Circuit de Marina Bay - Singapour

Une course en ville, de nuit, sous une lumière artificielle ? Singapour dit oui.
L’arrivée du grand-prix de Singapour dans le grand cirque de la F1 en 2008 révolutionne l’organisation des week-ends de course. En effet, c’est la première fois que les monoplaces se produisent de nuit, sous les plus de 2500 projecteurs entourant la piste, nous offrant un tracé spectaculaire serpentant les rues de la mégalopole asiatique au milieu des gratte-ciels surplombant la Marina, d’où le nom du tracé. Une piste extrêmement longue et complexe à dompter qui évoluera une première fois en 2013 avec la suppression de drôles de chicanes fatales à Raikkonen ou Fisichella. Pour compliquer encore plus les choses, la majorité du temps d’essais libres se tient en plein jour, là où les températures sont les plus extrêmes mais aussi, les moins représentatives pour le grand-prix. Les pneumatiques souffrent alors autant que les machines et les hommes. Disposant des mêmes conditions extrêmes de la Malaisie voisine, cette course est aussi l’une des plus longues du calendrier avec pas loin de deux heures d’épreuve pour les pilotes. Ce n’est donc pas par hasard que ce grand-prix soit annoncé comme le plus physique de l’année, un peu comme l’était Dallas à son époque. Peu de circuits peuvent se vanter aujourd’hui de pousser les pilotes à bout autant que Marina Bay. La chaleur combinée à la forte humidité, à la fatigue et à l’éblouissement des lumières artificielles représentent les principaux facteurs faisant de ce rendez-vous un grand-prix tout particulier pour les pilotes et équipes, qui plus est, sur une piste bosselée entre deux murs. L’erreur est donc prohibée mais plus facile à commettre que sur n’importe quel autre tracé, bien que la largeur du circuit soit importante. Ceci s’est démontré à de très nombreuses reprises puisque chaque saison, excepté 2024, la voiture de sécurité est apparue au moins une fois. Durant toutes ses éditions, l’écurie Force India aura tout de même provoqué l’entrée en piste de la Safety Car lors de 6 grands-prix, signe que les monoplaces indiennes n’étaient pas toujours à la fête près de leurs terres. Kobayashi, Perez, Webber, Ricciardo, Barrichello, Stroll ou encore Hulkenberg sont autant de pilotes ayant vu leur course s’arrêter bien avant son terme. Une arrivée que M.Schumacher eu bien du mal à atteindre. En trois participations, il est victime de deux grosses sorties de piste en 2011 et 2012, alors qu’en 2010, le septuple champion du monde chahute à plusieurs reprises avec les deux Sauber. Pourtant, c’est lors de la première édition qu’une sortie de piste marque à tout jamais l’histoire du grand-prix de Singapour et de la Formule 1, également 800ème manche de l’histoire. Alors que la course est lancée depuis quelques tours, Piquet Jr tape violemment le mur en béton, explosant littéralement sa Renault. La sortie de la voiture de sécurité provoque un réel chambardement dans le classement et dans les stands. Les doubles arrêts s’enchainent chez quasiment toutes les écuries mais chez Ferrari, ces ravitaillements tournent au cauchemar. Massa arrache le tuyau d’essence et traverse la voie des stands avec, l’obligeant à attendre une nouvelle intervention de ses mécaniciens avant de repartir en fond de peloton. C’est sans doute sur cette erreur que le brésilien lâcha de précieux points pour le titre pilote. En contrepartie, c’est l’autre Renault, celle d’Alonso, qui remporte ce grand-prix, une première pour lui cette saison. Oui mais voilà, un an plus tard, l’écurie au losange limoge Piquet Jr au détriment de Grosjean. Pour se venger, le brésilien fait une déclaration choc à la presse : il lui avait été demandé de volontairement crasher sa voiture pour permettre à son équipier de passer en tête grâce à la voiture de sécurité. Cette affaire, nommée « Crashgate », voit Briatore et Symonds écoper de lourdes sanctions, tout comme l’écurie française qui perd ici la quasi-totalité de ses sponsors. D’autres évènements assez inhabituels sont à noter lors des dernières éditions avec l’apparition d’un spectateur sur le circuit le long des barrières en 2015 ou encore la traversée de piste d’un « lézard géant » selon Verstappen en pleine séance d’essais en 2016 et en 2023.

2008

2010

2017

2008
Tous ces accidents et incidents ont eu pour conséquence de resserrer l’étau à chaque reprise, relançant des courses toujours pleines de suspense. Pourtant, à la fin, presque seuls les champions s’imposent. Alonso, Hamilton, Vettel et N.Rosberg ont tous décroché une victoire sous la nuit de Singapour, les trois premiers ayant même réussi à s’imposer sur deux montures différentes. En 2010, Alonso l’emporte avec panache devant un Vettel qui ne l’aura pas lâché d’une semelle de tout le grand-prix. Un panache, de fumée cette fois-ci, que les pilotes traversent à l’arrivée suite au spectaculaire incendie de la Lotus de Kovalainen, ce qui n’empêche cependant pas Kubica de réaliser une fin de grand-prix d’enfer à bord de sa Renault. En 2012, Massa nous offre une manœuvre extrêmement spectaculaire sur son compatriote B.Senna en le dépassant tout en glisse à l’épingle, à la limite de la perte de contrôle et de l’accident. L’année suivante, Alonso prend un superbe envol en gagnant quatre positions par l’extérieur du premier virage. Une course que réussit tout particulièrement Raikkonen, pourtant très souffrant du dos, mais terminant tout de même à une belle troisième place. A l’issue de l’épreuve, Alonso récupère sur sa monture le malheureux Webber, trahi par sa machine dans le dernier tour. Celle belle image ne sera cependant pas au goût de la FIA, jugeant cette action beaucoup trop dangereuse. En 2015, la domination Mercedes est mise à mal par Red Bull et Ferrari qui privent l’écurie allemande de la pole et de la victoire le lendemain, repoussant même les gris hors du podium. Le même scénario aurait dû se produire en 2017 tant les flèches d’argent étaient en retrait mais peu avant le départ, la pluie tombe sur le tracé de Marina Bay. Avec le reflet des projecteurs et les projections d’eau soulevées par les monoplaces, la visibilité est clairement réduite et l’adhérence plus que précaire. Mais c’est au départ que l’impensable se produit : Vettel, Raikkonen et Verstappen s’accrochent avant même le premier virage, entraînant avec eux le pauvre Alonso. C’est la première fois de l'histoire qu'aucune machine italienne ne franchit le premier tour, une catastrophe pour les rouges. L’année précédente n’avait pas été plus propre au moment du départ, Hulkenberg frappant durement le mur des stands dès l’extinction des feux. En 2018, les Force India se frictionnent à nouveau après le premier enchaînement, provoquant un nouvel abandon pour Ocon. En 2019, les Ferrari monopolisent les premières places et si Leclerc se montre le plus rapide, c’est bien Vettel qui se montre le plus efficace, reprenant le leadership aux dépens de son équipier, fortement agacé par la situation… Personne n’imaginait que ce succès serait le dernier dans la carrière de l’allemand. Quatre ans plus tard, même sanction. Le monégasque est rapide mais c’est son équipier qui tire son épingle du jeu en détrônant Red Bull, invaincue le reste de la saison. Sur un circuit tronqué de plusieurs virages, l’espagnol profite de la méforme des autrichiennes pour sécuriser son deuxième succès en F1, non sans résister férocement aux assauts incessants de Norris, Russell et Hamilton. Le premier des anglais qui commet d’ailleurs une sacrée erreur en percutant le mur dans le dernier tour, laissant échapper une belle opportunité de podium. L’année suivante, c’est un Norris impérial qui s’impose avec une marge colossale sur son équipier. Un grand-prix qui sera notamment marqué par le très gros carton de Stroll lors des qualifications dans le dernier virage, obligeant le canadien à déclarer forfait pour le dimanche.

2010

2013

2018

2010
Le grand-prix de Singapour est un moment particulier dans le calendrier. La nuit ajoutée à la durée et aux conditions climatiques mettent en avant les qualités physiques des pilotes. De plus, le nombre important de virages ne permet pas de relâcher son effort durant les deux heures d’épreuve disputée. Alors si la pluie s’invite, les dégâts sont encore plus importants mais la magie, elle, opère toujours.
Le circuit de Marina Bay en chiffres...
Années de présence en Formule 1 :
2008 - 2019 ; 2022 - Aujourd'hui
Longueur :
4.940 km
Nombre de tours :
62
Meilleur temps en qualifications :
1'30"984 (Sainz - 2023)
Meilleur temps en course :
1'35"867 (Hamilton - 2023)