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Giuseppe Farina

C’est l’homme du début, le premier d’une longue série de vainqueur et de champion en Formule 1 : Giuseppe Farina.

Né en 1906, l’italien ne pu éviter le chemin de l’automobile et pour cause, il n’est autre que le neveu de l’un des plus grands carrossiers au monde, le célèbre Battista « Pinin » Farina. Dès son plus jeune âge, le jeune Giuseppe nage au milieu de l’automobile, si bien qu’à neuf ans, il conduit lui même autour de l’atelier de son père. Sept ans plus tard, son oncle l’emmène assister à sa première course : la carrière est toute tracée, enfin presque. Son père lui impose de terminer ses études afin d’intégrer le business familial et quelques années plus tard, le jeune Farina quitte les bancs de l’école, doctorat en poche. A dix-neuf ans, il effectue sa première sortie en tant que pilote lors d’une course de côte mais finira dans le décor, lui occasionnant quelques blessures. Pourtant, rien ne l’arrêta et l’italien repris la route de la compétition. A bord d’Alfa Romeo, de Maserati ou de Lancia, le jeune Farina poursuit son apprentissage dans son pays natal en participant à de nombreuses courses, pas toujours un succès. Si son coup de volant est notable, ses prises de risque sont parfois trop importantes si bien qu’à de nombreuses occasions, il détruisit ses montures. Mais cela n’empêcha pas un homme d’admirer ses prouesses : un certain Enzo Ferrari.

A la tête de la Scuderia Ferrari, équipe de course d’Alfa Romeo, le futur Commendatore sait qu’il peut être dangereux d’engager un pilote assez casse-cou. Là, il y rencontra le champion italien Tazio Nuvolari, grand pilote de l’époque au style très particulier. Farina finira par beaucoup apprendre de son compatriote. En 1936, dans une écurie de haut de tableau, les performances augmentent considérablement. Et dès le début, l’italien frappe fort. Lors des célèbres Mille Miglia, il termina second derrière le duo Brivio - Ongaro, à seulement trente-deux secondes de la victoire, après plus de treize heures de course. Plutôt régulier, l’italien figura souvent sur les podiums en Italie. Moins de réussite dans le championnat d’Europe avec trois abandons en quatre courses. Mais ce qui marqua son année 1936, c’est l’accident mortel dans lequel il fut pris à Deauville. Touché par cet évènement, Farina n’abandonna pourtant pas la compétition et revint plus fort que jamais en 1937. Il y remporta le championnat d’Italie et s’imposa au grand-prix de Naples, avant de retrouver la seconde place au Mille Miglia. Si 1938 reste sur la même lancée et ce malgré le départ d’Enzo Ferrari d’Alfa Romeo, l’année suivante fut encore meilleure : troisième couronne consécutive de champion d’Italie, vainqueur de la Coppa Ciano, vainqueur de grand-prix à Anvers et Bern, troisième de la Coppa Acerbo, plus rien ne semble l’arrêter. A bord de sa 158, l’italien se place comme l’un des meilleurs de l’époque, même si les résultats en championnat d’Europe sont quelques peu décevants. Mais alors qu’il entamait la saison 1940 avec, entre autre, une victoire à Naples et une seconde place aux Mille Miglia, la seconde guerre mondiale stoppa net sa carrière. Ce n’est qu’en 1946 que la compétition automobile reprit, mais à toute petite vitesse. Farina s’illustra notamment dans la Coupe des Nations en Suisse, devenant le premier pilote à remporter cette épreuve. En 1948, il s’imposa sur le légendaire circuit de Monaco, à bord d’une Maserati, remportant également la Coupe des Nations sur cette même monture. Après plusieurs succès sur Ferrari et Maserati en 1949, Farina retrouva, en 1950, la marque de ses débuts : Alfa Romeo.

En 1950, le championnat du monde de Formule 1 est créé. Associé à Fangio et Fagioli, Farina sait que sa 158 est la meilleure voiture de course d’après-guerre et que la lutte pour le championnat se jouera sûrement face à ses deux équipiers. Avec seulement sept courses au calendrier, dont les 500 Miles d’Indianapolis auxquels il ne participe pas, chaque point est important. Et c’est le 13 mai 1950 que l’aventure débuta réellement. Après avoir décroché la première pole position de l’histoire devant les trois autres Alfa Romeo engagé, le voici prêt à écrire l’histoire. Malgré quelques passes d’arme avec son équipier Fagioli, Farina domina l’épreuve, réalisant même le meilleur tour en course avant de s’imposer au terme des soixante-dix tours, devenant par la même occasion, le premier vainqueur de l’histoire de la Formule 1, mais également le premier à réaliser un hat-trick : pole, meilleur tour, victoire. Huit jours plus tard, c’est sur le mythique tracé de Monte-Carlo que se poursuit le championnat du monde. Qualifié second derrière Fangio, il ne profita pas longtemps des performances de sa monture. Dès le premier tour, l’italien perdit le contrôle de sa 158 et heurta le mur au virage du bureau de tabac. Stoppé en plein milieu du circuit dans une position dangereuse, Farina ne pu être évité par la meute arrivant derrière lui. Résultat, dix abandons dans l’un des plus gros carambolages de l’histoire. Il se racheta de son erreur lors de la manche suivante en Suisse, prenant le leadership à son équipier argentin en proie à des soucis mécaniques. Avec ce second succès, il retrouve le sommet du classement et espère poursuivre sa lancée en Belgique, sur le vertigineux circuit de Spa-Francorchamps. Parti de la pole, l’italien ne pu conserver sa position, la faute à une boîte de vitesses défaillante, lui faisant même perdre le privilège de sa troisième place dans le dernier tour. Classé quatrième, Farina voit son avance descendre à quatre petit point sur son plus proche rival, Fangio. Ce dernier le dépassera même au grand-prix de France, l’italien subissant à nouveau le manque de fiabilité de sa monoplace. La dernière manche à Monza est décisive puisque les trois pilotes officiels Alfa Romeo peuvent l’emporter. Si l’avantage est à l'argentin, Fagioli et Farina suivent derrière de très près. Pour se mettre en confiance, Nino, de son surnom, participe à quelques épreuves hors championnat, notamment à Bari et à Silverstone où il y décrocha la victoire. C’est donc plus performant que jamais que Farina aborde la course de sa vie. S’élançant troisième derrière Fangio et l’étonnant Ascari, l’italien prit rapidement le large. Mais une dizaine de boucles plus tard, les Alfa Romeo se voient dépassées par la Ferrari d’Ascari, en très net progrès depuis plusieurs courses. Pourtant, la monoplace de la Scuderia finira par lâcher et Farina reprit le commandement. Derrière, Fangio est à nouveau touché par les ennuis et même s’il récupère la voiture de Taruffi, il finira par abandonner quelques instants plus tard. Sans son plus grand adversaire, l’italien sait désormais que seul rallier l’arrivée en tête compte. Derrière lui, Ascari, ayant lui aussi piqué la monture d’un équipier, tente de remonter jusqu’en tête : c’est peine perdue. En croisant la ligne d’arrivée en tête, Giuseppe Farina décroche le premier titre de champion du monde de Formule 1, à quarante-trois ans. Toute la famille Farina est aux anges, leur nom étant également synonyme de sportivité et de performance à haut niveau. Mais l’italien garde les pieds sur terre car sans les nombreux abandons de Fangio, il serait sûrement battu. L’année 1951 en fut une belle démonstration. Avec la nouvelle 159, Alfa Romeo espère asseoir sa domination une saison supplémentaire et Nino souhaiterait bien garder sa couronne. C’était sans compter sur un argentin redoutable : Fangio. Avec trois victoires et quatre poles position, personne ne pouvait l’arrêter en 1951. Avec une seule victoire en Belgique, l’italien n’aura rien pu faire pour contrer son équipier. De plus, les Ferrari se retrouvent de plus en plus aux avants-postes, augmentant la difficulté de bien figurer. Mais en fin de saison, coup dur : Alfa Romeo quitte le championnat du monde de Formule 1. Se pose alors la question qui voudrait bien accueillir Farina pour 1952 ? Finalement, c’est un ancien ami qui amena la réponse : Enzo Ferrari.

Sans Alfa Romeo, la Scuderia s’affiche comme la grande favorite de la saison 1952 qui adopte une toute nouvelle réglementation typée F2. Pour sa première course, Farina réalise la pole position mais très vite, la mécanique fait des siennes. Absent de la première course en Suisse, Ascari refait son apparition à Indianapolis, épreuve non-courue par Farina. Les deux compatriotes se retrouvent donc pour la première fois de l’année en Belgique. Dès lors, tout était plié. Ascari remporta les six courses qu’il restait à disputer, devenant logiquement le troisième champion de la discipline. Très régulier lui aussi, Farina ne pu défier son équipier, bien plus fort sur un grand-prix. S’il termine second du championnat, une chose est sûre, la Ferrari est bien la meilleure voiture du plateau. Reconduit en 1953, Farina sait qu’il aura besoin d’un coup de pouce pour accrocher une deuxième couronne. Cela démarra très mal en Argentine, lors d’une épreuve très dangereuse. En effet, l'attroupement massif de spectateurs pousse certains téméraires à suivre le grand-prix sur les bords de piste. Mais à un certain moment, une personne traversa le circuit, juste au moment où déboulait Farina. D’un geste brusque, l’italien parvient à éviter le jeune homme sans pour autant garder la maîtrise de sa Ferrari qui s’écrasa dans le public. Une dizaine de personnes décédèrent dans cet effroyable incident. Si ce terrible évènement toucha fortement l’italien, il ne s’avoua pas vaincu à ce moment, enfin presque pas. Comme en 1952, Ascari domina aisément son équipier et le retour de Fangio et de sa Maserati au premier plan ne fait qu’empirer les choses. Alors que le champion 1952 enchaîne les succès, Farina se contente de places d’honneur, sur ou en dehors du podium. La délivrance arrive enfin lors du grand-prix d’Allemagne sur le terrifiant Nürburgring. Parti troisième, il lutta pour la seconde place face à Fangio et Hawthorn jusqu’à ce que le leader Ascari renonce sur problème de roue. Cette fois-ci était la bonne et l’italien finit par accrocher son cinquième succès en Formule 1, qui restera son dernier dans la discipline. A la fin de la saison, Ascari est de nouveau champion, Fangio pointe deuxième, Farina troisième. Pour la première fois de sa carrière, il admet ne pas être le meilleur pilote du plateau mais ne s’avoue pas pour autant vaincu. Cette même année, le championnat du monde des voitures de sport est créé et la Scuderia Ferrari compte bien accrocher cette nouvelle compétition à son palmarès. Farina est bel et bien de la parti, associé à son équipier Hawthorn pour les plus grandes courses d’endurance telle que les 24 Heures du Mans, de Spa-Francorchamps ou encore les 1000 km du Nürburgring. Si le double tour d’horloge s’acheva sur une disqualification, les deux autres épreuves se terminèrent en vainqueur avec, à chaque fois, une avance démesurée sur la concurrence. Mais après une saison au second plan, voilà qu’une nouvelle redonne de l’espoir à l’italien, alors âgé de quarante-huit ans : Alberto Ascari quitte la Scuderia pour Lancia, laissant libre la place de leader d’équipe.

Mais cette chance fut de courte durée. Lors des Mille Miglia de 1954, Farina fut victime d’une violente sortie de piste, le blessant assez sérieusement pour le tenir à l’écart des circuits un certain temps. Ce n’est qu’au grand-prix de Belgique que le champion du monde 1950 reprend du service, malgré un bras toujours meurtri. Et pourtant, le pilote Ferrari mena la vie dure à Fangio, lui chipant la tête à deux reprises. Mais à mi-course, l’allumage fait défaut et l’italien doit renoncer. Quelques jours plus tard, il participe à la manche italienne du championnat du monde de voiture de sport à Monza mais lors des essais, le régional de l’étape subit un terrible accident, le brûlant sérieusement, de quoi contrecarrer ses plans pour une saison 1954 déjà bien amochée. De nouveau à l'hôpital, Farina manqua les six rendez-vous restants. Son retour se fera en 1955 mais la douleur est encore très présente et le pilote italien est contraint d’utiliser bon nombre d’anti-douleurs. Sa première course en Argentine sera des plus complexes, sous une chaleur extrême. Partageant sa monoplace avec José Froilán González, le premier vainqueur sur Ferrari, il atteignit la seconde place, exténué. Quatrième à Monaco, il grimpa sur son dernier podium en Formule 1 en Belgique avec la troisième place. Mais entre temps, son ex-équipier Ascari trouva la mort à Monza, apportant un nouveau coup au moral de Farina. L’italien décida de se retirer de la catégorie reine avant de revenir sur sa décision et de participer au grand-prix d’Italie à Monza pour la Scuderia Ferrari, mais sur une Lancia ! Mais lors des essais, l’un des pneumatiques explosa dans l’anneau de vitesse, provoquant un nouvel accident pour l’italien, heureusement sans dommages pour lui. Pour ne prendre aucun risque, la Scuderia fait retirer la Lancia. Le champion du monde 1950 ne prendra donc pas part à sa dernière course. L’année suivante, il tenta de participer aux 500 Miles d’Indianapolis mais échoua à se qualifier. Cette fois, le casque était définitivement raccroché.

La page compétition étant tournée, Giuseppe Farina reprit le business familial jusqu’en 1966. Cette année-là, lui et son épouse, décidèrent d’assister au grand-prix de France à Reims. Il ne verra jamais les voitures tourner, un accident de la route alors qu’il était en chemin pour le circuit lui coûtant la vie. Sa disparition n’enleva rien à la légende qu’il avait créé, celle d’un pilote attaquant coute que coute, malgré son âge et la douleur. Il restera également le premier champion, vainqueur et poleman de la discipline, le premier d’une très longue lignée de champions.

Giuseppe Farina en chiffres...

Meilleur classement en championnat du monde F1 :

Champion du monde (1950)

Grands-prix :

33 (37 engagements)

Victoires :

5

Podiums :

20

Poles Position :

5

Meilleurs Tours :

5

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