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Ralf Schumacher

Le nom de famille n’offre pas le talent mais face à un frère multiple champion du monde, mieux vaut ne pas se laisser faire, pas vrai Ralf Schumacher ?

Six ans plus jeune que son grand frère Michaël, Ralf sera aussi rapide pour se mettre au volant de son premier kart à seulement trois ans. Passionné de compétition automobile comme toute sa famille, il suit son frère aîné gravir à grande vitesse les échelons du sport automobile mais malgré tout, la réussite le pousse lui aussi à s’essayer derrière un volant en compétition. Ainsi, en 1991, alors qu’il n’a que seize ans, il dispute le championnat allemand de karting, qu’il remporte, avant de doubler la mise un an plus tard. Cela lui vaudra d’être remarqué par des équipes de F3 en vue d’un possible futur engagement dans les années futures. En 1993, il termine second en Formule BMW avant d’accéder enfin à la F3, achevant sa campagne allemande sur le podium, comme en 1995. Cette année-là, il se classe second au fameux grand-prix de Monaco mais surtout, remporte le très relevé grand-prix de Macao de F3, comme son frère cinq ans auparavant. Cette victoire de classe lui ouvre de nombreuses portes et de nouveaux challenges s’offrent à lui. Si Michael avait choisi le chemin de l’endurance et Mercedes, Ralf prend la direction du Japon pour le très reconnu championnat de Formule nippon. Novice dans la catégorie, il apprivoise très rapidement sa nouvelle machine et après dix meetings et deux victoires, le voilà couronné au pays du soleil levant. Sa carrière prend un nouveau tournant, faisant encore plus résonner le nom de Schumacher autour du globe…

Et en 1997, le contrat est signé. C’est chez Jordan que le jeune allemand débute son aventure Formule 1 aux côtés de Fisichella. En rejoignant Michaël, Ralf complète la fratrie Schumacher, quinze ans après les frères Fabi, sans oublier les Scheckter, Fittipaldi ou les Rodriguez. Si beaucoup voient l’arrivée du cadet comme un gros coup de publicité, son talent derrière un volant fera vite taire les critiques. Si son premier départ à Melbourne se termine au bout de deux tours sur casse de la transmission, il ne lui faudra que trois meetings pour déjà grimper sur son premier podium, en Argentine. Auteur d’un très beau sixième temps sur la grille, il profite d’un accrochage impliquant son frère à l’extinction des feux pour se faufiler parmi les leaders pour terminer à seulement douze petites secondes du vainqueur Villeneuve. La Jordan 197 se montre plutôt performante mais la fiabilité du V10 Peugeot lui fait grandement défaut. A Monaco, il rate une belle occasion de briller sous la pluie, tapant le rail très tôt dans l'épreuve alors qu’il évoluait parmi les premiers. A Montréal, c’est un pneumatique crevé qui le conduit à l’accident dans le premier virage mais plus de peur que de mal pour le pilote Jordan, quitte pour une belle frayeur. Mais cette grosse frayeur n’atténue en rien son envie de briller, la démonstration étant faite avec le troisième temps des qualifications lors du grand-prix suivant, à Magny-Cours. Sixième à l’arrivée, l’allemand retrouve enfin le chemin des points, tout comme lors des des trois meetings suivant avec autant de cinquièmes positions. A Spa-Francorchamps, il sort de la piste lors du tour de mise en grille, le poussant à s’élancer des stands en tentant un pari osé : partir en slicks sur une piste trempée. Le choix ne sera pas si mauvais puisqu’en quelques boucles, une trajectoire sèche apparaît mais une erreur de pilotage à la mi-course condamnera tous ses espoirs. Ce sera même pire au Nürburgring, pour le grand-prix d’Europe. Dès le premier virage, Ralf se fait harponner par son équipier italien avant de percuter la Ferrari de son frère. Les trois hommes abandonneront, un gros rebondissement dans la course au championnat. Finalement, sa fin de campagne sera moins réussie mais l’arrivée du moteur Mugen-Honda à partir de 1998 pourrait bien changer la donne. Mais cette année-là, alors qu’il est rejoint par Damon Hill, la Jordan est moins bonne et surtout, largement dépassée par les McLaren et Ferrari. De plus, le plus jeune des Schumacher peine à se faire apprécier de ses collègues à cause de son arrogance et son manque d’humilité. La 198 n’est pas aussi bonne qu’escomptée mais l’allemand domine souvent son équipier champion. Cela ne se voit pourtant pas au final puisqu’à mi-saison, il n’a toujours aucun point au compteur. Il rejoindra enfin le top 6 à Silverstone, alors qu’il partait avant-dernier, profitant des conditions dantesques en fin de course pour remonter ses concurrents. De nouveaux dans les points en Autriche et en Allemagne, il passa proche de l’exploit en Belgique, terminant deuxième derrière Hill, offrant ainsi le seul et unique doublé de Jordan. Pourtant plus rapide, Ralf n’avait cependant pas l’autorisation d’attaquer l’anglais, de peur de risquer un bête accrochage entre les deux. Il remonta une fois de plus sur le podium en Italie, deux rangs derrière son frère, une première dans l’histoire de la discipline. Sa fin de collaboration avec Jordan se traduira par deux abandons successifs sur problème de frein, une aventure courte mais riche d’enseignements sur son talent et son envie de progresser. Un trait auquel Williams ne resta pas insensible…

Car l’écurie de Grove à besoin d’un meneur. Suite au départ de Villeneuve et de Frentzen, l’équipe anglaise n’a plus de pointure à disposition mais surtout, elle recherche un pilote ayant les épaules pour mener au plus haut niveau le projet BMW à partir de 2000. Pour cette nouvelle saison, Ralf fait équipe avec une star outre-Atlantique : Zanardi. La FW21 est une bonne voiture mais son moteur Supertec, ex Renault, est un peu poussif, bien que fiable. D’entrée de jeu, l’allemand frappe un grand coup en terminant troisième d’une course complètement folle à Melbourne, un top 3 plus que chanceux mais qui appellera de nombreux autres beaux coups d’éclat. Outre cette casse moteur à Imola et cet accident au Loews à Monaco, le pilote Williams accumule les points, prenant même la troisième place à Silverstone, là où son frère sort violemment et se brise une jambe. Sa belle série s’arrête sur l’A1-Ring où, suite à un tête-à-queue, il perd toutes chances d’inscrire de nouvelles unités. Il y parviendra en Allemagne puis en Belgique et en Italie, là où il décroche un second podium cette année-là, échouant pour trois petites secondes dans sa quête de victoire face à la Jordan de Frentzen. Sur le Nürburgring, une belle opportunité s’offre à lui lors d’un grand-prix tout sauf ennuyant. Profitant des nombreux accrochages et de la météo changeante, Ralf pointe en tête durant huit tours, pour la première fois de sa carrière, et semble se diriger vers ce succès tant attendu lorsqu’une crevaison ruine tous ses espoirs. Après une sortie de piste en Malaisie, l’allemand clôture sa saison avec la cinquième position au classement pour finalement terminer sixième du championnat en ayant, fait rare, inscrit tous les points de son équipe. Du changement est attendu en 2000, tout d’abord avec l’introduction du V10 bavarois mais aussi avec le recrutement d’un jeune talent anglais, Jenson Button. Les débuts du bloc allemand sont difficiles mais Ralf en prend rapidement la mesure et signe, d’entrée de jeu, une troisième place à Melbourne. Ce beau résultat sera suivi de plusieurs arrivées dans les points, mais trop loin des leaders. Au Nürburgring, à Monaco et à Montréal, il abandonne sur accident sans jamais être réellement le coupable, excepté en principauté. Si le jeune Schumacher se défend bien, il ne peut que constater la montée en puissance de son voisin de garage anglais, faisant rapidement jeu égal avec lui. Cinquième en France puis en Hongrie, il remonte enfin dans le top 3 à Spa-Francorchamps et à Monza, mais à près d’une minute des vainqueurs. Alors que son grand frère glane un magnifique troisième titre à Suzuka, l’autre allemand connaît une fin de campagne ratée avec trois retraits en autant d’épreuves, pas la meilleure des manières de se projeter sur 2001...

Pour sa cinquième saison, Ralf connaît un tout nouvel équipier : le fougueux Juan-Pablo Montoya. Mais contrairement aux années précédentes, l’allemand ne débute pas par une belle performance mais par un terrible accident. Percuté par Villeneuve au freinage du troisième virage, il s’échoue dans les graviers alors que la BAR volante percute un commissaire qui décèdera de ses blessures. Cinquième à Sepang, il renonce une nouvelle fois à Interlagos, pris au piège des conditions changeantes.Mais l’arrivée en Europe renversa totalement la tendance. La Williams s’affiche comme l’une des meilleures monoplaces, notamment grâce à son moteur très puissant. Ainsi, à Imola, R.Schumacher prend la troisième place sur la grille et dès le départ, il s'immisce en tête sans jamais plus la quitter. Le succès tant attendu arrive enfin mais alors qu’il tenait d’autres bons résultats, les abandons se succèdent. Trois courses plus tard, sur le circuit Gilles Villeneuve, il mène la vie dure à son frère durant toute l’épreuve et au final, c’est bien lui qui récolte les lauriers devant son aîné, une première historique, forcément mémorable pour la famille Schumacher. Quatrième pour le grand-prix d’Europe, il s’installe, pour la première fois de sa carrière, en pole position à Magny-Cours, menant plusieurs tours avant de finalement se faire battre par Michael pour un nouveau doublé fraternel. Puis à Hockenheim, là où l’autre Schumacher provoque involontairement la cabriole de Burti, la puissance du BMW propulse les Williams loin devant, Montoya devant Ralf. Mais lorsque le moteur du premier explose, c’est bien l’allemand qui prend la tête, remportant ainsi sa troisième victoire de la saison. Si son grand frère vole vers une quatrième couronne mondiale, ses nombreux pépins et abandons le prive sûrement d’une deuxième place au championnat. Un nouveau podium en Italie viendra grossir son palmarès s'étoffant peu à peu pour finalement achever cette fabuleuse campagne au quatrième rang du championnat, son meilleur résultat jusqu’ici. S’il a impressionné Frank Williams, c’est pourtant son équipier colombien qui attire les caméras et journalistes, de par son style de pilotage et ses luttes épiques avec M.Schumacher. Le combat entre pilotes Williams tournera d'ailleurs à l’avantage du sud-américain à partir de 2002 et ce, même si Ralf réalise de solides performances et de nombreux podiums. A noter l’utilisation de lunettes sous son casque, fait rare en sports mécaniques, lui procurant, selon ses dires, une vision bien plus claire de la course. Sa saison s’ouvre pourtant sur une énorme frayeur à Melbourne avec un impressionnant crash au départ. Alors qu’il tenait une trajectoire milieu de piste, Barrichello se rabat devant lui au freinage. Hélas, l’allemand ne put éviter la Ferrari, décollant sur plusieurs mètres avant de s’échouer très loin dans les dégagements. Il se rattrapera lors de la deuxième épreuve à Sepang, sécurisant la victoire et le doublé des Williams-BMW. Mais le reste du temps, et malgré cinq nouveaux podiums, Montoya se montre plus entreprenant et engrange plus de points que Ralf, bien loin de la masterclass établie par son frère, auréolé très tôt d’une cinquième étoile historique. Cette fois-ci, c’est le colombien qui termine devant au championnat, troisième, huit points devant l’allemand. Ce dernier comprend alors que l’avenir sera bien plus compliqué qu’il ne l’était jusque-là...

Pourtant, 2003 s’annonçait être une saison grandiose en raison de la grande forme de la FW25 mais malgré cela, Ralf peine à marquer de gros points. Lors des sept premiers meetings, il ne grimpe sur aucun podium, là où son équipier tient la deuxième place à Melbourne et la victoire à Monaco. Son rythme de course n’est pourtant pas si mauvais mais en cette année 2003, la concurrence est rude et les Ferrari et McLaren ne sont pas très loin. A Monte-Carlo, c’est pourtant Ralf qui prend la pole position, un petit exploit qui se transformera en désillusion après une stratégie manquée. Il reprendra le meilleur temps des qualifications au Canada mais une fois encore, la victoire lui échappe. Elle revient finalement à son frère, terminant à peine plus de sept dixièmes devant lui, soit l’arrivée la plus serrée entre les deux frangins. Battu par Raikkonen et Michael sur un tour chrono au Nürburgring, il balaye enfin le signe indien le dimanche en remportant son premier grand-prix de la saison. Il recommencera en France, à Magny-Cours, s’emparant de la première place en qualifications puis en course pour ce qui restera son dernier succès en catégorie reine, déjà. A ce moment précis, le cadet Schumacher ne pointe qu’à neuf petits points de son aîné et mathématiquement, tout est encore jouable. Pourtant, la deuxième partie de campagne tourna défavorablement en sa faveur, à l’inverse de Montoya qui se même, quant-à-lui, à la bagarre finale face Michael et Raikkonen. Pour Ralf, cette fin de saison est un calvaire. Il ne monte sur aucun autre podium et pire encore, il se voit obligé de déclarer forfait à Monza suite à des blessures occasionnées par un crash quelques jours auparavant sur ce même circuit. Sa saison se conclue au cinquième rang des pilotes, une sacré déception après un milieu de campagne extraordinaire. En 2004, Williams fait un choix audacieux en adoptant un nez étrange qui ne s’avéra d’aucune utilité. De plus, personne ne peut arriver à la cheville des Ferrari en cette année 2004 tant la F2004 est supérieure à la concurrence. Ralf ne connaîtra plus le succès passé à bord de cette machine moins performante que sa devancière. S’il rentre quatre fois dans les points en cinq courses, il enchaîne également les abandons. Le moteur en Malaisie, la boite à Monaco, un accrochage au départ au Nürburgring, de quoi perturber son retour au avant-postes. Il y parvient presque au Canada où après avoir signé la pole, il mène la vie dure à son frère qui s’impose finalement. Mais quelques heures après l’arrivée, les commissaires disqualifient les Williams et les Toyota pour freins non-conformes. Le grand-prix des Etats-Unis lui réservera une encore moins bonne surprise. A l’aube du neuvième tour, l’un de ses pneumatiques explose à l’abord du virage du Speedway. La Williams part en tête-à-queue avant de taper très violemment le mur en béton extérieur, un choc enregistré à 78G. L’allemand perd subitement connaissance et la lenteur des secours n’arrange pas les choses. Finalement, le pilote est évacué, sous les yeux de Michael, jetant un coup d'œil à chaque passage devant la monoplace détruite de son frère. Plusieurs fractures de vertèbres sont observées, l’obligeant à se tenir écarté des circuits pendant presque six mois. Il reprendra son volant pour les trois derniers rendez-vous de la saison, terminant brillamment deuxième à Suzuka, derrière son frère, évidemment. Pour Ralf, il est temps d’avancer vers d’autres projets. Son départ de l’écurie de Grove est imminent et c’est pour Toyota que penche son cœur, une écurie en plein développement et aux moyens colossaux qui compte bien se faire une place de choix auprès des plus grands...

Mais jusque-là, l’écurie nipponne n’a guère brillé mais le changement de règlement de 2005 pourrait bien bouleverser la hiérarchie établie par la Scuderia depuis plus de cinq ans. Pour Ralf, c’est le moment rêvé pour rebondir après son échec chez Williams mais rapidement, l’allemand se rend compte du non-potentiel de sa machine. Il récolte pourtant quelques points à quelques reprises mais les podiums sont loin. Après deux quatrièmes places à Bahreïn et à Barcelone, il espère prendre sa revanche à Indianapolis, un an après son terrible accident. Hélas, le sort frappe de nouveau. En essais libres, alors qu’il réalise un tour rapide, l’un de ses pneumatiques éclate au même endroit qu’un an auparavant, provoquant le même accident. Cette fois, le choc est moins violent et Ralf s’en sort sans dommages mais ce crash ne sera pas sans conséquences pour le reste du plateau puisque après analyse, Michelin annonce ne pas pouvoir fournir de gommes suffisamment résistantes pour le passage à pleine vitesse dans le banking. L’affaire prend une tournure exceptionnelle puisqu’au bout du compte, seules les six voitures chaussées de Bridgestone sont autorisées à prendre le départ. Malgré quelques petits points, il réalise une pole historique à Suzuka, devant les japonais mais le dimanche, la course sera toute autre et sous le drapeau à damier, il ne se classe que huitième. Sa belle régularité lui vaudra la sixième place finale, un plutôt bon résultat avant la descente aux enfers. En 2006, les premières contre-performances arrivent et malgré une troisième place à Melbourne, Ralf perd du terrain sur Trulli. Classé en fond de top 8 ou au-delà, il ne parviendra pas à hisser sa Toyota aussi qu’il l’avait fait en 2005, dégringolant au dixième rang final, son plus mauvais résultat depuis 1998. Cette même année, son grand frère annonce sa retraite, faisant de Ralf le seul Schumacher présent sur la grille mais la légende allemande ne le suivra pas et en 2007, les résultats sont tout bonnement catastrophiques. La TF107 est une mauvaise monoplace et très souvent, son pilote joue les seconds rôles en deuxièmes moitié de grille. De plus, son équipier Trulli prend l’ascendant en cours de saison. Schumacher semble démotivé, agacé par la situation. Face à ces contre-performances, Toyota ne prolonge pas son contrat de titulaire. Après seulement onze saisons, le voilà sur le carreau.

Ralf tentera de rebondir chez Force India en 2008, sans succès. Dès, il comprit que la Formule 1 ne voulait plus de lui. Lui qui évoluait depuis toujours dans l’ombre de son frère n’aura jamais pu avoir la notoriété de son aîné champion. Comme beaucoup de pilotes retraités, l’allemand tente de se refaire un nom en DTM mais en cinq saisons, il ne remportera aucune épreuve. En 2012, la décision est prise : fini le sport automobile, tout comme son frère, pourtant revenu en catégorie reine. Si la fin de carrière est abrupte, le cadet n’aura pas démérité et malgré la pression du nom Schumacher, Ralf aura démontré de belles qualités derrière un volant, impressionnant même Michael à de nombreuses reprises. Depuis peu, il réapparaît sur le devant de la scène et dans les paddocks de F1 pour suivre son fils David ou commenter des courses avec peut-être, qui sait, l’espoir de réunir à nouveau deux Schumacher sur la grille de départ...

Ralf Schumacher en chiffres...

Meilleur classement en championnat du monde F1 :

4e (2001, 2002)

Grands-prix :

180 (182 engagements)

Victoires :

6

Podiums :

27

Poles Position :

6

Meilleurs Tours :

8

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