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Red Bull RB16B

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Rares sont les saisons où l’intensité dépasse celle de 2021. Souvenir d’une année que le taureau autrichien aura pris par les cornes…

A l’issue d’une saison 2020 marquée par la pandémie, un championnat tronqué et une hégémonie Hamilton - Mercedes, la Formule 1 plonge dans sa dernière année avant la grande révolution aéro de 2022. Pour Red Bull, c’est un adieu à la RB16, remplacée par la … RB16B ! Pas de RB17, juste une grosse évolution en perspective. Il faut dire que le règlement 2021 évolue peu, seul le fond plat change avec une réduction de la partie se trouvant devant les roues arrière. Mais le principal changement de cette nouvelle campagne, c’est l’arrivée des budgets capés, c’est-à-dire une limite financière que les écuries ne peuvent outrepasser sous risques de pénalités à purger les saisons suivantes. Il est donc primordial d’économiser un maximum avant l’entrée en vigueur des nouvelles monoplaces de 2022. C’est d’ailleurs l’une des raisons de la “réutilisation” de la RB16, rebaptisée RB16B en raison de sa faible évolution. Pourtant, l’écurie autrichienne n’a pas chômé avant de dévoiler cette nouvelle monture, profitant des derniers moments de libertés économiques pour travailler coûte que coûte. Sous le capot surmonté du fameux taureau rouge, on y retrouve le V6 Turbo Hybride Honda, porté à plus de 1000 chevaux dans sa cartographie qualifications. 2021 sera d’ailleurs la dernière du motoriste nippon, désirant se retirer alors que le meilleur était encore à venir. Pour mener à bien cette nouvelle campagne, Red Bull choisit d’aligner, sans grandes surprises, le désormais expérimenté Sergio Perez, en complément de l’inévitable chef de file hollandais, Max Verstappen.

Cette folle saison de 22 rendez-vous s’ouvre à Bahrein, sur le tracé désertique de Sakhir. Sous les projecteurs,le hollandais fait des étincelles puisqu’il décroche d’emblée la pole position, dix places de mieux que son équipier, encore à la peine avec son nouveau matériel. Mais avant même le départ, la RB16B du mexicain se coupe. Il parviendra à redémarrer mais devra s’élancer de la voie des stands. Verstappen prend le meilleur envol et ne tarde pas à créer la différence face aux Mercedes, en délicatesse avec le grip arrière. A mi-course, le leader reçoit par radio une indication selon laquelle les flèches d’argent passent allègrement au-delà des lignes blanches sans être inquiétées, une manière cachée de le pousser à en faire de même. Problème, la FIA se ravise en plein grand-prix et interdit ce genre de manœuvre. Première hérésie. Dans les derniers instants d’épreuve, alors qu’il s’est arrêté une fois de plus que Hamilton, Max tente le tout pour le tout, dépassant par l'extérieur du quatrième virage, ici même où les commissaires viennent de changer d’avis. Hors trajectoire, il leva le pied en ligne droite, laissant filer une victoire normalement acquise à sa cause. Perez fera une solide remontée jusqu’au cinquième rang, un résultat honorable après la malchance du départ. Après l’annulation de la manche chinoise et vietnamienne, Imola et Portimao prennent les places vacantes pour déjà entamer la saison européenne. En Emilie-Romagne, Perez surprend son monde en devançant son équipier, bien que les deux Red Bull échouent derrière la Mercedes du septuple champion du monde. Mais peu avant le départ, la pluie tombe sur Imola et tout le monde est contraint de changer de gommes. A l’extinction des feux, Verstappen est le plus prompt et se porte à la hauteur de Hamilton dans Tamburello. Le hollandais freine tard et pousse son adversaire qui décolle sur l’un de ces terribles boudins jaunes. La course est vite neutralisée mais Perez, pourtant habile dans ces conditions, perd totalement pied. Si l’autre Red Bull vole inlassablement vers la victoire, deux incidents touchant les allemandes viendront interrompre ce grand-prix. Tout d’abord, c’est une étonnante erreur du champion anglais, s’échouant dans les graviers et tapant légèrement le mur. Il parviendra à s’extirper du bourbier avec sa marche arrière, une manœuvre dangereuse mais réussie. Puis quelques secondes plus tard, c’est Bottas qui sème la zizanie, violemment percuté par Russell à l’abord du premier virage. Le drapeau rouge est agité, une aubaine pour Hamilton qui peut réparer sans perte de temps ses dégâts. Les pilotes repartent et rapidement, un doublé Red Bull se dessine mais une nouvelle pirouette du mexicain gâche cette belle opportunité. Il ne finira que onzième, loin derrière le grand gagnant Max. La bataille Verstappen-Hamilton fait déjà les gros titres alors que vingt courses sont encore à disputer. A Portimao, ce sont les W12 qui prennent les devants et si le hollandais parvient à se défaire de Bottas, il ne pourra rien face à son rival britannique. La RB16B serait-elle déjà dépassée par la Mercedes ? Pas vraiment. Sur le tracé espagnol de Montmelo, l’avantage est aux autrichiens grâce à la bonne traction des machines bleues mais c’est encore une fois la grande rivale allemande qui s’octroie le meilleur temps des qualifications. Deuxième, loin devant son équipier huitième, Max ose plonger dans le rapide enchaînement du premier virage pour surprendre Hamilton, l’obligeant a effectué un écart pour éviter l’accrochage mais comme à Bahreïn en début de saison, la stratégie fera défaut aux hommes de Christian Horner. A six tours du but, les gommes du hollandais craquent et Hamilton passe sans forcer. Perez ne prend que la cinquième place sous le drapeau à damier, signe que l’acclimatation est loin d’être simple pour lui. Si l’Espagne convenait grandement à la Red Bull, Monaco est un vrai cadeau, enfin, presque. Lors des qualifications, c’est l’étonnant Leclerc et sa Ferrari bien moins performante que les pointures qui s’offre la pole, non sans taper les barrières et détruire sa monture. Cette erreur aura de graves conséquences pour lui puisqu’il ne pourra même pas prendre le départ. C’est donc Verstappen qui s’élancera en tête (depuis la deuxième place), pour ne plus jamais la quitter, procession monégasque oblige. Son équipier mexicain grimpera jusqu’au quatrième rang, une belle progression de cinq places sur un tracé réputé complexe pour ce qui est des dépassements. A ce moment précis, Verstappen mène le championnat de quatre points sur Hamilton, un seul entre Red Bull et Mercedes. La tension ne fait qu'apparaître dans les deux camps…

Car en coulisses, la guerre a éclaté. En effet, Mercedes accuse Red Bull d’utiliser un aileron arrière déformable pour gagner en vitesse de pointe. Dès lors, la FIA annonce l’introduction de nouveaux tests mais à compter du grand-prix de France, de quoi laisser le temps au team autrichien de pousser encore un peu. A Bakou, le choix aéro est plus que complexe avec sa partie lente de la vieille ville et l’interminable ligne droite de départ-arrivée. Les qualifications réservent une nouvelle surprise puisque c’est à nouveau Leclerc et sa Ferrari qui décroche la pole position, bien aidé par une rapide interruption de séance. Le duel tant attendu entre Verstappen et Hamilton est forcément attendu pourtant, les deux hommes ne trouveront jamais vraiment le temps de batailler contre. Après le crash de Stroll à mi-course à cause de l’explosion de l’un de ses pneus, beaucoup se demandent si les gommes peuvent tenir dans la durée. Malheureusement pour Red Bull, non. A moins de cinq boucles du but, son pneu arrière gauche explose à plus de 320 km/h, envoyant le néerlandais taper de face dans les murs en béton. La situation est si dangereuse que la direction de course décide de stopper le grand-prix pour le relancer pour deux tours ! Pour ce second départ, Perez, auteur d’une solide course, repart en pole, juste devant le septuple champion du monde. A l’extinction des feux, l’anglais décolle mieux mais en arrivant dans le premier virage, il bloque ses quatre roues et tire tout droit, se retrouvant bon dernier ! Une bévue qui lui coûtera extrêmement cher en fin d’année. Sans adversaire et sur son circuit favori, Sergio Perez remporte cette mini-épreuve et donc le grand-prix, son deuxième en carrière, devant, plus étonnant encore, Vettel et Gasly. En France, la Formule 1 retrouve le tracé du Castellet et ses quelques spectateurs autorisés à venir sur place, Covid oblige. Les RB16B se montrent à leur avantage, bien que les Mercedes restent redoutables. C’est pourtant le hollandais qui prendra la pole, bien aidé par sa folle vitesse de pointe, trois places devant Perez. Au moment du départ, Verstappen patine et manque le premier virage, laissant libre champ à Hamilton pour voguer seul en tête. Le grand-prix plonge dans l’ennui mais la dégradation des gommes ouvre de nouvelles possibilités stratégiques, saisies par Red Bull. En s’arrêtant à deux reprises contre une pour les flèches d’argent noires, le team autrichien renverse la tendance de Bahrein et Barcelone. Il faudra cependant attendre l’avant-dernier tour pour voir Verstappen revenir et dépasser Hamilton pour la victoire alors que Perez, troisième, scotche littéralement sur place un Bottas à l’agonie. Ce succès sur une piste typée Mercedes démontre les qualités du châssis Red Bull mais aussi des pilotes mais le chemin est encore long. Avec la crise sanitaire qui touche encore le monde entier, l’écurie à la boisson énergisante se voit offrir deux grands-prix nationaux consécutifs sur le tracé maison du Red Bull Ring. Les deux épreuves sont presque comme copiées-collées. A deux reprises, le néerlandais dominera, réalisant même son premier Grand Chelem, de quoi inquiéter plus que jamais la firme à l’étoile. Pour Perez, les manches autrichiennes n’auront pas la même saveur. Échouant pour cinq petits dixièmes pour le podium lors du grand-prix de Styrie, il connaitra une seconde course bien plus pénible conclue par deux pénalités pour avoir poussé Leclerc dans les graviers. La lutte si serrée en entame de saison semble tourner en une domination Verstappen-Red Bull mais Mercedes et Hamilton n’ont pas dit leur dernier mot et l’avenir leur donnera raison…

Silverstone, le tournant du championnat. Jusqu’ici, les deux rivaux pour le championnat sont restés assez “clean” dans leurs manœuvres de dépassement et d'intimidation et heureusement, mais ce temps sera vite révolu. En terres anglaises, grosse nouveauté : les courses sprint font leur apparition. Si c’est Hamilton qui réalise le meilleur temps des qualifications, c’est bien le néerlandais qui remporte cette mini-épreuve, non sans avoir fait frissonner les milliers de spectateurs avec de splendides passes d'armes pendant plusieurs virages. Quant à Perez, il gardera un très mauvais souvenir de sa première course sprint, effectuant un tête-à-queue en sortie de Maggots-Becketts-Chapel avant d’abandonner. Mais c’est le lendemain que l’histoire s’écrira. Comme la veille, les deux grands rivaux sont roues contre roues dans les premiers enchaînements jusqu’à Copse. Là, le britannique tente de s’infiltrer à l’intérieur mais la porte se referme et ce qui devait arriver arriva. La RB16B est propulsée à plus de 250 km/h vers les murs de pneus, ne ralentissant même pas sur les graviers. Le crash est terrible, le pilote sonné. Le grand-prix est directement interrompu, une aubaine pour Hamilton qui peut, comme à Imola, réparer sa voiture abîmée. Cette interruption sera le théâtre d’une vive altercation entre Horner et Wolff, l’un demandant expressément une lourde pénalité à l’encontre de l’anglais, l’autre démentant toute implication de son pilote dans l’accrochage, rejetant la faute sur le pilote Red Bull. Si la tension était déjà palpable entre les deux écuries, il n’y a désormais plus aucun filtre. Sanctionné de 10 secondes de pénalité, Lewis remportera tout de même le grand-prix, se débarrassant de Leclerc à quelques kilomètres de la ligne d’arrivée. Dès lors, la “bonne entente” entre les deux principaux protagonistes n’existe plus. A Budapest, la hache de guerre est déterrée et dans chaque camp, on ne cherche que des ennuis pour l’adversaire. Au moment du départ, sur une piste détrempée, Bottas manque totalement son freinage et percute les deux Red Bull, laissant celle de Perez sur le carreau. La course est une nouvelle fois interrompue mais même avec ce laps de temps offert, l’équipe autrichienne ne pourra réparer à temps la RB16B de Verstappen, salement amochée lors de l’accident. Il ne bénéficiera même pas de la grosse boulette stratégique de Mercedes, laissant Hamilton seul au nouveau départ avec ses gommes rainurées. La machine au taureau est meurtrie et ne peut lutter, le septuple champion, lui, remonte sans mal jusqu’au troisième rang, derrière les insoupçonnables Ocon et Vettel, avant de grimper d’un rang dans la hiérarchie avec la disqualification de l’allemand. La colère est grande chez les autrichiens qui ne repartent qu’avec deux maigres points sur un circuit qui leur convenait grandement. Après deux meetings sous hautes tensions, beaucoup espèrent une accalmie en terres ardennaises. Raté. Ce grand-prix restera à coup sûr le plus court de l’histoire mais également le plus controversé. Après des qualifications dantesques maintes fois reportées mais une splendide pole de l’équilibriste Verstappen, devant l'inattendu Russell, les pilotes découvrent que le dimanche, les conditions sont épouvantables. Dans son tour de mise en grille, Perez se fait surprendre et plante sa Red Bull aux Combes. Dans un souci de sécurité, la direction de course repousse le départ encore et encore. Alors qu’une fenêtre météo s’ouvre, les voitures sont lâchées derrière le Safety Car mais à peine deux boucles plus tard, tout le monde est stoppé. Le grand-prix ne repartira pas, ou plutôt, ne partira jamais. C’est un scandale pour la Formule 1. La direction de course est rapidement pointé du doigt pour son incapacité à gérer au mieux la situation, alors que la pluie s’atténuait à certains moments. Pire encore, elle octroie à Verstappen une victoire “offerte”. De ce fait, le néerlandais récolte 12,5 points contre 7,5 pour Lewis mais le résultat n’a guère d’importance. La F1 se ridiculise davantage qu’aux Etats-Unis en 2005. Fallait-il lancer la course ? Dans les conditions des dernières heures, non, mais pourquoi ne pas avoir avancé l’heure du départ, là où les conditions étaient un peu plus clémentes. Et pour les points, devaient-ils être donnés ? Là encore, c’est l'œuvre de la direction de course qui, en attendant sagement les deux tours couverts, aura scellé un résultat qui n’en est pas un. Pire encore, les spectateurs présents sur place, qui auront attendu toute une journée sous la pluie et dans le froid, n’auront eu aucun spectacle et pour certain, aucun remboursement… Ce drôle de week-end ne sera pas oublié de sitôt sauf pour les hollandais, en grande forme pour le retour de la catégorie reine dans leur chère patrie. Pour la première fois depuis 1985, le circuit de Zandvoort retrouve les monoplaces les plus rapides du monde sur un circuit largement remodelé. Devant son public et ses fumigènes oranges, Verstappen est royal si bien qu’il ne lâchera la première place que quelques boucles, le temps de chausser de nouvelles gommes. A l’inverse, Perez manque le passage en Q2 et sur un tracé où dépasser reste difficile, il tente et remonte dans la hiérarchie, arrachant finalement les points de la huitième place. Il ne reste que neuf courses et rien n’est encore joué sur les deux tableaux. Si Max mène de trois unités, c’est Mercedes qui pointe en tête au niveau des équipes, douze petites unités devant les autrichiens.

La fin de la saison européenne approche mais avant de clore le chapitre du vieux continent, la Formule 1 fait étape à Monza, le temple de la vitesse. Les qualifications sprint font ici leur grand retour mais devant le peu de spectacle proposé, beaucoup se demandent si un simple retour à la chasse au chrono traditionnelle ne serait pas plus simple. Verstappen s’y classe deuxième, Perez neuvième. Grâce à la pénalité moteur de Bottas, les deux pilotes Red Bull grimpent d’un rang dans la hiérarchie, de quoi faire pâlir Hamilton, prédisant d’ores et déjà un facile succès du néerlandais. Il faut dire que la RB16B, bien évoluée tout le long de l’année, s’est imposée comme la monoplace à battre sur tous les types de tracé. Mais à l’extinction des feux, c’est la McLaren de Ricciardo qui prend le commandement. Au premier passage dans la Variante della Roggia, Verstappen tasse son adversaire anglais, l’obligeant à tirer tout droit dans l’échappatoire. Si les deux pilotes se distancent rapidement, ils finiront par se retrouver très près l’un de l’autre, trop près même. Après un arrêt catastrophique chez Red Bull et un arrêt tardif chez Mercedes, les deux rivaux se retrouvent côte-à-côte pour aborder la première chicane. Si Hamilton laisse le minimum de place sur sa gauche, Verstappen insiste jusqu’au bout. Sa monoplace décolle sur un boudin jaune avant que sa roue arrière droite grimpe sur la machine noire. Instantanément, l’effet engrenage propulse la RB16B sur la W12, arrachant le haut du capot moteur avant de stationner dessus, non sans heurter le casque de Lewis avec la roue arrière droite. Les deux pilotes sont out. Les tensions existantes ne s’apaiseront donc pas ce jour-là. Dans les deux camps, chacun défend son point de vue mais c’est finalement le hollandais qui sera sanctionné. Le drame a été évité de justesse car sans le halo, qui sait ce qu’il aurait advenu du sort du britannique. Pendant ce temps-là, les McLaren volent la vedette et se dirigent vers un incroyable doublé mené par Ricciardo. Perez ne fera pas mieux que cinquième, écopant lui aussi d’une pénalité pour dépassement hors des limites de piste. A Sotchi, chacun veut faire oublier les incidents de Monza. Red Bull profite de cette manche russe pour changer le moteur de son pilote n°1, l’envoyant automatiquement en fond de grille. Voilà qui devrait éviter une nouvelle confrontation entre les deux protagonistes du championnat. Le grand-prix est étonnant avec des McLaren et Ferrari en grande forme, Sainz menant les premiers tours avant de voir Norris lui succéder jusque dans les derniers kilomètres. Derrière, les RB16B sont quelque peu anonymes, coincées au cinquième et septième rangs. Mais à cinq tours du but, la pluie s’abat sur l’ancien parc olympique, rebattant toutes les cartes. Verstappen, opportuniste et équilibriste, arrive aux stands au meilleur moment, gagnant un paquet de secondes colossal. Alors que Norris perd pied sur une piste trempée et que Hamilton s’impose pour la centième fois de sa carrière, le néerlandais ravit la deuxième place, de quoi limiter la casse au maximum. Du côté de Perez, cette averse soudaine n’aura pas été très bénéfique, le mexicain rétrogradant au huitième rang. L’écart au championnat se réduit à nouveau, passant à deux points à l’avantage du septuple champion du monde. Le suspense est entier mais beaucoup redoute qu’une nouvelle confrontation ne se termine en crash. Pour le seizième rendez-vous de la saison, les pilotes redécouvrent le tracé d’Istanbul, remplaçant la manche japonaise, annulée pour cause de pandémie. Pour l’occasion, Red Bull dévoile une livrée hommage à Honda et au Japon, normalement prévue pour Suzuka. C’est donc parées de blanc et rouge que rouleront les RB16B. Comme en 2020, c’est une adhérence très précaire ponctuée d’un crachin incessant qui attend la Formule 1 en ce jour de grand-prix. Avec la pénalité moteur subit par Hamilton, Verstappen espère s’imposer et creuser l’écart au championnat mais c’était sans compter sur un Valtteri Bottas des grands jours, effaçant son cauchemar de l’année passée en s’imposant avec la manière. Le hollandais se contente de la deuxième place sous le drapeau à damier, juste devant Perez, enfin de retour dans le top 3. Le mexicain qui se sera bien fait remarquer en apposant une défense très musclée sur Hamilton, lui valant le surnom très flatteur de “Ministre mexicain de la Défense”. Tout est dit. Après l’extrême Est du continent européen, c’est en Amérique que se poursuit ce championnat haletant et en premier lieu, à Austin. Sur la piste bosselée, les Mercedes semblent avantagées mais c’est bien le nouveau leader du classement général qui prend la pole position. Attaqué dès le premier tour par son rival, Max utilisera la stratégie pour renverser la tendance, tenant jusqu’au bout pour s’imposer avec moins d’une seconde d’avance sur la n°44, plus de quarante sur son équipier, troisième. Le podium sera identique à Mexico, bien que ce soient les allemandes qui monopolisent la première ligne de la grille. Cependant, à l’extinction des feux, Verstappen enfume les monoplaces noires et ne quittera la première place que l’espace d’un instant, le temps pour lui de ravitailler. Le championnat semble prendre une tournure bien précise car avec dix-neuf unités d’avance, le hollandais commence à respirer mais rien n’est encore définitif, surtout en sport automobile…

La dernière sortie extra-arabique se dispute à Interlagos et pour la dernière fois de l’année, c’est une qualification sprint qui déterminera la grille de départ. Mais à l’issue de la série des tours chronos, c’est la douche froide pour Red Bull : Hamilton est une demi-seconde plus vite que les RB16B. Sa vitesse de pointe, a priori expliquée par un nouveau moteur thermique, dépasse de 10 à 30 km/h celle des autres monoplaces, y compris son équipier Bottas, de quoi susciter de vives soupçons chez les autrichiens. Mais à l’issue de cette séance, le septuple champion du monde est convoqué par le cortège de commissaires. La raison : un aileron arrière mobile 0,2mm trop grand. C’est la disqualification. L’anglais s’élancera donc dernier le samedi, à l’inverse de Verstappen qui récolte la pole devant Bottas et Perez. Comme lors des précédents essais, la course sprint n’est pas très animée, si ce n’est la folle remontée de Hamilton. Parti vingtième, le pilote Mercedes remonte au cinquième rang en l’espace de vingt-quatre boucles, de quoi être bien placé sur la grille du dimanche malgré une nouvelle pénalité moteur de cinq places. Pour ne rien arranger au clan Red Bull, Bottas arrache la pole au néerlandais alors que le mexicain voit Sainz lui chiper son top 3. Le jour du grand-prix, c’est l’inverse qui se produit entre les deux hommes présents en première ligne mais la menace réelle vient bien de derrière. En moins de dix tours, la monoplace noire au n°44 est déjà troisième derrière les deux Red Bull. Auteur d’une belle défense sur quelques kilomètres, Perez ne peut protéger son leader qui voit derrière lui grossir la W12. Peu après la mi-course, le duel tant attendu s’engage enfin mais comme trop souvent en cette saison 2021, il tourne presque à la catastrophe. A la sortie de la deuxième zone DRS, Hamilton se porte à l’extérieur de Max mais celui-ci ne se laisse pas faire et pousse son rival hors de la piste pour l’empêcher d’être dépassé. Les images embarquées sont pourtant claires, le néerlandais a barqué très tardivement un peu comme l’avait fait Rosberg sur ce même Lewis en Autriche quelques années auparavant. Avec une vitesse de pointe bien trop inférieure, la RB16B finira par lâcher le commandement. La FIA reconnaîtra tardivement le geste “anti-sportif” de Verstappen sans pour autant le pénaliser, de quoi démontrer encore un peu plus l'incohérence de la FIA et de la direction de course. Avec l’annulation de la manche australienne, c’est le Qatar qui récupère la place vacante avec sa piste nocturne de Losail. En qualifications, le néerlandais manque de ralentir sous drapeaux jaunes, écopant d’une nouvelle pénalité de cinq places, le repoussant au septième rang, quatre de mieux qu’un Perez totalement anonyme. Fort heureusement, le rythme de course des RB16B sera bien meilleur. Verstappen remontera facilement jusqu’à la deuxième place, derrière l’intouchable Hamilton” alors que Perez termine quatrième, loin du tumulte des multiples crevaisons apparues en toute fin d’épreuve. La fin approche et seulement huit points séparent les deux leaders, et même cinq au tableau des constructeurs. L’avant-dernière de l’année de court sur le nouveau tracé de Jeddah, une piste loin de faire l’unanimité tant les vitesses folles atteintes entre les murs de béton représentent un extrême danger. Les incidents seront très nombreux ce week-end là, faisant grimper le budget pièces détachées des teams, déjà à la limite du plafond budgétaire. Red Bull en fera les frais avec l’accident de son pilote n°1 à la sortie de la toute dernière épingle lors de sa dernière tentative, pulvérisant sa monture à la place du chrono. Le grand-prix s’annonçait spectaculaire, il aura été pathétique. Outre les nombreux accidents, dont le carambolage dans lequel sera pris Perez, plusieurs incidents viendront entacher la fête, à commencer par le premier virage court-circuité par Verstappen lors de la première reprise. en effet, le hollandais a purement et simplement coupé la chicane avant de revenir en piste sous le nez de Hamilton, le poussant à donner un sérieux coup de frein. Cette manœuvre permet alors à Ocon de s'infiltrer entre les deux compères mais quelques secondes plus tard, le gros crash en milieu de peloton conduit la direction de course à ressortir le drapeau rouge. Mais alors que faire pour le placement sur la grille ? Verstappen devrait laisser passer Hamilton mais avec Ocon entre les deux, impossible. C’est alors que Michael Masi, le directeur de course, propose une alternative jamais vue en Formule 1, un tour de passe-passe qui fera beaucoup parler. En effet, il contacte successivement Red Bull et Mercedes pour leur proposer un “pacte” qui repousserait Verstappen au troisième rang, derrière Ocon et Hamilton, du grand n’importe quoi ! C’est pourtant cette solution qui sera choisie, de quoi altérer encore un peu plus l’image de la Formule 1. Au restart, la Red Bull rescapée se jette à l’intérieur du premier virage, obligeant le pilote Alpine à serrer à droite, touchant, par la même occasion, la Mercedes de l’anglais. Les deux hommes finissent par vite se retrouver mais face à une flèche d’argent si rapide, impossible de résister, sauf quand on s’appelle Max. Comme au premier restart, Verstappen manque le premier virage et bloque Hamilton. L’ordre lui est pourtant intimé de laisser passer le britannique. Ce n’est qu’en toute fin de tour que s'exécute le néerlandais, ralentissant en pleine ligne droite. Derrière lui, l’anglais ne sait quelle trajectoire prendre car il sait pertinemment que la vengeance du pilote Red Bull sera terrible. Agacé, Max pile au milieu du circuit. Le choc est inévitable mais par le plus grand des bonheurs, les deux monoplaces sont presque intactes. S’en suit de longues communications radios entre les équipes et la direction de course. Finalement, le leader du championnat sera jugé coupable de cet accrochage et écopera de cinq secondes de pénalité, ce qui ne changera rien au résultat final, la Mercedes demeurant trop rapide par rapport au reste de la concurrence. Avec ce succès et le point du meilleur tour, Hamilton revient à égalité de point pour l’ultime manche à Abu Dhabi. Par contre, pour ce qui est des constructeurs, tout est quasiment joué. Puis arriva le grand jour, celui du sacre pour l’un des deux. L’affiche rêvée l’est encore plus après les qualifications : Verstappen en pole avec les pneumatiques soft, Hamilton deuxième en medium. Le départ est lancé et après seulement quelques mètres, premier pépin. Au bout de la longue ligne droite, le néerlandais, qui s’était fait passer à l’extinction des feux, se fait aspirer et plonge à l’intérieur dans cette chicane lente. Le dépassement est bien amené mais le britannique décide de couper le virage pour éviter de perdre du temps. En plus de repartir en tête, le voilà avec plusieurs centaines de mètres d’avance sur le peloton, sans qu’aucune enquête ne soit ouverte. Encore un bon raisonnement de la FIA… Rapidement, un constat s’impose : la Mercedes est nettement plus rapide que la Red Bull. Problème pour Hamilton, Perez joue la carte “bouchon”. Comme il l’avait magistralement fait en Turquie et au Brésil, le mexicain bloque le septuple champion du monde qui voit, en l’espace de deux tours, son écart avec Max passer de huit à une seconde ! Le comportement de Checo ne plaît évidemment pas à Lewis qui oublie pourtant qu’il avait fait exactement la même chose ici-même en 2016… Le grand-prix plonge peu-à-peu dans l’ennui mais à six tours du but, incroyable rebondissement ! Latifi perd le contrôle de sa Williams qui vient s’immobiliser en bord de piste. La Safety Car est immédiatement déployée mais restera-t-elle jusqu’à la fin du grand-prix. Dans cette optique, Mercedes décide de ne pas faire rentrer son pilote, à l’inverse de Red Bull qui chausse les gommes tendres sur la RB16B n°33. Dans le même temps, Perez renonce sur problème de pression d’huile. Le titre constructeur s’envole pour les autrichiens mais qu’importe, c’est celui des pilotes qui tient tout le monde en haleine. Problème, entre Verstappen et Hamilton sur la piste, il y a cinq retardataires qui, selon Michael Masi, ne sont pas autorisés à revenir dans le tour. Stupéfaction dans le camp Red Bull ! Le règlement n’est pas respecté, au grand désarroi de Horner et Marko. Mais quelques instants plus tard, changement de décision ! Seuls ces cinq là peuvent dépasser le leader pour revenir dans le même tour. Mais un nouveau pépin apparaît : la course ne peut reprendre tant que ces derniers n’ont pas rejoint la queue, or, il ne reste que deux tours. C’est alors que le directeur de course bafoue le règlement une troisième fois. Tant pis pour eux, le grand-prix reprendra pour un tour et ce, même si les retardataires ne sont pas revenus. Chez Mercedes, c’est la consternation. Toto Wolff balance son casque audio de rage. La décision est surprenante mais question spectacle, jouer le titre sur un tour, l’idée est grandiose, à cela près que le septuple champion du monde repart avec un gros désavantage. Le drapeau vert est agité et sans surprise, Max plonge dès qu’il en a l’opportunité. Dans les deux lignes droites qui suivent, les pilote Red Bull louvoie pour casser l’aspiration. Cette fois la messe est dte, plus personne ne peut empêcher Max Verstappen de s’imposer et d’être champion. la joie envahie le garage autrichien, à l’inverse du clan allemand, totalement dépité et fou de rage après la direction de course. Le hollandais est sur le toit du monde, lui qui aura tant fait parlé de lui en bien et en mal cette année. Son excès d’agressivité l’aura sans doute contraint à attendre ce dernier rendez-vous pour s’imposer mais quoi qu’il en soit, le voilà champion. La cérémonie du podium n’est pas la plus joyeuse cependant, surtout chez la firme à l’étoile. Hamilton se coupera du monde pendant plusieurs mois, ne digérant absolument pas ce dénouement jugé trafiqué. Certe la Mercedes était la plus rapide ce jour-là mais en sport automobile, il faut aussi que la chance soit de votre côté, ou la direction de course, à chacun de voir quel opinion avoir sur cette fin rocambolesque.

Au final, la RB16B aura manqué de peu le sacre des équipes mais celui des pilotes est bien acté. La saison aura pourtant été compliquée avec un Perez en retrait sur une machine taillée sur mesure pour son équipier, et un Verstappen trop arrogant et agressif. Il n’empêche que la Red Bull aura tenu la dragée haute durant une bonne partie de la saison face aux Mercedes, bien que la tendance se soit inversée en fin de championnat avec les dernières évolutions moteurs allemandes. Sur vingt-deux grands-prix, c’est tout de même onze victoires, dix poles, huit meilleurs tours et vingt-trois podiums. A l’issue de la finale d’Abu Dhabi, une réclamation est portée par Mercedes à la FIA, jugeant que le titre a purement et simplement été volé, ou offert par Masi selon les versions. Le directeur de course n’est pas tout blanc sur cette affaire mais aurait-il agit sous la pression ? Aurait-il privilégié le spectacle à la sécurité ? Avait-il le droit d’outrepasser la réglementation ? Devant tant de contestation, l’australien finira par quitter son poste. Pour Mercedes, l’appel lancé sera retiré après que la FIA ait accepté de mener une enquête sur ces évènements tout en promettant de ne plus refaire la même erreur. Car des erreurs, il y en aura eu beaucoup trop de la part de la direction de course. Pourquoi ne pas avoir stoppé la course au drapeau rouge et la relancer pour un ou deux tours, comme à Bakou ? Personne ne le saura vraiment. Cette saison pleine de scandales et d’interrogations connaîtra un dernier rebondissement le 10 Octobre 2022 : l’écurie Red Bull a dépassé le budget plafond de presque 5%, ce qui lui vaudra, en plus d’une bête pénalité financière, une restriction de l’usage de 10% du temps alloué aux tests aérodynamiques…

La Red Bull RB16B en chiffres...

Grands-prix :

22

Victoires :

11

Podiums :

23

Poles Position :

10

Meilleurs Tours :

8

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