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Circuit de Las Vegas - Etats-Unis

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Quand la F1 rencontre le bling-bling de Las Vegas, les jeux sont faits...

S’il y a bien une ville dans le monde ou le spectacle se doit d’être le plus grandiose, c’est bien Las Vegas. La ville du Nevada a toujours vu les choses en grand, à commencer par la récente salle de concert “la Sphère” et son panorama à 360° qui s’élève jusqu’à 110m de hauteur. Alors quoi d’étonnant de retrouver la catégorie reine des sports mécaniques fouler la terre du bling-bling et des casinos ? Et bien, tout n’est pas si simple. La Formule 1 a toujours essayé de s’implanter aux USA et malgré une présence record, tout n’est pas si rose. Les courses de types européennes ne sont pas vraiment légion en territoire nord-américain, habitué aux tracés urbains, aux safety cars et aux résultats imprévisibles. L’idée d’implanter la discipline au cœur de la ville du jeu n’est pas nouvelle puisque par deux fois, un grand-prix s’est tenu ici-même, pour le meilleur, mais surtout pour le pire. La mégalopole américaine dispose bien d’un circuit permanent, le Las Vegas Speedrome, aujourd’hui remplacé par le Las Vegas Motor Speedway et son ovale utilisé en NASCAR. Mais pourquoi utiliser une piste hors de la ville alors que toutes les grandes infrastructures sont au centre ? Pour accueillir ce qui se fait de mieux en termes de vitesse, Las Vegas doit voir les choses en grand. Alors quoi de mieux que d’utiliser le parking du célèbre Caesars Palace pour y placer un circuit de F1 ? L’idée est saugrenue, voire délirante, mais bien réelle. Habituée à courir dans le verdoyant état de New-York et sa piste de Watkins Glen, la catégorie reine débarque en grande pompe, sous l'influence de Bernie Ecclestone, dans cet endroit propice à tous les évènements, sauf peut-être une course automobile. Le parking a beau être immense, caser toutes ces monoplaces reste un challenge. Ce sera chose faite avec un tracé de 3,65 kilomètres de long, dessiné entre d’imposants murs de béton. Le circuit n’a clairement aucun intérêt : virages assez lents, longues lignes droites, aucun changement d’élévation, une poussière venue du désert constante, un vrai désastre. Pour beaucoup, il reste l’un des pires que la catégorie reine ait visité et pour cause, de nombreux pilotes l’ont comparé à une simple piste de karting, de quoi déplaire à l’organisateur qui n’est autre que Billy Weinberger, PDG du palace. C’est donc en 1981 que la course inaugurale se tient et quoi de mieux que de clore un championnat indécis pouvant couronner l’un des trois prétendants restants : Reutemann, Piquet et Laffite. Après d’âpres qualifications disputées sous un soleil de plomb, c’est l’argentin qui s’offre la pole sur sa Williams, trois rangs devant le brésilien et onze devant le français. Personne ne sait à quoi s’attendre pour ce grand-prix au vu des conditions climatiques, de la fiabilité et de la dégradation des pneus. Dès le départ, le poleman perd du terrain, tout comme Piquet alors que la Ligier bleue grimpe dans la hiérarchie à une vitesse folle. Après quelques boucles, Laffite est déjà remonté devant ses deux adversaires du jour. Le pilote Williams perd rapidement pied et comprend que quelque chose ne va pas avec sa monture. Derrière, Tambay est victime d’un très gros crash. Sa machine est disloquée mais fort heureusement, le pilote va bien. Plus la course avance et plus les chances de titres de Reutemann s’amenuisent. Lui qui était pourtant leader du championnat avant ce départ laisse filer le sacre entre les mains de son ennemi juré Piquet, un peu plus à l’aise sur ce drôle de circuit. L’usure des gommes est plus importante que prévue, obligeant les pilotes à s’arrêter aux stands pour en changer. Ce choix, pris trop tardivement par le français, le contraint à n’empocher qu’un seul petit point dans le dernier tour, à peine deux secondes derrière le brésilien, à bout de forces. Le Carioca aura finalement tenu pour s’adjuger la couronne mondiale, battant pour un point l’argentin, seulement huitième sous le drapeau à damier alors que son équipier Jones s’est imposé. Les rumeurs de sabotage de sa monoplace par sa propre écurie sont peut-être véridiques…

Quoi qu’il en soit, les pilotes n’aiment clairement pas ce tracé. Peu importe, il sera de nouveau au calendrier en 1982, toujours en fin de championnat. Cette fois-ci, même si le titre est encore en jeu, le résultat ne fait quasiment aucun doute. Seuls Watson et Rosberg peuvent être titrés et encore, pour que le suédois ne l’emporte pas, il faudrait que le britannique s’impose sans que son adversaire direct ne marque de point. La situation est quasi désespérée mais après une campagne aussi folle, tout peut encore arriver. Une fois encore, la piste ne fait guère l’unanimité auprès des pilotes et des écuries. La poussière de sable est omniprésente, les blocs de béton et les grillages toujours plus hauts et plus nombreux. Pas étonnant à ce que la foule ne se déplace pas en masse sur ce tracé qui n’avait pas vraiment attiré de spectateur l’année passée. L’organisateur se rend bien compte de la situation et ira même jusqu’à casser les prix pour faire venir mais son grand-prix restera un échec retentissant. L’avenir du grand cirque de Las Vegas s’assombrit pour le petit monde de la Formule 1. La course sera aussi exténuante que celle de 1981 avec une succession de pannes mécaniques, de sorties de pistes, de pilotes au bord du malaise et des pneus qui ne tiennent pas la distance sans perdre de rythme, du moins, chez Michelin. En ramassant les boulettes de gommes disséminées un peu partout sur la piste, les pneus clermontois perdent largement en efficacité, à l’inverse des Good Year. Prost sera l’une des victimes de ce problème, perdant sa première place durement acquise en qualifications à bord de sa Renault Turbo. Malgré des efforts surhumains et une belle remontée depuis la neuvième place, Watson s’incline en deuxième place, laissant filer la couronne mondiale à l’étonnant Keke Rosberg, vainqueur d’une seule course cette année-là ! Le titre des constructeurs est aussi décerné après la course et c’est la Scuderia Ferrari qui le tient malgré une saison des plus douloureuses. Ce jour-là, tout aussi étonnant, c’est Tyrrell qui accroche la victoire, une première depuis quatre ans et le succès de Depailler à Monaco, la première également pour Patrese, l’homme qui détiendra longtemps le record de longévité en Formule 1. C’est d’ailleurs le onzième vainqueur différent en seize meetings, un record qui ne sera sûrement jamais battu. Ce rendez-vous du Nevada sera le dernier pour le motoriste français Matra, Ligier décidant de se rapprocher de Ford-Cosworth avant d’entamer sa collaboration avec Renault. deux ans plus tard.

Face à l’avènement et à la popularisation des courses de monoplaces US, la Formule 1 n’a plus vraiment sa place dans le pays de l’Oncle Sam. Las Vegas disparaît dans l’indifférence la plus totale, bientôt suivi par Long Beach et Detroit, puis Dallas et Phoenix quelques années plus tard. Tout cela ne semblait être qu’un lointain souvenir jusqu’à ce qu’en 2022, une annonce étonnante voit le jour : Las Vegas is back. C’est sur un tout nouveau circuit que vont évoluer les monoplaces mais à peine le dessin présenté que de nouvelles polémiques éclatent. Certes, la ville en elle-même est attrayante pour un sport qui brasse des millions et des millions de dollars chaque saison mais un tracé urbain avec d’interminables lignes droites, des virages serrés et d’autres à angle droit ne serait pas sans rappeler les terribles Phoenix, Detroit et Dallas des années 80 et leur spectacle dérisoire. Est-ce que la nuit, la “Saturday Night Fever”, les lumières et autres artifices arriveront à faire de ce show une réussite ? Reste à le prouver dès 2023…

Le circuit de Las Vegas en chiffres...

Années de présence en Formule 1 :

1981 - 1982 (Caesar Palace) / 2023 - Aujourd'hui

Longueur :

6.201 km

Nombre de tours :

50

Meilleur temps en qualifications :

1'32"726 (Leclerc - 2023)

Meilleur temps en course :

1'35"490 (Piastri - 2023)

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