Stirling Moss
Être le champion sans couronne ne veut pas dire être mauvais. Stirling Moss en est le plus bel exemple.
Les Moss et le sport automobile, c’est une longue histoire d’amour débutée bien avant l’arrivée de Stirling sur cette Terre. En 1924 déjà, son père, Alfred Moss, se classait seizième des 500 Miles d’Indianapolis, alors la course la plus réputée au monde. Marchant sur les traces de son paternel, le jeune londonien est né pour la vitesse. Alors qu’il n’a pas encore vingt ans, l’anglais pilote déjà et en 1948, il se lance dans ses premières courses de côte. Rapidement à l’aise volant en main, il fait l’achat d’une Cooper-JAP de 500cm3 pour affronter ses compatriotes dans des courses plutôt relevées de Formule 3 et de Formule 2, où il y décrochera bon nombre de succès en très peu de temps, glanant le titre de champion de F3 anglaise dès 1948. Avec une nouvelle monture entre ses mains dès 1949, le voici as des circuits, participant même à son premier grand-prix hors-championnat à Goodwood où il abandonnera après un tour. Mais malgré quelques belles réalisations, aucun volant ne vient à lui et sa demande de participation au Tourist Trophy auprès de l'équipe officielle Jaguar est rejetée. C’était sans compter sur Tommy Wisdom, pilote lui aussi, qui lui offrit la possibilité d’affronter les anglaises avec sa propre XJ120 privée lors du Tourist Trophy 1950. Cette sortie sera couronnée de succès, Moss battant, et avec la manière, les autres Jaguar sur une piste trempée et balayée par les vents. Ce premier succès d’envergure sera un véritable tremplin pour le londonien, rapidement courtisé par les plus grands. Victorieux de la course F3 à Monaco cette même année, plus rien ne semblait empêcher Stirling d’atteindre la Formule 1. Ses impressionnantes performances sont tout d’abord remarquées par HWM, écurie avec laquelle il accroche un premier podium hors-championnat à Bari, derrière, excusez du peu, Farina et Fangio. Toujours en quête de compétition et de vitesse, Moss dispute un nombre conséquent d’épreuves, passant de la monoplace à la voiture de sport sans baisser de régime. Inévitablement, le chemin vers la F1 lui est dessiné et c’est en 1951, à peine trois ans après ses débuts en course, que l’histoire s’écrit…
C’est lors du grand-prix de Suisse 1951 que le nom de Stirling Moss apparaît sur une grille de Formule 1. Toujours au volant d’une modeste HWM, pourtant en verve hors-championnat, le londonien peine à trouver le bon rythme. Qualifié quatorzième, l’anglais finit huitième, à deux tours des leaders. Mais à l’issue de cette course, le voilà sans volant pour le reste de la saison. Pour autant, Moss court en catégorie inférieure ainsi qu’en endurance avec Jaguar, remportant de nombreuses étapes dans son pays natal. Bien qu’ayant été contacté par Enzo Ferrari lui-même pour courir pour la Scuderia en 1952, l’anglais décide de rester à la maison et de poursuivre avec les petits teams locaux, sans grandes réussites. Il faut donc attendre un an de plus et à nouveau la manche suisse pour le revoir en F1, toujours chez HWM, du moins, pour cette course seulement. Son chauvinisme lui fera d’ailleurs défaut tant ses performances en catégorie reine sont décevantes. A Spa-Francorchamps, Silverstone et au Nürburgring, le voici au volant d’une ERA, une très modeste monture qui le lâche à tous les rendez-vous. Son apparition à bord d’une Connaught ne sera guère plus probante, le même problème mettant fin à tous ses espoirs de bons résultats. Outre la monoplace, Moss s’essaye également au rallye, discipline où sa sœur fut l’une des meilleures en son temps, grimpant sur la seconde marche du podium lors de la classique de Monte-Carlo. Mais en Formule 1, les années se suivent et se ressemblent. Débutant la saison avec une Connaught, l’anglais part en direction d’un autre constructeur britannique à partir du grand-prix de France : Cooper. Avec un matériel légèrement meilleur, les résultats s’en ressentent et la sixième place décrochée au Nürburgring confirme les ambitions de Moss. Il remporte même son premier grand-prix hors-championnat à Crystal Palace. Son talent n’est plus à démontrer, surtout lorsque les succès s'enchaînent en catégorie inférieures et en endurance avec, notamment, une victoire d’envergure lors des 12 Heures de Reims et une deuxième place aux 24 Heures du Mans. L’envie de voir plus haut et d’intégrer Mercedes est grande mais le refus d’Alfred Neubauer, alors patron de la firme allemande, met un coup de frein à sa progression. C’était sans compter sur l’aide de son père et de son manager pour débusquer une Maserati 250F pour la saison 1954, une belle trouvaille. Avant même que ne débute cette campagne avec le trident, Moss s’offre un nouveau succès de classe avec les 12 Heures de Sebring. Pour sa première course en Belgique, l’anglais réalise une splendide performance, glanant son premier podium avec la troisième place finale, derrière Fangio et Trintignant. Si les étapes suivantes ne lui sourient pas forcément, force est de constater les réels progrès de Moss, se classant trois fois successivement en troisième position sur la grille. Il sera également lauréat des épreuves de l’International Gold Cup, du Goodwood Trophy et du Daily Telegraph Trophy hors-championnat, de quoi donner encore plus de poids pour une éventuelle candidature outre-Rhin. A Monza, il échoue pour trois petits dixièmes de secondes à récolter sa première pole position mais c’est bien en course que le londonien se révèle enfin au grand jour. Après un bon départ et une lutte avec González pour la troisième place, le pilote Maserati se montre de plus en plus à son aise et participe à la bataille pour le commandement de l’épreuve face à la Mercedes de Fangio et la Ferrari d’Ascari. A la suite de la casse de boite de l’italien, l’anglais se retrouve donc confronté au grand argentin qui commet cependant l’une de ses très rares erreurs. Fort d’une avance importante, Moss semble filer vers sa toute première victoire mais son réservoir d’huile en décide autrement. A une dizaine de tours du but, c’est l’abandon. Même s’il n’est classé que dixième, son exceptionnelle course ne passe pas inaperçue, notamment chez les allemands de Mercedes. Cette fois, rien ne lui est refusé et son nouvel abandon en Espagne n’aura aucune incidence sur son avenir. Voici Moss, en gris à présent.
La saison débute en Argentine aux côtés du régional de l’étape Fangio. La Dream Team à l’étoile entamait sa glorieuse histoire. Qualifié huitième, il remonte jusqu’au pied du podium pour sa première avec sa fabuleuse W196. Avant de disputer la manche suivante à Monaco quatre mois après, Moss participe, avec le soutien de Mercedes, aux Mille Miglia, la célèbre classique italienne. Cette année-là, l’anglais explose tous les records, battant Fangio, second au classement, de plus de trente minutes. En prime, il réalise la vitesse moyenne la plus élevée jamais enregistrée pour cette épreuve, un record qui ne sera jamais battu. Mais si ce succès reste historique, le retour en Formule 1 est moins couronné de succès, le moteur de sa flèche d’argent rendant l’âme en course alors qu’il tenait la tête de l’épreuve. Les choses s’améliorent dès la manche suivante à Spa-Francorchamps avec la deuxième place finale, une nouvelle fois derrière Fangio, désormais grand favori pour le titre. Avant l’épreuve néerlandaise, Moss participe, avec son équipier argentin, aux 24 Heures du Mans, sur une Mercedes, évidemment. Le duo est le grandissime favori avec le tandem Hawthorn / Bueb sur Jaguar. Mais cette année-là, un terrible accident emporte la vie de quatre-vingt spectateurs, accident qu’évite de justesse Fangio. Très traumatisé par l'événement et par la perte de l’un de leur pilote, Pierre Levegh, Mercedes décide de se retirer de la course, laissant filer une grande chance de succès au profit de Jaguar. Cet incident sera lourd de conséquences en fin de saison. Les premiers débats sur la sécurité commencent à émerger mais la Formule 1 ne s’arrête pas pour autant. De nouveau qualifié deuxième, Moss ne trouve pas l’ouverture sur Fangio. Pourtant, son rythme excellent sous la pluie le place dans les échappements de l’argentin mais il n’y a rien à faire. Trois dixièmes de seconde, c’est ce qui sépare le deux W196 à l’arrivée. Mais en Grande-Bretagne, chez lui, c’est jour de gloire. Sur le circuit d’Aintree, c’est bien Moss qui prend la pole position pour deux petits dixièmes sur son éternel rival. Deux dixièmes, c’est ce qui séparera les deux hommes sous le drapeau à damier, dans le même ordre. En ce 16 Juillet 1955, Stirling Moss rentre enfin dans le panthéon de la catégorie reine. Pourtant, selon ses dires, Fangio n’a pas osé l’attaquer, le laissant volontairement en tête pour l’emporter chez les siens. Cela ne change rien au classement puisqu’à la fin, c’est Juan-Manuel Fangio qui décroche le titre, son troisième. Deuxième du championnat du monde à ce moment-ci, il assure ce classement malgré son abandon à Monza et son spectaculaire anneau de vitesse. Sa seule prestation à bord de la W196s carrossée n’aura donc pas été un réel succès. Mais à l’issue de la saison, coup de théâtre : suite à la tragédie mancelle, Mercedes décide de se retirer de toutes compétitions sportives. Si le champion du monde trouve rapidement un volant chez Ferrari, l’anglais doit chercher un nouveau baquet pour espérer battre son illustre équipier. Et c’est le concurrent Maserati qui lui fera cette offrande à compter de 1956. Petite consolation pour le londonien : le voilà auréolé d’un nouveau succès dans l’International Tourist Trophy, dans l’International Gold Cup et lors de la Targa Florio. Les flèches d’argent ne sont plus, place au trident, seule véritable arme pour défaire le roi Fangio…
1956 sera une brillante année pour Stirling Moss. Presque tout lui sourit, sauf les grandes épreuves et la Formule 1. Là où les succès s'enchaînent à vitesse grand V, les résultats de choix sont plus que manquants à son palmarès. Pourtant, sa volonté de bien faire et son génie du pilotage n’ont rien à voir avec les mauvaises performances. La fiabilité, encore et toujours, voilà ce qui pêche le plus souvent. Le pilote anglais n’a pourtant rien perdu de sa superbe, récoltant parfois jusqu’à deux victoires dans deux catégories différentes le même jour. Pour la première de l’année en Argentine, sa vieillissante 250F est toujours présente pour jouer les trouble-fêtes et à vingt tours du but, c’est bien lui qui mène la danse. Malheureusement, son moteur le trahit tout près du but, comme trop souvent. Mais à Monaco, toutes les planètes s’alignent. Parti depuis la deuxième place de la grille derrière la Ferrari D50 de Fangio, le londonien lui chipe le leadership instantanément pour ne plus jamais le quitter. Menant les cent tours de grand-prix, Moss accroche, ce jour-là, l’un des plus grand classique à son palmarès, enfin. Serait-ce suffisant pour jouer la course au titre ? Pas vraiment. Si son adversaire argentin est plus en difficulté à cause d’une monoplace très fragile et moins véloce que sa Mercedes, la Maserati n’est pas franchement plus rapide. A Spa-Francorchamps, il perd une belle opportunité de bien figurer lorsqu’une de ses roues se détache de sa monture. Par chance, il peut récupérer la machine de son équipier Perdisa mais devant, Fangio est déjà trop loin. Troisième sous le drapeau à damier avec la moitié des points attribués, le championnat est presque déjà plié. Rien de mieux sur les nationales de Reims avec un nouvel abandon sur pépin mécanique. La première place se refuse également encore au Mans, échouant en deuxième place sur une Aston Martin qu’il partage avec Peter Collins. Mais sur le terrifiant Nürburgring, ce sont bien les lauriers qui l’attendent lors de l’épreuve d’endurance des 1000km. Sur sa Maserati 300S partagée avec Schell, Taruffi et Behra, l’anglais pulvérise les records du tour, tournant parfois près de cinq secondes plus vite que l’illustre Fangio ! Poleman chez les siens à Silverstone, il mène une course d’enfer, remontant le peloton jusqu’à la tête après un mauvais départ. Seul Fangio parvient à le dépasser lorsqu’à six boucles du terme, sa machine est stoppée. Les derniers espoirs de sacre venaient de s’envoler. S’il se console avec une deuxième place au Nürburgring et une victoire à domicile pour son équipe à Monza, Stirling Moss doit encore s’avouer vaincu. Deuxième du classement final à trois petites unités de l’argentin, difficile à accepter. Quid de son avenir dans ce cas ? Le récent quadruple champion prend la direction du trident mais Moss a d’autres idées en tête : revenir dans une écurie de premier plan, qui plus est, anglaise : Vanwall. Mais pour la première course de 1957 en Argentine, c’est encore pour Maserati que court le britannique. Après avoir obtenu une superbe pole position sous la pluie, son départ calamiteux, couplé à un problème d'accélérateur, ruine ses espoirs de victoire. Ciao les italiens, hello les anglais…
La Vanwall VW 5 est une très bonne monoplace et Stirling l’a bien compris. Sa chance de devenir champion du monde pourrait bien être à saisir en cette année 1957. A Monaco, il réalise l’envol parfait, prenant la tête à l’abaissement du drapeau mais au bout de quatre petits tours, une défaillance de ses freins l’envoie dans les barrières de la chicane du port, emportant avec lui les malheureux Collins et Hawthorn. Pour ne rien arranger, il est contraint de déclarer forfait pour le grand-prix de France, malade. Fort heureusement, son rétablissement sera rapide et pour son grand-prix national, le voici plus motivé que jamais. Qualifié en pole, l’anglais domine aisément jusqu’à ce que son moteur commence à montrer quelques signes de faiblesse. Un arrêt aux stands plus tard pour récupérer la voiture de son équipier Brooks et le voici parti dans une course poursuite légendaire, remontant un à un ses adversaires jusqu’à la première place promise, synonyme de victoire. Pour autant, il n’est pas temps de se reposer sur ses lauriers car la course du Nürburgring n’est qu’une nouvelle désillusion, la faute à une suspension trop peu adaptée au tracé allemand. Une fois cette dernière améliorée, Moss est imbattable. Cependant, les jeux sont déjà faits : Fangio accroche un cinquième titre à son palmarès, privant l’anglais de son souhait le plus cher, une fois encore. A Pescara, sur le plus grand circuit connu par la Formule 1, l’anglais est intraitable. Dépassé par Musso au départ, le pilote Vanwall n’en fait qu’une bouchée au deuxième tour et domine d'une main de maître, s’imposant avec plus de trois minutes d’avance sur Fangio au terme des trois longues heures d’épreuve. Quinze jours plus tard, à Monza, même récital. Ce nouveau succès lui offre la place de vice-champion pour la troisième fois consécutive, un moindre mal. Quand est-ce que la chance sera sienne ? Peut-être en 1958. Car en fin d’année, coup de théâtre : le récent quintuple champion du monde annonce son retrait de la Formule 1, malgré deux autres piges en 1958. Cette fois, c’est le moment idéal pour gagner. La saison 1958 démarre en Argentine et comme l’année passée, Moss ne court pas pour Vanwall mais pour Cooper et sa voiture innovante : la T43 à moteur arrière. Si Fangio prend part à domicile et signe la pole, Moss joue la carte de la stratégie en ne s’arrêtant aucune fois aux stands, prenant le meilleur sur tous ses concurrents. Ce jour marque la première victoire d’une Formule 1 à moteur arrière. Le retour chez Vanwall à partir de Monaco devient synonyme de premiers problèmes. En renonçant à Monte-Carlo, en Belgique, en Grande-Bretagne, en Allemagne et en Italie, toujours sur problème mécanique, l’anglais compromet grandement sa quête du sacre. Pire encore, son compatriote Hawthorn, sur Ferrari, réalise de solides performances et les deux victoires de Moss aux Pays-Bas et au Portugal, accompagnées de la seconde place en France, ne suffisent pas pour caracoler en tête. Le seul lot de consolation sera ce nouveau triomphe aux 1000km du Nürburgring, peut-être la seule épreuve que le destin lui autorise à gagner. Avant la dernière manche au Maroc, Moss sait qu’il doit impérativement s’imposer tout en espérant que son adversaire direct ne marque pas trop de points. Dès le départ, le pilote Vanwall s’envole en tête et derrière lui, Hawthorn n'est que quatrième, loin du leader. C’est alors que le moteur de Brooks, alors troisième, cède brusquement, permettant à l’anglais de chez Ferrari de grimper à la troisième place, pourtant encore insuffisante pour le sacrer. C’était sans compter sur les consignes d’équipe de la Scuderia qui obligeront Hill, alors deuxième, à s’effacer devant son leader pour s’adjuger la seconde place. Moss s’impose, loin devant Hawthorn, mais le championnat est à nouveau perdu, pour un petit point. Sans tous ces retraits sur manque de fiabilité, l’anglais aurait dû remporter la couronne, la première pour un anglais en Formule 1. Le sort en décide autrement et pour la quatrième fois, c’est avec la place de vice-champion que Moss achève une nouvelle campagne. Quand ça ne veut pas…
A partir de 1959, Moss rejoint Rob Walker et son écurie privée disposant de Cooper à moteur arrière. Pas le choix pour l’anglais, contraint de quitter Vanwall après la disparition de l’équipe en fin d’année écoulée. S’il signe la pole d’entrée de jeu à Monaco, sa transmission s’arrête de fonctionner à vingt boucles du but alors que la victoire lui tendait les bras. Même sanction à Zandvoort où, après avoir chipé le leadership à Bonnier à une quinzaine de tours du drapeau à damier, sa boîte de vitesses lui fait défaut et l’oblige à stopper net sa progression. Pour les grands-prix de France et de Grande-Bretagne, Moss décide de s’aligner, sans le consentement de Walker, sur une BRM. Hélas, les choses n’iront pas en s’arrangeant, le londonien étant disqualifié à Reims pour avoir été aidé à repartir après un tête-à-queue. Ce n’est qu’à Aintree que l’arrivée est enfin franchie, deuxième. Si l’histoire se répète inlassablement en Formule 1, elle est identique du côté de l’endurance. Là où les 24 Heures du Mans se refusent encore à lui, les 1000km du Nürburgring sont encore pour lui. Après ce bref intermède chez BRM, Moss revient chez Rob Walker et ses Cooper T51. Les soucis ne sont pas réglés mais cela ne l'empêche pas de triompher à deux reprises, au Portugal et en Italie, avant de renoncer, une fois encore, à Sebring et ce, malgré la pole position. Ses trop nombreux abandons ne le feront pas aller plus haut que la troisième place au championnat, très loin de ses motivations de début de saison. Pourtant, toutes catégories confondues, c’est peut-être sa meilleure récolte avec un nombre de victoires impressionnant tout autour du globe et sur diverses voitures, toutes plus atypiques les unes que les autres. En 1960, l’anglais entame l’année avec une BRM, remplacée dès la deuxième manche par la très légère Lotus 18. A Monaco, il réalise la pole et concrétise le lendemain, permettant à Chapman de gagner pour la première fois en Formule 1, la première d’une longue série. La course est nette, propre, sans bavure. Si l’anglais se place d’office comme un prétendant à la couronne, son élan est stoppé net en Belgique. Victime d’une grosse sortie de piste, il se retrouve avec les deux jambes brisées. Ce n’est qu’en fin de saison que Moss retrouve le chemin des circuits sans jamais avoir perdu de sa superbe puisqu’il accroche la pole et la victoire pour la dernière manche sur le tracé de Riverside. De nouveau sur la troisième marche du podium final au championnat, Stirling commence à sérieusement se demander si le jeu en vaut réellement la chandelle. Evidemment, les 1000km était encore pour lui. Mais en 1961, la réglementation change et les Ferrari dominent grâce à leur puissance. Pourtant, le premier grand-prix de la saison réserve une belle surprise. Sur une Lotus dépourvue de certains éléments de carrosserie, Moss s'empare de la pole avant de mener l’épreuve monégasque à un train d’enfer. Son rythme de course, plus élevé qu’en qualifications, lui permet de résister aux 156 de la Scuderia et de s’adjuger celle qui reste la plus belle victoire de sa carrière. Mais la suite est moins glorieuse malgré le bon coup de volant de l’anglais. Pourtant, au Nürburgring, son tracé de prédilection, ses talents d’équilibriste compilés avec son sens de la course et de la stratégie font des éclats. Douchée avant le départ, la piste allemande est bien humide au moment de s’élancer mais tour après tour, une trajectoire sèche se dessine, véritable casse-tête pour les pilotes. Alors que les Ferrari optent pour des pneus secs, Moss choisit les pluies. Dès le départ, la Lotus s’envole mais dès que le bitume commence à s'assécher, les Ferrari reviennent en chasse. Fort heureusement, une nouvelle averse tombe à quelques tours du terme de la course et l’anglais déroule, remportant le centième grand-prix de l’histoire de la Formule 1, son dernier en catégorie reine. Après un abandon lors du tragique grand-prix d’Italie et une casse moteur aux Etats-Unis, la saison 1961 s'achève sur une troisième place au championnat du monde, encore une fois. C’est alors qu’un contact est retrouvé avec Enzo Ferrari qui lui propose l’une de ses voitures pour 1962. L’occasion est grande pour l’anglais qui peut bénéficier du meilleur matériel possible. Ce dernier autorise l’anglais à continuer avec l’écurie privée de Rob Walker, mais sur une Ferrari. Mais ce jour n’arrivera jamais. Le 15 avril, l’anglais est victime d’une violente sortie à Goodwood. Touché aux cervicales, il ne roulera plus jamais et ce, malgré des tests dès 1963, non fructueux.
Dès lors, Stirling abandonne la compétition sportive. Tout au long de sa vie, il profitera de ces iconiques voitures pour parader dans diverses démonstrations et événements, le tout, en gardant cet esprit de compétition bien ancré en lui. Mercedes lui rendra même hommage avec une voiture à son nom en 2010 : la SLR Stirling Moss. Le 12 avril 2020, et en proie à des soucis de santé, il s’éteint. Celui que l’on surnomme “le champion sans couronne” aura laissé une trace indélébile en Formule 1 et dans le sport automobile en général. Féru d’endurance, il ne remportera jamais les 24 Heures du Mans, terminant second à deux reprises, un peu l’histoire de sa vie en F1. Pour autant, les 12 Heures de Sebring, les 1000km du Nürburgring ou encore les Mille Miglia sont à mettre à son palmarès, un palmarès digne d’un grand champion et ce n’est pas Fangio qui dira le contraire…
Stirling Moss en chiffres...
Meilleur classement en championnat du monde F1 :
2e (1955, 1956, 1957, 1958)
Grands-prix :
66 (68 engagements)
Victoires :
16
Podiums :
24
Poles Position :
16
Meilleurs Tours :
19