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Rubens Barrichello

Le Brésil vit en Barrichello le digne successeur de Magic Senna. Malgré de belles performances, le brésilien fut trop souvent caché dans l’ombre de son lieutenant.

Barrichello s’initia très jeune au sport automobile et ce, grâce à sa famille, accro à l'automobile. Sa grande proximité avec le circuit d'Interlagos lui offre, dès son plus jeune âge, un aperçu de sa carrière future. Bien que réticent en premier lieu, son père, Rubens Senior, finit par remarquer le talent de son bambin au volant de karting. Très rapidement, le petit brésilien surprend son monde et commence à se faire un nom dans sa région natale. Cinq titres nationaux plus tard en plus de celui d'Amérique du Sud le propulse vers les championnats du monde en 1987.Il lui faudra attendre 1989 pour enfin s'essayer à la monoplace, la Formule Ford en l'occurrence. Les performances sont plus encourageantes, ce qui ne passe pas inaperçu sur le vieux continent. Dès lors, sa notoriété ne fait plus de doute, si bien que lors de ses premiers tests en Formule Opel, le Brésilien s'empare du record du circuit. Malgré sa jeunesse, le pauliste ne cesse d'émerveiller les chefs d'écurie qui pensent déjà tous tenir le futur Piquet ou Senna. Dans les GM Lotus Euroseries, Barrichello écoeure la concurrence. Avec 6 succès en 11 départs, son entrée dans le prestigieux championnat de F3 anglais ne fait plus de doute. Là-bas, il y retrouve un adversaire coriace du nom de David Coulthard, un jeune écossais qu'il aura très souvent l'occasion de recroiser. La lutte entre les deux hommes tient toutes ses promesses et au final, c'est bien le brésilien qui triomphe. Il ne lui reste désormais plus beaucoup d'étapes à passer pour intégrer le paddock de Formule 1. Mais avant de s'attaquer au haut niveau, il décide de se mesurer à la F3000, un challenge plutôt risqué. Malheureusement pour lui, un mauvais choix d'équipe couplé à un moteur trop peu puissant brûlera ses chances de remporter la timbale. Sa troisième place au championnat ne sera pourtant pas dépourvue d'intérêt puisque un certain Eddie Jordan, qui vient tout juste de lancer son écurie de Formule 1, recherche désespérément un second couteau pour piloter ses monoplaces en grand-prix. Le grand saut pouvait commencer…

Très suivi et aidé par son idole Senna, le petit brésilien va très vite s’acclimater à ce nouveau monde malgré sa modeste 193. Renonçant sur pannes mécaniques lors de ses deux premières sorties, Barrichello saura très vite se mettre en valeur aux yeux de tous. C’est lors du fameux grand-prix d’Europe à Donington que son talent éclate aux yeux de tout le paddock. Si tout le monde se souvient de l'exceptionnel départ et domination d'Ayrton Senna, beaucoup n'ont pas oublié l'envol parfait du pilote Jordan, passant de la douzième à la quatrième place en l'espace d'un tour. Mieux encore, le voilà parti pour se battre pour le podium face aux deux Williams Renault mais à moins de six tours de l'arrivée, le moteur Hart se tait. La désillusion est immense mais pour beaucoup, un immense talent vient d’apparaître au grand jour. Mais le talent ne suffit pas lorsque le matériel n'est pas à la hauteur des espérances. Trop souvent, il renoncera sur problèmes techniques. Ses premiers points, c’est en France qu’il peut les atteindre, enfin jusque dans la dernière boucle. Alors qu'il tenait la sixième place, Rubens s'écarta pour laisser passer Senna qui lui prenait un tour. Manque de pot, l'équipier du triple champion du monde, qui se battait face à la Jordan, passa au même moment, Lui subtilisant une unité qu’Eddy Jordan aurait pris volontier. Malgré cette boulette, Le jeune pauliste domine ses voisins de garages, expédiant Larini, Boutsen, Apicella et Naspetti à la retraite anticipée. Il n’y aura que le petit dernier, un certain Eddie Irvine, jeune loup lui aussi, qui parviendra à lui mener la vie dure. Il lui faudra attendre l’avant-dernière manche de l’année, à Suzuka, au Japon, pour enfin connaître la saveur des points avec la cinquième place, le début d’une belle moisson. 1994 sera une autre année. Au Brésil, sur son circuit maison, il cravache et évite les ennuis pour ramener une belle quatrième place chez les siens. Mieux encore à Aida, pour le grand-prix du Pacifique, ultra-dominé par M.Schumacher. Profitant des nombreux abandons et de l’accrochage entre Larini et Senna au départ, le petit pauliste réalise l’impossible en amenant sa modeste 194 au troisième rang sous le drapeau à damier, un exploit pour le team irlandais, menacé de disparaître quelques semaines plus tôt, faute d’argent. Serait-ce le début d’un exploit monumental ? Malheureusement non et la réponse se trouve à Imola, le grand-prix suivant. Lors des essais, Barrichello sort très violemment de la piste après un spectaculaire décollage et deux tonneaux. Le malheureux est sonné et ensanglanté mais ses jours ne sont pas en danger. Ainsi, il réapparaît le lendemain dans le paddock, forfait du fait de ses blessures. Personne ne le savait mais ce n’était que le début des tragédies. Le samedi puis le dimanche, la Formule 1 perd Roland Ratzenberger et Ayrton Senna, son mentor. Ces disparitions, qui bouleversent le monde entier, vont avoir de grosses répercussions sur la suite de la carrière de Barrichello. En effet, tout un peuple vient de perdre son idole, un dieu vivant pour certains. Pour pallier son absence, le Brésil n’a désormais d’yeux que pour Rubinho, une lourde pression qui lui sera difficile à supporter. Pourtant, il mettra tout en place pour assurer de bons résultats. Ce sera chose faite avec pas moins de quatre quatrième places supplémentaires et surtout, une incroyable pole position sur des conditions séchantes à Spa-Francorchamps, battant, à l’occasion, le record de précocité jusque-là détenu par son équipier d’un jour, De Cesaris. Avec ces bonnes performances, Barrichello intègre le top 6 du championnat, une bien belle conclusion pour le petit jeunot désormais star de son pays natal. Que faire à présent ? Rejoindre un top team au risque de se prendre les pieds dans le tapis ou continuer à faire ses armes chez Jordan ? Ce sera la deuxième option qui sera choisie, probablement pas la meilleure. Le nouveau moteur Peugeot, censé améliorer les performances générales, ne sera clairement pas à la hauteur. De plus, Irvine commence sérieusement à montrer les dents, au grand dam du brésilien, se jugeant peu à l’aise avec le poste de conduite de sa 195. Il accrochera pourtant un podium au Canada derrière Alesi, profitant des nombreux abandons pour remonter dans la hiérarchie. Le reste du temps, les problèmes s’accumulent, les points deviennent rares. Celui qui aurait pu viser une carrière en rouge se voit couper l’herbe sous le pied par son équipier, désormais voisin de garage avec le double champion M.Schumacher. Rubens n’a pas vraiment le choix de rester chez Jordan en 1996 mais cette fois-ci, les performances et la fiabilité sont identiques. Deuxième sur la grille à Sao Paulo, dans les points à sept reprises mais sans podiums, sa saison n’est guère meilleure que les précédentes. Pour Jordan, les grands espoirs placés en lui ne suffisent plus. Sa carrière en Formule 1 semble alors tourner vers l’impasse. L’exode aux Etats-Unis pourrait être une option viable. C’était sans compter sur un écossais farfelu du nom de Stewart, Jackie Stewart, mais aussi son fils, Paul Stewart.

Dans la toute nouvelle écurie blanche bordée de carreaux écossais, bien soutenue par Ford, le brésilien se sent à son aise. Hélas, le V10 Ford et la boîte de vitesses sont très capricieux, et pour cause, Barrichello ne verra le drapeau à damier qu’à deux reprises en dix-sept épreuves en 1997. Si la performance globale est plutôt satisfaisante, la fiabilité est si catastrophique que couvrir l’intégralité d’un grand-prix demeure un exploit. Reste que lorsqu’il abandonne, Barrichello se trouve souvent dans le top 10, voire dans les points. Ainsi, en Argentine, pour le troisième meeting des nouvelles SF01, il pointe au cinquième rang sur la grille avant de vite déchanter, accroché dans un premier temps par M.Schumacher au départ puis touché par un problème hydraulique quelques tours plus tard. Mais à Monaco, la mécanique tient le coup et heureusement ! Sur une piste largement détrempée par un violent orage, il profite de ses redoutables Bridgestone sculptés pour prendre la quatrième place au premier tour avant d’effacer, dans la foulée, les deux Jordan. Deuxième à la fin de la sixième boucle, il ne commettra aucune erreur jusqu’au drapeau à damier, récoltant son premier podium pour le compte de Stewart, ses seuls points de l’année également. Sur l’A1-Ring, il tient pendant plus d’une vingtaine de tours une inespérée seconde place avant de retomber dans les méandres du classement et d’abandonner. Même sanction sur le Nürburgring où, grâce à l’arrêt des deux McLaren-Mercedes, il convoite la troisième marche du podium mais une fois encore, l’hydraulique gâchera tout. Le gros changement réglementaire de 1998 pourrait être une aubaine pour Stewart : ce sera tout le contraire. La SF02, en plus d’être bien moins rapide que sa devancière, est tout autant peu fiable. Cinquième à Barcelone et à Montréal, le pauliste ne connaîtra jamais course tranquille cette année-là. Deux choix s’offrent alors à lui : continuer avec Stewart ou rejoindre une écurie de pointe, comme Williams, mais sans savoir dans quelle posture se trouvera l’écurie en 1999. Après mûre réflexion, Rubinho décide de faire confiance aux écossais et rempile pour une année supplémentaire, une très bonne option. La SF03 gomme presque tous les défauts de ses devancières : puissance, fiabilité, rapidité, de quoi jouer les trouble-fêtes parmi les pointures McLaren et Ferrari. Et cela se voit rapidement avec des qualifications rarement hors du top 6. En Australie, il termine brillamment cinquième avec son mulet alors que sa monoplace principale, tout comme celle de son équipier Herbert, venait de brûler sur la grille de départ. Chez lui, à Interlagos, il arrache le troisième temps des qualifications avant de prendre la tête de la course après quelques kilomètres. Tout espoir de victoire est désormais envisageable mais malheureusement, son moteur en décidera autrement. Ce triste dénouement sera vite balayé avec la troisième place à Imola. Pas de chance non plus à Monaco et à Montréal avec deux abandons successifs et une disqualification en Espagne pour voiture non-conforme. Ce n’est qu’en France que la Stewart revient sur le devant de la scène, et quel retour. Dans des conditions dantesques, le brésilien s’empare d’une étonnante pole position avant de mener une série de tours incroyable. Hélas, trop juste en carburant, il devra purger un dernier arrêt tardif qui le repoussera au troisième rang, un bon résultat en somme mais toujours pas de victoire. Le moral est pourtant bon pour Barrichello et pour cause : il vient de signer pour plusieurs années avec la Scuderia Ferrari en tant que deuxième pilote. La fin de saison avec Stewart sera une grande réussite avec de très nombreux points inscrits et surtout, un nouveau podium lors du grand-prix d'Europe, passant à seulement deux dixièmes de la deuxième place détenue par Trulli et sa Prost, alors que son équipier Herbert s'imposait pour la seule fois de l'histoire du team écossais. Sa campagne de la dernière du millénaire s’achève en septième place, un bon résultat d’ensemble qu’il espère bien améliorer dans l’une des meilleures écuries du plateau…

Mais à Maranello, Barrichello sait ce qui l’attend : il doit aider M.Schumacher à décrocher de nouveaux titres et ainsi propulser la Scuderia au sommet de la Formule 1. La F1-2000 est fiable et performante, ce qui lui permet d’être classé dans le top 4 lors de toutes les courses terminées. A Melbourne, il signe d’entrée de jeu un premier podium, validant le doublé mené par M.Schumacher. A Silverstone, il empoche la pole position avant de mener une bonne partie de l’épreuve mais peu après la mi-course, l’hydraulique fait des siennes et l’oblige à stopper. Les manches suivantes sont toujours une réussite et les podiums s'enchaînent mais ce premier triomphe se refuse toujours à lui. A Hockenheim, il manque totalement ses qualifications, ne s'élançant que dix-huitième au moment du départ. Si en coulisse, il se prépare pour une course d'attaque, il était loin d'imaginer l'après-midi qu'il allait passer. Remonté parmi le top 6, il profita d'un changement de météo radical pour tenter une stratégie audacieuse. Alors que la pluie s'abat sur l'Allemagne, la piste reste sèche dans la partie couverte par la forêt. Devant lui, tout le monde choisit de s'arrêter pour changer de gommes. Pas Barrichello. Avec ses pneus rainurés, il contrôle magistralement sa Ferrari dans un Stadium détrempé pour ainsi voler vers sa première victoire en grand-prix. Sa première campagne à Maranello reste riche en souvenirs et en bonnes performances. Avec son aide précieuse, le petit brésilien offre à la Scuderia et à M.Schumacher un titre pilote recherché depuis 21 ans. Ce rôle de porteur d'eau ne le quittera désormais plus, pour le meilleur et pour le pire. En 2001, les Ferrari se montrent rapidement comme les meilleures voitures du plateau mais jamais le Brésilien ne pourra contrer ou espérer menacer son équipier allemand. Pas de pole ni de victoire mais une belle troisième place au classement des pilotes, son meilleur résultat jusqu'ici. mais c'est en 2002 que son image au sein de la Scuderia Ferrari changera à tout jamais. La F2002 est clairement l'une des meilleures monoplaces de l'histoire mais ce n'est pas Barrichello qui en profitera le plus. A Melbourne, le pauliste est responsable d’un terrible accrochage avec R.Schumacher, la Williams décollant sur plusieurs dizaines de mètres après avoir percuté l’italienne au moment du freinage. Cinq courses, trois abandons et un non-départ, pas le meilleur moyen de concurrencer le champion allemand. En Autriche, sur l’A1-Ring, il retrouve enfin le chemin de la pole position et mène une course parfaite avec une belle victoire en ligne de mire. Mais dans le dernier tour, la consigne lui est passée de laisser filer M.Schumacher pour la plus haute marche du podium. En bon lieutenant, le brésilien ralenti en sortie du dernier virage pour se laisser dépasser par l’autre F2002, sous les huées du public. C’est sûrement l’une des consignes d’équipe les plus décriées de l’histoire et même si le quadruple champion lui offre la plus haute marche sur le podium, les critiques à l’encontre de la Scuderia fusent. D’autant plus que Michael n’avait clairement pas besoin de ça pour glaner un cinquième sacre, lui qui compte désormais vingt-sept points d’avance au bout de six meetings. Le scénario sera identique au Nürburgring mais à l’inverse de l’Autriche, pas de demande d’inversion de position. Barrichello peut enfin souffler et profiter de son deuxième succès en Formule 1, quelques centièmes devant l’autre Ferrari. A Silverstone, il cale lors du tour de formation et passe alors de la deuxième à la dernière place au moment du départ mais avec le meilleur matériel possible et des pneus Bridgestone magiques sous la faible pluie, remonter à son rang initial ne pose aucun problème. A Magny-Cours, l’électronique fait encore des siennes et l’empêche de prendre part au grand-prix, là où son voisin de de garage accroche un cinquième titre à son palmarès à six courses du but. Maintenant que la couronne est glanée, le brésilien peut enfin se battre sans restrictions, ce qui lui réussi plutôt bien. Six week-end, trois victoires, deux deuxièmes places, Rubinho montre les crocs. A Indianapolis, il tient d’ailleurs une belle revanche sur la manche autrichienne avec une victoire “volée” à M.Schumacher, alors que la Scuderia voulait faire arriver ses deux monoplaces côte-à-côte sur la ligne de briques. A Maranello, tout le monde est satisfait. Jean Todt n’a pas à gérer d’éventuelles querelles ou mécontentement, Schumacher gagne avec aisance ou l’aide de son équipier, Barrichello se met sans forcer au service du numéro 1 de l’équipe, que demander de mieux ? 2003 sera moins évident pour lui et pour cause, les McLaren-Mercedes et Williams-BMW sont clairement revenues aux avant-postes. Malgré cela, il terminera tout le temps dans les points lorsqu’il croise la ligne d’arrivée, même s’il laisse passer quelques bonnes occasions, comme à Melbourne où il tape le mur sur une piste bien mouillée. À Interlagos, il est proche de gagner chez les siens lorsqu’une bête panne d’essence l’immobilise sur la piste. La course allait s’arrêter quelques tours plus tard après l’accident Webber-Alonso… Les podiums s’enchainent, les points s’accumulent mais pour autant, le brésilien se fait largement dominer. A mi-saison, il a déjà presque moitié moins d’unités que son équipier leader du championnat. Ce n’est d’ailleurs qu’à Silverstone qu’il retrouvera le chemin de la victoire dans une course marquée par l’intrusion d’un homme sur la piste. A la fin de la saison, ils ne sont plus que trois à pouvoir se battre pour la couronne : M.Schumacher, Raikkonen et Montoya. Ce dernier en sera éliminé à Indianapolis après avoir sorti le pauliste dans le premier enchaînement. Si le combat à trois se transforme en duel, le titre n’est pas acquis pour son voisin de garage qui connaîtra une course plutôt médiocre à Suzuka. Fort heureusement, Barrichello gère parfaitement, maintenant tout le long du grand-prix la première place, synonyme de championnat offert à son équipier. Si 2003 était tendue jusqu’au bout, 2004 fut une promenade de santé. La F2004 était imbattable, tout simplement. Alors que M.Schumacher enchaîne les victoires, Rubens accumule les podiums avec une facilité déconcertante. Même si Michael n’a pas besoin de son aide pour accrocher sa septième étoile, le brésilien peine à suivre le rythme. Ce n’est qu’en deuxième moitié de championnat que la vitesse est retrouvée avec deux succès de rang à Monza et Shanghai. Vice-champion pour la deuxième fois après 2002, le porteur d’eau du Kaiser sait pertinemment que son heure ne viendra sans doute jamais. Pourtant, il persiste en 2005, sans doute l’année de trop. La F2005 est ses Bridgestone sont largués. La chute est si violente qu’à aucune reprise la victoire n’est envisageable pour le petit brésilien. Malgré un podium d’entrée de jeu, il ne pourra jamais tenir le rythme de McLaren et Renault, à l’inverse de celui de son équipier avec qui il ferait presque jeu égal. A Indianapolis, lors de la plus grosse mascarade de l’histoire de la discipline, il se fait volontairement griller la politesse par M.Schumacher, obligé de passer dans l’herbe pour éviter un accrochage catastrophique. Sa motivation en pâtit, ses relations avec les rouges aussi. Jamais il ne sera à la hauteur pour un poste de numéro un chez les italiens. Exit la Scuderia, bonjour Honda.

Sur le papier, le choix n’était peut-être pas si mauvais. En réalité, ses années nippones ont été les pires. En 2006, il peine à se mettre au niveau de Button, familier avec la maison japonaise depuis 2003 et le team BAR. La RA106 n’est pas une si mauvaise machine et se montre même plutôt rapide face aux redoutables Renault, Ferrari et McLaren mais la plupart du temps, le brésilien se fait dominer. Il faudra attendre Monaco pour qu’enfin il ne batte Button à la régulière avec une quatrième place finale. Les soucis moteur deviennent récurrents mais surtout, il n’est que spectateur des bons résultats de l’autre pilote Honda. Alors que Rubinho gratte quelques points par-ci par-là, Jenson accroche une pole position et une victoire à son palmarès, ainsi que trois podiums sur l’ensemble de la saison. La présence de Ross Brawn, ancienne tête pensante de la Scuderia, n’apporte pas vraiment l’aide escomptée cette année-là. Pire encore, chez Ferrari, un petit brésilien fait mieux que lui, un certain Felipe Massa. La sanction est encore plus douloureuse lorsqu’à l’issue de la manche italienne, son ex-équipier M.Schumacher annonce sa retraite, laissant vacant un poste de numéro 1 que Barrichello avait tant attendu. Il fait pourtant mieux qu’en 2005 au championnat pilote, passant de la huitième à la septième place au classement final. Mais ce dont il ne se doutait pas, c’était la descente aux enfers du clan nippon. En 2007, le grand cigarettier disparaît, laissant la voiture vierge de sponsors. A la place, une gigantesque fresque de la Terre épouse les formes de la monoplace, une hérésie pour un sport des plus polluant… Ce sera sa pire saison en F1 et pour cause, jamais il n’intégrera le top 8. Zéro points, nada. C’est la première, et la seule fois de sa carrière, que cela lui arrivera. Continuera-t-il encore après quatorze ans passés dans la discipline ? Oui, pour le meilleur et pour le pire. La saison 2008 ne sera guère mieux. La patte Brawn n'a pas le temps d'être appliquée à la monoplace, les finances sont au plus bas, l'avenir de l'écurie en est même sérieusement menacé. Petite différence par rapport à 2007, une légère domination du pauliste face à son équipier britannique, ce qui lui permettra de retrouver le chemin des points lors du grand-prix de Monaco après plus d'un an de disette. Le week-end suivant, au Canada, le brésilien abat un record vieux de quinze ans : celui du plus grand nombre de départs, 257 en l'occurrence. Mais pour beaucoup, cette longévité ne se poursuivra pas éternellement et pour de nombreux observateurs, Rubens suivra le chemin entrepris par son ami et éternel rival Coulthard, retraité en fin d'année. Mais celui que l'on pensait fini se rappela aux bons souvenirs de tous avec une performance exceptionnelle sous le déluge de Silverstone. Parti seizième à l'extinction des feux, il nagera parmi les flots et au prix d'une stratégie osée et d'une maîtrise totale, le brésilien grimpe sur la troisième marche du podium, un résultat inattendu. Ce coup d'éclat restera sans suite et à trente-six ans, sa carrière semble désormais derrière lui. Quelques semaines plus tard, l'écurie Honda annonce l'arrêt de ses activités sur fond de crise économique. Après la disparition de Super Aguri, c'est la maison mère qui ferme ses portes. Les deux pilotes sont donc sur le carreau alors qu'un projet révolutionnaire avait été démarré sous les ordres de Brawn. La fin est proche. Ou pas.

Quelques semaines avant le coup d'envoi de la saison, pas de Barrichello prévu sur la grille. C’était sans compter sur l'éternel engouement de Ross Brawn. Rachetant tout pour fonder son team, le britannique décida de garder ses deux pilotes pour 2009 : Button et Barrichello. La surprise fut de taille pour tous spectateurs de la Formule 1. Les Brawn GP BGP 001, quasi vierges de tous sponsors, sont les plus rapides. Le double diffuseur, développé dans le plus grand des secrets par Honda, est une merveille de technologie. Pour la première manche à Melbourne, les Brawn GP monopolisent la première ligne, Button devant le brésilien. Si l'anglais réalise la course parfaite et s'impose, Barrichello manque totalement son envol et franchit le premier virage au cœur du peloton. Il remontera jusqu'au quatrième rang jusqu'à ce que Vettel et Kubica, alors deuxième et troisième, ne s'accrochent dans les derniers kilomètres. Première sortie et premier doublé pour les étonnants Brawn qui n'en finiront plus de dominer la première moitié de championnat. Sept grands-prix, six victoires, toutes pour Button. Pour le pauliste, l'affaire est plus compliquée malgré un matériel au-dessus de la concurrence. En Turquie, il est contraint de renoncer alors qu'à Barcelone, une mauvaise stratégie lui fait perdre une victoire sans doutes promise. De peur de revivre ses années Ferrari, le natif de Sao Paulo n'hésite pas à taper du poing sur la table pour répartir une certaine équité au sein de l'équipe. Après la manche de Silverstone et un nouveau podium à la clé, le voilà installé au deuxième rang du classement, à vingt-trois points de son équipier. Mais la plus grande menace vient de derrière. Peu développée au fil de la saison, la Brawn GP doit faire face à la folle remontée des Red Bull Renault. En Hongrie, lors des qualifications, un ressort quitte sa monoplace en plein sur la trajectoire. La pièce métallique viendra percuter de plein fouet la visière du pauvre Massa qui se trouvait derrière lui, le blessant sérieusement à l'œil. Un mois plus tard, sur le tracé portuaire de Valence, Barrichello renaît de ses cendres pour s'offrir une victoire inespérée, cinq ans après son dernier succès. Il doublera la mise à Monza, son dernier triomphe dans la discipline. Avec autant de points marqués, les rêves de championnat semblent de plus en plus accessibles, d'autant plus que Button rentre dans le rang depuis quelques manches. L'écart ne se réduira pas et à deux courses du but, quatorze unités le sépare de la tête du classement. Chez lui au Brésil, il accroche une quatorzième pole position étonnante. De gros points sont entrevus, surtout que ses principaux rivaux sont relégués en fond de grille. Pourtant, rien ne passa comme prévu. Redescendu deuxième après une moins bonne stratégie que Red Bull, il sera touché par une crevaison au plus mauvais moment. Un arrêt au stand plus tard, le voilà rétrogradé en fond de top 8. Le titre s'envole, glané par son équipier. Au moins se consolera t'il avec la couronne des constructeurs puisqu'il ne tiendra même pas la place de vice-champion, volée par un Vettel de plus en plus redoutable. La saison s'achève sur un goût quelque peu amer pour le brésilien qui apprendra, quelques jours plus tard, son renvoi de l'écurie, désormais Mercedes, remplacé par M.Schumacher, son éternel rival. La fin de carrière est envisagée mais pour Rubinho, pas question de s'arrêter, surtout après la formidable saison écoulée. C'est donc à Grove, chez Williams, que le pauliste trouve refuge. Son expérience est un réel plus, surtout lorsqu'il se trouve épaulé par un débutant champion de GP2, Nico Hülkenberg. La FW32 est clairement moins bonne que la Brawn GP et les points sont difficilement atteignables. A Monaco, il tient un moment la dixième place jusqu'à ce qu'une plaque d'égout décollée ne provoque une sortie de piste dans la montée de Sainte Dévote. Mais au fur et à mesure que la saison avance, la machine bleue et blanche retrouve de la performance et désormais, les top 8 sont de plus en plus atteints. Quatrième à Valence, cinquième à Silverstone, Barrichello démontre là encore que son âge avancé n'est en rien un frein à la performance. Sur le Hungaroring, il se bat contre son grand rival allemand dans les derniers tours pour un modeste point. Mais alors que la porte s'ouvre sur la ligne droite des stands, le pilote Mercedes tasse sans retenu la Williams contre le mur des stands, à quelques centimètres du béton. Sans se dégonfler, le brésilien force le passage et s'impose au freinage, non sans montrer sa frustration face à ce geste dangereux. Sa fin de saison sera marquée par de nombreuses incursions parmi les dix premiers mais surtout par la pole surprise de son équipier à Interlagos alors que lui n'est que sixième. A Singapour, petit événement : Barrichello devient le premier pilote à passer le cap des 300 départs en Formule 1, une longévité exceptionnelle qui ne se termine pas encore. En 2011, il rempile mais un problème de taille se pose. Les caisses sont bien vides chez les anglais qui doivent faire venir un pilote payant, un certain Maldonado. Le Vénézuélien, bien qu'il apporte de l'argent, casse beaucoup de voitures. Le développement s'en trouve limité mais surtout, ce sont les nouvelles gommes Pirelli qui posent problème. Sa campagne sera désastreuse, marquée par deux petites entrées dans les points à Monaco et Montréal. Au grand-prix d'Abu Dhabi, son trois-cent vingt-troisième, Rubens Barrichello quitte le grand cirque de la Formule 1, remplacé par un certain Senna, neveu de son idole. La boucle est bouclée.

Sa science du pilotage s’étaya sur différents championnats après la Formule 1. Indycar, Stock Car brésilien, endurance, GT avec de belles épreuves telles que les 500 Miles d’Indianapolis, les 24 Heures du Mans ou les 24 Heures de Daytona. Il retourna même faire quelques piges en karting avec un coup de volant toujours maîtrisé. Le succès sera même souvent au rendez-vous en Amérique du Sud avec plusieurs titres et victoires en Stock Car. Sa passion entraîne avec lui son fils, pilote lui aussi, contre qui il n’hésite pas à courir tout autour du globe. Rubinho restera très attaché à la Formule 1 malgré son départ. Son expérience et son talent n’auront pourtant pas suffit à le propulser au plus haut des classements. Comme Coulthard chez McLaren, le brésilien n’aura jamais pu vraiment y mettre de sa patte, notamment dans ses années Ferrari. Sa plus grosse désillusion reste sûrement celle de Brawn GP avec une arme qui devait le faire enfin couronner. Restera malgré tout sa longévité exceptionnelle sur dix-huit saisons et même si son nombre de départs est battu et sera dépassé par nombre de pilotes actuels, Rubens Barrichello demeurera le premier aux 300 Grands-prix.

Rubens Barrichello en chiffres...

Meilleur classement en championnat du monde F1 :

2e (2002, 2004)

Grands-prix :

323 (326 engagements)

Victoires :

11

Podiums :

68

Poles Position :

14

Meilleurs Tours :

17

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