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Renault R25

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Après cinq ans de domination Ferrari, la FIA adopta une toute nouvelle réglementation pour rebattre toutes les cartes. Une équipe parviendra à en tirer le meilleur : Renaut et sa R25.

Après un début de millénaire marqué par une supériorité éclatante de l’écurie de Maranello, l’année 2005 marqua un changement pour la philosophie des courses. Désormais, les pneumatiques seront la clé de la réussite ou non des pilotes et écuries. Avec l’interdiction du changement de gommes en course, l’attaque se doit d’être modérée pour ne pas détruire ses pneumatiques et ainsi ruiner ses chances de succès. De plus, les moteurs doivent désormais tenir la distance de deux grands-prix, imposant un plus gros travail de fiabilité pour les motoristes et une plus grande économie de la part des pilotes. L’aérodynamisme des voitures est quelque peu revu, de manière à réduire l’appui des monoplaces. De ce fait, les ailerons arrières sont plus imposants tandis que ceux à l’avant prennent une forme un peu plus courbée. Dans la lignée de sa R24, Renault sort, de ses ateliers d’Enstone, la R25. Arborant toujours les couleurs jaune, bleu ciel et bleu marine, les monoplaces françaises disposent également de nombreuses ailettes sur les pontons pour canaliser toujours plus le flux d’air. Sous le capot, c’est le dernier V10 français qui pousse la R25, avant son remplacement par les V8 à compter de 2006. Avec plus de 900cv à 19 000 trs/min, le moteur poussait un cri strident qui manque cruellement de nos jours. Du côté de la transmission, Renault fait le choix de la boîte à six rapports, élément qui verra son nombre passer à sept dès l’année suivante. Après une saison 2004 compliquée, notamment à cause de l’éviction de Trulli, remplacé par Villeneuve, l’écurie française pari sur un nouvel italien en la présence de Fisichella, déjà présent dans l’équipe Benetton de 1998 à 2001, reprise ensuite par la firme tricolore. A ces côtés, le petit taureau de Flavio Briatore, le jeune Fernando Alonso.

Comme à son habitude, la saison démarre à Melbourne, par le grand-prix d’Australie. Tout le monde s’attend à voir les voitures rouges prendre le large et dominer la saison et pourtant, le premier départ de l’année vit une grille assez folle. En pole pour la deuxième fois de sa carrière, Fisichella devance de douze places son équipier espagnol. Le jour de la course, l’italien pilote parfaitement et s’impose sans difficultés alors que sur l’autre voiture, l’espagnol réalise une solide course, grimpant jusqu’en troisième position après une belle remontée. Mais si le circuit de l’Albert Park n’est pas un réel juge de paix pour les équipes, il donne quelques bonnes indications sur les forces en présence. Cette fois-ci, l’équipe française semble favorite mais il reste encore dix-huit rendez-vous à conclure. En Malaisie, c’est Alonso qui prend la pole, deux positions devant son équipier. Comme en Australie, le poleman ne sera jamais inquiété et pour la deuxième fois, Renault gagne. Moins de chance pour l’italien, accrochant Webber dans l’épingle finale, à une vingtaine de tours du but. Après deux épreuves, fort est de constater la performance de la R25, mais surtout, l’efficacité des pneumatiques Michelin par rapport aux Bridgestone chaussés par Ferrari. A Bahrein, la Scuderia semble un peu plus dans le coup avec un M.Schumacher pourchassant la monoplace de l’espagnol. Mais la lutte fut courte, le V10 italien explosant dans un panache de fumée, tout comme celui de Fisichella après seulement deux petits tours de course. Ménageant ses gommes et son moteur, Alonso remporta une nouvelle victoire, encore devant Trulli, son ex-équipier aujourd’hui plus sérieux rival au championnat. L’arrivée en Europe à Imola marqua le début des améliorations sur les monoplaces. Sur un tracé bien connu par Ferrari, la Scuderia espère inverser la tendance avec sa F2005 mais la R25 tient bon. En course, c’est à nouveau l’espagnol qui sort vainqueur après une défense imparable sur M.Schumacher durant les dernières boucles du grand-prix. Avec quatre succès en quatre manches, dont trois par Alonso, tous les observateurs changent de discours et voient la Renault survoler le championnat. Cela aurait pu être véritable si une rivale de poids n’avait pas débarqué : McLaren-Mercedes.

Sur le circuit de Barcelone, cher à Alonso, c’est Raikkonen qui s’élance de la première position sur la grille. Les R25 sont repoussées en deuxième et troisième lignes mais l’équipe française sait que son rythme de course a toujours été supérieur à celui des machines grises et noires. Erreur. La monoplace anglaise domina l’épreuve, réduisant le reste du peloton à de la simple figuration. Si les deux pilotes Renault gagnent une position par rapport à leur emplacement de départ, c’est un premier succès qui s’échappe pour les hommes de Briatore. Rien de grave en somme mais à Monaco, l’histoire se répète. Pire encore, les R25 ne se montrent pas vraiment à l’aise sur la piste monégasque malgré leurs bonnes places sur la grille. Seulement quatrième derrière Raikkonen et les Williams, Alonso limita la casse. Pour Fisichella par contre, la pilule est plus dure à digérer. Seulement douzième, l’italien voit son équipier largement prendre l’ascendant au sein de l’équipe. Mené de trente-cinq points par l’espagnol, le deuxième pilote Renault sait qu’il est déjà trop tard pour renverser la tendance. Même si la fin de championnat est loin, la couronne constructeur est désormais son seul objectif. Pour le grand-prix d’Europe au Nürburgring, le finlandais de McLaren prend à nouveau les devants. Mais en cours d’épreuve, un blocage de roue provoqua un plat sur l’un de ses pneumatiques, occasionnant de violentes vibrations. Si la monture semble tenir le coup, la suspension céda dans le dernier tour. Grâce à cet abandon chanceux, Alonso, qui suivait de loin son adversaire, récupéra la première place et la victoire qui va avec. Dans l’écurie française pourtant, on sait que ce succès n’est que chanceux et que l’écurie de Woking dispose peut-être de la meilleure machine.

En entamant la tournée nord-américaine, Renault espère renverser la hiérarchie nouvellement établie depuis Barcelone. Le résultat fut terrible. Au Canada, les machines jaunes et bleues s’élancent de la deuxième ligne et après un départ flamboyant, elles se retrouvent en tête de l’épreuve. Tout semble aller pour le mieux pour les tricolores qui gèrent la course quand tout-à-coup, au trente-deuxième tour, un problème hydraulique oblige l’italien, alors leader, à renoncer. Coup dur pour les tricolores qui couraient après leur second doublé de l’histoire. C’est alors que, six tours plus tard, Alonso commet une erreur et tape le mur avec sa roue arrière droite. Suspension brisée, l’espagnol doit renoncer. Les mines sont grises chez Renault, d’autant plus que c’est Raikkonen qui récupère les lauriers. L’écurie se tourne alors vers Indianapolis, théâtre du plus gros fiasco de l’histoire de la Formule 1. Durant les essais, la Toyota de R.Schumacher se crashe violemment à la sortie du fameux banking. Rapidement, la cause de la sortie est identifiée. Il s’agit d’une défaillance d’un des pneumatiques Michelin dans ce virage précis qui envoya l’allemand dans le décor. A la surprise générale, le manufacturier français annonce ne pas disposer de gommes capables de tenir la distance d’un grand-prix sans être changées. Une réunion de crise s’installe avant le départ de manière à trouver une solution mais devant l’incapacité à trouver une réponse, la FIA ordonne à tous les concurrents chaussés de Michelin de regagner les stands à l’issue du tour de chauffe et de ne pas participer au grand-prix. Avec seulement six voitures en départ, les seules équipées de Bridgestone, la course américaine fut un réel désastre autant pour les équipes que pour l’image de la Formule 1. Avec un zéro pointé, Renault quitte le sol américain pour rejoindre son pays d’origine : la France.

Et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’air français réussit plutôt bien à la R25, du moins, celle d’Alonso. Parti de la pole, l’espagnol ne quittera pas la tête de toute l’épreuve, s’imposant facilement devant Raikkonen, le nouveau rival au championnat. Derrière, Fisichella mena la même course que son équipier, mais à la sixième place. A Silverstone, jardin des McLaren, le leader du championnat se plaça à nouveau en favori et pourtant, c’est une des flèches d’argent qui viendra à bout de la voiture tricolore, mais pas celui auquel on aurait pensé. Pour la première fois de la saison, Montoya gagne et permet à son équipe de se replacer dans la course au titre. Les R25 ne déméritent pas, deuxième et cinquième, mais la concurrence devient de plus en plus féroce. A Hockenheim, tout le public attend un retournement de situation du Baron Rouge, grand absent de la plus haute marche du podium avec une seule victoire cette saison. Mais une fois encore, ce sont les Renault et les McLaren qui feront la loi. Parti pour s’imposer, Raikkonen fut touché à mi-course pas des problème hydrauliques, offrant la victoire à l’espagnol sur un plateau d’argent. Ce pépin mécanique offrit à l’écurie française un peu d’air, portant son avance à vingt-deux points sur les gris et noirs. Au niveau des pilotes, Alonso est loin d’être inquiété, trente-six unités de plus au compteur que son adversaire finlandais. Mais avec sept courses encore à disputer, rien est acquis. La course hongroise en fut un parfait exemple. Qualifiées au milieu du peloton, les R25 ne furent jamais dans le rythme. Pire encore, l'espagnol touche R.Schumacher lors du départ et abime son aileron avant. Quelques kilomètres plus loin, toute l’aile avant se détache avant de s’écraser sur la piste et d’être percuté de plein fouet par un Coulthard aveuglé dans le ventre mou du peloton. Pour la seconde fois de la saison, aucune Renualt ne termine dans les points. Avec une écurie McLaren de plus en plus forte, les tricolores se devaient de trouver davantage de performance de leur monture. Dans le plus grand secret, un système innovant est alors testé : le Mass Damper. L’idée, copiée sur les bateaux, est d’installer, dans le nez de la voiture, une masse accrochée par deux ressorts. Suivant les variations de la piste, la masse stabilise l’avant de la monoplace en jouant le rôle d’amortisseur, permettant une attaque des vibreurs plus prononcée et une adhérence plus importante. Après plusieurs études, le système est mit en place pour la fin de saison. Est-ce suffisant pour battre McLaren ? Peut-être pas.

Car si la R25 était la meilleure voiture du plateau en entame de saison, la MP4/20 est rapidement devenue la monoplace à battre et malgré les évolutions apportées à la monture française, l’anglaise est toujours devant en terme de performance. Reste à prendre en compte le critère fiabilité et là, les gris et noirs font grises mines. En effet, rares sont les week-ends où les flèches d’argent croisèrent toutes deux la ligne d’arrivée. Du côté des français, le V10 s’est montré presque parfait jusque là. Avec d’un côté la performance, de l’autre la fiabilité, les championnats demeurent ouverts. Sur le tout nouveau tracé d’Istanbul comme à Monza, les mêmes sont toujours devant. Si dans les deux cas, une McLaren s’impose, les Renault ne sont pas loin derrière. A Spa-Francorchamps, terrain de prédilection de Raikkonen, Alonso ne peut rien faire pour contrer le finlandais, vainqueur avec presque trente secondes d’avance. Sur l’autre R25, la course est toute autre. Au dixième tour, Fisichella perd le contrôle dans le Raidillon de l’Eau Rouge et encastre violemment sa voiture jaune et bleue dans les barrières de pneumatiques. Plus de peur que de mal pour l’italien qui prive le constructeur français de précieux points. A l’issue de l’épreuve belge, l’espagnol n’est plus qu’à six petites unités du titre pilote, une formalité en somme. Ce sera chose faite au grand-prix du Brésil avec la troisième place derrière les deux McLaren. De ce fait, Alonso devient le plus jeune champion du monde de l’histoire, battant le record de Fittipaldi de 1972 ! C’est aussi le premier titre pilote pour la marque au losange. Mais si la Renault s’est montrée très régulière, les deux flèches d’argent ne sont plus très loin, d’autant plus que les mauvais résultats de Fisichella n’aident pas vraiment. La roue tourne lors de l’avant-dernière manche à Suzuka où, après des qualifications étonnantes voyant les cadors s'élancer en fond de grille, Fisichella sort du lot et vole vers sa seconde victoire en 2005. C’était sans compter sur un Raikkonen des grands jours, remonté de la dix-septième place sur la grille. Dans le dernier tour, le finlandais ose la trajectoire extérieure dans la grande courbe précédant les “esses”. Manoeuvre splendide mais désillusion dans le clan français. Petite consolation, le joli dépassement du récent champion du monde sur le septuple champion allemand dans le très rapide 130 R. Avec l’accident de Montoya, l’écurie française mène toujours au classement constructeur mais seulement de deux petits points. Le grand-prix de Chine est donc décisif. Les qualifications donnent l’avantage aux jaunes et bleus avec une première ligne complète mais la rivale anglaise n’est pas loin derrière. Ce n’est qu’après quelques tours de course que tout s’emballe. Montoya percuta une plaque d’égout à la sortie du virage 10, explosant une partie de son fond-plat. Après l’intervention de la voiture de sécurité, le colombien voit son moteur rendre l’âme, une chance pour Renault. Plus tard, alors qu’il naviguait en troisième position, Fisichella se voit infliger un “drive through” pour avoir bloqué l’entrée des stands en ralentissant trop fortement, de manière à ce que son équipe puisse réaliser un double ravitaillement. Avec Alonso en tête et Raikkonen second, le team français n’a pas le droit à l’erreur. Comme tout le long de la saison, la voiture tient le coup et en remportant son septième grand-prix de l’année, Alonso permet à Renault de remporter le titre constructeur après une incroyable lutte face aux plus véloces mais moins fiables que McLaren-Mercedes. Flavio Briatore est aux anges, la R25 est la meilleure voiture de l’année, ou du moins, la plus fiable car au comparatif des victoires, McLaren aura gagné dix à huit. Mais qu’importe, ce sont bien les tricolores qui décrochent la couronne mondiale.

Au final, la Renault R25, c’est huit victoires, sept poles position, dix-huit podiums et trois meilleurs tours mais aussi et surtout, les titres pilote et constructeur, une première pour la marque au losange. L’année suivante, la même paire de pilote ramènera à nouveau les deux couronnes avec la R26 mais la lutte sera des plus complexe face à une Scuderia Ferrari revigorée et un système “mass damper”, assez abouti en 2006, qui finira par être interdit à mi-saison.

La Renault R25 en chiffres...

Grands-prix :

19

Victoires :

8

Podiums :

18

Poles Position :

7

Meilleurs Tours :

3

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