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Circuit de Miami - Etats-Unis

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Les USA et la F1, une histoire faite d’amour et de tumultes, entre les rails et les murs de béton des grandes cités. Flashback sur les grandes années “Urban Tracks” américaines.

Après plus de vingt ans d’absence, la Formule 1 fait son grand retour en ville sur le continent américain, jadis terre des circuits urbains dans les années 80. Long Beach, Las Vegas, Détroit, Phoenix, ou encore Dallas, les choix étaient multiples. Et ce sont les trois derniers cités qui vont faire l’objet d’un historique approfondi. Et pour débuter, rendons-nous au Texas sur le tracé, non pas d’Austin, mais de la capitale du pétrole : Dallas. Organisé à même les rues de la métropole américaine, autour du Cotton Bowl Stadium, ce circuit urbain était une véritable catastrophe, tout comme son organisation. Virages en aveugle, chicanes lentes, piste peu large, murs en béton hauts, piles de pneus en sortie de virage, bref, un bel ennui en perspective mais s’il n’y avait que ça encore… Car la réalité fut bien pire. Un seul grand-prix se sera tenu sur cette “piste”, en 1984. Pire encore, la canicule présente affecte grandement les pilotes et les mécaniques avec des pointes à presque 40°C. Pour ne rien arranger, le revêtement est abominable et à cause de la chaleur, se délamine à chaque passage de voiture sous forme de gravillons. Tous les pilotes se plaignent mais seuls quelques téméraires oseront attaquer directement la fédération et les organisateurs. A saluer tout de même la première pole position de Nigel Mansell, juste devant son équipier De Angelis, offrant à Lotus une première ligne complète, du jamais-vu depuis 1978. Dans la nuit du samedi au dimanche, des réparations de fortune avec du ciment à prise rapide sont effectuées mais là encore, les trop hautes températures empêcheront le bon colmatage du revêtement. La tenue de la course semble compromise mais face au refus de la FISA et de la FOCA d’annuler, elle aura finalement lieu, bien qu’elle soit amputée de dix boucles. Il n’empêche que ce jour-là, la chaleur sera tout aussi écrasante. Avant même le départ, la Ferrari d’Arnoux refuse de démarrer, l’obligeant à partir du fond de grille au lieu de sa quatrième place. Les accidents se répèteront sans cesse, les bris mécaniques aussi. Que ce soient les monoplaces ou les bonshommes, tous souffrent. Sur les vingt-cinq voitures au départ, seules sept franchiront la ligne d’arrivée, une hécatombe. Rien que la seule image de la sortie du sixième virage et de ses cinq voitures détruites le long du mur illustre à elle seule l’inutilité de ce grand-prix. Après avoir évité un Mansell en perdition à plusieurs reprises, c’est finalement Keke Rosberg qui s’impose devant l’incroyable Arnoux et De Angelis. Mais c’est derrière que le désastre continue. Alors qu’il heurte le muret en béton en sortie de dernier virage, le plus célèbre des moustachus casse sa boîte de vitesses. Poussé par un surplus d’adrénaline, l’anglais sort de sa machine et entreprend de la pousser jusqu’à la ligne mais après quelques mètres, boum. Mansell s'évanouit, écrasé par la chaleur asphyxiante du Texas. Bizarrement, la ville n’accueillera plus jamais la Formule 1, étonnant…

Mais dans le même temps, bien plus au nord, un autre tracé américain fait polémique : celui de Détroit. Inauguré en 1982,il ne présente guère plus d'intérêt que celui de Dallas. Virages à angle droit et à l’aveugle, mur en béton plus haut que les monoplaces, chicanes lentes, piste trop étroite, revêtement bosselé et jonché de plaques d’égout et autres installations urbaines, une nouvelle catastrophe en perspective. Ce tracé, qui reste loin d’arriver à la cheville du fameux Long Beach, est presque entièrement financé par Ford, la marque à l’ovale bleu étant basée à Détroit. Tous les pilotes sont unanimes : le circuit ne sert à rien, surtout en F1. Pourtant, il tiendra sept ans au calendrier mais durant ce laps de temps, rien ne sera arrangé. Chaque saison qui passe voit le bitume se détériorer un peu plus, faisant rebondir les monoplaces dans tous les sens. Les accidents sont très nombreux et souvent douloureux mais avec des rues si étriquées, sortir une monoplace détruite de la piste relève du casse-tête. Les interruptions sont systématiques aux essais et en qualifications, d’autant plus que la pluie s’invite souvent, de quoi parfaire des week-ends de course toujours plus désastreux. Quelques faits notables sont pourtant à rappeler. Pour la première édition, en 1982, un accrochage entre Guerrero et De Angelis provoque la sortie du drapeau rouge au bout de cinq petits tours. Il faudra près d’une heure pour évacuer les épaves et relancer le grand-prix qui se jouera à l’addition des temps, une façon très complexe de déterminer le classement, surtout en direct. A ce petit jeu là, c’est l’étonnant Watson qui s’impose, pourtant parti de la dix-septième place sur la grille, profitant de l’accrochage entre Rosberg et Lauda pour prendre le leadership. L’année suivante, la course est dominée par Piquet mais à quelques boucles du drapeau à damier, un clou vient perforer l’un de ses pneus, l’obligeant à repasser aux stands en toute fin d’épreuve. Grâce à ce coup du sort, Alboreto, sur Tyrrell, s’impose à la surprise générale, pour ce qui restera le dernier succès de l’écurie de l’oncle Ken. Ce grand-prix aura été particulièrement bon pour Ford, monopolisant les trois places sur le podium, un exploit qui ne sera plus répété. 1984 est une nouvelle démonstration de l’incohérence de ce tracé. Dès le départ, Piquet se fait accrocher et percute le mur avant de provoquer un carambolage. Immédiatement, le drapeau rouge est brandi mais un second départ est rapidement donné. Profitant de son mulet, le carioca vole vers la victoire, cette fois-ci sans bavures, quelques dixièmes devant l’étonnant Brundle et sa Tyrrell. Personne ne le sait encore mais quelques jours plus tard, les Tyrrell seront déclarées non-conformes, le podium oublié. La raison de cette exclusion est simple. Durant toute la course, les voitures vertes roulaient sous le poids minimal autorisé mais dans le dernier quart de grand-prix, un arrêt ravitaillement, pourtant interdit, permettait d’ajouter des billes de plomb dans le réservoir, de manière à alourdir la voiture qui pouvait repartir au bon poids et avec des gommes fraîches. Stratagème malin mais découvert. En 1985, retour du Viking Rosberg sur la plus haute marche du podium après une course rondement menée, juste perturbée par l’obstruction de ses radiateurs par des déchets volants. Il faut dire que personne ne sera épargné par les problèmes, à commencer par Senna, Prost et Mansell, tous trois sortis de piste au même virage n°3, là où en début de course une pile de pneus de protection avait été arrachée par le pauliste lui-même. Onze pilotes à l’arrivée, l’hécatombe dure toujours. Il y en aura un de moins en 1986 dans un grand-prix toujours aussi agité et mené par pas moins de cinq pilotes différents, à commencer par les étonnantes Ligier Renault d’Arnoux et Laffite. Ce dernier tiendra bon puisqu’il tiendra la seconde position jusqu’à l’arrivée, derrière Senna, pour s’offrir son ultime podium en Formule 1. Les deux éditions suivantes seront dominées par le champion brésilien, fan des circuits urbains, bien que détestant ouvertement celui de Detroit. La dernière apparition du circuit en 1988 aurait même pu tourner au drame avec deux sérieux accidents pendant les essais. Le premier, celui de Modena, remettra largement en cause la sécurité précaire du tracé, le pilote Eurobrun percutant assez fortement un énorme bloc de béton qu’il finira par fissurer. Mais c’est bien le deuxième qui posera plus problème. A la sortie de la chicane finale, entourée de pneus, Capelli glisse et fracasse sa monture contre le mur des stands. Le choc est si rude que la voiture se disloque complètement, sonnant littéralement le pauvre italien. Pire encore, une roue détachée s’envola vers les stands, sûrement trop près de la piste, et arracha de nombreux équipements tels que des ordinateurs, panneaux et autres écrans. Quelques blessés légers sont répertoriés. Cette fois, le coup de grâce est donné, adieu Détroit.

La mode des circuits urbains américains semblait prendre fin mais un an plus tard, voilà que la Formule 1 accueille à bras ouvert la piste de Phoenix, en Arizona. Comme ses devanciers, le circuit est pitoyable. Angle droit à chaque virage, épingle dessinée à même un parking, aucune visibilité, des bosses partout, bref, un nouveau “fail” en perspective. Comme à Dallas, la chaleur est étouffante et tout le monde souffre autant que les mécaniques. Les critiques des précédents grand-prix ne semblent toujours pas arrivées aux oreilles des fédérations puisqu’aucun aménagement de sécurité n’est mis en place. Les accidents font donc souvent des blessés.La première édition sera, une fois n’est pas coutume, une réelle hécatombe avec seulement six voitures sous le drapeau à damier, la majorité des abandons étant causés par des ennuis de fiabilité. Prost s’imposera sans concurrence, bénéficiant du retrait de Senna pour voguer tranquillement en tête. Aux abords du circuit, il n’y a presque personne. Les grandes ambitions d’Ecclestone, qui voyait la foule se déplacer comme en Indycar ou en NASCAR, comme à se poser certaines questions. En 1990, l’Arizona ouvre le championnat mais rien n’y fait : les températures plus fraîches du début de printemps n’attirent pas. Le pari de faire rouler les voitures en ville pour rapprocher les fans de la piste tourne au fiasco. Au lieu de ça, les habitants de Phoenix désertent la capitale arizonienne, au grand regret de la FIA. Le grand-prix sera pourtant étonnant avec, en premier lieu, la première ligne surprise de la Minardi de Minardi, mais surtout, pour la course phénoménale du néophyte Jean Alesi. Sur sa modeste Tyrrell, l'avignonnais jaillit de la quatrième place pour prendre la tête dès le premier tour. Mieux encore, il se paye le luxe de caracoler en première position durant toute la première moitié d’épreuve et ce, en sentant la pression de Senna dans ses échappements. Ce n’est qu’au moyen d’une légère hésitation du français que les places s’échangèrent. Reste que le pilote Tyrrell tiendra son rang et la deuxième place pour échouer à moins de huit secondes de la victoire. Voici donc un premier podium prometteur pour l’avenir du jeune Jean. Pour 1991, il y a du changement mais rien qui ne vaille réellement le coup. Des enchaînements apparaissent, d’autres sont supprimés, l’épingle est remplacée par un virage pointu. Le spectacle n’en sera pas plus intéressant, les spectateurs, toujours aussi peu nombreux. La course sera marquée par un spectaculaire accident entre Patrese, alors arrêté dans le mauvais sens en bord de piste, et Moreno sur Benetton. Le brésilien percute de plein fouet la Williams, passant très proche du casque de l’italien, fort heureusement évité. Senna l’emporte devant Prost et Piquet, un trio de champions qui viendra clore une époque révolue. Le tracé de Phoenix ne tiendra pas les cinq ans prévus par son contrat. Après cette course, les Etats-Unis disparaîtront du calendrier pendant neuf ans, avant le grand retour d’Indianapolis.

En 2022, un nouveau tracé voit le jour : celui de Miami. Si la piste n’emprunte pas directement les rues de la mégalopole américaine, il n’en reste pas moins urbain. Murs de béton, chicanes lentes, mauvaises visibilités, des souvenirs dont la Formule 1 se serait bien passée. Les premiers tours de roues n’amèneront pas que du positif, le revêtement se déchirant par endroit, comme à Détroit, alors que les murs, mal protégés, détruisent des châssis complets. Et que dire du grand-prix de Las Vegas en 2023. Ah le rêve américain, serait-ce un jour une réalité en Formule 1 ?

Le circuit de Miami en chiffres...

Années de présence en Formule 1 :

2022 - Aujourd'hui

Longueur :

5.412 km

Nombre de tours :

57

Meilleur temps en qualifications :

1'26"841 (Perez - 2023)

Meilleur temps en course :

1'29"708 (Verstappen - 2023)

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