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Ayrton Senna

Senna. Cinq lettres qui résonnent comme un mythe dans l’histoire de la Formule 1, une légende qui ne sera jamais oubliée.

C’est chez lui, au Brésil, que ses aventures en sports mécaniques débutèrent. Commençant avec un karting fait maison, le brésilien prit rapidement ses marques, impressionnant son entourage pourtant réticent à sa nouvelle passion. Très vite, sa popularité au niveau du karting augmente, le propulsant en Europe, berceau des catégories inférieures à la Formule 1. En 1981, le voici raflant tout en Formule Ford 1600 avant d’écraser la Formule Ford 2000 l’année suivante. En 1983, sa domination dans le championnat de Formule 3 lui permet de décrocher quelques journées d’essais au sein des écuries Williams, Brabham ou encore McLaren. Sa popularité ne cesse de croître et son arrivée en Formule 1 semble plus qu’imminente mais les top teams étant remplies, seule une écurie de milieu de rang pouvait accueillir l’espoir brésilien. Et c’est chez Toleman-Hart que Senna trouva refuge pour sa première « vraie » expérience au plus haut niveau.

Pour sa première course à domicile, Senna ne put briller, sa monture le lâchant alors qu’il évoluait en fond de peloton. Sans se démonter, le brésilien démontra son talent sans plus attendre avec deux sixièmes places à Kyalami puis à Zolder, synonyme de premiers points en Formule 1. Mais c’est à Monaco que le jeune Senna se dévoila au grand jour. Sous une pluie torrentielle, il poussa sa Toleman dans ses retranchements, remontant très vite sur la tête de la course. A grands coups de secondes gagnées sur le leader Prost, le brésilien réduit très vite l’écart, revenant dans le sillage de la McLaren. Jugeant les conditions trop précaires, le français agita ses bras pour signifier à la direction de course que l’épreuve devait être interrompue. Le drapeau rouge fut immédiatement brandi, stoppant définitivement la course. Prost s’arrêta sur le bord de piste et Senna le dépassa. Lorsqu’il comprit que la course était terminée, le brésilien croyait alors avoir course gagnée mais malheureusement pour lui, il ne décrocha que la deuxième place. Ce podium inespéré, le premier de son équipe d’ailleurs, ne ravit pourtant pas Senna, déçu d’être passé à côté d’une si belle occasion. Cet exploit ne sera pas passé inaperçu et certaines écuries commencent à s’intéresser de plus près au jeune prodige brésilien. Si la suite de la saison est ponctuée par de nombreux abandons, Senna extirpa le meilleur de sa monoplace, inscrivant deux nouveaux podiums à Brands Hatch et Estoril. A Dallas, après deux crevaisons mais un rythme d’enfer, Senna tapa légèrement le mur ce qui cassa son arbre de transmission. Lors de son retour aux stands, le brésilien insista sur le fait que l’incident n’était pas de sa faute et que le mur avait bougé. Quelle fut la stupéfaction de tous lorsque l’on aperçut que le bloc de béton s’était bien déplacé à la suite d’un accident plus tôt dans la course. L’envie de quitter le milieu de peloton est trop forte et c’est chez Lotus Renault que le brésilien trouva refuge pour les trois saisons suivantes. Mais ce contrat signé sans l’accord de son écurie lui vaudra une mise à pied pour le grand-prix d’Italie, dure punition.

Avec une voiture plus compétitive que sa précédente monture, Senna vise plus haut. Et il avait raison. Si son grand-prix à domicile ne lui sourit pas, il réalisa, à Estoril, sa première pole position en carrière suivie de son premier succès le lendemain sous des conditions dantesques, reléguant même tous ses concurrents, excepté Alboreto, à plus d’un tour. Cette première victoire porte Senna sur le toit de la Formule 1, le surnom de « Magic Senna » commençant à apparaître dans le paddock. Le brésilien continua de se montrer très rapide en qualifications mais la fiabilité de sa voiture noire et or lui fait défaut. La barre est finalement redressée en deuxième partie de saison avec à la clé trois pôles, une victoire et cinq arrivées consécutives sur le podium. En 1986, la Lotus 98T est encore plus performante et Senna parvient à jouer les troubles fêtes entre les Williams et les McLaren. Sur toutes les courses où il franchit la ligne d’arrivée, le brésilien ne termine jamais plus loin que cinquième. Malgré ses huit poles position et ses deux victoires, ses abandons trop nombreux en deuxième partie de saison le privèrent d’une lutte pour la couronne mondiale. Le pauliste se classa tout de même quatrième, égalant son classement de 1985. En 1987, Senna dispute sa dernière saison chez Lotus. Comme l’année passée, il domina aisément son équipier Nakajima, comme il l’avait fait avec Dumfries en 1986. Le passage au moteur Honda et à une robe complètement jaune sembla mieux réussir à l’écurie anglaise, poussant Senna à la victoire à deux reprises, le brésilien grimpant souvent sur le podium. Mais une nouvelle fois, les Williams sont inaccessibles et Senna doit se contenter de la troisième place finale. L’envie de changer d’équipe ne se pose plus. Senna veut jouer la victoire à chaque rendez-vous. Les choix McLaren et Williams semblent les plus évidents pour jouer les couronnes. Après la signature de Piquet pour Lotus, Ron Dennis ne se prive pas et engage le pauliste. Après Toleman et Lotus, le voici en partance pour une autre écurie anglaise : McLaren.

Cette année 1988 marqua à jamais la Formule 1. La cause ? La McLaren Honda MP4/4. Senna avait fait le bon choix en rejoignant l’écurie gouvernée par Ron Dennis. Avec Prost comme équipier, le brésilien savait que la lutte serait rude mais l’espoir était bien là. Alors quand l’extraordinaire monture rouge et blanche débuta sa domination, tous les regards se tournèrent vers les deux équipiers amis. Leur voiture est tellement dominatrice qu’ils remporteront quinze des seize courses du championnat. A Monaco, Senna domine comme jamais, tournant plus d’une seconde et demie plus vite que n’importe qui en qualifications. Le lendemain, il écrase à nouveau tout le monde mais à onze tours du but, le brésilien tape le rail à l’entrée du tunnel, conduisant à son abandon, peut-être la plus grosse erreur de sa carrière. Le combat à armes égales est très incertain et c’est à Suzuka que tout se joua. Dès le départ, Senna cala, le plongeant dans les fins-fonds du classement mais sa ténacité le fera remonter un à un ses concurrents jusqu’à son équipier Prost pour la première place. En empochant la victoire, le brésilien décrocha par la même occasion son premier titre mondial, bien que marquant moins de points que son équipier français puisque seuls les onze meilleurs résultats de la saison étaient réellement comptés. Auréolé de sa première couronne, Senna ne veut pas s’arrêter là. En 1989, le duo reste inchangé mais les relations au sein de l’écurie anglaise semblent avoir changées. De nouveau en pole chez les siens, le brésilien ne concrétisa toujours pas, un accrochage avec Berger au départ le privant de la victoire. Trois succès et autant de poles plus tard, le voici en tête du championnat. Mais à Saint Marin, les premières tensions apparaissent entre les équipiers jusque-là amis. En effet, il avait été vu, lors du briefing, que les deux pilotes McLaren ne devaient pas s’attaquer pour éviter tout accrochage. Pourtant, Senna fit la sourde oreille et dépassa son équipier dans le premier virage, provoquant la colère de ce dernier. Quelques jours plus tard, lors d’essais à Pembrey, Senna aurait pleuré devant Dennis après que ce dernier lui ait adressé quelques remontrances à la suite de l’épisode d’Imola. Le climat chez McLaren changea du tout au tout, Prost accusant ouvertement Senna d’être privilégié par Honda. Dès lors, les deux pilotes s’ignorent, aussi bien en dehors que sur la piste. Ce qui se passa à Suzuka en cette année 1989 reste l’un des évènements majeurs de l’histoire de la Formule 1. Alors qu’il était en tête, Prost vit le brésilien revenir rapidement sur ses talons. A l’abord de la chicane finale, au quarante-septième tour, Senna plongea sur son équipier, pourtant bien devant. C’est l’accrochage. Si le français met pied à terre, le brésilien fut poussé par les commissaires pour repartir, tout en coupant la chicane. S’il franchit la ligne d’arrivée en tête, le pauliste est aussitôt disqualifié. Il n’accéda même pas au podium, Balestre, alors président de la FISA, lui interdisant. C’est le début de la guerre Senna-Balestre. Ce dernier menace même le brésilien de l’exclure du championnat du monde 1990. A l’issue de cette course dramatique, Prost décrocha son troisième titre avant de s’envoler vers Maranello, l’air de McLaren devenant irrespirable pour lui.

En 1990, c’est sans Prost mais avec Berger que Senna continua l’aventure McLaren-Honda. Si la Ferrari semble plus performante, le brésilien se montra très rapide, grimpant à chaque reprise sur le podium lorsqu’il vit l’arrivée. Pour autant, le champion en titre français se débat bien et c’est en grand outsider qu’il arrive au Japon, là où tout avait explosé l’année passée. Si Prost ne score pas, Senna sera d’office champion. Les deux pilotes se trouvent sur la première ligne, le brésilien devançant son ex-équipier. Cependant, le brésilien s’offusque puisque la pole position se trouve du côté sale de la piste, permettant au second sur la grille de mieux s’élancer. Une nouvelle lutte s’engage alors avec Balestre mais cela n’y changea rien. Alors que la Ferrari prit un meilleur envol, Senna resta à l’intérieur, emmenant beaucoup de vitesse. L’accident est inévitable. Les deux voitures se retrouvent au fond du bac à gravier et les deux pilotes descendent chacun de leur côté. C’est la stupeur et les antis-Senna deviennent de plus en plus nombreux. Avec cet incident, le brésilien décroche un deuxième titre mais s’attire par la même occasion toutes les foudres du monde.

En 1991, Senna étrenne le nouveau V12 Honda. Pour autant, ce bloc nippon aurait très bien pu être un moteur italien, le brésilien passant très proche d’une signature avec Ferrari. En effet, après avoir été approché par Fiorio chez la Scuderia, les deux hommes se mirent d’accord pour collaborer ensemble à partir de 1991. Mais lorsque cette information arriva aux oreilles du président de Ferrari et de Prost, tout ce qui avait été fait parti aux oubliettes. Après ses deux premiers titres, Senna veut rattraper Prost et ses trois couronnes. Il débuta idéalement bien, remportant quatre courses d’affilée dont le fameux grand-prix du Brésil. Extenué à la fin du grand-prix, le brésilien ne put couvrir son tour d’honneur, des médecins venant à son chevet. Le pauliste fit preuve de beaucoup de courage et de persévérance sur le podium, tenant debout non sans mal, portant à bout de bras son trophée de vainqueur. Avec une concurrence loin d’être à son meilleur niveau et peu épargnée par les problèmes, Senna survole le championnat, remportant sept succès sur la totalité de la saison. Quelques petits incidents sont tout de même à souligner comme ces pirouettes dans un bac à sable lors d’une séance d’essai au Mexique. Malgré un passage à vide au printemps profitant à son principal rival Mansell, le brésilien ne plia pas et égalisa Prost au nombre de couronnes mondiales avec trois titres mondiaux. Senna restera également le vainqueur de la course la plus courte de l’histoire avec les 24 minutes du grand-prix d’Australie noyé sous des trombes d’eau. Les tristes sorts des deux années passées semblent bien loin à présent. Pour 1992, le tandem Senna-Berger est reconduit mais McLaren est dépassé. Les Williams Renault bardées d’électronique ne laisse aucune chance à leurs adversaires. De plus, un jeune prodige allemand du nom de Michael Schumacher vole la vedette à Senna, le devançant souvent cette année-là. Avec trois victoires, Senna ne parvient pas à accrocher le podium final, étant souvent stoppé par des problèmes ou des accidents. Le recours au moteur Ford Cosworth en 1993 améliora quelque peu les performances mais c’était sans compter sur un Prost revanchard et revenant d’une année sabbatique pour y décrocher son quatrième et dernier titre de champion du monde. Malgré tout, le brésilien se sera bien battu, menant le championnat en début de saison, notamment grâce à sa course d’anthologie à Donington et son départ sensationnel. A Adélaïde, Senna remporta son dernier grand-prix, le quarante-et-unième de sa carrière. Sur le podium, le pauliste ira même serrer la main, en souriant, de Prost, qui courait son ultime grand-prix.

En 1994, la carrière de Senna prend un nouveau tournant. Le voici chez Williams, forte de deux couronnes consécutives. En pole chez lui au Brésil, puis à Aida, il n’arriva cependant pas à concrétiser le lendemain, abandonnant à chaque reprise. Puis arriva le week-end d’Imola 1994. Le vendredi, Barrichello est victime d’un très violent accident. Le lendemain, c’est Ratzenberger qui sort de la piste, se tuant sur le coup. Tout le paddock est sous le choc, surtout Senna. Avant la course, le brésilien, qui commente un tour pour TF1, adresse quelques mots à Prost, commentateurs à ses heures perdues. « Tu nous manques Alain » prononça le pauliste. L’état du brésilien avant la course en étonna plus d’un. Il paraissait perturbé, très touché par la mort de son compère. La course débute avec un accident envoyant bon nombre de débris dans le public. Après l’intervention de la voiture de sécurité, la course repart et au septième tour, c’est le drame. La Williams de Senna quitta la piste à Tamburello à plus de 300km/h et s’écrase dans le mur. Très vite, les secours s’organisent sur place pour porter secours au brésilien. La situation est désespérée. Le pauliste est évacué vers un hôpital italien où sa mort sera confirmée à 18h40. La mort du brésilien est comme une onde de choc pour le monde entier. Son décès serait provoqué par un bras de suspension qui lui aurait traversé le crâne, provoquant de terribles dommages au cerveau. Les causes de la sortie de piste restent incertaines, beaucoup d’hypothèses voyant le jour. Dans le cockpit de sa Williams, un drapeau autrichien fut retrouvé. Senna voulais l’agiter en fin de course pour rendre hommage au disparu Ratzenberger. Ce 1er mai 1994, la Formule 1 perdait l’un de ses plus grands champions, Magic Senna.

Ayrton Senna en chiffres...

Meilleur classement en championnat du monde F1 :

Champion du monde (1988, 1990, 1991)

Grands-prix :

161 (162 engagements)

Victoires :

41

Podiums :

80

Poles Position :

65

Meilleurs Tours :

19

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