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Damon Hill

Être le fils d’un champion du monde n’est pas toujours chose aisée, sauf quand vous le devenez à votre tour. Tel fut le cas pour Damon Hill.

Le nom de Hill à toujours été couronné de succès en Formule 1. Bien qu’il n’y ait aucun lien entre Phil et Graham, les deux hommes auront pourtant apporté leur patronyme au panthéon de la discipline, en 1961 pour le premier, en 1962 et 1968 pour le second. C’est d’ailleurs ce second personnage qui est lié à Damon, le moustachu étant son père. Pourtant, rien ne prédestinait le fils de champion à se diriger lui aussi vers la compétition automobile. Pour lui, c’est plutôt la musique et le rock, une distraction bien différente. A ses quinze ans, alors que son avenir était encore flou, son père décide de raccrocher le casque pour se consacrer uniquement à sa petite écurie. Pour le jeune anglais, c’est le moment idéal pour nouer des liens avec son paternel après tant d’années loin l’un de l’autre. Mais quelques mois plus tard, Graham Hill meurt dans un accident d’avion. Damon, qui a déjà vécu les morts de Clark à la télé et Siffert en direct, est terriblement bouleversé. Cette souffrance le hanta un long moment. A ses vingt ans, Hill s’achète sa première moto. Les deux-roues sont une véritable passion chez lui, bien plus que l’automobile. En 1981, il débute sa carrière de pilote moto, bien que passant la majorité de son temps à travailler pour payer son matériel et les frais d’inscriptions. Mais en 1983, changement de cap. Il rejoint la firme Elf et la monoplace, moins dangereuse que la moto selon sa mère. Étonnement, le jeune Hill impressionne d’emblée avec son style de pilotage précis et calme. A partir de 1984, il s’initie à la Formule Ford avant de remporter six épreuves l’année suivante dans les deux championnats britanniques de la discipline. En 1986, alors qu’il comptait s’engager en F3 avec le team champion en titre, son équipier trouve la mort lors d’une séance d’essai. De plus, son principal sponsor le lâche. Damon n’a pas d’autre choix que de patienter une année supplémentaire. Il retente sa chance en 1987, malgré un crédit de 100 000 livres à rembourser. Par chance, son chemin croisa celui de George Harrison, l’ex-Beatles amoureux de sports mécaniques, qui lui offrit de quoi régler son importante dette. Après plusieurs saisons en F3 et F3000, ponctuées de plusieurs succès, les sponsors commencent à manquer. Il se fait toutefois remarquer par certains directeurs d’équipe qui n'hésitent pas à l’engager en F3000. En 1991, il rejoint le Eddie Jordan Racing mais avec l’engagement de Jordan en Formule 1, la petite structure de F3000 est quelque peu délaissée. Fort heureusement pour lui, il décroche, cette même année, un poste de pilote essayeur chez Williams-Renault, ce qui lui vaudra d’être particulièrement remarqué par les pilotes et le staff technique. L’histoire de Hill en catégorie reine prenait enfin forme.

Mais pour commencer à haut niveau, pas question de piloter chez Williams. La FW14B, véritable bijou de technologie, restera entre les mains de Mansell et Patrese. A la place, Damon signe un contrat dans la déclinante écurie Brabham et ses voitures roses. Les résultats seront catastrophiques : six non-qualifications en huit épreuves, le constat est alarmant. Et pourtant, c’est bien chez Williams que Hill se dirige en 1993 en tant que titulaire, bien aidé, il faut dire, par l’appui de Patrick Head, directeur technique de l’écurie de Didcot. C’est donc affublé du numéro zéro, fait rare en Formule 1, que l’anglais, déjà âgé de trente-trois ans, réalise le grand saut. Mais de l’autre côté du garage, c’est une légende de la discipline qui récupère la seconde voiture : Alain Prost. La nouvelle FW15C est annoncée comme plus performante et encore mieux équipée que sa devancière championne du monde. La saison démarre à Kyalami et après un bon départ, l’anglais prend la seconde place mais quelques mètres plus loin il perd le contrôle de sa monture et sème la zizanie dans le peloton. S’il parvient à repartir dans le bon sens, il finira par abandonner lors de sa remontée, percuté par un Zanardi sorti de nul part. A Interlagos, Hill se qualifie second, mais à une seconde pleine de son équipier. Mais en course, la pluie rabat les cartes et après l’accident de son leader, le pilote Williams gère et croise la ligne en deuxième position. C'est son premier podium en Formule 1, le premier d’une belle série. Sur la piste détrempée de Donington, derrière un Senna des grands jours, il réalise une splendide performance d’équilibriste, étant le seul pilote dans le tour du pauliste à l’arrivée. A Imola, alors qu’il avait pris le commandement à l'extinction des feux, une panne de frein l’oblige à terminer sa course dans le bac à sable. Une casse moteur en Espagne plus tard, l’anglais rappelle à tout le monde que sa place n’est pas dû à son nom mais à son talent, comme le démontre ses trois podiums consécutifs à Monaco, au Canada et en France avec en prime, la pole position à Magny-Cours. La première victoire lui échappe toujours mais désormais, elle n’est plus vraiment loin. Pourtant, ses chances de titres semblent limitées, les espoirs de l’écurie de Didcot se portant plus sur Prost. Chez lui, à Silverstone, tout est réuni pour enfin remporter son premier grand-prix. Très proche de la pole, il ne perd pas de temps pour prendre le leadership à son équipier. Dominant comme jamais, Damon semble plus proche que jamais de la plus haute marche du podium quand son V10 Renault explose dans un panache de fumée au deux-tiers d’épreuve. La déception est immense pour l’anglais qui ne manque pourtant pas d’humour pour analyser la situation. L’histoire se répète à Hockenheim où à deux tours du but, une crevaison l’oblige à lâcher le commandement du grand-prix pour terminer loin de la tête. Mais le revirement de situation tant attendu arrive enfin en Hongrie. Leader de bout en bout, Damon Hill savoure son premier succès en Formule 1, bien aidé par les abandons de ses deux principaux rivaux, Prost et Senna. Libéré de la pression de la première victoire, Hill en enchaîne deux autres en Belgique et en Italie, avant de terminer la saison entre le troisième et quatrième rang. Cette première campagne complète, bien que remportée par son équipier, est une réussite totale. Mais en 1994, un changement de taille est apporté : Senna rejoint l’écurie anglaise pour remplacer Prost, tout juste retraité. La FW16 n’est pas aussi évidente à piloter, notamment à cause de l'interdiction des aides au pilotage. Les premiers meetings sont archi dominés par Schumacher et sa Benetton, grand animateur de la saison passée. Mais à Imola, l’histoire bascule : Ratzenberger et Senna décèdent en piste lors du week-end italien. Le brésilien laisse derrière lui une équipe meurtrie à relever et c’est Damon Hill qui s’y engagea. Après un succès chanceux en Espagne grâce à la boîte de vitesses bloquée de Schumacher, l’anglais accumule les podiums, retrouvant le chemin de la victoire chez lui, à Silverstone, après la disqualification imposée au pilote allemand. Mais cette saison 1994 pris une tournure très politique, ce qui affecta grandement le côté sportif. Jugé coupable lors du grand-prix de Grande-Bretagne, le futur septuple champion allemand écopera de deux grands-prix de suspension, de quoi ravir Hill qui lui reprend de nombreuses unités. A Spa-Francorchamps, c’est encore une disqualification de Schumacher qui lui permet de retrouver le chemin de la victoire. L’écart au championnat se resserre de plus en plus mais jamais les deux hommes ne se sont retrouvés face à face à lutter. Ce sera chose faite à Suzuka, dans des conditions dantesques, avec un succès autoritaire mais grandiose de l’anglais qui recolle à un petit point de son rival avant la dernière manche. Et quelle dernière manche. Le championnat se joue à Adélaïde mais rapidement, l’allemand s’envole. Mais à mi-course, ce dernier commet une erreur et touche le mur. Au virage suivant, Hill, qui avait vu la Benetton s'abîmer contre le muret en béton, s’engouffre pour prendre la tête mais au même moment, Schumacher ferme la porte. Les deux monoplaces s’accrochent, c’est l’abandon pour les deux hommes. La faute est tout de suite rejetée vers le nouveau champion du monde mais un excès d’optimisme de Hill est également rapporté. L’incident restera sans suite. C’est le début d’une grande mésentente entre les deux hommes…

Car en 1995, ces deux champions auront quelques altercations. Pour lancer la saison, à Interlagos, les deux hommes démarrent de la première ligne et si l’allemand prend la tête au départ, le jeu des arrêts ravitaillement est préférable pour Hill qui reprend son dû. C’était sans compter sur un bris de suspension qui l’envoya tout droit dans la pelouse. Fort heureusement pour lui, la suite ira dans le bon sens : victoire à Buenos Aires puis à Imola, voici l’anglais qui caracole en tête du championnat. A Barcelone, alors qu’il s’élançait depuis la pole position, Michael Schumacher prend le meilleur envol et fonce vers un nouveau succès, le propulsant en haut du classement, Hill ne se classant que quatrième. A partir de ce moment-là, l’allemand a pris le dessus. En pole à Monaco, l’anglais doit à nouveau s’incliner face au champion 1994 à cause d’une mauvaise stratégie à deux arrêts aux stands. L’écart commence à se creuser et il ne cessera jamais de s'accroître. A Montréal, alors que l’allemand est en proie à des soucis de fiabilité, Hill est contraint de stopper sur ennui de boîte de vitesses. Les désillusions s'enchaînent pour le fils de Graham qui voit même son jeune équipier David Coulthard lui mener la vie dure. A Magny-Cours, Damon est encore une fois le plus rapide en qualifications. S’il parvient à tenir tête à la Benetton au départ, le jeu des arrêts finira par dicter le résultat final. Bloqué dans le trafic des attardés, l’anglais perd une nouvelle chance de briller et de renverser la prise de pouvoir de son rival. Ce qui se passa à Silverstone en fut tout le contraire. Tout d’abord, avant même le début des essais, les deux hommes s’échangent des critiques par médias interposés, de quoi créer un petit feuilleton de l’été dans un paddock pas forcément amusé. Lors du grand-prix, les deux rivaux sont très proches l’un de l’autre et la Williams semble sensiblement plus rapide que la Benetton. A la sortie de la courbe rapide de Bridge, Hill plonge de très loin, trop loin. Alors que l’allemand prenait normalement son virage, la Williams le harponne violemment, provoquant la sortie des deux bolides dans le bac à graviers. Furieux, Schumacher évite totalement le regard de l’anglais. Les choses ne s’améliorent pas en Allemagne. Bien élancé en première place, il sorti de piste dès le deuxième tour, pour le plus grand bonheur des supporters allemands. La mi-saison est passée, le titre semble déjà à oublier. Il tenta de se ressaisir, rapportant un nouveau succès en Hongrie mais en Belgique, il tombe à nouveau sur un os nommé Michael Schumacher ! Dans des conditions changeantes, les deux pilotes tentent des paris différents. Mais quand la pluie tombe de manière plus importante, les slicks de l’allemand ne sont plus vraiment adaptés et pourtant, il continue sa course en tête, bloquant Hill de toutes les façons possibles. L’averse, brève, ne suffit pas à réellement détremper le circuit, ce qui permet à la Benetton de reprendre les devants. Lorsque l’orage éclate vraiment, les stratégies sont toutes les mêmes mais là encore, Hill va faire preuve de malchance en se voyant infliger une pénalité pour vitesse excessive dans les stands. Il remontera jusqu’en deuxième place, très loin de son rival pourtant parti seizième. En Italie, c’est le coup de grâce. Alors qu’il poursuivait le champion 1994, le pilote Williams se manqua totalement au freinage de la deuxième chicane, sans doute à cause du retardataire Inoue. Résultat, sa monture s’écrasa tout droit dans la Benetton, comme à Silverstone… Cette fois-ci, Schumacher sortit de ses gonds pour aller enguirlander l’anglais, responsable d’un nouvel accrochage. Le second titre de l’allemand n’est qu’une formalité à Aida, reste encore celui des constructeurs, bien mal engagé pour Williams. Pourtant, à une dizaine de tours du but à Suzuka, tout était encore possible. Mais l’apparition furtive de la pluie aura eu raison des deux machines bleues et blanches. Avec deux tête-à-queue et une pénalité en deux tours, Hill n’aura vraiment pas connu une course paisible. Un dernier succès en Australie n’y changea rien, Schumacher et Benetton sont déjà sur le toit du monde.

Mais en 1996, la donne change. Le nouveau double champion du monde se dirige vers Ferrari, une écurie qui peine à redresser la barre. De plus, son équipier Coulthard quitte Williams pour McLaren, de quoi libérer Hill de la pression de ses rivaux. C’était sans compter sur l’arrivée, à ses côtés, d’un canadien au nom connu de tous : Jacques Villeneuve. Nouveau venu de la Formule 1, il n’offrit clairement pas la vie facile à son nouvel équipier. La saison s’ouvre en Australie, sur le tout nouveau tracé de Melbourne. D’emblée, les Williams se montrent supérieures sur le plan performance et dominent outrageusement ce premier meeting de l’année. Mais entre les deux bolides, la guerre fait rage et étonnamment, c’est le nouveau venu qui se montre le plus souvent en tête. Ce n’est qu’à cause d’une fuite d’huile que l’anglais récupéra la victoire en toute fin d’épreuve, totalement souillé par la perte de fluide de son équipier. À Interlagos, il mène une course parfaite, menant de bout en bout, profitant par la même occasion de l’abandon de Villeneuve pour déjà accentuer son avance au championnat. L’histoire se répète à Buenos Aires, de quoi motiver comme jamais l’anglais, toujours en quête d’une première couronne mondiale. Mais au Nürburgring, pour le grand-prix d’Europe, un mauvais envol le plonge au cœur du peloton, laissant libre champ à l’autre Williams pour aller s’imposer. Ce personnage atypique de la discipline, malchanceux jusque-là, commence déjà à inquiéter Damon Hill, pourtant bien devant avec ses trois succès consécutifs. Il en ajouta d’ailleurs un quatrième à Saint-Marin avant de connaître son premier abandon sur casse moteur lors du fameux grand-prix de Monaco et ses trois voitures à l’arrivée. A Barcelone, l’anglais réalise la pole position mais le dimanche, la pluie s’abat violemment sur le tracé de Montmelo. Pourtant relativement à l’aise dans ses conditions, Hill abandonna sa première place après une sortie de piste, laissant son vieux rival Schumacher mener une course d’anthologie. Si c’est une Ferrari qui s’impose en Espagne, les Williams-Renault se rappellent aux bons souvenirs de tous au Canada, sur le tracé renommé avec le patronyme du père de Villeneuve, Gilles. Tout se joua dès le premier virage. Mieux placé à l’intérieur, Damon Hill s'engouffra pour virer en tête, une position qu’il tiendra quasiment tout le long des soixante-neuf tours. L’anglais semble métamorphosé en cette année 1996, visiblement libéré de la pression de ses rivaux. A Magny-Cours, il n'eut même pas le temps de souffrir de celle du poleman Schumacher, contraint de renoncer avant même le départ. La victoire du pilote Williams est facile mais en coulisses, tout n’est pas aussi rose. De nombreuses rumeurs font état d’un remplacement par Frentzen, star montante de la discipline. Si cela était avéré, l’avenir du leader du championnat serait des plus sombres. Toujours est-il qu’avec vingt-cinq points d’avance sur son dauphin, la suite de l’année laisse entrevoir un bel optimisme. Mais chez lui à Silverstone, c’est Villeneuve qui rafle la mise. Pour Hill, son grand-prix national se conclut dans les graviers après une casse mécanique. L’anglais rétablira rapidement l’ordre établi depuis l’entame de campagne en s’imposant à Hockenheim mais de plus en plus, la pression de se retrouver sans volant pour 1997 commence à se faire sentir. A Budapest, les deux Williams s’offrent une guerre sans mercis mais à la fin, c’est bien le canadien qui récupère les lauriers. Celui qui semblait voler sans soucis vers le titre apparait de plus en plus fébrile vis à vis de son équipier et de son écurie, ce qui se ressentira nettement sur sa fin de saison. A Spa-Francorchamps, Hill peine à tenir un bon rythme de course, abandonna de nouveau points à Villeneuve en ne terminant que cinquième. En arrivant à Monza, la nouvelle tombe : Damon Hill ne sera plus pilote Williams à compter de 1997, remplacé comme attendu par l’espoir allemand Frentzen. Même s’il ne veut pas songer à la retraite sportive, son avenir s’assombrit grandement. En course, alors qu’il mène après un dépassement osé sur Alesi dans les Lesmo, il touche l’une des piles de pneumatiques marquant les premières chicanes. C’est l’abandon pour le pilote Williams qui s’effondre en larme. Au Portugal, avant-dernière manche de l’année, la couronne peut-être scellée. La lutte pour la tête est intense mais c’est finalement Villeneuve qui s’impose, maintenant ses chances, certes faibles, au championnat. Tout se joue donc à Suzuka, véritable juge de paix pour les pilotes et les machines. Hélas, la bataille tant attendue n’aura pas vraiment lieu, le canadien renonçant après une crevaison l’expédiant dans le bac à sable du premier virage. De ce fait, Damon Hill devient champion du monde de Formule 1, comme son père, vingt-huit ans après sa dernière couronne. L’anglais est aux anges mais malgré son statut, personne ne veut réellement de lui. Personne, sauf Tom Walkinshaw, alors propriétaire de la modeste écurie Arrows, qui lui propose un contrat d’un an. Toujours mieux que rien…

Mais la nouvelle A18, floquée du numéro 1, n’a pas vraiment subi de développement. Hill le sait, les victoires seront impossibles, les podiums compliqués, les points peut-être envisageables. Le manque de performances se fait cruellement sentir d’emblée à Melbourne. Qualifié de justesse sur l’avant-dernière ligne, il n’aura même pas la possibilité de prendre part à la course, son accélérateur le lâchant dans le tour de chauffe. Mieux qualifié au Brésil, il renoncera sur une casse de son bloc Yamaha à quelques tours du but, toujours hors du top 10.La fiabilité qui sera cruelle pour l’anglais en cette entame de campagne 1997, ponctuée par deux accidents à Imola et Monaco. Ce n’est que lors de la septième manche, à Montréal, que le champion sortant passe enfin sous le drapeau à damiers, mais à une lointaine neuvième place. Après ces quelques meetings catastrophiques, Hill sait que son avenir en Formule 1 ne peut se poursuivre chez Arrows. Dès le printemps, il entame donc plusieurs discussions avec différents teams dont McLaren, Prost et Jordan. A Silverstone, chez les siens, l’anglais est transfiguré. Avec des pneumatiques Bridgestone en net progrès, son A18 se comporte bien mieux mais sur la rapide piste anglaise, le poussif V10 nippon peine à offrir une puissance digne de ce nom. Mais le jour de la course, les abandons se succèdent mais l’Arrows tient bon. A trois tours du but, Damon est à la porte des points mais quelques kilomètres plus loin, retournement de situation : la Prost de Nakano ralenti devant lui. Le japonais est dévasté mais les fans anglais exultent : voilà le champion du monde en titre de retour dans les points ! Le douloureux début de saison est oublié l’espace d’un instant mais le plus beau restait à venir. Le 10 Août 1997, grand-prix de Hongrie. Après un tour flamboyant lors des qualifications, Hill se place sur la troisième place de la grille de départ. Sa course fut magistrale. Après s’être défait de son ancien équipier et actuel second du championnat, Jacques Villeneuve, l’anglais porte une attaque imparable sur M.Schumacher en bout de ligne droite des stands. Les gommes Bridgestone font des merveilles sur le tourniquet hongrois et l’Arrows est véritablement métamorphosée. Les tours défilent et l’avance sur Villeneuve, alors second, ne cesse de grimper. L’écurie anglaise, jamais victorieuse à haut niveau, se dirige tout droit vers un succès historique et inespéré. Mais à trois boucles du but, patatra. Une panne hydraulique touche la A18 leader bloquée sur le troisième rapport. De trente-cinq secondes, l’écart retombe à trois petites secondes à l’entame du dernier tour. Sans surprises, Villeneuve dépasse aisément l’Arrows ralentie. L’anglais parvient à passer la ligne au second rang, conscient d’avoir perdu une victoire plus que méritée. S’il n’en garde que du positif, ce n’est pas suffisant pour le maintenir dans une écurie de fond de tableau. Suite à des pourparlers ridicules avec McLaren et non-concluants avec Prost, Hill annonce son arrivée chez Jordan pour deux saisons à compter de 1998. Le choix n’est pas mauvais mais beaucoup se demandent si cet acharnement en vaut réellement la peine. La fin de saison 1997 ne sera guère plus glorieuse qu’au début, sa modeste monture ne lui permettant pas de jouer les points à la régulière. Ce n’est qu’à Jerez, pour la dernière épreuve de l’année, que le champion sortant s’affiche au premier plan avec la quatrième place sur la grille avant de renoncer dans l’anonymat sur casse de sa boîte de vitesses. Le calvaire Arrows était enfin achevé.

C’est donc aux côtés de son ami Eddie Jordan que Damon Hill reprend du service. La saison 1998 offre une révolution historique à la discipline avec l’arrivée des gommes rainurées et des monoplaces plus étroites. Avec le V10 Mugen Honda, l’écurie irlandaise espère accrocher un premier succès à son palmarès mais rapidement, les espoirs sont balayés. Les McLaren-Mercedes sont largement au-dessus du lot et la 198 n’est ni fiable, ni performante. Bref second sur le circuit Gilles Villeneuve, il s'attira les foudres de M.Schumacher, jugeant son comportement en piste trop dangereux. Malgré un succession d’abandons, son matériel s’améliore et à part du grand-prix allemand, l’anglais regagne la zone des points avec deux quatrième places successives. Puis à Spa-Francorchamps, il signe sa meilleure qualification de l’année avec le troisième temps. La course restera dans les annales. Tout d’abord à cause du carambolage du premier tour, le plus gros de toute l’histoire de la Formule 1. Les conditions climatiques sont terribles et la visibilité nulle. Après avoir pris la tête lors du second départ, le champion 1996 voit fondre sur lui le diable rouge Schumacher, véritable équilibriste sur la piste inondée. Les Jordan limitent alors la casse au second et troisième rang mais peu après la mi-course, coup de théâtre : la Ferrari de tête percute Coulthard, alors à un tour. Sur trois roues, Michael Schumacher n’a plus qu’à renoncer, furieux. Damon Hill se retrouve alors propulsé en tête de la course, hachée par les nombreux accidents. Mais derrière lui, son équipier, l’autre Schumacher, rattrape son retard et ne tarde pas à figurer dans les rétroviseurs de la bête jaune leader. Sur le muret des stands, Eddie Jordan interdit à ses pilotes de se bagarrer sous peine de perdre un doublé historique. C’est donc dans l’ordre définit que les deux Jordan croisent la ligne d’arrivée. Deux ans après son dernier succès chez Williams, l’anglais retrouve enfin la plus haute marche du podium. La joie est immense pour ce héros du jour, cantonné aux critiques sur son âge et sa motivation. Quelques point supplémentaires viendront étoffer son compte finalement peu élevé. En 1999, Ralf Schumacher laisse sa place à celui qui aura évincé Hill de chez Williams en 1997, Heinz-Harald Frentzen. Rapidement, le petit allemand se porte en leader de l’équipe, qu’il mena avec ténacité vers le chemin de la victoire à trois reprises. Mais si l’une des deux Jordan cartonne, l’autre peine à inscrire des points. L’angais n’est plus aussi motivé et comme attendu, sa carrière n’ira pas plus loin. Damon Hill estime qu’il est temps de se retirer, peut-être une année trop tard.

S’il reste un champion critiqué pour ses manoeuvres, son envie de gros sous et sa faculté à souvent craquer sous la pression, Damon Hill aura pourtant réussi l’exploit de décrocher une couronne mondiale, comme son père avant lui. Beaucoup de fils de auront échoué dans cette conquête, à l’exception de Nico Rosberg en 2016. Après sa carrière de pilote, Damon Hill continue de s’investir, à moindre mesure, dans le monde de l’automobile. Depuis plusieurs années, il réapparait dans le monde de la Formule 1 en tant que consultant et commentateur, toujours avec son franc-parler et son humour so-british, un vrai anglais en somme.

Damon Hill en chiffres...

Meilleur classement en championnat du monde F1 :

Champion du monde (1996)

Grands-prix :

115 (122 engagements)

Victoires :

22

Podiums :

42

Poles Position :

20

Meilleurs Tours :

19

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