sauvé par Senna, le brésilien n’hésitant pas à s’arrêter pour couper le moteur et ainsi éviter l’explosion. La célèbre épingle de la Source est bien souvent le théâtre d’accrochages et d’accidents, nombreux ces dernières années. Comment oublier les carambolages de 2012 et de 2018, passant tout proche de la catastrophe pour Alonso et Leclerc. En 2004, le départ fut également perturbé par un carambolage mettant au tapis à nouveau quatre voitures en haut du Raidillon. Mais si la difficulté est encore omniprésente aujourd’hui, le danger de l’ancien tracé est largement révolu.

Lorsque la Formule 1 n’en était qu’à ses balbutiements, les premiers circuits n’étaient pas les arènes fermées que l’on connaît aujourd’hui. A l’époque, bon nombre de tracé empruntaient des voies nationales ou départementales, n’offrant bien évidemment aucune condition optimale pour piloter en toute sécurité. Celui de Spa-Francorchamps n’y faisait pas exception. Avec ses quatorze kilomètres de long et sa boucle passant par les villages de Burnenville, Holowell ou Stavelot, survivre relevait du miracle. L’édition 1960 fut marquée par la mort de deux pilotes anglais, Chris Bristow et Alan Stacey. Il faut dire que les petites routes étaient largement inadaptées pour des bolides atteignant les 200 km/h de moyenne sur un tour. Les accidents étaient très nombreux, les blessés aussi. Pour augmenter encore plus la difficulté, la piste, ou plutôt les routes, suivent un dénivelé impressionnant, occasionnant quelques bosses et fossés, l’enfer en somme. Tout cela comblé au temps souvent mauvais dans les Ardennes, devenant alors un véritable tombeau pour les pilotes les moins aguerris. Ce n’est donc pas un hasard que les plus grands champions de l’époque se soient imposés ici-même. Fangio, Farina, Ascari, Collins, Brooks, Brabham, P.Hill, Clark, Surtees, Gurney, McLaren ou encore Rodriguez, voilà une liste de légendes ayant chacuns leur tour atteint le panthéon du sport automobile. Il y en a un pourtant qui n’a jamais triomphé ici même : Jackie Stewart. L’écossais l’avouera, sa peur pour ce circuit dépassera n’importe quelle crainte. Pour lui, ce circuit n’aurait jamais dû rester aussi longtemps en Formule 1 tant sa dangerosité était grande. Le triple champion qui se lança après coup dans une fronde légendaire pour bannir ce circuit du calendrier, un combat gagné en 1972 avec l’arrivée de Nivelles en remplacement de Spa-Francorchamps, le temps que de sérieux travaux soient parachevés.

Mais Stewart ne fut pas le seul à protester contre la piste belge. En 1985, ce sont tous les pilotes qui refusent de courir après que plusieurs portions de bitume se soient désagrégées au passage des voitures. De véritables trous étaient visibles sur la piste. Le samedi soir, un accord est trouvé : le grand-prix sera repoussé pour laisser le temps aux organisateurs d’effectuer les travaux nécessaires. Vingt-six ans plus tard, l’histoire fut bien pire. Ce dernier week-end d’Août 2021 est très arrosé sur la région de Spa-Francorchamps. Lors des qualifications, la piste est totalement trempée et alors que Vettel demande l’arrêt de la séance, Norris subit un très gros crash dans Eau Rouge. La course contre le chronomètre reprend et après un superbe tour, Russell et sa Williams prennent une improbable deuxième place sur la grille, un retour aux avant-postes inespéré pour l’écurie de Grove. Le spectacle du dimanche s’annonce grandiose, il sera catastrophique. La pluie et le brouillard sont présents en quantité et durant des heures, la direction de course repousse le départ. Finalement, les voitures s’élancent pour deux tours derrière la voiture de sécurité avant de s’arrêter définitivement. Après trois petites minutes d’épreuve, le fiasco est terminé. S’il y a du négatif, la Belgique aura pourtant offert beaucoup de positif. En 1991, c’est ici-même qu’un certain M.Schumacher débuta en Formule 1 sur Jordan. Après une brillante qualification sur sa modeste machine verte, il renonce prématurément sur casse de son embrayage alors que dans le même temps, son équipier De Cesaris mène la vie dure à Senna, passant tout proche d’un succès irréel. Quel aurait pu être le résultat de l’allemand si sa machine avait tenu le coup ? La question restera sans réponses. Treize ans plus tard, le Baron Rouge y remporte un septième titre historique au volant d’une F2004 exceptionnelle. C’est également sur cette piste qu’il décrocha son premier succès, en 1992 avant de passer d’illusions en désillusions. En 1994, alors qu’il avait franchi en premier la ligne d’arrivée, il fut disqualifié pour planche de bois trop mince, résultat d’un tête-à-queue a première vue sans incidence. L’année suivante, il réalise un sacré coup en maintenant Hill derrière lui sous la pluie mais avec des pneumatiques slicks, une stratégie audacieuse finalement couronnée de succès. Touché par la malchance en 1998, il perd la victoire en 2000 lors d’une manœuvre d’anthologie orchestrée par Hakkinen dans la ligne droite de Kemmel avec au milieu des deux hommes, la BAR de Zonta. Onze ans plus tard, ce même Schumacher s’élança pour son 300ème grand-prix mais malheureusement pour lui, une roue mal serrée l'envoya dans le mur lors des qualifications. S’élançant 24ème, l’allemand cravacha et remonta jusqu’à une inespérée 5ème position. Beaucoup de grands moments sont restés dans les annales sur la piste belge. Les dépassements très osés à l’entrée du Raidillon de l’Eau Rouge sont toujours de véritables prouesses où les pilotes doivent avoir le cœur bien accroché, comme ce fut le cas récemment avec Raikkonen ou encore Webber. Le finlandais qui d’ailleurs s’est établi un palmarès de choix à Spa, faisant de la piste belge son circuit fétiche. C’est là qu’il décrocha en 2009 la seule victoire de Ferrari, alors en lutte avec un certain Fisichella et sa Force India ! Décrochant la pole la veille, l’italien dû s’incliner, offrant tout de même à l’écurie indienne son premier podium dans la discipline. Un podium que rafla l’écurie Jordan en 1998 en s’offrant son premier et unique doublé, notamment grâce à certaines conditions bien connues. Ce fût également le dernier podium d’Alesi, dernier français dans le top 3 jusqu’à un certain Grosjean qui s’offrit même un podium quasiment inespéré pour sa modeste Lotus en 2015, profitant bien évidemment de l’explosion du pneu de Vettel à deux tours du but. En 2019, Leclerc venge le décès de son ami Anthoine Hubert, tué la veille en Formule 2, en remportant son premier grand-prix, une victoire forcément remplie d’émotion...

La Belgique est devenue un incontournable du calendrier, offrant une piste des plus vallonnées, un cadre verdoyant et une météo plus qu’incertaine. La dangerosité de la piste fait pourtant beaucoup polémique aujourd’hui, notamment au niveau de l’Eau Rouge. Le retour des bacs à gravier et de nouvelles infrastructures devraient permettre de sauver ce monument qu’est Spa-Francorchamps, une piste de légende qui n’a pas fini de nous surprendre...

Le circuit de Spa-Francorchamps en chiffres...

Années de présence en Formule 1 :

1950 - 1956 ; 1958 ; 1960 - 1968 ; 1970 ; 1983 ; 1985 - 2002 ; 2004 - 2005 ; 2007 - Aujourd'hui

Longueur :

7.004 km

Nombre de tours :

44

Meilleur temps en qualifications :

1'41"252 (Hamilton - 2020)

Meilleur temps en course :

1'46"286 (Bottas - 2018)

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