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Alberto Ascari

Quel aurait été le palmarès d’Alberto Ascari sans la tragédie de 1955 ? Probablement l’un des plus fourni de l’histoire…

Alberto Ascari, né en 1918 à Milan, n’a pas mis longtemps avant de plonger dans le monde des sports motorisés. Avec un père déjà pilote, un certain Antonio Ascari, lui-même équipier d’un certain Enzo Ferrari, difficile d’échapper à l’envie de tenir un volant et sentir la mécanique bouger sous ses pieds. Malheureusement pour le jeune italien, une tragédie viendra rapidement lui rappeler que le sport automobile est tout sauf simple. Le 26 Juillet 1925, son paternel décède lors d’une course organisée à Linas-Montlhéry alors qu’il menait l’épreuve sur son Alfa Romeo P2. Cette perte aurait pu donner un coup d’arrêt à la carrière du fiston mais n’en fut rien. Alberto attendra 1937 pour débuter, mais sur deux-roues, avant de prendre le volant trois ans plus tard pour disputer les Mille Miglia avec son cousin Giovanni Minozzi. Ses premiers tours de roues ne seront pas tonitruants et bien vite, la Seconde Guerre Mondiale perturbe ses plans. Il faudra attendre 1947 pour que le nom d’Ascari refasse surface dans les classements officiels de l’époque. Sa première belle prestation tombera cette année-ci avec la deuxième place dans le championnat italien de Formule 2 au Caire sur une modeste Cisitalia D46, ce qui ne manquera pas de titiller Maserati qui l’engagea quasiment sur le champ. C’est sur l’une des machines au trident qu’Ascari empoche enfin un premier succès lors d’une course hors-championnat à Modène, devant Villoresi. Les deux italiens se lient d’amitié et feront désormais course commune jusqu’au plus haut niveau. Le championnat du monde de Formule 1 n’est pas encore créé mais certains grands-prix sont organisés. Que ce soit dans les championnats français ou italien, les deux hommes font parler leur talent. La Scuderia Ambrosiana se montre comme la plus grande rivale des équipes Alfa Romeo et la Scuderia Ferrari. Alberto remportera le grand-prix de San Remo, terminera troisième à Reims puis deuxième Silverstone. Pour entamer 1949, il se dirige vers l’Argentine pour concourir dans les très disputées Temporada Argentina. Face à des Fangio, Gordini, Villoresi, Farina, Taruffi, Gonzalez ou Chiron, l’italien s’en sort à merveille et arrache deux succès. C’est alors qu’une vieille connaissance lui proposa ce qui se faisait de mieux à l’époque : une Ferrari. Le Commendatore et Ascari ne se quitteront pas avant plusieurs années, de quoi étoffer encore un peu plus un palmarès largement grandissant. A bord des voitures décorées du cheval cabrée, le milanais écrase la concurrence, s’adjugeant les grands-prix de Bari, de Suisse, d’Italie et de Madrid, tout comme l’International Trophy de Silverstone et la Coupe des Petites Cylindrées à Reims-Gueux. A l’aube du tout premier championnat du monde de Formule 1, la question se pose déjà : qui saura déjouer les plans d’Alberto Ascari ? La réponse : la cousine de Turin et son trèfle à quatre feuilles…

Quand le chat n’est pas là, les souris dansent. C’est un peu le discours qui rimera avec la saison 1950 de la Scuderia Ferrari. Dès qu’Alfa Romeo n’est pas en piste, la victoire leur est presque toujours assurée. Cela se confirme avec des succès aux grands-prix du Général San Martin, de Modène, de Mons ou du Luxembourg avec, à la fin, toujours le même vainqueur : Farina. S’il échoue lors des Mille Miglia, du grand-prix de Pau ou de la Targa Florio, l’italien sait dompter son cheval cabré. L’arrivée de l’écurie de Maranello en Formule 1 ne devrait être qu’une formalité. Pourtant, pas de voitures du Commendatore à Silverstone, le 13 Mai 1950, pour la grande première. C’est en Belgique, à Mons donc, que la 166F2/50 rencontre le succès aux mains d’Alberto. Mais une semaine plus tard, la grande histoire débute. Pour la plus célèbre course de la côte d’Azur, les machines transalpines sont bien là et Ascari aussi. Seulement septième de sa première séance de qualifications, l’italien déjoue les dangers dont l’un des plus gros carambolages de l’histoire, pour terminer deuxième, à un tour tout de même de Fangio. En Suisse, il ne faudra que cinq petits tours pour que son grand-prix s’achève à la suite d’une importante fuite d’huile. Mais qu’il se rassure, Ascari n’a rien perdu de sa superbe. Triomphant en Formule 2 italienne à Rome, il double la mise dans la Coupe des petites cylindrées sur la piste de Reims-Gueux. Entre-temps, il décroche la cinquième place du grand-prix de Belgique de Formule 1, non sans avoir dû s’arrêter très rapidement aux stands pour changer une roue. Les Alfa cousines sont imbattables si bien que la Scuderia ne juge même pas intéressant de participer à la course en France. Après une troisième place hors-championnat à Zandvoort puis un nouveau succès en F2 au Nürburgring, Alberto Ascari entend bien mettre fin à la domination du trèfle et pour cela, la Scuderia dégaine sa nouvelle arme : la 375. Sa première sortie officielle se tiendra lors de l'épreuve nationale, à Monza. Sur ce tracé incroyablement rapide, l’italien passe à un dixième de l’exploit, s’inclinant derrière Fangio sur l’exercice du tour lancé. Sa Ferrari trouvera le même potentiel le jour de la course, chassant inlassablement la 158 de Farina avant de lui subtiliser le commandement au vingtième tour. Hélas, le moteur du cheval cabré ne tiendra pas la distance. Lors de l’arrêt de son équipier Serafini, Ascari saute dans le cockpit de la dernière 375 encore en course et cravache encore et encore. Sa remontée s’achèvera au deuxième rang, une plutôt belle réussite pour la nouvelle-née de la Scuderia. Cela se confirmera hors-championnat avec un triomphe à Pedralbes pour clôturer l’aventure 1950. Cinquième du classement en Formule 1 en ayant disputé à peine plus de la moitié des événements, voilà de quoi faire rêver à plus grand dès 1951…

Cette nouvelle campagne ne sera pas des plus reposantes pour l’italien, concourant principalement en Formule 1 et en Formule 2 allemande et italienne, sans compter toutes ses participations hors-championnat et la Panamericana en fin d’année. Ses trois premières sorties à Syracuse, Pau et Marseille ne seront pas couronnées de succès mais à San Remo, le parfum de la victoire se fait ressentir. Pas encore de victoire officielle mais désormais, les jours sont comptés avant le premier “vrai” succès d’une machine de la Scuderia. Touché par un malencontreux incendie sur le “Circuito della Superba” en Formule 2, il restera affaibli par ses brûlures pour le premier grand-prix de l’année à Bern, en Suisse. Le mauvais temps n’arrange pas la chose et si sa course se passe relativement sans encombre, il n’arrachera que la sixième place, hors des points. Mais cette déconvenue helvétique n’était qu’un passage à vide rapidement oublié. Dès Spa-Francorchamps, Ascari retrouve de sa superbe, menant la vie dure aux Alfa Romeo de Farina et Fangio avec son équipier Villoresi. Profitant des malheurs de l’argentin et de petits pépins mécaniques touchant la 375 de son mentor, ami et coéquipier, l’italien accroche la deuxième marche du podium, à près de trois minutes de Farina. Le grand-prix de l’ACF à Reims sera de la même trempe. Très à l’aise sur les longues lignes droites, Alberto doit cependant renoncer au bout de quelques boucles, transmission cassée. Comme il était de coutume à cette époque-là, il récupère la monoplace de Gonzalez pour filer à vitesse grand V jusqu’à l’arrivée. La première place lui est acquise le temps de six tours mais la fusée Fangio réduit à néant toute chance de figurer au plus haut. C’est donc la deuxième position sous le drapeau à damier qui l’attend, un moindre mal mais dès lors, seule la victoire l’importe. Ce ne sera pas chose faite à Silverstone, sa boîte de vitesses l’empêchant de terminer l’épreuve. Sans possibilité de reprendre le volant d’une autre voiture, il assiste, en spectateur, au premier triomphe de la Scuderia Ferrari en Formule 1 grâce à Gonzalez. La machine était lancée. Car au Nürburgring et à Monza, le cheval cabré domine le trèfle à quatre feuilles. Alberto Ascari entre enfin dans l’histoire, empochant coup sur coup les lauriers en Allemagne et en Italie. A l’aube du dernier rendez-vous de l’année, rien n’est encore plié pour ce qui est du championnat. Les deux protagonistes, que sont Fangio et Ascari, ne sont séparés que par deux petits points. Les qualifications ne font que confirmer la tendance de ces dernières semaines avec un pilote italien en pole position, sa deuxième après l’Allemagne cette même année, devant son rival. Le départ est donné et Alberto caracole en tête mais dans son sillage, l’Alfa Romeo ne disparaît pas. L’inverse finira même par se produire. En chaussant des roues plus petites mais plus performantes, la Scuderia n’avait pas réfléchi à l’usure prématurée des pneumatiques Pirelli devant supporter une énorme charge de carburant. La dégradation est fulgurante et la perte de vitesse également. La course qui devait se dérouler sans accrocs ni arrêts se voit transformée en un ballet incessant des mécaniciens sur toutes les Ferrari. Ascari comprend bien vite qu’à l’exception d’un cataclysme, Juan-Manuel Fangio sera irrattrapable. Et en effet, ce sera le cas. L’italien se classe quatrième, trop loin pour espérer glaner les unités nécessaires pour renverser l’argentin, désormais champion du monde de Formule 1. Mais Ascari le sait, la prochaine sera la sienne, c’est inévitable…

Mais en 1952, grosse révolution : la Formule 1 passe sous réglementation F2 après les subits retraits d’Alfa Romeo, Gordini et Talbot. La Scuderia Ferrari se retrouve presque sans concurrence alors, pour pallier à ce déficit, la fédération décide, pour deux années, de redescendre d’un échelon pour attirer toujours plus d’équipes et de pilotes au départ. La nouvelle Ferrari 500 est une merveille à piloter et ce ne sont pas les résultats qui diront le contraire. Première sortie à Syracuse et première victoire pour Ascari. Rebelote à Pau puis à Marseille. Ne reste plus qu’à rééditer l’exploit lorsque les courses compteront vraiment. Et pour ainsi dire, Ascari se tire une balle dans le pied en voulant participer aux 500 Miles d’Indianapolis puisque le jour des qualifications est le même que celui du premier grand-prix, en Suisse. Il sera le seul pilote de Formule 1 à participer à la classique de l’Indiana lorsque celle-ci figurait au calendrier F1. Hélas, sa dix-neuvième place sur la grille et son abandon prématuré avant même le quart de course ne seront pas bénéfiques comptablement parlant. Il ne reste plus qu’à croiser les doigts pour que sa monoplace soit aussi véloce qu’en championnat de F2. La réponse est on ne peut plus claire : OUI. Six épreuves et autant de succès pour Alberto Ascari, véritable maître du monde en cette folle campagne 1952. A Spa-Francorchamps, Rouen-Les Essarts, Silverstone, Nürburgring, Zandvoort ou Monza, rien ne lui échappe, si ce n’est la pole position en Angleterre, dévouée à son équipier Farina. Les statistiques sont démentielles. 75% des courses remportées, 62,5% des poles positions décrochées, plus de la moitié des tours en tête, bref, que de records. La statistique sur le nombre de succès dans l’année tiendra près de soixante-dix ans avant d’être battu en 2023 par Verstappen, preuve d’une domination sans partage déjà à son époque. A savoir qu’à ce moment-là, seuls les quatre meilleurs résultats comptent, d’où le 36 sur 36 gravé sur toutes les tablettes. Il faut dire qu’avec un Fangio et un Villoresi absents et un Farina en petite forme, le champion italien avait la voie royale. Pour la première fois de l’histoire, ce n’est pas la dernière manche qui couronne son champion mais l’antépénultième, en Allemagne. Comme si cela ne suffisait pas, il rafle, dans le même temps, le nouveau championnat des “Grands-Prix de France” avec cinq succès en huit rendez-vous, encore un triomphe pour celui qui ne compte pas s’arrêter là…

Car en 1953, on prend les mêmes et on recommence. L’opposition est cependant plus importante avec le retour du roi Fangio et des Maserati de plus en plus efficaces. Malgré cela, personne ne pourra lui contester la victoire en entame de championnat à Buenos Aires sur sa Ferrari 500. Sa domination sur ce grand-prix à l’organisation chaotique est telle que même les régionaux de l'étape, que sont Fangio et Gonzalez, ne terminent pas dans le même tour du vainqueur. C’est donc un septième succès consécutif pour l’italien, un record qui ne sera égalé qu’en 2004 par M.Schumacher puis battu en 2013 par Vettel. Aucun adversaire ne lui arrive à la taille si bien que lorsqu’il ne gagne pas, c’est uniquement à la suite d’une défaillance de sa monture. Que ce soit à Pau ou à Bordeaux hors-championnat, le champion 1952 ne s’arrête pas de gagner. Absent des 500 Miles d’Indianapolis, il reprend sa marche royale en gagnant coup sur coup les grands-prix des Pays-Bas et de Belgique, portant son nombre de succès consécutifs à neuf, un véritable exploit. Ce chiffre ne sera d’ailleurs pas retenu dans les tableaux statistiques à cause de la présence de l’épreuve phare de l’Indiana au calendrier. L’issue du championnat ne fait guère de doute à présent mais sur le très rapide circuit de Reims-Gueux, première déconvenue. Après avoir signé sa dixième pole position en carrière, le record à l’époque, l’italien devra s’avouer vaincu, non sans avoir lutté un long moment pour la gagne. En effet, ce meeting restera mythique et historique, empochant le nom de “course du siècle” pour beaucoup de spécialistes et journalistes. Le duel qui oppose les Ferrari et les Maserati est titanesque, presque chevaleresque tant les monoplaces sont équivalentes en termes de performance. A chaque passage, l’ordre évolue. Hawthorn, Fangio, Gonzalez, Farina, Villoresi et bien sûr Ascari se livrent une bataille démentielle entre les rangées d’arbres et les fossés de la Champagne-Ardenne. C’est finalement le britannique qui l’emporte d’un cheveu sur le champion 1951, devançant l’autre argentin et Ascari sous le drapeau à damier. Pour la première fois depuis son excursion outre-Atlantique de l’année passée, le champion sortant ne figure pas sur le podium d’un grand-prix. Mais cette disette sera de très courte durée car dès la manche suivante, sous la pluie de Silverstone, le pilote Ferrari déroule sans faillir en remportant les lauriers une quatrième fois en 1953. A l’inverse, si ses prestations en Formule 1 sont remarquées, la chance ne le suit pas en endurance, l’italien ne terminant pas les 24 Heures du Mans et de Spa-Francorchamps. Sur le terrifiant Nürburgring, la Ferrari 500 fait encore parler la poudre et tout prédestine Ascari à tout rafler, encore une fois. Pourtant, après cinq tours, une roue se détache de sa monture, l’obligeant à un passage aux stands imprévu. La réparation est coûteuse en temps. Ainsi, la Scuderia demande à Villoresi de s’arrêter pour céder sa monoplace à son chef de file. Le changement se fera après sept boucles et c’est un Alberto des grands jours qui se lance à la chasse au podium. Les chronos tombent encore et encore mais à force de pousser au-delà de la limite, le quatre cylindres en ligne commence à faiblir et à fumer. C’est donc en huitième place que s’achève ce grand-prix d’Allemagne pour le roi de 1952 mais avec le point du meilleur tour et la deuxième place de Fangio, le voilà officiellement auréolé d’une seconde étoile de champion du monde de Formule 1, une première dans l’histoire. Ce second titre n’est clairement pas volé, lui qui ajoute un treizième succès à son palmarès en Suisse quelques jours plus tard. Mais ce que personne ne savait, c’est que plus jamais on ne verrait Ascari à un tel niveau en F1. Vainqueur des 1000 km du Nürburgring sur une Ferrari 375 MM, il échouera à convertir sa pole position en victoire à Monza, prit dans un accident à l’abord du dernier tour avec son équipier Farina et Marimon après avoir glissé sur une flaque d’huile hors-trajectoire. Ce jour marque la première défaite d’une Ferrari 500, là où Maserati arrache enfin la timbale. Plus de peur que de mal pour le nouveau double champion du monde, classé second lors des 12 Heures de Casablanca en fin d’année. La supériorité d’Ascari et de Ferrari est à son comble mais de gros changements viennent chambouler cette mécanique si bien rodée. Après l’annonce de l’arrivée de Mercedes à compter de 1954 et de la Lancia D50, moyennant davantage que la Scuderia, Alberto se laisse tenter par ce nouveau pari, mettant fin à un chapitre couronné de succès avec le cheval cabré.

Mais en rejoignant l’écurie Lancia, Alberto Ascari ne se doutait pas à autant ronger son frein. La nouvelle création italienne est loin d’être prête lorsque s’ouvre le championnat 1954 de Formule 1. Ainsi, en Argentine, à Indianapolis et en Belgique, la grille ne peut compter sur son champion sortant. Seule consolation pour lui, la victoire lors des Mille Miglia sur une Lancia D24. Mais le reste du temps, l’italien doit patienter encore et encore. Alors lorsque son équipe lui propose de revenir en catégorie reine mais sur une autre monture, la réponse est sans équivoque. C’est ainsi qu’on le verra aligné aux grands-prix de France et de Grande-Bretagne sur une Maserati 250F mais sans réel succès. Il se contentera du maigre score de 0.14 points à Silverstone en réalisant le meilleur tour en course ex-aequo avec six autres pilotes ! Pour le grand-prix d’Italie, à Monza, c’est sur une Ferrari 625 que roule Ascari mais là encore, la réussite n’est pas de son côté. S’il passe à un cheveu de la pole position, il mènera une bonne partie du grand-prix mais la fiabilité de son quatre cylindres viendra mettre à mal ses plans si bien exécutés. Il lui faudra attendre le meeting espagnol, en fin de saison, pour enfin retrouver la D50 frôler le bitume catalan. Cela démarre bien avec une brillante pole position mais la jeunesse de machine se rappela bien vite à lui et au bout de dix tours, voilà la Lancia arrêtée, embrayage hors-service. Malgré une saison décevante, la belle prestation de sa belle italienne pourrait faire pâlir les flèches d’argent en 1955. Son entame de championnat n’est pas idéale cependant avec un accident lors de la course inaugurale à Buenos Aires. A l’inverse, que ce soit dans les rues de Turin ou de Naples pour les manches hors-championnat, c’est la première place qui l’attend, de quoi augurer de bonnes choses à Monaco, de retour au calendrier après cinq ans d’absence. Ce jour-là, les Mercedes sont sacrément rapides et rien ne leur résiste, mise à part la longueur de l’épreuve. Après Fangio à mi-course, c’est au tour de Moss de connaître des déboires à vingt boucles du but avec un moteur cassé. Ascari, qui le suivait à presque un tour, est en passe de glaner ce classique méditerranéen mais en arrivant à la chicane du port, là où le bloc Mercedes avait cédé quelques secondes auparavant, sa Lancia glisse sur l’huile répandue au sol. La monoplace, totalement incontrôlable, percute de plein fouet les bottes de paille avant de décoller et de plonger directement dans le port de Monaco ! En quelques instants, plusieurs plongeurs se ruent vers l’épave sombrant au fond de l’eau. Alberto Ascari peut se dire miraculé, lui qui se sortira de ce mauvais pas avec juste un nez cassé. Ce scénario totalement fou ne sera pas unique dans les annales de la Formule 1… Sauvé de la noyade, Ascari n’est pas vraiment autorisé à reprendre la compétition mais quatre jours seulement après son plongeon, l’italien assiste, à Monza, au développement d’une Ferrari d’endurance. Ne résistant pas à l’envie de piloter et contre l’avis des médecins, Ascari prend le volant. Au deuxième tour, l’italien perd inexplicablement le contrôle de sa voiture. Le choc est si violent que le double champion du monde 1955 meurt sur le coup. Triste fin pour un grand de la discipline.

Aujourd’hui, Ascari reste encore un symbole de la Formule 1 et de la période victorieuse italienne au plus haut niveau. Qui aurait-pu lui prédire une telle carrière, lui qui aura cru dur comme fer en la Scuderia Ferrari puis en Lancia. Pas toujours mieux armé que les Fangio, Farina ou Moss, l’italien était véritablement doué et son habileté conjuguée à sa vitesse de pointe ne font que confirmer son statut de grand champion. Avec plus de 40% de victoires, seul son grand rival Fangio aura fait mieux, si l’on excepte les 500 Miles. Comme son père avant lui, il décède le 26 du mois après une brillante carrière, laissant seuls une femme et deux enfants. Son nom est encore dans toutes les mémoires aujourd’hui, notamment avec le clin d'œil du circuit de Monza, disposant toujours de la célèbre “Variante Ascari”, là même où le grand champion nous a quittés, à seulement trente-six ans. Quel aurait été son palmarès sans cet incident ? Probablement bien plus grand qu’on ne pourrait l’imaginer…

Alberto Ascari en chiffres...

Meilleur classement en championnat du monde F1 :

Champion du monde (1952, 1953)

Grands-prix :

32 (33 engagements)

Victoires :

13

Podiums :

17

Poles Position :

14

Meilleurs Tours :

12

Mis à jour le 

02/05/2025

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