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John Surtees

Gagner dans une discipline reste extraordinaire. S’imposer dans deux sports différents relève de l’impossible, sauf pour John Surtees…

Le petit anglais, natif du Surrey en 1934, n’a pas vraiment eu le choix de s’intéresser à la mécanique. Très jeune, il suivait déjà son père Jack dans ses ateliers de motos et autres side-cars. Les deux roues deviendront d’ailleurs sa première passion, lui qui découvrit l’ivresse de la vitesse en courant avec son paternel en side-car. Dès que le permis est en poche, les circuits n’attendent plus que lui. En 1951, il débute ses premières compétitions au guidon de Norton mais, que ce soit en 350cm³ ou en 500cm³, le succès ne vient pas. Il faudra attendre cinq ans pour qu’un déclic arrive enfin. En cette année 19546, le jeune pilote est appelé par MV Agusta, une marque de moto sportive, pour participer à quelques séances d’essais à Monza. Très vite, le team lombard se rend compte de sa pointe de vitesse et l’engage dans son écurie officielle et d'emblée les performances sont au rendez-vous. Dès sa première saison sur la machine italienne, Surtees engrange trois victoires en 500cm³ et le titre, la plus haute distinction en championnat deux roues. Ses exploits d’acrobate ne font qu’augmenter et entre 1956 et 1960, l’anglais dégoûte la concurrence. Quadruple champion 500cm³ en 1956, 1958, 1959 et 1960, mais aussi triple champion 350cm³ en 1958, 1959 et 1960, “Big John”, comme il sera surnommé, écrase tout. En cinq ans, il cumule déjà près de 38 victoires toutes catégories confondues, un record pour la discipline qui ne sera battu que quelques années plus tard par un certain Agostini. En plus de piloter sur circuit, John attaque aussi sur route, remportant à six reprises le terrifiant Tourist Trophy de l’Ile de Man. Son épopée chevaleresque aurait très bien pu s’arrêter là mais l’anglais, avide de nouvelles expériences, voudrait bien découvrir l’univers de l’automobile, lui qui a été souvent approché par Tony Vanderwall ou Reg Parnell. C’est finalement Ken Tyrrell qui lui mettra le pied à l’étrier en l’engageant le temps d’une course de Formule Atlantic à Goodwood avec à la clé, une deuxième place derrière un certain Jim Clark. Fort d’une première expérience réussie, Surtees passe directement au niveau supérieur avec la Formule 2 et là encore, c’est une deuxième position finale qui l’attend derrière Innes Ireland. Ses belles prouesses à quatre roues forcent le constat : John Surtees deviendra pilote automobile, c’est sûr.

Devant un tel coup de volant et de si belles prestations, les directeurs d’écuries sont bouche bée, à commencer par Chapman et Ferrari. C’est pourtant le premier qui se lance en premier avec le jeune et timide anglais mais avant de devenir titulaire, quelques courses d’essais seront nécessaires. C’est donc lors du grand-prix de Monaco 1960 que John Surtees entame sa carrière en Formule 1, l’année même où il remporte ses derniers succès sur deux roues. Sa première prestation ne sera pas vraiment convaincante avec un abandon sur panne de transmission après seulement dix-sept boucles couvertes. Mais il en faut peu pour décourager le petit blondinet, remonté à bloc pour sa manche à domicile, à Silverstone. Parti onzième, il prendra un superbe envol pour figurer au troisième rang après quelques kilomètres, puis au second sous le drapeau à damier après s’être défait de son équipier Ireland. Deux courses disputées et déjà un podium à la clé, ce bonhomme est bourré de talent. A Porto, il signe la pole position pour son troisième départ, un nouvel exploit qui fait de lui la coqueluche du paddock avec son compatriote Jim Clark. Bien parti pour l’emporter, il renonce sur sortie de piste après avoir dérapé sur des rails de tramway, une drôle d’époque révolue. Sa courte campagne s’achève aux Etats-Unis et après seulement trois tours mais quoi qu’il en soit, l’anglais a marqué de gros points. Lotus aurait bien voulu le garder plus longtemps mais Surtees, en bon ingénieur diplômé, refuse de travailler avec quelqu’un qui ne lui laisse pas son mot à dire. Dans ce cas, pourquoi ne pas aller voir les champions en titre de chez Cooper ? Dans l’équipe officielle, impossible d’influer sur la monoplace. La seule solution, s’engager avec un team privé pour jouir d’un éventail de réglage plus large et ainsi développer sa monture comme bon lui semble. C’est donc sous les couleurs du Yeoman Credit Racing Team que l’anglais poursuit l’aventure F1 avec une Cooper T53, celle-là même qui aura mené Brabham et ses compères au titre l’année passée. Malheureusement, la performance n’est clairement plus au rendez-vous et les contre-coups s'enchaînent. Sur toute la saison, l’anglais ne ramasse, au mieux, que deux cinquièmes places. Il n’y a que hors-championnat qu’il brillera, accrochant trois podiums dont un succès d’entrée de jeu à Goodwood, son seul cette année-là. Il en ajoutera un second à son palmarès l’année suivante au Mallory Park, cette fois-ci à bord d’une Lola Mk 4, la même qu’il pilotera tout au long de la saison 1962. Sa nouvelle machine frappe fort en début de saison avec la pole position pour la première manche à Zandvoort avant qu’un accident ne mette fin à cette belle aventure. Sa campagne est bien plus prolifique que la précédente avec deux podiums au compteur, deux deuxièmes places à Aintree et sur le Nürburgring, le circuit allemand où il passera à côté d’un premier succès d’envergure pour moins de trois secondes. Malgré sa très grande discrétion, l’homme est convoité, notamment du côté de l’Italie par un certain Enzo Ferrari. L’aventure en rouge ne fait que commencer…

Son arrivée à Maranello se fait en grande pompe mais l’anglais sait pertinemment que le travail à accomplir reste colossal. En 1961, la Scuderia utilise la magnifique 156 pour fouler les circuits avec, bien évidemment, la couronne mondiale de Phil Hill pour sa première année. Mais depuis, l’italienne a perdu pied et un nouveau modèle ne semble pas à l’ordre du jour. A la place, des évolutions importantes sont amenées sur l’antique monoplace, se transformant successivement en 156/63 puis 156 Aero. Mais avant d'étrenner ces nouveaux châssis, Surtees est convié à ses premières sorties en endurance, notamment aux 12 Heures de Sebring, qu’il remportera sur sa Ferrari 250P, associé à Scarfiotti. Il réitère l’exploit quelques semaines plus tard lors des 1000km du Nürburgring avant, enfin, d’attaquer sa vraie saison de Formule 1. Ce nouveau championnat s’ouvre à Monaco, là où il terminera quatrième. Sa monoplace est certes rapide, elle manque cruellement de fiabilité. A Zandvoort, il retrouve le chemin du podium, son premier en rouge mais face à une Lotus 25 époustouflante et un Jim Clark des grands jours, rien à faire. Après sa troisième place aux Pays-Bas, il termine un rang plus haut à Silverstone mais sur la terrifiante Nordschleife que Surtees va écrire sa propre histoire. Qualifié deuxième à moins d’une seconde de Clark, l’anglais prend en envol parfait et écrase la concurrence, reléguant son principal rival à plus d’une minute au terme des quinze tours de course. John renoue enfin avec le succès à haut niveau et l’histoire n’est pas prête de se terminer. L’arrivée de la 156 Aero en fin de saison ne sera guère positive si bien que pour ses deux courses hors-championnat, qu’il remporte, il utilise des machines vieilles de trois et quatre ans ! Fort de cette fin de saison solide où quelques opportunités sont toutefois manquées, comme à Watkins Glen, Surtees aborde l’année 1964 en revanchard, près à faire usage de sa nouvelle arme pour renverser les teams anglais : la Ferrari 158. Cette fois-ci, les écarts sont resserrés mais au bout de quatre courses, Surtees abandonne déjà à trois reprises. Sa seule consolation reste une seconde place à Zandvoort. Face à lui, les Clark, Gurney, Hill ou Brabham font illusion et éclipsent le clan rouge. Même Bandini, l’autre pilote maison de la Scuderia patauge. Un retour aux affaires semble invraisemblable mais l’anglais ne s’avoue jamais vaincu et estime que son plein potentiel sommeille encore. C’est à ce moment-là que la saison prit un nouveau tournant. La Ferrari dévoila l’entièreté de ses performances, permettant à Surtees de monopoliser les avant-postes avec cinq podiums en six courses. Tout commence à Brands Hatch avec une troisième place sous le drapeau à damier mais c’est à nouveau en Allemagne que son coup de volant, quoique peu spectaculaire, fera parler de lui. Comme l’année précédente, le pilote Ferrari domine de la tête et des épaules, repoussant le second, Graham Hill, à plus d’une minute à l’arrivée. Si sa sortie à Zeltweg s’arrête très tôt, à l’inverse de Bandini qui s’impose, le grand-prix national de son équipe sera un vrai succès. Parti depuis la pole, l’anglais se bagarre intensément face à Gurney qui finira par abandonner dans les derniers kilomètres, laissant “Big John” s’adjuger sa deuxième victoire de la saison. Le championnat devient de plus en plus serré mais avant d’arriver en Amérique pour l’issue de cette folle campagne, coup dur pour les pilotes Ferrari : Face au refus d’homologation de l’une de ses voitures de course, Enzo Ferrari refuse de laisser sa Scuderia disputer les deux dernières épreuves en signe de protestation. 1964 aurait donc pu s’arrêter là pour Surtees mais c’était sans compter sur Luigi Chinetti et son NART. Les Ferrari se retrouvent alors parées de bleu et de blanc, une image insolite de nos jours. Brillant second à Watkins Glen, l’anglais sait que la tâche sera rude à Mexico, surtout sur une piste à l’altitude si élevée, alternant forcément les performances des machines. Sa redoutable 158 en fera d’ailleurs grandement les frais, devenant bien moins rapide que la 1512 de Bandini. A l’aube de ce dernier départ, le classement est des plus serré et trois pilotes peuvent encore remporter la mise : Clark, G.Hill et Surtees. Au fur et à mesure que la course avance, les espoirs de Surtees diminuent. Mais dans les derniers tours, retournement de situation : Bandini s’accroche avec G.Hill, abimant sérieusement sa BRM. Puis, dans l’avant-dernier tour, Clark est victime d’une casse moteur sur sa Lotus, le laissant sur le carreau mais aussi hors course pour le championnat. A ce moment précis, c’est encore Hill qui est en passe d’être sacré puisque Surtees, troisième, ne dispose pas d’assez de points pour triompher. Mais dans un élan de solidarité avec son équipe, Bandini s'efface et laisse son équipier anglais lui prendre la seconde place, synonyme de titre de champion du monde. A l’issue de cette belle preuve de solidarité, Surtees permet à Ferrari d’empocher la couronne constructeur mais surtout, il devient le premier, et le seul à ce jour, à décrocher un titre sur deux et quatre roues dans des disciplines de grandes envergures. Chapeau l’artiste. Seulement quatre ans après son arrivée dans la discipline, et alors qu’il n’avait pas quitté entièrement le monde de la moto, “Big John” bat les plus grands. Echec et Mat.

Les années se suivent mais ne se ressemblent pas. La Scuderia Ferrari est dépassée en 1965. La 158 et la 1512 ne donnent plus satisfaction, ni à l’équipe, ni au champion sortant. Ce dernier, méticuleux et ingénieux, aimerait davantage mettre sa main à la patte pour faire évoluer les machines italiennes mais face à la suprématie des Lotus 33, même le plus capé des ingénieurs aurait bien du mal à faire tomber les belles vertes de Colin Chapman. Sa saison démarre pourtant assez bien avec une deuxième place le jour de l’an pour le grand-prix d’Afrique du Sud à East London mais rapidement, les désillusions s'enchaînent. La mécanique le trahit bien trop souvent alors que de gros points sont souvent en jeu. Clark domine comme en 1963 en ne laissant que des miettes à ses adversaires. Pour ne rien arranger, ses sorties extra-F1 ne sont guère plus fructueuses. Si l’on excepte sa deuxième place aux 1000km de Monza et sa victoire aux 1000km du Nürburgring, son année est décevante. Les incidents et avaries le poursuivent continuellement, que ce soit en Formule 1 ou dans les autres disciplines auxquelles il s’adonne. S’il ravit par deux fois la troisième position finale en France et en Grande-Bretagne en F1, les points ne s’accumulent que trop peu. Après un an de galère, sa saison prend brusquement fin à Mosport, dans le cadre d’une course de Can-Am. Victime d’un très gros accident, Surtees ne peut défendre ses dernières chances. Ce sera désormais partie remise en 1966, année d’une grande révolution en catégorie reine. L’anglais fait figure de favori car sa Ferrari 312 est une gagnante en devenir. Sa campagne commence d’ailleurs sous les meilleurs auspices, l’anglais accumulant les victoires hors-championnat et en endurance. Mais en coulisses, l’entente entre le discret mais ronchon britannique commence à mal passer avec certains hommes en rouge, notamment Eugenio Dragoni, team manager de la Scuderia, qui ne cache pas son admiration pour Bandini. Les 24 Heures du Mans de cette même année seront un exemple de plus du malaise naissant entre l’équipe au cheval cabré et le champion 1964. En pleine course, on lui annonce qu’il ne fera pas ses relais prévus. Furieux, il quitta le circuit manceau avant même la fin de l’épreuve. Cette décision aura de lourdes répercussions sur sa carrière en Formule 1. Après avoir cassé sa transmission alors qu’il menait à Monaco, Surtees remporte un magnifique grand-prix depuis la pole sous le déluge de Spa-Francorchamps. Ce succès héroïque aurait pu relier les deux parties en conflit mais il n’en sera rien. Las de la politique interne de la Scuderia, John Surtees claque la porte alors que deux épreuves se sont déjà tenues. Comme le dira le Commendatore, l’anglais venait de perdre gros, Ferrari aussi.

Ce départ express est pourtant tout calculé. Pour cette saison 1966, Surtees n’a pas vraiment d’espoir mais au fond de sa tête germe une idée qui décidera du sort de ses années futures : créer sa propre écurie de course. La Team Surtees voit le jour en cette même année 1966 pour concourir dans divers championnats tels que le British Sports Car ou le relevé Can-Am. Les débuts sont un peu laborieux mais très rapidement, sa petite structure grimpe dans la hiérarchie et finit par s’imposer à plusieurs reprises, notamment sur le continent nord-américain avec le titre de champion de Can-Am. Piloter sa propre voiture en gérant sa propre écurie, beaucoup l’ont fait avant lui : Gurney, McLaren, Brabham,... mais le succès n’est pas toujours au rendez-vous et l'argent investi est trop rarement retrouvé. Pourtant, en 1966, c’est bien un pilote / patron d’écurie qui décrochera la timbale en Formule 1 : un certain Jack Brabham. Avec ses quatre victoires consécutives entre la France et l’Allemagne, l’australien n’a pas vraiment eu de concurrence à son niveau. Le deuxième pointe à quatorze unités du champion au tableau pilote mais ce qui est encore plus étonnant, c’est qu’il s’agit de Surtees lui-même. L’anglais n’a pas abdiqué en F1 malgré son départ de la Scuderia. En effet, “Big John” a trouvé refuge dans son ancienne team Cooper avant de se lancer dans de nouvelles aventures. Si l’écurie perd peu à peu de son prestige, son pilote tire toute la quintessence de sa T81 pour ramener quelques gros résultats, notamment sur les dernières épreuves. Deuxième au Nürburgring, troisième à Watkins Glen puis victorieux à Mexico, les grosses opportunités sont saisies continuellement. Son projet F1 n’étant pas totalement prêt, Surtees décide de se lancer un nouveau défi : Honda. Dans les années 60, le constructeur nippon tente une percée parmi les équipes européennes mais jusqu’ici, ce sont principalement les pépins qui s'enchaînent. Avec John, Honda espère redorer son blason et surtout vaincre les italiennes contre qui les japonais se battent sans cesse sur deux ou quatre roues. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si l’anglais et personne d’autre n’est recruté, son passé de motard aidant probablement. Durant deux saisons, il va tenter de combler l’écart grandissant avec les BRM, Brabham, Ferrari et Lotus mais la nippone à un problème : son poids excessif. La belle blanche et rouge fait presque 200 kilos de plus que ses concurrentes ! Il ne faut pas être savant pour savoir que ce surpoids complique grandement ses affaires. Pour autant, il travaillera main dans la main avec les japonais, peut-être les seuls à comprendre sa vraie physionomie de boulot. Les résultats de 1967 seront en dents de scie, oscillant entre un podium d’entrée de jeu à Kyalami, une série de quatre abandons consécutifs puis d’une victoire dans le fief de Ferrari à Monza. 1968 sera beaucoup moins réussi du côté de la Formule 1 avec comme seul point d’orgue, deux podiums en France et aux Etats-Unis et une pole non convertie en Italie. Surtees finit même par se retrouver dans une impasse en fin d’année, Honda décidant de cesser ses activités en catégorie reine. S’il rebondit chez BRM pour 1969, sa saison est à oublier. La voiture casse sans cesse et face à un Stewart étincelant, les jeux sont faits. Il n’y a que sa troisième place à Watkins Glen qui sera à retenir pour la dernière de la décennie. Désormais, “Big John” pense à lui, et à son équipe surtout…

Après le succès phénoménal de Brabham et la montée en puissance de McLaren, Surtees veut lui aussi faire valoir son talent d’ingénieur pour contrer les grandes équipes que sont Ferrari, Lotus, Matra ou Tyrrell. Le développement d’une monoplace ne se prend pas à la légère et pour étoffer au mieux son concept, l’anglais décide d'acquérir une McLaren M7C pour faire débuter son team. L’entame de saison sera tout bonnement catastrophique, sa monture ne tenant jamais la cadence ni la distance. Il lui faudra attendre la cinquième course de l’année, à Zandvoort, pour le voir enfin franchir la ligne d’arrivée, sixième. Quelques semaines plus tard, à Brands Hatch, Surtees présente sa toute première monoplace : la TS7. Largement inspiré de son ancienne monture, la TS7 se distingue par son long museau plat mais en termes de performance, son bijou ne tient pas le coup. Le V8 Ford-Cosworth se montre calamiteux comme jamais,cassant comme du verre à mainte reprises. Il n’y a qu’à Mont-Tremblant, au Canada, que sa Surtees grimpe dans le top 6 avec la cinquième place finale, un bien maigre résultat pour une première saison loupée. Tous ses espoirs se fondent alors sur l’utilisation de son expérience passée pour remonter parmi les leaders mais c’est peine perdue. La TS9 n’est pas plus aboutie que sa devancière et malgré l’arrivée de seconds pilotes, tels que Larousse, Stommelen ou Hailwood, les résultats sont décevants. Pourtant, la victoire était presque à portée de main à Monza lors de l’arrivée la plus serrée de l’histoire. Son équipier, Hailwood, un ancien de la moto lui aussi, était en lisse jusqu’au bout avant de se faire éjecter du podium dans les derniers mètres, à peine deux dixièmes derrière le vainqueur Gethin. Peu à peu, la passion du pilotage semble s’éteindre. Son poste de directeur d’écurie lui prend davantage de temps et de ressources, le conduisant fatalement à un choix délicat : conduire ou diriger ? C’est finalement la deuxième option qui sera choisie. Le grand-prix d’Italie 1972 sera donc sa dernière apparition au volant d’une Formule 1, sans réussite. Le petit anglais, que personne n’attendait à un tel niveau à ses débuts, venait de revêtir une nouvelle casquette. Malheureusement, son équipe de F1 ne décollera jamais. De 1970 à 1978, il ne récoltera que deux podiums, l’un avec Hailwood à Monza en 1972, l’autre avec Carlos Pace sur l’Österreichring un an plus tard. Dans un monde devenant de plus en plus professionnel et dicté par l’argent, les petites écuries se meurent petit à petit. Le Team Surtees n’y échappera pas. Pourtant, beaucoup se souviennent de ses voitures pour une raison simple : son sponsoring par les préservatifs Durex. Rien que ça. Pour la petite anecdote, la présence du logo de ce sponsor causa de nombreux problèmes pour certains diffuseurs TV tels que la BBC, prônant le programme familial avec ses marques de cigarettes et d’alcool à foison. Pour ne rien arranger, Surtees perd l’un de ses pilotes à Watkins Glen en 1974, l’australien Helmut Koinigg. A l’issue de la saison 1978 et sans jamais avoir remporté de grand-prix, l’équipe disparaît du peloton de la catégorie reine.

Dans l’anonymat le plus total, John Surtees s’écarte de la F1 et du sport automobile en général. Il participera à la “Race of Champions” en 1984, sa dernière apparition en tant que pilote. Sa carrière restera pour autant exceptionnelle. Gagner sur deux et quatre roues, personne n’a réussi à le faire à un tel niveau à part lui. Si Valentino Rossi semble être le plus proche pour en faire autant, Surtees n’aura sûrement jamais d’égal. Sept fois champion sur deux roues, une fois en Formule 1 et une fois en Can-Am, voilà un palmarès plus qu’étoffé pour cet homme discret et réservé. Il remportera six succès en F1, réalisera huit poles position, onze meilleurs tours et vingt-quatre podiums. Son nom deviendra tristement célèbre à la fin des années 2000 avec la mort de son fils à Brands Hatch après avoir reçu une roue sur le casque. John Surtees, alors doyen des champions F1, décèdera quant à-lui en 2017 de troubles respiratoires, la fin d’une époque.

John Surtees en chiffres...

Meilleur classement en championnat du monde F1 :

Champion du monde (1964)

Grands-prix :

111 (122 engagements)

Victoires :

6

Podiums :

24

Poles Position :

8

Meilleurs Tours :

11

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