Jackie Stewart
C’est l’un des plus grands champions de la Formule 1. Reconnaissable entre mille avec ses lunettes et ses rouflaquettes de l’époque, ou avec sa casquette écossaise actuelle, cet homme très talentueux aura beaucoup œuvré pour la sécurité des grands-prix.
Comme tout bon élève, Stewart façonna sa renommée dans les classes préparatoires à la Formule 1. Rapidement repéré par Ken Tyrrell, l’anglais brilla, s’imposant facilement en Formule 3 puis Formule 2. Le dernier échelon est franchi en 1965 avec l’accès à la catégorie reine. Et c’est chez BRM que l’aventure commença, aux côtés du champion G.Hill. Très vite, Stewart impressionne le paddock, attrapant le point de la sixième place pour sa première course à East London. Mieux encore, il alla décrocher son premier podium la course suivante à Monaco, récidivant deux nouvelles fois en Belgique et en France. De nouveau dans les points, chez lui, à Silverstone, il réintègre le top 2 dès la manche suivante aux Pays-Bas, mais toujours sans victoire. Sur l’impardonnable Nürburgring, il est, pour la première fois, trahi par sa monture, la suspension étant en cause. Si Clark et Lotus empochent les titres, Stewart veut encore prouver qu’il a l’âme d’un champion. A Monza, après avoir mené une belle lutte face à son équipier Hill, le jeune anglais emmena son tout premier doublé, empochant son premier succès en catégorie reine et ce, pour sa sixième course. Cette précocité commence à faire parler dans le paddock. Malheureusement, la fin de sa saison se soldera par deux abandons mais quoi qu’il en soit, le voici avec les tous meilleurs de ce championnat.
Toujours chez BRM en 1966, il connait un début de saison triomphant avec la victoire au grand-prix de Monaco. Pourtant, cette victoire n’en enclenchera pas d’autre. A Spa-Francorchamps, Stewart est victime d’un terrible accident. Trop touché, le voici obligé de renoncer à la manche française. Ce crash n’aura pas été sans effet pour lui. C’est à partir de ce moment précis que sa lutte pour une plus grande sécurité en sports mécaniques débuta. De retour à la compétition à domicile, il échouera à monter sur le podium. A trois courses du terme du championnat, BRM fait le choix d’une nouvelle architecture moteur avec le fameux H16 : une catastrophe. Il ne verra pas l’arrivée sur aucune de ces trois épreuves. Mais outre la Formule 1, Stewart s’adonne à d’autres compétitions comme la Formule Tasmane ou le championnat de voitures de sport. Mais c’est à Indianapolis que l’anglais aurait pu faire un pas de plus vers la triple couronne. En tête des 500 Miles, il vit sa monture le lâcher à quelques boucles du but alors que la victoire sur le Brickyard lui était promise. Pour sa dernière saison chez BRM, Stewart sait que sa saison 1967 va être longue. Malgré deux podiums à Spa et au Mans, l’anglais sera incapable de terminer d’autres courses, sa monture éprouvant de très gros problèmes de fiabilité.
En 1968, Stewart retrouve Ken Tyrrell chez Matra. Tout de suite, l’anglais retrouva de sa superbe dans les voitures bleu ciel. En dix courses, il ne connaîtra que deux abandons, toujours d’origine mécanique. Son pilotage propre lui permet de bien figurer tout le long du championnat, malgré une absence pour deux épreuves, touché au poignet suite à un accident de F2. En s’imposant à Zandvoort, au Nürburgring (avec une avance de quatre minutes !) et Watkins Glen, Stewart devient un sérieux prétendant à la couronne mondiale. Malheureusement, ses résultats en dents de scie le priveront du titre au profit de son ancien équipier G.Hill. Boosté par les performances de sa monoplace, l’anglais sent que l’année 1969 peut être la sienne. Et il avait raison. Lors des six premières courses, il décrocha cinq victoires, passant à côté à Monaco à cause d’un cardan le privant d’un succès facile. S’il termine deuxième en Allemagne, il retrouve la plus haute marche à Monza. Avec ce nouveau succès, Stewart décroche par la même occasion le titre pilote, et le titre constructeur pour Matra. L’anglais est alors sur le toit du monde. Ses deux abandons et sa quatrième place à Mexico n’y changeront rien, le voici couronné.
En 1970, nouveau changement. Son patron, Ken Tyrrell, décide alors de créer sa propre écurie éponyme. C’est avec des châssis March que l’équipe démarra sa saison. S’il décroche d’emblée un podium puis la victoire en Espagne, le championnat reste compliqué avec cette monoplace. Trop peu dans le coup, Stewart ne peut mieux faire que cinquième au championnat. Toutefois, la fin de saison semble sourire au futur avec l’arrivée de la Tyrrell 001 lors des trois dernières manches. En réalisant une pôle et deux deuxièmes places sur la grille, la voiture semble être plutôt bien née malgré ses problèmes de fiabilité. Reste à confirmer en 1971. Et c’est le cas. Avec la 001, Stewart s’empare à nouveau de la pôle avant de terminer second, derrière Andretti, nouveau vainqueur en Formule 1. Dès la manche suivante en Espagne, l’anglais dispose d’une nouvelle arme : la 003. Avec cette voiture très performante, le voici dominant de la tête et des épaules le championnat, remportant cinq courses lors des six suivantes. Cette année-là, le grand-prix de Belgique à Spa n’est pas disputé. En effet, Stewart, commandant l’association des pilotes, refusa de courir sur le tracé ardennais car la sécurité du circuit est jugée trop précaire. Ces décisions sur la sécurité feront bien sûr polémique, notamment auprès des journalistes. Mais quoi qu’il en soit, l’anglais est invincible en 1971. En Autriche, le sacre lui tend les bras. Si Ickx ou Peterson ne gagnent pas, le titre est en poche. Durant l’épreuve, une roue se détacha de la Tyrrell, envoyant le malheureux en tête-à-queue. Si Stewart essuie son premier abandon, ces concurrents ne s’imposent pas, lui offrant donc une deuxième couronne mondiale à 32 ans. A Monza, son moteur explose, le privant d’une nouvelle victoire lors de la course au finish le plus serré de l’histoire. Malgré ce nouvel abandon, Tyrrell décroche son premier titre constructeur en Formule 1, véritable exploit pour une si jeune écurie. Après un nouveau succès au Canada, l’anglais est à nouveau touché par les problèmes à Watkins Glen, profitant alors à son équipier et ami Cevert, devenant le deuxième français à s’imposer en Formule 1.
Tout comme 1970, la saison 1972 sera décevante. Pilotant successivement la 003, 004 puis 005, Stewart ne pourra pas lutter face à la Lotus 72D de Fittipaldi. La saison commença pourtant bien avec la victoire en Argentine avant d’enchainer sur deux abandons consécutifs. Un nouveau succès en France puis une seconde place en Grande-Bretagne seront de bonne augure pour la suite de la saison mais la série noire de fin d’été l’empêcha de contrer le brésilien, tout juste titré à Monza. Même s’il finit par remporter les deux dernières courses de la saison, Stewart est déjà tourné sur la suivante, sa dernière. En débutant l’année 1973, l’anglais avait déjà décidé de sa retraite en fin de saison. S’il dispute toutes les courses restantes, il s’arrêtera à cent départs tout rond, un beau nombre pour une carrière bien remplie. Avec la 006, Stewart retrouva de sa superbe, combattant à nouveau le champion du monde brésilien. Avec sa régularité, l’anglais marque de gros points, empochant une belle victoire à Kyalami après s’être élancé seizième. Malgré une Tyrrell en délicatesse avec ses freins, il franchit la ligne d’arrivée en premier en Belgique et à Monaco, rentrant un peu plus dans le rang à Anderstorp, au Castellet et à Silverstone. Ce n’est qu’aux Pays-Bas que Stewart retrouva le chemin du succès, remportant son vingt-sixième succès, nouveau record en Formule 1. Il récidivera en Allemagne lors de la manche suivante, portant son total à vingt-sept victoires. En Autriche, un abandon de Fittipaldi ouvre une voie royale pour une troisième couronne mondiale, chose faite dès la course suivante à Monza. Après un grand-prix du Canada étrange en raison de la toute première apparition de la voiture de sécurité au milieu du peloton, Stewart s’engage sur sa centième et dernière course à Watkins Glen. Mais lors des essais, son équipier et grand ami Cevert sort violemment de piste, se tuant sur le coup. Le choc est tel pour Stewart qu’il refusa de prendre part au grand-prix. Il restera donc sur quatre-vingt-dix-neuf départs…
Une fois sa carrière de pilote terminée, Stewart se dirigea vers le journalisme, commentant quelques courses pour la TV. Son retour se fera en 1997 avec son écurie éponyme, créée avec son fils Paul et par Ford. Malgré un podium inespéré à Monaco, les voitures blanches seront mauvaises et peu fiables. En 1999, pour la dernière année de l’équipe anglaise, Herbert parvient à remporter le grand-prix d’Europe au Nürburgring, seul succès pour Stewart en tant que patron d’écurie. Barichello complète ce podium, troisième pour le plus grand bonheur de l’anglais. Outre cette activité de directeur, Stewart occupa souvent la place d’ambassadeur pour des marques de prestiges. De plus, l’anglais fit quelques apparitions devant la caméra, notamment lors du grand-prix de Monaco 1971. Durant tout le week-end, le cinéaste Roman Polanski suivi le champion anglais, de sa préparation à la course, dans le film Week-end of a champion. Stewart apparaîtra également dans le clip de la chanson Supreme de Robbie Williams, menant la vie dure à Bob Williams, son rival le temps d’une musique.
Jackie Stewart en chiffres...
Meilleur classement en championnat du monde F1 :
Champion du monde (1969, 1971, 1973)
Grands-prix :
99 (100 engagements)
Victoires :
27
Podiums :
43
Poles Position :
17
Meilleurs Tours :
15