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François Cevert

Quand le chouchou de ces dames prend le volant pour tutoyer les sommets, le résultat peut être grandiose, sauf quand la mort vous guette en face…

C’est dans une France meurtrie par la Seconde Guerre Mondiale que naît François Cevert, en 1944. Fils d’un émigré russe résistant et d’une mère française, il ne s’intéresse pas directement aux voitures durant sa tendre enfance. En effet, c’est sur deux-roues que se défoule le français, notamment avec ses amis. S’il entreprend de faire de la compétition, son service militaire le coupe dans son élan. Finalement, c’est avec deux roues de plus que le parisien fera ses classes. Débutant dans l’école de pilotage du Mans avant de filer à Magny-Cours, le jeune français s’inscrit au volant Shell, véritable tremplin pour quiconque parvient à l’emporter. Evidemment, c’est Cevert qui s’impose, battant un certain Patrick Depailler pour s’octroyer la bourse nécessaire pour grimper en F3 Alpine. S’il est surmotivé, sa saison sera mauvaise. Peu de moyens, un mauvais matériel, peu de résultats, son avenir semble déjà s’assombrir. Il réussit pourtant à s’équiper d’une Tecno F3 pour la saison 1968 de F3 française et soudain, les choses s’améliorent. Les poles, podiums et victoires s’enchaînent et à force d’acharnement, c’est le titre qui vient s’offrir à lui mais son nom reste encore inconnu auprès des plus grands. Il n’empêche que c’est en Formule 2 qu’il évolue à partir de 1969. Malheureusement pour lui, la concurrence est plus que rude car à l’époque, rien n’interdisait un pilote de Formule 1 de s’engager pour quelques meetings. Ce fut le cas pour Stewart, Hulme, Hill, Rindt et bien d’autres, des gros bras face auxquels François ne bronche pas. Bien qu’il ne remporte aucune victoire cette année-là, il n’aura cessé de briller, se classant en troisième place du championnat. Certes, les pigistes de luxe ne sont pas classés mais face à une concurrence relevée, Cevert ne s’incline que face à Hahne et Servoz-Gavin, celui-là qu’il finira par remplacer quelques mois plus tard. Lors de la manche hors-championnat de Reims, il résiste tant bien que mal aux cadors avec sa Tecno, notamment, Jackie Stewart, qui deviendra son plus grand allier. Pour la manche allemande sur le Nürburgring, le français à l’opportunité de s’aligner face aux vraies F1, de manière à étoffer la grille de départ. Deuxième de son groupe lors des qualifications, il se démène parmi le paquet avant de se faire lâcher par sa transmission aux deux-tiers d’épreuve. Mais qu’importe, son empreinte était laissée au grand cirque de la Formule 1…

En 1970, tout semble indiquer que Cevert va poursuivre son apprentissage en Formule 2. Mais le français dispose d’un avantage certain par rapport à d'autres pilotes qui pourrait bien changer la donne : son sponsoring par Elf. Sa saison F2 ne décolle cependant pas malgré ses nombreuses participations mais ma chance finira par tourner. En F1, à l’issue du grand-prix de Monaco, Johnny Servoz-Gavin claque la porte du team Tyrrell. L’oncle Ken se doit alors de lui trouver un remplaçant et ce ne sont pas les candidatures qui manquent. Pour autant, Cevert ne semble pas être son choix premier. C’était sans compter sur l'œil avisé de Jackie Stewart, n’oubliant pas ses batailles et les performances du français. Avec son soutien financier en plus, François devient titulaire aux côtés du meilleur pilote du moment, rien que ça. C’est avec une March 701 que sa carrière à très haut niveau débute. Cette même année, il dispute pour la première fois la classique mancelle sur une Matra avec comme équipier de luxe, un certain Jack Brabham. Une aventure en endurance qui avait débuté un peu plus tôt dans la saison à Sebring, associé à Dan Gurney. Décidément, Cevert attire les pointures. C’est donc à Zandvoort que la Formule 1 s’offre à lui pour la première fois. Sous les conseils de Stewart, il parvient à se qualifier en quinzième position mais finira par renoncer le lendemain sur bris de bielle lors d’une course marquée par le tragique accident de Piers Courage. La monoplace bleue n’est pas la plus véloce, ni la plus fiable mais des efforts se font ressentir niveau pilotage. A Brands Hatch puis à Hockenheim, il accroche la septième place, passant tout près de ses premiers points. Sur l’Österreichring, il ne peut même pas boucler le premier tour, moteur cassé. Avant d’aborder la manche italienne, Cevert remporte sa première course F2 sur le tracé de Mantorp Park, de quoi le rebooster pour sa fin de saison et cela fonctionne car à Monza, il tient son premier point en grand-prix avec la sixième place finale. Cette performance est malheureusement éclipsée par la mort tragique de Rindt, alors en tête du championnat et bien partie pour l’emporter à titre posthume. Au Canada, alors que Stewart étrenne la première Tyrrell de l’histoire, le français réalise le quatrième chrono des qualifications, son meilleur résultat jusqu’ici. Le lendemain, tous les voyants sont au vert et après l’abandon du champion 1969, le voici en lutte pour une place sur le podium face à Chris Amon. S’il a le rythme pour passer, un amortisseur défectueux viendra mettre un terme à sa belle performance. Cette belle prestation restera sans suite en 1970 suite à deux nouveaux abandons en fin de saison. Vingt-deuxième en Formule 1 au général, sixième en Formule 2, des progrès sont attendus. Heureusement, la future Tyrrell fait des merveilles…

1971, année de la révélation pour François Cevert. Le français en est conscient, il sera très compliqué de battre son illustre équipier écossais d’autant plus que les deux pilotes ne disposent pas du même matériel. Pour le frenchy, c’est la 002 qui l’attend tandis que de l’autre côté du garage, le champion 1969 opte, dans un premier temps, pour la 001, avant de passer sur la 003. La saison s’ouvre comme souvent en Afrique du Sud à Kyalami et d’entrée de jeu, Stewart claque la pole. Avec une monoplace censée être plus rapide, le parisien ne décroche que le neuvième temps mais compte bien remonter le lendemain. Par le jeu des abandons, il grimpe jusqu’en sixième place mais peu après la mi-course, un freinage manqué l’expédie tout droit dans les grillages. Fin de grand-prix. En Espagne alors que l’autre Tyrrell s’impose pour la première fois, il échoue pour quelques secondes en septième place, juste derrière son beau-frère Jean-Pierre Beltoise. A Monaco puis à Zandvoort, encore de la malchance. Trottoir touché en principauté et accrochage puis accident aux Pays-Bas, la série noire continue. Il lui faudra attendre son grand-prix national et le nouveau tracé du Castellet pour enfin décrocher la mise. Septième sur la grille, il profite des abandons de ses concurrents et de sa bonne tenue des gommes pour monter jusqu’au deuxième rang, derrière Stewart, sous le drapeau à damier. La foule est en délire devant ce jeune français talentueux que certains s’imaginent déjà en futur champion. Le jeune homme devient la coqueluche du pilote tricolore, faisant tourner la tête de ces mesdames. Après une grosse déconvenue à Silverstone suite à un problème de manomètre, Cevert refait parler de lui sur le Nürburgring, récoltant une fantastique deuxième place sur le plus dangereux des circuits, un exploit que Stewart lui-même ne manquera pas de saluer. La bonne dynamique est en route. La mission à présent : tout faire pour remonter dans les premières places du classement du championnat. Qualifié troisième sur l’Österreichring, il se porte un long moment en position de chasseur face à un Jo Siffert des grands jours. Malheureusement, son V8 Ford-Cosworth partira en fumée dans la dernière partie de course, détruisant toutes chances de nouveau podium. A Monza, tout le monde part sur un pied d’égalité tant la course à l’aspiration est importante. Cevert ne s’y trompe pas, prenant largement le commandement, accompagné par Peterson, Gethin, Hailwood et Ganley. Les cinq hommes s’échangent coups sur coups jusque dans le dernier tour. Alors qu’il semblait le mieux armé pour l’emporter, le français voit surgir, dans la Parabolica, Gethin, toutes roues bloquées, qui s’offre au dernier moment la Tyrrell et la March de Peterson. L’écart sur la ligne est minime, un centième de seconde entre Gethin et Peterson, alors que Cevert termine troisième. Dégouté, le parisien dénoncera à la presse la manœuvre kamikaze du vainqueur du jour, l’obligeant à se déporter pour éviter l’accident. Point positif : sa troisième place assure à Tyrrell le titre des constructeurs pour sa première saison, un bel exploit en plus du triomphe de Stewart, déjà couronné en Autriche pour la seconde fois. Au Canada, sur le tracé de Mosport, la pluie qui tombe le dimanche douche sa belle qualification en troisième position pour finalement le repousser sixième, n’inscrivant qu’un maigre point. La dernière de l’année se tient à Watkins Glen, aux Etats-Unis. Cevert espère briller pour conquérir la troisième place du championnat, lui qui pointe à seulement deux unités du belge Ickx. Quatrième temps des essais, il profite de ses excellents réglages pour se mettre rapidement dans le rythme de son équipier sur lequel il remonte rapidement après que ce dernier remarque une usure prématurée de ses pneus. C’est une aubaine pour Cevert qui s’empare de la tête. Mais à dix tours du terme, alors que son rival au championnat vient d’abandonner, Hulme dérape sur l’huile laissée par la Ferrari du belge et renonce. Quelques secondes plus tard, la Tyrrell déboule et dérape elle aussi sur la flaque de fluide. Le choc avec les rails est léger et fort heureusement parallèle à l’axe des roues. Le français ne prend alors plus aucun risque pour enfin goûter au parfum de la victoire, une délivrance pour le poulain de Stewart. En plus des 50 000 dollars promis aux vainqueurs, François Cevert rejoint l’élite du sport automobile, notamment français, puisqu’il est le premier tricolore à s’imposer en F1 depuis 13 ans et Maurice Trintignant à Monaco ! Ne reste plus qu’à concrétiser en 1972…

Mais en cette année 72, il y a un adversaire des plus redoutables : Lotus et sa splendide 72D. La nouvelle campagne démarre en Amérique du Sud, à Buenos Aires, douze ans après la dernière apparition de l’Argentine en Formule 1. Un retour en grande pompe puisque c’est le local Reutemann qui s’offre la pole pour sa première course à haut niveau. Mais en course, les Tyrrell et Lotus ne font qu’une bouchée du pilote Brabham. Cevert, qualifié septième, navigue à une minute de son chef de file lorsque sa boîte de vitesses rend l’âme alors qu’il visait la cinquième place. Le championnat est encore long mais l’avantage est déjà à son équipier. A Kyalami, après être parti au cœur du peloton, il est rapidement contraint de repasser par les stands à cause d’un problème d’allumage, un nouveau coup du sort pour le parisien, dans les temps des plus rapides en piste ce jour-là malgré l’absence de son troisième rapport. Les mauvais résultats confirment la perte de performance des Tyrrell en ce début de saison, notamment la 002 de Cevert. Sur le tracé de Jarama, comme sur celui de Monte-Carlo, les problèmes mécaniques s'enchaînent et lorsqu’il croise la ligne d’arrivée, c’est encore très loin des leaders. Ce n’est qu’au mois de Juin que les nuages commencent à s’éloigner pour François Cevert. Cinquième sur la grille de départ à Nivelles, il dépasse tour à tour Hulme, Ickx et Regazzoni pour s’emparer de la deuxième place à l’arrivée, limitant la casse pour une écurie Tyrrell privée de son champion écossais sur blessure. Enfin des points pour le français qui sait pourtant que cette saison sera plus que complexe. La semaine suivante, c’est au Mans que l’on retrouve le parisien, sur la très véloce Matra-Simca. Associé à Howden Ganley, il mène la vie dure à la voiture sœur de Pescarolo-Hill avant de connaître d’importants problèmes électriques, reléguant le duo à 11 tours des leaders pour finalement s’adjuger la deuxième place. Cette même année, la parisien joue outre-Atlantique dans le fameux championnat Can-Am et sur ces barquettes prototypes, le français joue les gros bras face aux américains. Sur sa McLaren M8F, il joue plus que souvent les premiers rôles, accrochant quatre podiums dont une splendide victoire à Donnybrooke. A cela s'ajoutent quelques piges en Formule 2 mais sans réels succès, juste une pole position et un meilleur tour à Pau et Crystal Palace comme principaux faits d’armes. Sur le circuit de Charade, tous les spectateurs n’ont d’yeux que pour celui qu’ils considèrent comme le petit Prince de la Formule 1.A cette occasion, Tyrrell lui offre l’opportunité d’étrenner la nouvelle 005, normalement dévolue à Stewart, tout juste rétabli de sa blessure. La monoplace est incroyablement rapide mais dans les tous derniers essais, Cevert sort de piste et détruit sa monture. Pas le choix de revenir sur la 002, bien moins performante. Pour ne rien arranger, son poignet est touché et reste douloureux. Le dimanche, il tente tant bien que mal d’éviter les bordures couvertes de pierres pour remonter jusqu’au troisième rang mais à trois tours du but, Amon, au prix d’une manœuvre audacieuse, lui chipe son dû pour le rétrograder au quatrième rang. Cette belle série française finira par prendre une mauvaise tournure en deuxième moitié de campagne. Accidenté à Brands Hatch, il n’aura pas plus de chance sur le Nürburgring avec un nouvel accroc en essai et des mauvais réglages en course. Même désillusion en Autriche avec des qualifications complètement ratées et une vingtième place sur la grille, le plus mauvais résultat de sa carrière. Une casse moteur à Monza puis une panne de transmission à Mosport viendront compléter une descente aux enfers terrible pour le français. Les championnats sont déjà pliés et chez Tyrrell, tout le monde n’attend qu’une chose : la nouvelle machine de l’an prochain, prometteuse paraît-il. La saison 1972 se conclut à Watkins Glen, théâtre du premier succès de Cevert un an auparavant. Le tracé convient bien au français. Ainsi trouve-t-il d’emblée les bons réglages sur sa nouvelle 006, déjà testée au Canada lors du rendez-vous précédent. Quatrième au départ, il profite de ses bonnes gommes, de sa machine et du temps changeant pour s'immiscer en seconde position, à une trentaine de secondes de son chef de file, Jackie Stewart. 1973 s’annonce grandiose pour les deux hommes…

La Tyrrell 006 se présente comme la plus grande menace des Lotus 72D en 1973 et il ne faudra pas attendre longtemps pour s’en rendre compte. Pour l’ouverture de saison en Argentine, les quatres monoplaces anglaises figurent parmi le top 6, Cevert fermant la marche. Pourtant, dès l’extinction des feux, c’est bien lui qui file en tête. Après quelques échauffourées avec Regazzoni, le voici seul leader jusque dans les derniers instants de course. Mais à dix boucles du terme, Fittipaldi se jette sur le français pour lui piquer le commandement. Face à une Lotus trop raide, François s’incline et préserve sa seconde place, une belle entrée en matière malgré cette déconvenue. Après un grand-prix difficile à Sao Paulo, il espère mieux faire à Kyalami mais lors des essais, Stewart se crashe. Pour se qualifier, il récupère la monture de son équipier, quitte à le laisser sur le carreau ! Le français sera admis au départ, en vingt-cinquième position avant de connaître une course calamiteuse. L’ombre de 1972 semble se répandre à nouveau mais l’arrivée de la saison européenne finira par bouleverser la hiérarchie. Troisième en qualifications sur le Montjuïc Park, il tiendra de nombreux tours le rythme des leaders avant de connaître une crevaison à la fin du premier tour de course. Un arrêt éclair plus tard, le revoici le couteau entre les dents, fonçant sur les bosses et entre les rails. Le français grimpe sans cesse dans le classement, bénéficiant des nombreux abandons mais aussi de sa grande maîtrise au volant. A huit boucles du but, le voilà au second rang, n’évoluant qu’à une quarantaine de secondes du leader Fittipaldi. Sans cet incident, la victoire lui tendait sûrement les bras. L’histoire sera la même à Zolder. Encore mieux qualifié que son équipier, il profite d’un excellent envol pour caracoler en tête et foncer vers la victoire. Pourtant, le français ne l’atteindra pas en raison d’un bête tête-à-queue, le reléguant huitième. Comme en Espagne, il remontera deuxième, évidemment déçu de ne pas pouvoir soulever le trophée du vainqueur. A Monaco, rebelote. Auteur du meilleur départ, il s’impose au premier virage mais dans le deuxième tour, il heurte un trottoir et crève. Sa bévue corrigée, le voilà dernier sur un circuit réputé impossible pour dépasser. Le français n’abdiquera jamais et se lança dans une course effrénée vers les points et la quatrième place finale. Si la performance est bien là, toutes les unités perdues récemment l’exclue presque déjà de la course au titre. En Suède, il rejoint pour la première fois le top 2 lors de l’exercice du tour chronométré. Sa course ne sera pas aussi rapide et plutôt monotone et ce n’est que grâce aux soucis de Stewart et Fittipaldi en toute fin d’épreuve que la troisième position est accrochée. A mi-saison, Cevert pointe en troisième place du championnat, à seize unités du leader brésilien. Juste avant la manche scandinave, le parisien a participé pour la troisième fois aux 24 Heures du Mans mais un accident à la douzième heure viendra mettre un terme à tout espoir de victoire. En France, sur le circuit du Castellet, Cevert fait face à une foule de spectateurs venus l’acclamer. Véritable chouchou du public, il aura à cœur de briller chez les siens. Sa Tyrrell ne sera pourtant pas dans sa plus grande forme mais avec les nouveaux déboires de ses rivaux au championnat, il parvient à retrouver le podium et la deuxième place, pour la plus grande joie des milliers de personnes autour du tracé varois. Le français n’est peut-être plus loin de la tête du championnat, Ken Tyrrell lui fait rapidement savoir qu’une hiérarchie interne est bien mise en place. Cependant, il se murmure de plus en plus que Stewart, las des accidents mortels et du manque de sécurité, pourrait stopper sa carrière à l’issue de la saison, de quoi laisser le rôle de leader d’équipe à François.Jamais dans le coup à Silverstone, il retrouve le chemin du podium à Zandvoort et sur le Nürburgring avec deux deuxièmes places à la clé, mais derrière son leader incontesté, Stewart. Ce dernier fait d’ailleurs un pas monumental vers la couronne mondiale car avec quinze points d’avance sur Cevert deuxième, les dés sont quasiment jetés. Accroché en Autriche, il ne connaîtra que la cinquième place à Monza, en grosse difficulté tout le week-end. Son équipier écossais assuré du titre, François ne recherche qu’une seule chose : tenir la deuxième place. Malheureusement, un accrochage au Canada avec Scheckter viendra perturber ses plans. Furieux contre le sud-africain, le français alla jusqu’à jouer des poings pour montrer son mécontentement. Pourtant, le pilote Tyrrell n’est pas le plus en forme, en témoigne sa cheville très douloureuse le faisant boiter. Il sera même évacué par ambulance à même le circuit, une situation très dangereuse qui verra l’arrivée d’une grande nouveauté : la voiture de sécurité. Pour la première fois de l’histoire, une Safety Car vient se placer sur le circuit pour réduire l’allure des concurrents mais cette première conduira à un désastre. En se positionnant devant Wietzes, alors huitième, la direction de course offre aux leaders un tour d’avance gratuit, une hérésie. A l’issue du grand-prix, Cevert est troisième au championnat, sept points derrière Fittipaldi. Tout se jouera donc à Watkins Glen, son terrain de jeu favori…

Fort de ses bons résultats contractés ici-même ces dernières années, le français voit les choses en grand. Remis de sa blessure canadienne, il n’affiche qu’une seule chose : sa très grande volonté de s’imposer. Stewart admet bien vouloir s’effacer au profit de son équipier si l’opportunité lui est donnée pour lui faciliter encore un peu plus la tâche. Le jour des qualifications est arrivé et la Tyrrell marche fort, mais pas autant que les Lotus et McLaren. Après les premiers chronos, Cevert pointe au quatrième rang, deux places devant Stewart. S’il aurait pu se contenter de cette performance, le français convainc son équipe de le laisser retenter un tour pour enfin décrocher cette pole qui se refuse toujours à lui. A six minutes de la fin de la séance, François Cevert quitte la voie des stands et s’élance. La Tyrrell passe devant l’allée des stands, franchit le premier virage puis plus rien. Le silence. La nouvelle d’un terrible accident se répand dans le paddock. C’est Cevert. Et c’est grave. La Tyrrell aurait subitement glissé dans les Esses, percutant les rails à droite avant s’envoler dans l’autre direction avant de se retourner en l’air. De l’autre côté de la piste, la machine bleue percute les barrières en acier à l’envers. Le choc est effroyable, le pilote coupé en deux. La scène d’horreur coupe court la séance et plusieurs pilotes s’arrêtent pour tenter de porter secours au malheureux mais il est trop tard : François Cevert est mort. La nouvelle arrive très vite au sein du paddock. Tout le monde est meurtri, à commencer par Stewart qui entamait son centième grand-prix ; il n’y prendra jamais part. Tout le monde est choqué par ce funeste destin. En l’honneur de son protégé disparu, Tyrrell renonce à courir. Comme le dira le journaliste Johnny Rives, “la Formule 1 venait de perdre son champion et son petit Prince”...

Cette disparition en course reste l’une des plus iconique et marquante de l’histoire des sports mécaniques. Celui qui aurait pu devenir le premier champion du monde français venait d’être fauché en plein vol. Qui sait ce qu’il aurait fait en 1974 aux côtés de Scheckter, celui qui aurait dû être son équipier. François Cevert restera pour beaucoup un pilote exceptionnel doué qui aura laissé passer de belles chances, notamment en 1973. Il restera auréolé d’un seul et unique succès, à Watkins Glen, circuit qui l’aura finalement détruit. On peut décompter également deux meilleurs tours et treize podiums, un beau palmarès pour celui qui aura fait chavirer le cœur de beaucoup de femmes et fait couler des larmes à beaucoup de fans.

François Cevert en chiffres...

Meilleur classement en championnat du monde F1 :

3eme (1971)

Grands-prix :

46 (47 engagements)

Victoires :

1

Podiums :

13

Poles Position :

0

Meilleurs Tours :

2

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