Nigel Mansell
C’est le moustachu le plus connu de l'histoire de la Formule 1. Britannique atypique, Mansell fut souvent moqué pour ses bourdes mais son talent et sa prise de risque en épatèrent plus d’un.
Sa passion pour le sport auto arriva avec sa présence au grand-prix de Grande-Bretagne 1962. Dès lors, son futur est dessiné. Pendant treize saisons, l’anglais court en karting où il y décroche plusieurs victoires et titres. Ce n’est qu’en 1976 que Mansell passa à l'échelon supérieur avec la Formule Ford qu’il domina outrageusement. Mais en 1977, sa carrière aurait pu prendre un tournant dramatique. Sous la pluie de Brands Hatch, le crash est si violent qu’il lui brise le cou. La paralysie est évitée mais les douleurs subsisteront. La suite logique le vit apparaître en F3, réalisant quelques solides performances mais l’argent manque et l’anglais ne peut continuer. Alors, ses parents vont jusqu’à vendre leur maison pour offrir un budget supplémentaire à leur fils mais l’erreur est désormais interdite. Tout débute bien mais un accident avec Andrea de Cerasis l’envoie une nouvelle fois à l'hôpital. La fin de la saison approche et un certain Chapman, observateur en recherche de futurs talents, lui tend une invitation pour tester une de ses Formule 1 en vue d’intégrer sa structure à partir de 1980. La chance d’accéder au haut niveau est toute proche, mais encore faut-il faire forte impression. Sur le circuit Paul Ricard, Mansell se confronta à d’autres futurs noms de la F1. La place de titulaire lui échappe, mais celle de réserviste est quand-à-elle acquise. Un premier pied dans la cour des grands.
C’est donc depuis les stands que Mansell contemple la Formule en 1980, enfin presque. Pour le grand-prix d’Autriche, Chapman lui offre la possibilité de courir face aux plus grands pilotes pour le remercier de son rôle de pilote d’essai. La Lotus n’est pas très performante et c’est en dernière position que l’anglais s’élance. En course, alors que son cockpit était inondé d’essence, il renonça des suites d’une casse moteur. Deux autres grands-prix sont alors prévus pour lui, sans grands succès. A Zandvoort, une sortie de piste le contraint à l’abandon, alors qu’à Imola, ce sont les qualifications qui lui sont fatales. Mais à l’issue de la saison, Andretti, alors pilote Lotus, s’échappe pour Alfa Roméo, laissant donc un baquet vacant. C’est l’occasion rêvée pour Mansell qui débute enfin sa “vraie” carrière en Formule 1. Mais dès le début, c’est la désillusion. La Lotus 88 et son double-châssis sont jugés illégaux et c’est donc avec la vieillissante 81B que l’anglais et son équipier De Angelis commence l’année 1981. La monoplace peu performante limite les coups d’éclat mais pourtant, Mansell s’en tira plutôt bien. Malgré plusieurs accidents et problèmes de fiabilité, il parvient à accrocher la troisième marche du podium en Belgique, pour le plus grand plaisir de son écurie. Les épreuves se suivent mais ne se ressemblent pas et la nouvelle 87 ne change rien. Seule une quatrième place à Las Vegas pour la dernière manche de la saison redonna du baume au coeur à une écurie Lotus en perdition. En 1982, la 91 est bien meilleure que sa devancière et la troisième place au grand-prix du Brésil laisse entrevoir quelques brins d’espoir. Malheureusement, la course canadienne mit un coup d’arrêt à la saison de Mansell. Après le tragique accident de Paletti, l’épreuve repart mais après quelques boucles, l’anglais percute Giacomelli et se fracture le poignet. Résultat, pas d’épreuve hollandaise, abandon chez lui suite à une reprise prématurée, absence en France, sa saison est désormais bien compromise. Le retour se fit en Allemagne mais les séquelles sont encore présentes et les points ne viendront plus en cette année 1982. Pire encore, le 16 décembre 1982, Chapman décède d’une crise cardiaque. Mansell est terriblement affecté par cet évènement. Celui qu’il considérait comme son parrain était l’un des seuls qui lui portait grande estime au sein de l’écurie Lotus. Désormais, les nouveaux dirigeants de la firme britannique ne sont plus de son côté, portant toute leur attention sur De Angelis. Ce dernier aura même l’opportunité de disposer de la nouvelle monture en premier pour 1983. La saison n’est qu’une succession d’abandons et de contre-performances. L’arrivée de la 94T pour la manche anglaise améliora quelques peu les choses, l’anglais rentrant dans les points à trois reprises, dont une belle troisième place, à Brands Hatch. Il faudra attendre 1984 pour enfin voir une Lotus en meilleure forme. Mais si la monoplace est rapide, Mansell est trop brouillon. Après six courses, il compte déjà trois abandons sur accident. Seule sa troisième place en France laisse entrevoir une légère satisfaction de son équipe. A Monaco, il parvient à mener pour la première fois une course mais plante sa monture noire et or dans le rail. S’en est trop pour le team anglais qui annonce sa séparation avec le moustachu. Sur le très critiqué circuit de Dallas, l’anglais réalise cependant sa première pole position en carrière. En course, il s’autorise à bloquer tout le monde et à fermer toutes les portes, ce qui ne manqua pas d’énerver le pourtant très fermé Rosberg. Mais une fois le bouchon Lotus sauté, le rythme est plus dur à tenir, d’autant que les températures caniculaires font souffrir les pilotes. Dans le dernier virage, la boite rend l’âme après un contact avec le mur et la Lotus s’arrête à quelques mètres de la ligne d’arrivée. Mansell sort alors de sa voiture et commence à la pousser, mais finit par s’évanouir à côté de sa monture, à bout de force. Quatrième en Allemagne, puis troisième aux Pays-Bas, ainsi aurait pu s’achever la carrière du britannique.
C’était sans compter sur Williams qui lui offrit une place de choix avec ses monoplaces très en verve avec leur nouveau moteur Honda. Mais Mansell a du mal avec sa nouvelle monture et n’accroche que quelques points, loin de son nouvel équipier Rosberg. Au Canada, un numéro “5” rouge arbore la carrosserie de sa monoplace, lui valant le surnom de “Red Five” durant toute sa carrière. Sur le circuit du Castellet, la deuxième séance de qualifications tourne au drame. Dans la grande ligne droite, un pneumatique explose sur sa Williams qui s’écrase, après une folle embardée, derrière plusieurs rangées de grillage. Le malheureux a pris une roue dans la tête et est inconscient. Plus de peur que de mal pour l’anglais, sonné et touché par une commotion cérébrale, qui déclare logiquement forfait pour le grand-prix de France. Jusque là, la saison n’est pas glorieuse et les prises de risques inutiles commencent à faire grincer des dents chez Williams. Mais à quatre courses du but, c’est un Mansell transformé qui court, bien aidé par les récentes modifications de sa FW11. Sous la pluie de Spa-Francorchamps, il réalise un bel exercice d’équilibre pour s’adjuger la seconde place derrière Senna. Mieux encore chez lui à Brands Hatch où, après s’être élancé troisième, il s’empare de la tête pour ne plus la quitter. Le moustachu tenait enfin sa première victoire en championnat du monde de Formule 1. Fort de ce premier succès, il récidiva dès la manche suivante, écrasant la concurrence avec la pole et la victoire, sans jamais laisser le commandement. La machine semble enfin lancée et 1986 doit être l’année du triomphe. Avant même l’entame de saison, l’écurie Williams est touchée de plein fouet : Frank Williams vient de subir un grave accident et se retrouve paralysé. De plus, Mansell doit faire avec un nouvel équipier en la personne de Piquet mais les relations s’avèrent désastreuses, le brésilien se moquant très souvent de l’anglais. Mais une chose est sûre : la monoplace blanche, bleue et jaune est celle à battre en cette saison 1986. Dès la première course, l’anglais faute encore, accrochant Senna dès le premier virage. Il se rattrape à Jérez où il échouera en deuxième place, à quatorze petits millièmes de Senna. Les points s’accumulent et les victoires aussi, comme en témoignent ses succès à Spa-Francorchamps, à Montréal, au Castellet ou encore à Brands Hatch, après une féroce lutte face à son coéquipier brésilien. Au championnat, Mansell fait partie du trio, avec Piquet et Prost, prétendant au titre. Après sa victoire à domicile, l’anglais enchaîne les podiums, quatre en cinq courses, dont un nouveau triomphe à Estoril. A deux courses du but, le titre est désormais très proche. Au Mexique, il ne termine que cinquième, repoussant l’échéance à Adélaïde pour la dernière manche. S’il termine quatrième ou mieux, l’anglais est champion, dix ans après le dernier britannique couronné, Hunt. Et le week-end débute bien avec une nouvelle pole à ajouter à son escarcelle. En course, les pneumatiques se dégradent et seul Prost décide de s’arrêter. Mais quelques tours plus tard, la McLaren de Rosberg voit l’un de ses pneus partir en lambeaux. Chez Williams, l’alerte sonne. Mansell et Piquet sont rappelés à leur stand, mais il est trop tard : à plus de 300 km/h, l’anglais subit la même avarie que le finlandais. Sa monture devient alors incontrôlable mais le moustachu parvient à la maintenir en place avant de l’arrêter dans l’échappatoire. S’en est fini pour lui, comme pour son équipier, contraint de s’arrêter également. Prost empoche les lauriers, Williams est très frustré.
Après la terrible déception de Mansell et Williams, les anglais cherchent à se rattraper. La FW11B est encore plus performante que sa devancière mais comme à son habitude, le moustachu se remet mal de la pause hivernale et malgré la pole d’entrée de jeu, il ne termine que sixième. Sans Piquet au départ à Imola, l’anglais s’impose facilement avant de connaître un printemps plus compliqué. Les choses s’éclaircissent à nouveau en France avec la victoire au Castellet, puis chez lui à Silverstone, au terme de ce qui reste très probablement sa plus belle course en carrière. A plus de vingt-cinq secondes de son leader en pneus usés, Mansell cravacha comme jamais jusqu’à revenir dans le sillage de la Williams pour effectuer un audacieux mais intelligent dépassement sur Piquet à Stowe. La foule est en délire et envahit la piste pour porter leur pilote en triomphe. L’anglais semble être sur un petit nuage mais les démons refont surface et le condamne à deux abandons consécutifs, dont celui en Hongrie alors qu’il était en tête à moins de cinq tours de l’arrivée. Le titre semble peu à peu s’envoler mais sa persévérance le fera gagner trois des cinq course suivantes et ainsi recoller à son coéquipier Piquet. Scène cocasse en Autriche où après sa victoire, Mansell est ramené au pied du podium avec son équipier brésilien et Fabi. Alors qu’il saluait la foule debout à l’arrière d’un pick-up, le moustachu n’aperçu pas le portique en béton qui se dressait à sa hauteur. C’est donc complètement sonné qu’il grimpa sur la plus haute marche du podium. Sa dernière course de l’année se dispute à Suzuka et si Piquet est mieux placé, l’anglais n’a pas dit son dernier mot. Malheureusement, l’excès est à nouveau de mise : durant les essais, la Williams sort très violemment des “S” de Suzuka, tapant le mur par l’arrière avant de décoller. Touché au dos et aux vertèbres, là où il s’était blessé dix ans plus tôt, il n’a d’autres choix que de renoncer. La couronne s’échappe définitivement mais le plus important reste la santé. Pas tout à fait remis pour 1988, “Red Five” sait qu’il peut faire une croix sur sa saison avant son entame. La raison ? La disparition du V6 Honda, remplacé par un Judd atmosphérique. L’année est ultra dominée par McLaren et Mansell enchaîne les abandons. La pluie de Silverstone arrangea quelque peu le calvaire de Williams mais les succès ne sont plus là et les places d’honneur sont chères. De plus, c’est la varicelle qui le toucha en cours d’année, le poussant au repos durant deux grands-prix. En milieu de saison, l’anglais signe chez Ferrari, un certain Enzo le voulant dans ses rangs. Ce dernier décèdera en août 1988. Décidément…
C’est donc à Maranello que l’anglais pose ses valises pour deux saisons. Celui que les italiens surnommeront “Le Lion”, en raison de son pilotage agressif, a le privilège de courir avec une innovation changeant la face de la Formule 1 : la boîte de vitesses automatique avec palettes au volant. Et d’entrée, Mansell marqua son terrain, remportant le grand-prix brésilien de main de maître. Pourtant, un incident qui ne pouvait arriver qu’à lui aurait pu compromettre sa course. En effet, l’attache soutenant le volant céda, obligeant son pilote à le maintenir tout en le tournant en virage, drôle de mésaventure. Un arrêt aux stands et un changement de volant plus tard, sa victoire était assurée. Mais le moustachu ne serait pas Mansell s’il ne commettait pas de bourdes. Sur le podium, l’anglais s’entaille la main avec son trophée, une bévue qui ne pouvait que lui arriver. Mais la joie est de courte durée. Le fabuleux système est fragile et la fiabilité du bloc italien reste à démontrer. Après quatre abandons successifs et une disqualification pour départ très anticipé au Canada, les choses s’améliorent pour l’anglais et Ferrari, réalisant de solides performances dont plusieurs podiums, et même une victoire en Hongrie. Cette dernière fut d’autant plus gratifiante pour Mansell, ne s’élançant que douzième sur un circuit où les dépassements sont presque impossibles. Mais au Portugal, c’est la catastrophe : alors qu’il menait la course, le moustachu manque son emplacement d’arrêt aux stands. Sans attendre ses mécaniciens, ce dernier enclenche sa marche arrière, manoeuvre interdite. La sanction est immédiate, c’est la disqualification. Mais le pilote de la Ferrari n°27 ne bronche pas et poursuit sa course comme si de rien n'était, malgré la présence du drapeau noir. Trois tours plus tard, Mansell harponne Senna. En plus de sa non-classification à l’épreuve, le voici suspendu pour la suivante. Coup dur pour l’anglais. Les deux dernières courses ne seront guère mieux, deux abandons ternissèrent un peu plus sa fin de saison. Et les nouvelles ne vont pas en s’arrangeant : Prost rejoint la Scuderia, un os de plus dans la quête d’une première couronne pour Mansell. Rapidement, l’équipe est à l’entière disposition du français, l’anglais travaillant bien moins avec ses ingénieurs. La saison est un cauchemar : successions de pannes mécaniques, contre-performances. Il faudra attendre le Mexique pour retrouver un Mansell incisif, auteur d’un incroyable dépassement sur Berger dans le tout dernier virage pour la seconde place. A mi-saison, l’anglais décide de se retirer de la Formule à la fin de l’année. Le titre se joue entre Senna et Prost et le moustachu a tout intérêt à aider son équipier pour endiguer la menace brésilienne. Au Portugal, il fit tout le contraire. Premièrement, il tassa le français au départ. Deuxièmement, il s’empara de la première marche du podium, courant peut-être la couronne à l’autre pilote Ferrari.
L’heure de la retraite semble avoir sonnée pour Mansell. C’était sans compter sur Williams, à la recherche d’un nouveau pilote pour mener l’équipe. Le moustachu accepta sans attendre. La seconde aventure avec l’écurie anglaise pouvait commencer. Le nouveau V10 Renault est prometteur mais encore jeune. Quatre abandons en six courses, sa saison débutait mal. Au Canada, il mène solidement la course, n’étant jamais inquiété. Dans le dernier tour, en arrivant à l’épingle, l’anglais lève les bras pour saluer la foule. Ce geste lui sera fatal. En effet, l’absence de changement de rapport à ce moment précis provoqua la coupure et l’extinction pure et simple de son moteur français. A cinq-cents mètres de l’arrivée, c’est l’abandon. A la suite de la superbe lutte avec Patrese qui ne le laisse que second au Mexique, Mansell se ressaisit enfin : victoire en France puis à Silverstone, et à Hockenheim deux semaines plus tard. L’anglais remonte au championnat sur Senna, son principal rival mais malheureusement, sa fin de saison est en dent de scie. S’il s’impose à Monza et à Barcelone, après avoir dépassé Senna dans la ligne droite principale, roues contre roues à 300 km/h, il dut renoncer en Belgique et au Portugal. Ce dernier est d’ailleurs provoqué par son équipe, laissant repartir leur pilote avec une roue non serrée qui se détacha de la voiture directement. Une nouvelle fois, c’est lors de la dernière manche, à Suzuka, que tout se joue. Comme à son habitude, Mansell en fit un peu trop. Déventé derrière son rival brésilien, le moustachu perd le contrôle de sa Williams dans le premier virage et échoue dans les graviers. Le titre est perdu, encore une fois. Arriva l’année 1992 et l’introduction de la version B de la Williams FW14 et sa fameuse suspension active. Avec cette arme, Mansell est imbattable. Lors des cinq premières courses, aucune ne lui échappe, ni la pole, ni la victoire. A Monaco, c’est avec aisance qu’il mène une course que tout le monde pensait jouée. Mais à huit tours du but, la Williams rentre aux stands. L’anglais se plaint du comportement de sa monoplace mais l’équipe n’y voit aucun défaut et le renvoie en piste. Entre temps, Senna est passé. Le moustachu se lance dans une course folle pour dépasser le brésilien, en vain. Il échoua de quelques centièmes, extrêmement déçu. A Montréal, Mansell commet une nouvelle boulette, partant de trop loin pour dépasser le brésilien. Pour la première fois de la saison, sa Williams est sur le carreau. Malgré cette bévue, sa motivation est plus forte que jamais et les grands-prix de France, de Grande-Bretagne et d’Allemagne ne sont qu’une formalité pour lui. Après dix épreuves, il en a déjà remporté huit. Cette fois, le titre ne peut pas lui échapper. C’est chose faite dès la course hongroise. Après trois places de vice-champion, Mansell décroche enfin la timbale. A trente-neuf ans, il était temps. Auréolé de la couronne mondiale, l’anglais en profite pour demander quelques sous supplémentaires à son patron. Ce qu’il va apprendre lui fera très mal : Williams annonce ne pas le reconduire pour les prochaines années, le remplaçant par Prost dès la saison suivante. Cette fois c’est décidé, Red Five quittera la Formule 1. Sa fin d’année sera décevante, le moustachu ne glanant qu’une victoire à Estoril. Après un ultime accrochage avec Senna à Adélaïde, Mansell dit adieu à la Formule 1, enfin, pas vraiment.
Fraîchement titré, Mansell digère mal son remplacement et s’en va trouver refuge aux Etats-Unis dans le championnat CART. D’emblée, l’anglais sort les crocs et signe la pole, le meilleur tour et la victoire pour sa première course. Après une grosse sortie à Phoenix, le moustachu s’habitue vite aux pistes ovales et passe même très proche du succès aux 500 Miles d’Indianapolis. Avec cinq victoires, il décroche le titre pour sa première participation au plus grand étonnement de tous. La même année, il dispute une course du BTCC qui se termina par un nouvel accident, le sonnant quelque peu. Auréolé de sa couronne américaine, Mansell retente sa chance en 1994 mais cette année-là, les Penske sont trop fortes. Ce qui devient fort également, c’est l’envie de retourner en Formule 1. L’occasion rêvée se présente enfin lorsque Frank Williams le rappelle pour le grand-prix de France. C’est donc dans une équipe meurtrie par la perte de Senna qu’il débarqua. Malheureusement, la transmission abrégea son week-en de course plus tôt que prévu. Le moustachu retourna dans le pays de l’Oncle Sam pour y terminer sa mauvaise saison, ponctuée d’un accrochage sous drapeau jaune lors de la course la plus rapide du monde. Mais une fois son aventure américaine terminée, Red Five reprit du service pour trois nouvelles épreuves chez Williams. Et c’est dans les graviers qu’il termina le grand-prix d’Europe, avant de mener une course plus sage sous la pluie de Suzuka. Pour la dernière manche à Adélaïde, théâtre de l’accrochage Hill-Schumacher, Mansell réalisa la pôle et après l’élimination de ses deux rivaux, fila vers son ultime succès en Formule 1. Sa carrière aurait pu s’arrêter là mais l’anglais avait décidé de tester toutes les grandes écuries. Il signa, à la surprise générale, chez McLaren pour la saison 1995. La suite fut bien moins glorieuse. En effet, il s’avère que le moustachu ne soit pas assez maigre pour entrer dans la monoplace anglaise. Sans chassis sur mesure, il ne peut participer aux deux premiers rendez-vous de l’année. C’est à Imola qu’il retrouve la piste, qu’il finira par quitter après un accrochage avec Irvine. La manche suivante à Barcelone le verra renoncer après à peine une vingtaine de boucles, la monoplace étant inconduisible. Cette comédie avait trop duré pour Dennis qui renvoya immédiatement Mansell. S’en était définitivement fini de la Formule 1. Enfin, pas totalement puisque l’anglais participa à quelques tests avec Jordan, sans suites. Après quelques temps éloigné des circuits, il réapparaît pour quelques courses dans le relevé championnat de voitures de tourisme britannique au volant d’une Ford Mondeo. La plupart du temps, c’est dans les barrières que termine sa voiture mais lors du douzième round de l’année, sur le circuit de Donington, le moustachu fit parler de lui. Sur une piste noyée par la pluie, il surnage et mène l’épreuve malgré les différents contacts avec les Nissan et Vauxhall. Il échouera à la cinquième position au terme de ce qui reste l’une des courses les plus épiques de l’histoire des sports mécaniques. En 2001, lors d’une démonstration de Formule 1 à Donington dans une Minardi bi-place, Mansell commit une nouvelle boulette en s’accrochant avec Fernando Alonso à la sortie de la chicane finale. En 2005, il participa aux Grand-Prix Masters, une compétition regroupant d’anciennes stars de la Formule 1. Il y remporta deux courses sur les trois organisées avant de disparaître quelques années du sport automobile. Ce n’est qu’en 2010 que son retour est annoncé. L’anglais a en effet décidé de disputer les 24 Heures du Mans avec ses deux fils. Au bout de cinq tours, une crevaison envoie son prototype dans le mur. C’est l’abandon pour le champion 1992, désormais dépourvu de son iconique moustache.
Nigel Mansell en chiffres...
Meilleur classement en championnat du monde F1 :
Champion du monde (1992)
Grands-prix :
187 (192 engagements)
Victoires :
31
Podiums :
59
Poles Position :
32
Meilleurs Tours :
30