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Circuit d'Interlagos - Brésil

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Le plus bouillonnant des circuits au cœur du pays de la Samba : voici Interlagos.

Enfin, le vrai nom reste celui de l’Autodromo Carlos Pace, un hommage au pilote brésilien, vainqueur ici même en 1975, disparu trop tôt. Car oui, ce tracé est l’un des plus représentés dans l’histoire de la Formule 1. Arrivé officiellement au calendrier en 1973 pour sept éditions, il s’installera définitivement dès 1990. Niché à quelques kilomètres du centre-ville de Sao Paulo, le circuit brésilien étonne par son incroyable compacité. En effet, la piste, qui s’entortille sur elle-même, semble comme prisonnière d’un petit terrain de quelques hectares. Si le tracé actuel est réduit à 4,3 kilomètres, sa première version approchait les huit kilomètres de long ! C’est donc en 1973, et grâce à l’émergence de Fittipaldi, que le Brésil saute le pas pour organiser son premier grand-prix officiel. Le dénivelé est important et les courbes, souvent ressemblantes, se révèlent assez complexes à passer après deux heures d’efforts tant le climat y est tropical. La chaleur extrême et la pluie y sont souvent de la partie, trop parfois. En 1974, 2003, 2016 et 2024, les conditions météos obligent les commissaires à interrompre les épreuves tant la quantité d’eau sur la piste était importante. Lors de ses premières apparitions, la manche brésilienne n’a été remportée que par des brésiliens, Fittipaldi à deux reprises, Pace à une seule. Cette année-là, Jarier et sa Shadow mènent une course exemplaire, passant proche de l’exploit avant que l’alimentation de sa monture ne lui fasse finalement défaut. En 1979, l’écurie Ligier réalise une véritable razzia avec sa JS11 en empochant leur unique doublé en catégorie reine, Laffite devançant Depailler sous le drapeau à damier. Un autre français sera à la fête l’année suivante avec la victoire d’Arnoux sur sa Renault, le premier pour l’isérois, accompagné ce jour-là par De Angelis sur le podium, le premier également pour l’italien. Mais après sept courses, le circuit disparaît des calendriers. En cause, son revêtement plus que mauvais et une absence totale d’éléments de sécurité. Remplacé une première fois par Jacarepagua en 1978, Interlagos semble oublié à partir de 1980 et il faudra attendre dix ans pour que son retour en Formule 1 soit annoncé. Finie la piste en serpentin qui partait dans tous les sens, désormais, le dessin, bien que reprenant une bonne partie de l’ancien circuit, devient plus conventionnel, gardant cependant un élément phare de son identité : son sens anti-horaire. D’emblée, l'événement est un grand succès et pour cause, tout le monde veut voir l’enfant du pays, Ayrton Senna. Bien parti pour l’emporter dès le début, Magic finit par commettre l’irréparable en percutant Nakajima, alors retardataire. Si Prost récupère la victoire, le pauliste se consolera l’année suivante, remportant enfin son grand-prix à domicile et avec la manière. Exténué, le brésilien met un bon bout de temps avant de se relever de cet effort impressionnant chez les siens. Il n’aura qu’à peine la force de soulever son lourd trophée sur le podium. Il récidiva deux ans plus tard lors d’une course marquée par le spectaculaire accrochage entre Berger et Andretti au premier virage. Un an plus tard, Senna dispute son dernier week-end chez lui, la fin d’une époque. Car après son décès, le Brésil n’a plus vraiment de top pilote a aduler et il faudra attendre les années 2000 et Felipe Massa pour retrouver une ferveur perdue brusquement. Cette même année vit un impressionnant carambolage entre Verstappen, Irvine, Bernard et Brundle, le hollandais effectuant une sacré pirouette sur lui-même avant de retomber du bon côté. De 1995 à 2000, les courses y sont plutôt sages et monotones mais en entrant dans le nouveau millénaire, de jeunes pépites viennent semer le trouble des plus grands…

Car en 2001, Montoya, Raikkonen et Alonso débarquent dans la compétition. Le premier des trois fera même énormément parler de lui à Interlagos puisqu’en menant la vie dure à M.Schumacher, le petit colombien venait de faire bondir sa propre notoriété. Malheureusement, il finira par accrocher Verstappen, pourtant à un tour. L’année suivante, c’est Heidfeld qui se fait remarquer et pour cause, l’allemand percuta la voiture médicale en intervention auprès de Bernoldi, heureusement sans faire de victimes. L’allemand qui récoltera son premier podium sur sa Sauber en 2001. En 2003, une pluie torrentielle s’abat sur la piste brésilienne, envoyant bon nombre de pilotes au tas. C’est d’abord Firman qui se fait piéger avec une suspension avant-droite éclatant sans prévenir, conduisant à l’accrochage, bien involontaire, avec Panis. Puis, c’est au virage 3 que le carnage se poursuit. Verstappen, Montoya, Pizzonia, M.Schumacher et Button effectueront tous la même pirouette avant de s’écraser dans le mur, la faute à une rigole d’eau coupant la piste juste après les S de Senna. Alors qu’il venait de reprendre la tête, Barrichello est contraint de renoncer devant son public et pour cause : son réservoir est totalement vide ! Mais quelques tours plus tard, alors que l’orage redouble d’intensité, c’est la catastrophe. Webber perd le contrôle de sa Jaguar dans la remontée vers les stands, pulvérisant sa monture verte dans une gerbe de débris gisant partout sur la trajectoire. Derrière, Alonso, arrivant sûrement trop vite, tape l’une des roues perdues en milieu de piste avant de laisser sa Renault mourir contre un tas de pneus puis le mur en béton. Le choc est terrible pour l’espagnol, évidemment sonné et touché. Le circuit est totalement bouché, d’autant que dans le même temps, Fisichella ravit la première place à Raikkonen. Le grand-prix est définitivement interrompu mais à ce moment précis, personne ne sait qui a gagné. Malgré une voiture en flammes sous le podium, le romain se voit coupé l’herbe sous le pied par les officiels, estimant que c’est le pilote McLaren qui était en tête au tour précédent l’interruption de course. Si le finlandais grimpe sur la plus haute marche, la FIA rectifiera le tir quelques jours plus tard en réinversant l’ordre, propulsant l’italien en haut de classement. C’est la première victoire de Fisichella, la dernière pour Jordan et Ford en tant que motoriste. A partir de 2004, le grand-prix passe en fin d’année. De ce fait, beaucoup de titres se jouèrent ici, à commencer par 2005 et le sacre d’Alonso, tout comme l’année suivante après un duel haletant contre M.Schumacher. L’allemand, qui dispute son dernier grand-prix en rouge, est rapidement touché par une crevaison. Reparti en fond de peloton, il remonta comme une balle, reprenant près d’une minute aux leaders avant de finalement échouer au pied du podium. 2007 ne déroge pas à la règle avec une lutte à trois pour la couronne finalement remportée par Raikkonen, coiffant au poteau et pour un petit point les deux McLaren d’Alonso et de Hamilton, le britannique laissant échapper toutes ses chances dès le début de course à cause d’une boite de vitesses récalcitrante. 2008 vit l’une des arrivées les plus dingues de l’histoire de la Formule 1. Sous des conditions fortement orageuses, Massa prend les devants mais à quelques kilomètres du but, la pluie s’abat violemment. Presque tous les pilotes s’arrêtent aux stands pour chausser les gommes rainurées. A ce jeu-là, Hamilton perd, sur la piste, la cinquième place qu’il convoitait tant au profit de Vettel. Sous le drapeau à damier, le brésilien est champion, enfin, quelques secondes seulement. Dans le dernier virage du dernier tour du dernier grand-prix de l’année, Glock, en pneus pour piste sèche, s’écarte de la trajectoire, laissant passer le britannique, désormais revenu cinquième. L'exultation chez Ferrari laisse place au plus grand des désarrois face à une écurie McLaren agréablement surprise. C’est également ici même que Button recevra les lauriers du champion sur sa Brawn en 2009, course marquée par l'impressionnant incendie dans les stands touchant Raikkonen et l’accrochage au départ entre Trulli, Sutil, Alonso et Kobayashi. En 2010, c’est l’étonnant Hulkenberg qui réalise la pole position dans des conditions très particulières. Ces mêmes conditions le verront pointer un long moment en tête en 2012 alors que derrière lui, Alonso et Vettel luttent pour la couronne dans un mano-à-mano exemplaire et ce, malgré l’accrochage Vettel-Senna au premier tour. C’est finalement l’allemand qui tirera les marrons du feu dans une course copieusement arrosée. Ce sera d’ailleurs la dernière victoire de McLaren, et de Button, jusqu’en 2021. En 2016, une tempête touche à nouveau le circuit et avant même le départ, Grosjean tape le mur. Après Ericsson et Raikkonen, la direction de course décide d’interrompre par deux fois la course avant de la relancer pour de bon. Quelques instants plus tard, c’est le héros national Massa qui quitte la piste, une séquence émotion pour le brésilien remontant toute la voie des stands avec son drapeau national, le tout sous les applaudissements des mécaniciens et des courageux spectateurs. C’est ce jour-là qu’un certain Verstappen réalisa l’une de ses plus belles prouesses, pilotant à la limite mais à une vitesse folle, ruinant pourtant ses espoirs de succès après une glissade parfaitement maitrisée. Il n’en fera pas de même en 2018, accrochant Ocon à qui il prenait un tour, alors qu’il était en tête. En 2019, c’est un bête accrochage entre les deux Ferrari qui agite le grand-prix, menant en un combat de titan et une course de dragster entre Gasly et Hamilton sur la ligne d’arrivée, l’anglais devant finalement abdiquer avant d’être pénalisé et remplacé par Sainz sur le podium, lui aussi pour la première fois. Le français qui retrouvera le top 3 à la surprise générale en 2024, encore sous la pluie. Alors qu’elles n’avaient jusque-là que peu scoré, les deux Alpine prennent place sur le podium final grâce à une stratégie rondement menée, ne pouvant cependant rien faire face à un Verstappen des grands jours. Parti dix-septième, il remontera à vitesse grand V pour s’adjuger, peut-être, sa plus belle victoire.

Durant toutes ces années, le circuit d'Interlagos n’aura que rarement déçu. Que ce soit pour ses luttes serrées, ses erreurs de pilotage, sa difficulté sur la longueur ou la météo parfois catastrophique, chaque édition réserve son lot de surprises. S’il est un tracé où faire des pronostics est le plus risqué, c’est bien celui-ci. Alors, qui viendra perturber le grand-prix cette année ?

Le circuit d'Interlagos en chiffres...

Années de présence en Formule 1 :

1973 - 1977 ; 1979 - 1980 ; 1990 - 2019, 2021 - Aujourd'hui

Longueur :

4.309 km

Nombre de tours :

71

Meilleur temps en qualifications :

1'07"281 (Hamilton - 2018)

Meilleur temps en course :

1'10"540 (Bottas - 2018)

Mis à jour le 

16/08/2025

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