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Circuit d'Imola - Saint-Marin

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Une piste mythique pour des souvenirs douloureux. Voici Imola

La première apparition de ce tracé au calendrier remonte à 1980, une année atypique pour la Formule 1 puisque pour la première et seule fois de l’histoire, Monza n’accueille pas la Formule 1. De gros travaux de sécurisation et de modernisation sont entrepris sur l’autodrome mais pas question de se passer de la manche transalpine. Si certains crient au sacrilège, les pilotes découvrent, quant-à-eux, un tracé plutôt intéressant, légèrement bosselé et sacrément rapide : Imola. Devenu hôte du grand-prix de Saint-Marin jusqu’en 2006, le circuit se voit désormais attitré pour le grand-prix d’Emilie-Romagne dès 2020. Depuis son arrivée au calendrier, le tracé n’a que très peu évolué. Les premiers changements sont opérés en 1995 à la suite des événements tragiques de l’année précédentes avec l’ajout de chicanes dans les courbes rapides ainsi que la suppression de passages dangereux, notamment Tamburello. Car oui, si cette étape a toujours été très attendue par les pilotes et les équipes, ce qui se passa le week-end du 1er Mai 1994 restera gravé dans les mémoires. Le vendredi, le jeune Barrichello sort violemment de la piste avec sa Jordan, heureusement sans trop de gravité, si ce n’est un bras touché et plâtré. Sa folle embardée dans les grillages fait le tour du monde mais ce n’était qu’un prémisse de l’horreur à venir. Le lendemain, l’autrichien Ratzenberger quitte la piste à une vitesse folle dans la courbe Villeneuve avant de percuter le mur en béton. Le pilote Simtek git tel un pantin désarticulé dans son cockpit. L’équipe médicale arrive rapidement sur place mais le constat est sans appel : la mort a frappé. Il fallait remonter douze ans en arrière pour voir un week-end de course endeuillé avec le décès de Paletti en 1982. Le paddock est sous le choc mais le week-end continue : mauvaise idée. Dès le départ, Letho cale. Ce dernier ne peut éviter le contact avec Lamy, arrivant à pleine vitesse sur lui. Les débris volent dans tous les sens, y compris dans le public, blessant plusieurs personnes. Quelques tours après le second départ, c’est le triple champion du monde brésilien qui est victime de ce terrible week-end. Dans la courbe de Tamburello, Senna s’écrase dans le mur en béton. La caméra embarquée de Schumacher, alors en chasse de la Williams, montre la FW16 tirer tout droit en dehors de la piste. La monoplace anglaise s’encastre violemment contre le muret avant de s’arrêter définitivement quelques secondes plus tard, totalement disloquée. Le casque jaune dodeline quelques instants avant de définitivement cesser de bouger. Une fois de plus, les secours sont prompts à intervenir mais la scène qu’ils rencontrent est terrifiante. Ayrton Senna baigne dans une flaque de sang, son crâne ayant été perforé par un bras de suspension. Le docteur Sid Watkins comprend bien vite qu’aucun miracle ne sera désormais possible. Le champion brésilien sera héliporté à Bologne où son décès sera prononcé peu après l’arrivée. Durant l’évacuation, alors qu’Erik Comas tombe involontairement sur la scène d’horreur, un commissaire retrouve un drapeau autrichien dans le cockpit de la Williams, un hommage qu’aurait voulu rendre Senna à celui qu’il rejoindra trop vite. Ce meeting cauchemardesque se poursuit avec une énième tragédie lorsqu’ une roue mal serrée d’Alboreto se sépare de sa monture, percutant plusieurs mécaniciens. Ces trois jours de tragédie auront rappelé à tous que la Formule 1 est un sport dangereux et que de nombreux progrès en matière de sécurité sont encore possible. Mais le circuit d’Imola aurait pu voir d'autres catastrophes. En 1980, Villeneuve, victime d’une crevaison juste avant Tosa, pulvérise sa Ferrari avant d’en sortir miraculeusement. Comble du sort, ce virage portera son nom après son décès. Neuf ans plus tard, c’est Berger qui explose sa machine italienne dans la dangereuse mais spectaculaire courbe de Tamburello. Fort heureusement, l’autrichien ne souffrira que de quelques blessures superficielles mais les images du pilote autrichien bloqué dans sa Ferrari rouge en flammes n’auront pas été sans rappeler quelques souvenirs de 1976. En 1987, c’est Piquet et sa Williams qui quittent violemment la piste dans ce même virage lors des essais, poussant le brésilien à déclarer forfait pour la course. En 1991, c’est une piste détrempée au moment de lancer le tour de formation qui viendra piéger les pilotes, à l’instar de Berger et Prost, tous les deux en aquaplanning avant le vrai départ. Le français restera même sur le carreau, moteur calé, devant les milliers de tifosi désabusés. La même aventure aurait pu arriver à Leclerc en 2021 à Acque Minerale, heureusement sans dommages pour lui. Le monégasque qui se fera surprendre l’année suivante dans la chicane de la Variante Alta, sans doute frustré de ne pas suivre le rythme affiché par les Red Bull devant lui. Une autre chicane, désormais retirée pour la F1, avait fait quelques dégâts par le passé, notamment pour le champion 1998 et 1999, Mika Hakkinen. Alors qu’il était en tête, sa McLaren lui échappa à la réaccélération, emmenant le pauvre finlandais directement dans le mur de béton. En 2006, pour la dernière édition du grand-prix de St Marin, le japonais Yuji Ide envoya Albers et sa Midland dans une série de tonneaux. Ce sera la dernière course du japonais, se voyant retirer sa super-licence après cette manœuvre kamikaze. En 2021, sur une piste légèrement grasse, Hamilton tire tout droit et frôle l’enlisement à Tosa. Au tour suivant, Russell tente de dépasser Bottas par l’extérieur du premier virage mais en roulant dans l’herbe, le pilote Williams perd tout contrôle. Sa machine part à l’équerre et percute de plein fouet la Mercedes dans une gerbe de débris impressionnante. L’anglais qui avait déjà connu une misérable fin de grand-prix l’année passée en se sortant sous voiture de sécurité alors qu’il faisait chauffer ses pneumatiques, une manœuvre imitée un an plus tard par Schumacher sur sa Haas.

Les incidents ne sont pas rares sur ce circuit rapide et technique mais très souvent, le spectacle est au rendez-vous. Rare circuit “Old School” avec ses bacs à graviers et ses étendues de pelouse bien vertes, l’autodrome “Enzo e Dino Ferrari”, comme il est également appelé, est particulièrement apprécié des pilotes, impatients de retrouver le sol européen. L’histoire d’Imola retiendra quelques faits notables, notamment en 1982 avec le clash des pilotes de la Scuderia. En effet de nombreuses équipes boycottent l’épreuve, à l’exception des membres affiliés à la FISA. Après l’abandon des Renault, les Ferrari de Pironi et Villeneuve prennent le large et foncent vers le doublé. L’ordre établi ne devait plus évoluer après l’apparition du panneau “Slow” brandi par l’un des hommes de Maranello mais rien ne se passa comme prévu. Le français, alors second, transgresse la consigne et attaque son équipier, qui lui répondra avec son agressivité légendaire. Les 126 C2 se passent et se repassent sans arrêt jusqu’à ce que le drapeau à damier ne tombe devant Pironi. La hache de guerre est déterrée. Le québécois n’acceptera jamais ce coup dur, peut-être responsable de sa mort deux semaines plus tard, à Zolder. En 1983, et en signe d’hommage, Tambay s’impose sur sa Ferrari flanquée du numéro 27, une bien belle image pour celui qui ne s’affichera plus jamais sur la plus haute marche du podium. Pourtant, cette course aurait très bien pu ne pas lui revenir, lui qui à cinq tours du but, se fait ravir la première place par Patrese, avant de la récupérer quelques secondes plus tard et pour cause : l’italien s’est sorti de la piste ! C’est aussi ici que la tension Prost-Senna démarra réellement en 1989 avec le pacte non tenu par le brésilien. McLaren, qui avait l’avantage, avait demandé à ses pilotes à ce que celui qui part en tête le reste au premier virage, ordre non-respecté par le pauliste. Trois ans plus tôt, ce même français s’imposa au terme d’une course à la consommation très bien calculée puisque sa Mclaren tomba en panne sèche juste sur la ligne d’arrivée ! La consommation de carburant qui fut l’un des éléments les plus importants à prendre en compte sur ce tracé, jouant de nombreux tours aux pilotes trop agressifs, notamment dans la grande ère des moteurs turbos. Enfin, mention spéciale aux frères Schumacher. En 2001, Ralf s’imposa pour la première fois de sa carrière, permettant à la fratrie Schumacher d’être la seule à voir deux frères gagner en Formule 1. Deux ans plus tard, les deux allemands apprennent, avant le départ, le décès de leur mère. Comme un symbole, les deux frères s’élancent de la première ligne et mènent une bonne partie du grand-prix ensemble, Michael l’emportant au final, Ralf terminant au pied du podium, En 2005, au volant d’une Ferrari loin des performances du début de millénaire, le septuple champion offre une course incroyable aux tifosi, luttant avec brio contre la Renault d’Alonso, un duel d’une dizaine de tours magistral entre deux grands talents de la discipline. Ce même duel sera reconduit en 2006 avec, à l’inverse, une Ferrari vainqueur pour quelques mètres. Une épreuve qui, neuf ans auparavant, l’avait vu terminer avec une roue avant complètement grippée au moment de croiser la ligne d’arrivée. La manche de l’année 1998 restera unique en son genre avec l’apparition des plus ubuesques appendices aérodynamiques : les “Tower Wings”. Ces énormes ailettes installées sur les pontons des machines de cinq des onze écuries ne connaîtront aucun avenir, heureusement. Après avoir quitté le cirque de la F1 en 2006, la piste d’Imola revient au calendrier en 2020, en pleine période de covid. Ce retour, salué par la majorité des pilotes et écuries, reste un challenge tant les vitesses en courbe sont importantes sur ce circuit plutôt étroit. En 2021, une féroce lutte oppose Verstappen et Hamilton dans le premier virage. Ce même hollandais qui remporta une course très serrée en 2024 après la remontée fantastique de Norris dans les tous derniers instants de course. Seule l’édition 2023 manque à l’appel et pour cause, des terribles inondations touchent le centre de l’Italie, impactant le déroulement du meeting d’Emilie Romagne.

Les grand-prix d’Italie, de Saint Marin et d’Emilie-Romagne disputés sur le circuit d’Imola auront marqué la Formule 1 et continueront d’en faire de même. Souvent synonyme de retour sur le Vieux Continent, il est le théâtre des premières grosses évolutions sur toutes les monoplaces du plateau, de quoi redistribuer les cartes après quelques grands-prix. Le douloureux souvenir de 1994 restera la bête noire de ce magnifique tracé apprécié des tifosi et autres supporters tout autour du globe. Son cadre verdoyant, ses courbes plus iconiques les unes que les autres et son ambiance de “Dolce Vita” en font le lieu parfait pour voir s’affronter les hommes les plus rapides du monde, à condition que le beau temps soit de la partie…

Le circuit d'Imola en chiffres...

Années de présence en Formule 1 :

1980 - 2006, 2020 - 2022, 2024 - Aujourd'hui

Longueur :

4.959 km

Nombre de tours :

62

Meilleur temps en qualifications :

1'13"609 (Hamilton - 2020)

Meilleur temps en course :

1'15"484 (Hamilton - 2020)

Mis à jour le 

17/04/2025

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