Mika Häkkinen
C’est peut-être le plus grand rival de M.Schumacher, l’un des seuls à l’avoir malmené et battu et pourtant, son histoire aurait pu se terminer dramatiquement quelques années auparavant…
C’est chez lui, en Finlande, que Mika Häkkinen fit ses classes de sports mécaniques. A cinq ans, il dispose déjà de son propre karting et rapidement, les compétitions s'enchaînent. Le gamin est doué et ses parents le remarquent bien vite. A sept ans, le finlandais accroche sa première victoire et trois ans plus tard, son premier titre. Dans les années 80, Häkkinen continue le karting en Scandinavie et s’avère être très performant. Face à de futurs grands pilotes, notamment Mika Salo et Tom Kristensen, le finlandais multiplie les victoires et remporte de nouveaux titres un peu partout dans son pays et en Scandinavie plus généralement. Son coup de volant le propulse aisément hors des frontières, notamment en Europe, pour couvrir plusieurs championnats. Il passera notamment par le petit tracé de Kerpen, fief des Schumacher, où un futur grand adversaire commençait à faire ses armes lui-aussi. En 1987, le voici rejoignant les championnats de Formule Ford finlandais, suédois et norvégiens, championnats qu’il remporta tous les trois. Un passage express et triomphant en Lotus-Euroseries l’envoi directement en Formule 3 britannique, peut-être le plus relevé des championnats de promotion. Son acclimatation se fait doucement mais après une année pour apprendre, 1990 sera l’année pour gagner. Pour clôturer cette belle campagne, quoi de mieux que de chercher la victoire dans la plus célèbre des courses de F3 : Macau. La classique asiatique se compose de deux courses où les résultats sont combinés pour former le classement final. En qualifications, le jeune blondinet arrache la pole position devant un certain Michael Schumacher. Les deux hommes ne se quitteront presque pas lors de la première manche mais l’ordre initial n’évoluera pas. Pour la deuxième, on prend les mêmes et on recommence. Le résultat précédent sert de nouvelle grille de départ et une fois de plus, c’est le finlandais qui caracole en tête. Cependant, une petite erreur de pilotage ouvre grand la porte à l’allemand qui n’hésite pas une seule seconde pour s’infiltrer. Blotti dans ses échappements, Häkkinen sait qu’un écart inférieur à moins de deux secondes lui assurera la victoire au cumul des temps. Mais dans l’avant-dernière boucle, c’est le le futur Kaiser qui rate son entrée en virage. L’opportunité de repasser devant est trop belle pour le finlandais qui court sous les couleurs rouge et blanche bien connues en Formule 1. Tapi dans l’ombre de l’allemand, Mika se laisse aspirer et s’apprête à déboiter la machine de tête mais au même moment, Schumacher opte pour la même trajectoire. Le contact est inévitable. Si l’homme de tête s’enfuit avec un aileron arrière brisé, Häkkinen perd le contrôle de sa machine qui vient s'écraser dans les barrières. Le Scandinave est fou de rage car il comprend que sa meilleure chance de figurer au plus haut vient de s’envoler. Mais tout n’est pas perdu pour lui. Suivi par celui qui deviendra bien vite son mentor, Keke Rosberg, Mika va connaître un revirement de situation en se voyant proposer un volant en Formule 1 sans passer par la case F3000. Son palmarès déjà bien rempli lui ouvre grand les portes de la catégorie reine chez Lotus, avant même que celui qui l’a sorti quelques jours plus tôt ne fasse son entrée dans la cour des grands. Après un premier test sur une Benetton, le voici plongé dans le grand bain, au plus haut niveau…
C’est donc en 1991 que l’aventure Formule 1 débute enfin. L’écurie anglaise a définitivement perdu de sa superbe après les départs de Senna et Piquet quelques années plus tôt. Les finances sont au plus bas et les plus gros sponsors ont quitté le navire. Lotus n’est plus qu’une équipe de fond de tableau qui risque fort de disparaître d’ici quelques années si les résultats ne sont plus au rendez-vous. Le moteur Judd est peu performant et surtout peu fiable. Sa première course se soldera par un abandon sur incendie à Phoenix, non sans avoir au préalable connu un étrange pépin avec le détachement de son volant en pleine course ! Cet incident rythmera toute sa saison. Voiture lente, très fragile, peu maniable, voilà qui ne peut lui permettre de briller. Pourtant, à Imola, alors qu’il s'élançait vingt-cinquième, le voilà dans les points, à la cinquième place finale, bien aidé, il est vrai, par les abandons des autres pilotes. Ce petit exploit, un peu chanceux, lui ouvre la porte des points. A l’inverse, en France, il subit l’affront de la non-qualification, la première. S’il ne retrouve pas le top 6 du reste de l’année, Häkkinen se classe très souvent mieux que ses différents équipiers dont un certain Herbert qui lui donnera du fil à retordre. C’est d’ailleurs avec ce dernier que le finlandais poursuit son association chez Lotus pour 1992. Poussée par un nouveau moteur Cosworth, sa monture semble meilleure que sa devancière malgré des problèmes de fiabilité récurrents. Au Mexique, pour la deuxième de la saison, il grimpe au sixième rang, là où son éternel rival M.Schumacher décroche son premier podium. Mais à Imola, c’est la douche froide. Des casses moteur à répétition le font louper le coche de la qualification. La Lotus 102D tire enfin sa révérence pour laisser place à la 107 et là, le ciel se découvre quelque peu. Là où il ne voyait quasiment que la dernière ligne, le voici désormais dans le ventre mou du peloton à batailler face aux Footwork, Tyrrell, Jordan ou March pour les derniers points attribués. Ce sera le cas à cinq reprises, notamment en France et en Hongrie avec, à la clé, deux quatrièmes places. Le podium était presque envisageable sur le Hungaroring si Berger ne l’avait pas devancé de quatre petites secondes avec sa McLaren. L’envie de jouer devant titille Häkkinen qui décide de prendre sa carrière en main et de viser les top teams. Malgré quelques différends juridiques avec son équipe et son contrat le liant, il parviendra pour autant à se défaire de l’écurie Lotus, s’approchant premièrement de Williams avant de finalement trouver refuge chez McLaren, notamment grâce à Ron Dennis. Le transfert de sa carrière venait d’être acté…
Si Häkkinen revêt les couleurs blanche et rouge de McLaren en 1993, ce n’est pas en tant que titulaire. Avec un Senna signant pour une année de plus, aligné aux côtés de Michael Andretti, aucune place n’est disponible pour le finlandais. Mais avant la fin de la saison, coup de théâtre : l’américain est licencié à trois courses du but pour manque de résultats, propulsant Hakkinen au rang d’équipier d’un triple champion du monde. Pour sa première course, il réalisa même la performance de se qualifier devant le recordman de poles position, Ayrton Senna. S’il renonce sur accident alors qu’il jouait très nettement le podium, il se rattrapera lors de la manche suivante à Suzuka, grimpant sur son premier podium avec la troisième place finale sous des conditions délicates. La dernière course en Australie ne sera pas une réussite mais l’image de sa McLaren décollant sur un vibreur lui alloue le surnom de “finlandais volant”. Face à cette très bonne entrée en matière et suite au départ de Senna, le voici officiellement titularisé, et pour longtemps. Accompagné par Brundle, le pilote McLaren doit faire face à un nouveau défi : l’arrivée du V10 Peugeot. Malheureusement pour lui et son équipe, il n’y a que sur le papier que le bloc français performe. Les ennuis de fiabilité seront conséquents et coûteront très cher au team de Woking comme à Häkkinen. En sept courses, il ne verra qu’une seule fois l’arrivée, en troisième place, lors du terrible grand-prix de St Marin, là où son ex-équipier poussait son dernier souffle. Ce même brésilien qu’il accrocha au départ du grand-prix du Pacifique, bien involontairement. La manche espagnole sera également une grande désillusion pour lui. Alors qu’il entrevoyait enfin la possibilité de jouer les premiers rôles face à Hill, son moteur explose dans un panache de fumée. Ce n’est qu’à la mi-saison, alors que son écurie joue à domicile, que l’éclaircie arrive. Quatrième sous le drapeau à damier mais troisième sur le podium après la disqualification de Schumacher, voilà de quoi remobiliser les troupes. Principal auteur du carambolage au départ à Hockenheim, il sera contraint de rester spectateur pour le grand-prix hongrois, un rude rappel à l’ordre. Mais cela ne l’empêche pas de reprendre sa marche en avant avec la troisième place en Belgique, avant même de remonter d’un rang après le déclassement, une fois encore, de Schumacher. Le V10 français se porte mieux. Plus puissant, plus robuste, il pousse désormais les McLaren vers des podiums certains mais en coulisses, on prépare déjà l’arrivée d’un nouveau motoriste : Mercedes. Ce changement de moulin ne réduit en rien les espoirs de victoire du finlandais qui récolte bon nombre de points fin 1994 avec notamment, une succession de quatre podiums. Quatrième au classement des pilotes, Mika ne peut que constater la suprématie, peut-être discutable, de Schumi, celui-là même qui l’avait privé du triomphe à Macau quatre ans auparavant. Fort d’une campagne 1994 bien achevée, le finlandais volant place, comme son équipe, beaucoup d’espoir en le V10 Mercedes : erreur. S’il est très puissant, le bloc de Stuttgart est aussi fragile que du verre et son nouvel équipier, en la personne de Nigel Mansell, ne performe plus autant. Quatrième pour l’ouverture de saison à Interlagos puis cinquième à Imola, Häkkinen démarre doucement et croit en ses chances mais avec huit courses consécutives sans points, en partie dû à sept abandons, les petites lueurs d’espoirs disparaissent. il profitera du tumulte des manches italienne et japonaise pour enfin scorer des podiums avec deux deuxièmes positions sous le drapeau à damier. Son épopée sera pourtant entrecoupée par un repos forcé après une crise d’appendicite, lui faisant louper la manche d’Aida. Conscient que le chemin vers le haut de classement reste encore assez loin, le finlandais veut terminer sur une note positive à Adélaïde. Hélas, ce dernier meeting dans la ville australienne n’aura pas le souvenir escompté. Lors d’une séance de qualifications, un pneu explose sur sa McLaren, l’envoyant directement dans les barrières. Les secours arrivent immédiatement sur place et retrouvent le finlandais, inconscient, ensanglanté. Les secondes passent et le pilote plonge dans un état critique. C’est le Dr Watkins qui le sauva de ce terrible accident, le finlandais s’étouffant littéralement avec sa langue avalée. S’il est plongé pendant deux jours dans un coma artificiel, son état, jugé grave dans un premier temps, s’améliora jour après jour. Un grand ouf de soulagement est poussé par le monde entier mais pourra-t’il encore piloter ? 1996 nous le dira…
Après de longues semaines de repos, la grande nouvelle apparaît au grand jour : Mika Häkkinen est jugé apte à piloter ! Désormais aligné face à Coulthard, le finlandais met un point d’orgue à perfectionner sa voiture et son moteur pour lutter face aux Williams, Benetton et Ferrari. Le duo sera d’ailleurs le réel fer de lance de McLaren-Mercedes et ce, pour de très nombreuses saisons. Malheureusement, et même si le bloc allemand a gagné en puissance, la première place est inaccessible. Pour autant, il réalisa de bonnes courses, marquant souvent des points, mais sans faire de réels coups d’éclats. A Monaco, il passe proche du podium mais il finira par être pris dans l'invraisemblable carambolage de fin de grands-prix avec Salo et Irvine. De petits points par-ci par-là, voilà ce que récolte le finlandais en première partie de saison. L’épreuve de Silverstone sera cependant un tourna dans sa campagne. La monoplace performe davantage et le plus souvent, tous les tours sont bouclés. Ainsi, à Silverstone, Spa-Francorchamps, Monza et Suzuka, la troisième marche du podium l’attend mais la plus haute reste inatteignable. La frustration est encore plus grande lorsque son rival Schumacher commence à redresser une Scuderia en grande crise depuis des années avec plusieurs victoires à son actif. Cinquième du championnat, largement devant son équipier écossais, Mika ne peut qu’observer le gouffre qui le sépare des Hill, Villeneuve, Schumacher ou Alesi. L’année 1996 n’est pas la sienne, peut-être que 1997 le sera. En cette nouvelle saison, McLaren change de cigarettier et dans le même temps, de livrée. Fini l’iconique rouge et blanc installé depuis plus de vingt ans, c’est désormais sous une robe noire et grise que concourrent celles qui deviendront les véritables flèches d’argent de l’époque. La MP4/12 est plutôt bien née et pour la première course, Häkkinen signe un premier podium mais ce résultat garde un goût amer. Ce jour-là, c’est Coulthard qui ramasse les lauriers, une première pour McLaren depuis plus de quatre ans. S’il rentre dans les points lors des quatre premières manches, ses résultats sombrent au cœur du printemps et de l’été. La mécanique lui joue des tours et ses accrochages avec Alesi et Irvine à Monaco et au Canada n'arrangent rien. A Silverstone, il mène la danse lorsqu’à cinq boucles du but, son V10 expire une dernière fois. Ce premier succès se refuse toujours à lui, comme si la scoumoune n’était faite que pour lui. Sur l’A1-Ring, pour le grand retour de l’Autriche au calendrier, il s’offre un départ phénoménal mais avant même l’issue de ce premier tour, son moteur le trahi. Le cheminement sera identique sur le Nürburgring, pour le grand-prix du Luxembourg. Ce meeting avait pourtant été coché chez Mercedes mais en l’espace de deux petites boucles, la maison-mère fronce les sourcils. Après avoir mené la grande majorité de l’épreuve, les flèches d’argent tombent successivement en panne, au grand dam de Norbert Haug, le patron de la firme à l’étoile. A Jerez, lors d’un final de championnat tronqué, Villeneuve, alors sûr d’être champion, ralentit ostensiblement le rythme, laissant volontairement revenir les McLaren sur lui. Häkkinen, qui le suivait de loin, se retrouve blotti dans ses échappements à l’abord du dernier tour. Sans forcer, le finlandais volant ravit la première place au canadien avec une facilité déconcertante, ce dernier ne cherchant clairement pas à disputer la victoire. Après quatre-vingt-seize départs, Mika Häkkinen remporte enfin son premier grand-prix en Formule 1, six ans après ses débuts. Titulaire de ses premiers lauriers, il devient également recordman pour ce qui est du gap entre son premier meeting et son premier succès, record qui tiendra trois ans avant de revenir à Barrichello. Mais le jeune lauréat aimerait gagner de lui-même. Le changement de règlement en 1998 pourrait bien faire balancer les choses du bon côté, enfin, si la voiture tient la distance…
1998, année du renouveau en Formule 1. Les grosses révolutions réglementaires chamboulent le classement. En ouverture de saison, ce sont les McLaren-Mercedes qui se montrent les plus véloces et pas qu’un peu. Häkkinen, auteur du meilleur tour en qualifications, est en route pour un deuxième succès de rang lorsqu’un un appel au stand par erreur de son équipe lui fait perdre le monopole du leadership au profit de son équipier. Une consigne sera finalement passée pour réarranger l’ordre initial et c’est donc en vainqueur que le finlandais croise le drapeau à damier avec pas moins d’un tour d’avance sur Frentzen, alors troisième. La MP4/13 donne immédiatement un coup de massue à la concurrence et Mika compte bien profiter de cette supériorité. Pour la manche brésilienne, rebelote. Le désormais triple vainqueur de grand-prix s’affiche comme leader du championnat mais également d’équipe face à un Coulthard un peu trop tendre. Oui mais voilà, McLaren a un caillou dans la chaussure : Michael Schumacher. Si la Ferrari est moins performante, le talent inné de l’allemand gomme presque tous les défauts de la F300 si bien qu’en Argentine, Häkkinen l’observe lui voler la vedette en haut du podium. Le duel homérique entre les deux hommes venait officiellement de débuter. Le finlandais volant accroche à son palmarès le grand-prix d’Espagne puis de Monaco avant que la saison ne connaisse un nouveau tournant. Écoeuré d’être si loin des McLaren, Ferrari travaille d’arrache-pied pour remonter sur les anglais. La lutte entre équipiers pour la tête se transforme alors en duel à trois avec l’arrivée d’un Kaiser plus véloce que jamais. En empochant trois succès de rang, le baron rouge recolle au championnat alors que dans le même temps, les choses se gâtent pour les gris. Problème de transmission au second départ au Canada et départ manqué à Magny-Cours, voilà qui n’arrange pas la situation comptablement parlant. A Silverstone, Häkkinen mène mais l’arrivée subite d’un orage puis la pression exercée par Schumacher sous ses conditions le poussent à la faute dans l'enchaînement Maggots-Becketts-Chapel. Mais dans le dernier tour, coup de théâtre : l’allemand plonge dans la voie des stands et purge une pénalité tardive. Le finlandais passe la ligne mais c’est bien aux italiens que la victoire revient sur décision de la direction de course. Sur le Hungaroring, il est le mieux armé pour s’imposer mais une audacieuse stratégie de Ross Brawn chez Ferrari l’oblige à s’avouer vaincu. Pire encore, une MP4/13 très instable le relègue en fond de zone des points, de quoi voir l’écart au championnat diminuer drastiquement. En Belgique, Häkkinen parvient à éviter le terrible carambolage du premier départ mais au second, le voici accroché par Herbert dès le virage de la Source. C’est l’abandon. Le finlandais est dépité mais plus tard dans la course, son grand rival percute Coulthard, alors retardataire. Pas de points de perdu, tout est bon à prendre. A Monza, les flèches d’argent sont toujours aussi véloces et personne ne peut réellement les contrer. Pourtant, une casse moteur pour Coulthard et une grossière erreur de la part de Häkkinen offrent à la Scuderia une opportunité en or de briller chez les leurs. A deux courses du terme, voilà que M.Schumacher revient ex-aequo au tableau des scores. La pression est grande sur les épaules du petit blondinet qui sait pourtant tenir là sa plus belle carte en carrière. Comme en 1990, les deux hommes vont cravacher pour arracher un titre mérité. Victorieux sur le Nürburgring, le finlanais s’approche un peu plus du Graal mais Suzuka est encore là. L’intraitable piste niponne ne mettra pas longtemps à choisir son grand gagnant. Au moment de s’élancer, le poleman Schumacher subit une avarie sur sa Ferrari, le repoussant en fond de grille. Libéré de son principal problème, Mika n’a qu'à dérouler et après l’impressionnante crevaison touchant Schumi, le championnat est entériné. A trente ans, Mika Häkkinen devient champion du monde de Formule 1, trois ans après s’être retrouvé entre la vie et la mort. La lutte aura été des plus intenses mais jusqu’au bout, il n’a cessé d’y croire. En 1999, c’est donc avec le numéro 1 que roule le finlandais. La Ferrari est désormais aussi performante que la McLaren et les leaders des deux écuries s’affichent comme les grands favoris de cette nouvelle saison. Le combat est rude mais respectueux entre le finlandais et l’allemand, se partageant à eux deux cinq des sept premières victoires de l’année. A Imola, alors qu’il était en tête, sa monture lui échappe dans la dernière chicane et s’écrase dans le mur. Mais à Silverstone, tout bascule. M.Schumacher est victime d’une terrible sortie de piste, lui brisant les jambes. Si le champion 1998 pense se retrouver sans adversaire, le voici confronté à la seconde machine rouge d’Irvine, plus motivée que jamais. Le milieu de saison ne réussit pas à Häkkinen, laissant filer de nombreux points à l’irlandais. Étonnement, il semble davantage fébrile, moins sûr de lui. Son talent ne s’est pas évaporé mais les bourdes sont trop régulières. En Autriche, Coulthard percute son équipier au premier tour, le faisant plonger en fond de classement. Remontant un à un le peloton, le champion du monde en titre agrippa la troisième marche du podium sur ce qui reste, très probablement, la plus belle course de sa carrière. A Monza, il mène une course tranquille lorsqu’en arrivant dans la première chicane, au 30e tour, il descend un rapport de trop et perd le contrôle de sa McLaren qui s’enlise dans les graviers. Sa course est finie. Image surréelle lorsque le finlandais s’asseya sur la pelouse, en sanglots. Le championnat est totalement relancé, d’autant que M.Schumacher fait son grand retour en Malaisie pour prêter main forte à son équipier. Avant d’arriver au Japon, Irvine mène de quatre points. Le finlandais n’a alors qu’une mission : s’imposer. C’est donc un Häkkinen des grands jours qui s’élança de la deuxième place sur la grille. Face au Baron Rouge, il réalise un sans-faute pour s’adjuger la première position et les lauriers de champion du monde qui vont avec. Deux titres, voilà qui le met à égal de son grand rival allemand. Même si sa saison était loin d’être parfaite, Häkkinen a su tirer les bonnes ficelles pour triompher sur le fil mais que serait-il advenu si le baron rouge ne s’était pas blessé ? Personne ne le sera jamais mais qu’importe, ce n’est que partie remise en 2000…
Mais nouveau millénaire rime avec tout à refaire et avec un Schumacher bien rétabli, la tâche s’annonce ardue. La nouvelle MP4/15 est encore meilleure que sa devancière mais en face, les Ferrari F1-2000 ne déméritent pas. Trois fois poleman mais jamais vainqueur, voilà une entame de saison que ne souhaitait pas Häkkinen. Pire, Coulthard prend l’ascendant chez les gris, reléguant le finlandais en rôle de second pilote. Bizarrement, le champion en titre semble démotivé, moins intéressé. Le combat face à ce diable de Schumacher serait-il trop éprouvant ? Rien n’est certain, sauf peut-être son coup de volant, toujours bien présent. A Montmelo, pour le grand-prix d’Espagne, il profite des malheurs de l’allemand aux stands pour lui voler la vedette et remporter son premier succès de l’année. La machine se relance petit-à-petit et le double champion finlandais retrouve du poil de la bête. Toujours dans les points lorsqu’il n’abandonne pas, très propre en piste mais toujours aussi véloce, Mika se rappelle aux bons souvenirs de tous et au milieu de l’été, il reste l’un des trois prétendants à la couronne avec Coulthard et M.Schumacher. Victorieux en terres autrichienne et hongroise, le finlandais retrouve même le haut du classement au championnat. A Spa-Francorchamps, il réalisa l’un des plus grands dépassements de l’histoire sur son adversaire mais ami, Schumi. Alors que les deux hommes rattrapaient Zonta, attardé, l’allemand choisit de déborder la BAR par l’extérieur dans la ligne droite de Kemmel. Profitant d’une double aspiration, Häkkinen opte pour la trajectoire intérieure. Au moment de freiner au virage des Combes, les jeux sont déjà faits. Le pilote McLaren savoure ce troisième succès qui le propulse largement vers un troisième sacre. L’écart se réduit à deux points à l’issue de la course de Monza, mais toujours à l’avantage de la flèche d’argent marquée du numéro 1. La tournée extra-européenne sera juge de paix, une fois encore. Mais à Indianapolis, pour la première aux USA depuis 1991, tout se gâte. Au premier tiers de course, son V10 Mercedes cède. Les unités laissées à l’adversité ne reviendront jamais. Désormais distancé par la Ferrari, Mika ne pourra que contempler l’achèvement de la mission du Baron Rouge, titré avec la Scuderia dès le grand-prix du Japon. Très fair-play, Mika sera le premier à saluer Michael pour sa conquête réussie même si, l’avouant de lui-même qu’il n’aurait pas craché sur une finale à suspense supplémentaire. Ce coup de massue encaissé fin 2000 se ressentira très nettement en 2001. Battu pour la première fois à armes “presque” égales, Häkkinen veut se ressaisir et faire taire les rumeurs l’envoyant précipitamment en retraite. Cela ne cessera jamais de faire parler tout au long de la saison, notamment suite à l’arrivée de l’un de ses compatriotes au drôle de caractère : Kimi Raikkonen. Malheureusement pour le double champion du monde, ces dires trouveront un semblant de vérité après tant de contre-performances. La MP4-16 est très fragile et bien moins performante que les machines de la Scuderia. En sept meetings, pas une victoire, pas un podium, un cataclysme pour un pilote de la trempe de Mika Häkkinen. Cette descente aux enfers aurait pu prendre fin en Espagne mais les démons de la fiabilité en auront décidé autrement. Alors qu’il entamait, en tête, le dernier tour du grand-prix, son embrayage grille. La pauvre McLaren s'arrête péniblement à quelques kilomètres du drapeau à damier, un cruel destin pour celui qui semble prendre de moins en moins de plaisir au volant. Même Coulthard, pourtant resté dans son ombre depuis le début de leur partenariat en 1996, prend les devants. Il lui faudra attendre Silverstone pour retrouver la délivrance de la victoire et avec la manière. Trente-trois secondes de marge sur le Baron Rouge, ne voilà un exploit. Mais cela suffira-t’il à redonner confiance et motivation au finlandais ? Pas vraiment. Bien plus discret, évasif, distant, Häkkinen ne laisse planer aucun doute sur son avenir. A l’aube de la manche italienne, il annonce prendre une année sabbatique pour mieux se retrouver, se ressourcer. Un dernier succès à Indianapolis viendra clore ce chapitre McLaren, presque cent points derrière le plus grand rival de sa carrière. A quand le retour ?
Malgré de nombreuses rumeurs le ramenant en Formule 1 en 2002, 2004 ou 2006, il n’en sera rien. Häkkinen s’essaya au DTM durant trois saisons, remportant trois courses avant de s’essayer au GT en 2019, sans grand succès. Son choix de l’année sabbatique restera un grand mystère, lui qui avait le talent suffisant pour titiller son adversaire de toujours, Schumacher. Discret, pointilleux, efficace, Mika avait tout d’un grand champion, ce qu’il deviendra après tant d’attente. Sa persévérance au sein d’une écurie McLaren en déclin depuis le départ de Senna aura fini par payer jusqu’à atteindre les sommets et les deux étoiles mondiales de la fin du dernier millénaire.
Mika Häkkinen en chiffres...
Meilleur classement en championnat du monde F1 :
Champion du monde (1998, 1999)
Grands-prix :
161 (165 engagements)
Victoires :
20
Podiums :
51
Poles Position :
26
Meilleurs Tours :
25