Nico Rosberg
Rivaliser avec l’un des pilotes les plus capés de la discipline n’est pas sans risque, le battre est d’autant plus complexe, surtout à armes égales. Tel fut le chemin de Nico Rosberg
Fils du champion du monde Keke Rosberg, Nico porte la double nationalité allemande-finlandaise, malgré sa jeunesse passée à Monaco. Comme son père dans les années 80, Nico se passionne pour le pilotage et la compétition pour un jour, peut-être, monter sur le toit du monde en devenant champion du monde de Formule 1. Pour cela, il débute en karting à l’âge de onze ans, dans la ligue Côte d’Azur minimes, avant de rejoindre le championnat de France l’année suivante. En 1998, il grimpe d’un échelon en courant dans le championnat ICA Junior en Italie, mais aussi aux Etats-Unis, où il remportera son premier titre. Il retrouve le championnat européen en 2000, tout en poursuivant sa route en Italie. 2000 marque un grand pas en avant dans la carrière du jeune Rosberg. En effet, il intègre le championnat d’Europe de Formula A, discipline dans laquelle il se mesura à un certain Lewis Hamilton. Il échouera au deuxième rang, derrière le britannique mais après une rude bataille pour la victoire. Il retenta sa chance en 2001 avec bien moins de réussite, accrochant un dernier podium à Kerpen, derrière un certain Michael Schumacher, revenu au karting le temps d’une pige. En 2002, la difficulté augmente puisque c’est désormais en monoplace, et plus précisément en Formule BMW, qu’évolue le jeune Nico. Cette année-là, l’allemand fit sensation en remportant la moitié des courses au sein du team familial monté par son père. Cette réussite lui ouvrit une voie royale vers la catégorie reine puisqu’étant associé à BMW, alors partenaire et motoriste de l'écurie Williams, un test grandeur nature lui fut proposé. C’est ainsi que, le 3 Décembre 2002, Nico Rosberg effectua ses premiers tours de roue en Formule 1. Alors âgé de 17 ans, il devient le plus jeune pilote à monter dans un tel bolide. Mais la route vers la catégorie reine est encore longue et en 2003, puis en 2004, il court en F3 Euro Series, sans pour autant connaître le succès escompté. Pourtant, Williams décide de lui faire confiance et lui propose de nouveaux tests, en vue d’un éventuel engagement. Ce sera chose faite en 2005 avec la place de troisième pilote, tout en disputant le relevé championnat de GP2. Au bout du suspense, c’est bien l’allemand qui s’octroie la couronne, devant Heikki Kovalainen. Cette fois c’est sûr, son baquet de titulaire l’attend.
C’est donc en 2006 que le nom de Rosberg réapparaît sur la grille de départ. Et quelle coïncidence que de commencer sa carrière dans la même équipe, équipée du même moteur, que celle qui avait fait triompher son père vingt-quatre ans plus tôt ! Alors que BMW devenait écurie à part entière, Williams retrouva l’anglais Cosworth pour la fourniture des moteurs V8. Pour la première fois depuis dix ans, la saison ne s’ouvre pas en Australie mais à Bahreïn, sur le tracé de Sakhir. Cette année-là, les Ferrari et Renault sont un cran au-dessus de la concurrence mais parmi les outsiders, Williams espère jouer le plus de points possible, voire quelques podiums. Pour sa première qualification, Rosberg se classe douzième mais en course, il réalisa une solide performance qui le mena jusqu’aux points de la septième place avec en prime, le meilleur tour en course, un petit exploit pour une première sortie. Puis en Malaisie, il parvient à s’incruster au troisième rang sur la grille de départ mais malheureusement pour lui, sa course s’arrêta au bout de six petits tours, casse moteur. Mais après ce début remarquable, les choses se gâtèrent rapidement. Sorti dès le premier virage par Massa en Australie, il inscrira une nouvelle septième place au grand-prix d’Europe comme meilleur résultat. Pour l’allemand, la jeunesse se fait sentir et les erreurs se multiplient. A Monaco, il tape les rails dans le dernier virage, à Montréal, il s’accroche avec Montoya, à Hockenheim, il sort très rapidement à l’entrée du Stadium, alors qu’au Brésil, il commet la faute à ne jamais commettre en Formule 1 : percuter son équipier. S’il arracha l’aileron arrière de Webber, Rosberg poursuivit, mais sans aileron avant. Il arriva à boucler son quand, au moment de rentrer aux stands, il perdit le contrôle de sa monture et l’écrasa assez violemment dans le mur de pneumatiques, heureusement sans dommages. L’année suivante, l’écurie anglaise troque le Cosworth pour le V8 Toyota. Du côté des pilotes, Rosberg est rejoint par l’autrichien Wurz et sa grande expérience en grand-prix. L’entame de saison est identique à celle passée : douzième sur la grille, septième à l’arrivée, cette fois-ci à Melbourne. La FW29 est meilleure que sa devancière et Nico joue très souvent les points mais à plusieurs reprises, la mécanique lui joue des tours et l’empêche de récolter d’autres unités, comme à Sepang ou Indianapolis. Sur le Nürburgring, il se fait surprendre au premier virage par la pluie battante, piégeant de nombreux pilotes au même moment. Cela reste l’une de ses seules erreurs de l’année. Après cette manche européenne, le pilote Williams impressionne en accumulant de nombreux points, même si c’est son équipier qui récolta le seul podium de l’équipe en cette saison 2007. Il termina en beauté à Interlagos en terminant quatrième après une belle bataille en piste face aux BMW de Kubica et Heidfeld. Dans le paddock, l’allemand commence à se faire remarquer et plusieurs offres de contrat lui sont proposées, dont celle de McLaren pour le remplacement d’Alonso. Finalement, Rosberg choisira la fidélité, pas forcément le meilleur choix pour 2008…
Pour cette troisième année en Formule 1, Rosberg découvre un nouvel équipier en la personne de Kazuki Nakajima. Une fois n’est pas coutume, c’est à Melbourne que débute cette nouvelle campagne. La course sera une réelle boucherie où de nombreux favoris terminèrent à pied. Grâce à tous ces abandons, l’allemand grimpe dans le classement jusqu’à la troisième place, son meilleur résultat jusqu’ici mais également, son premier podium dans la discipline. Hélas, ce coup d’éclat ne refléta pas le reste de la saison. La monoplace bleue et blanche n’est pas aussi véloce que la précédente et les points sont compliqués à accrocher. A Monaco, Nico sort violemment au “S de la Piscine”, percutant les rails des deux côtés de la piste. Au Canada, il commet la même bourde que Hamilton en ne voyant pas le feu rouge des stands. Résultat, un bête accrochage avec le britannique, lui-même accidenté avec Raikkonen. Après un passage à vide à mi-saison, il réintègre les points pour le premier grand-prix organisé à Valence avant de connaître deux nouvelles courses sans histoire à Spa-Francorchamps puis à Monza. C’est à Singapour, sur un tracé qu’il appréciera tout le long de sa carrière, que l’exploit arriva. Qualifié huitième, il profita de l’entrée en piste de la voiture de sécurité après le crash de Piquet pour ravitailler. Or, en 2008, il n’était pas possible de ravitailler à tout moment sous Safety Car. Si cette tactique le fait repartir en tête, il écopera d’une pénalité de dix secondes pour cette manœuvre. Mais même pénalisé, Rosberg ne se démonte pas et attaque sans cesse. Il parviendra à terminer deuxième derrière Alonso, non sans être passé à côté d’une possible première victoire en Formule 1. Mais cette performance n’est qu’éphémère et les trois dernières manches ne verront l’arrivée d’aucun nouveau point dans son escarcelle. Puis arriva l’année 2009 et son important changement de réglementation. Les monoplaces sont plus étroites et disposent, ou non, d’un système de récupération d’énergie cinétique, ce que la Williams FW31 n’a pas. A l’inverse, cette nouvelle monture dispose d’un astucieux double diffuseur, élément qui permettra, cette même saison, à l’écurie Brawn GP de tout rafler. La nouvelle monoplace est plutôt bonne et de bons résultats sont attendus. A Sepang, il passe proche du succès en menant le grand-prix avant l’arrivée de la tempête tropicale qui stoppa l’épreuve quelques instants plus tard. L’entame de saison n’est pas celui rêvé mais Rosberg s’accroche, sachant pertinemment que les évolutions prévues pour l’Europe ne seront que bénéfiques. Au lieu de cela, les Williams perdent de la vitesse mais l’allemand ne se démotive pas et enchaîne sept courses consécutives dans les points. La trève estivale finira par mettre un coup fatal à l’écurie anglaise. Trop loin en termes de performance, l’équipe de Grove glisse dans le classement. Pourtant, à Singapour, l’allemand retrouve de la compétitivité. Troisième sur la grille, il semble une nouvelle fois parti pour la gagne mais une ligne blanche coupée en sortie de stands finira par le rétrograder hors du top 10. Les derniers week-ends seront éprouvants et sans points. Pour Rosberg, l’aventure Williams doit cesser s’il veut, un jour, pouvoir jouer les premiers rôles. Et c’est chez les allemands que Nico se tourna, un tournant plus que réussi pour lui.
Car en 2010, Mercedes rachète Brawn GP, l’écurie championne en titre et n’hésite pas à rappeler le septuple champion du monde Michael Schumacher pour épauler Rosberg dans cette aventure 100% allemande. Mais contrairement à l’année écoulée, la concurrence est bien mieux préparée. L’écurie à l’étoile comprend rapidement qu’elle jouera le rôle d’outsider face aux McLaren, Ferrari et Red Bull. Mais ce qui intéresse surtout le petit monde de la Formule 1, ce sont les performances de Schumacher vis-à-vis de Rosberg. Et là, le constat est sans appel : le multiple champion est loin d’être à la hauteur et sa connaissance des monoplaces modernes est trop limitée. Après avoir pris la troisième place à Sepang, Nico mène la course à Shanghaï avant de commettre une erreur, laissant Button filer vers la victoire. L’allemand continue d’accumuler les points et un nouveau podium à Silverstone vient ponctuer son très bon début de campagne. Mais en deuxième moitié de saison, la chance lui sourit moins. En Hongrie, une roue mal serrée lors du ravitaillement provoque la zizanie dans les stands, causant plusieurs accrochages. A Suzuka, c’est une casse de suspension qui mit fin, d’une manière spectaculaire, à sa course. Puis en Corée, c’est un Mark Webber en perdition que percuta Rosberg, échouant sa Mercedes dans une marre de boue. Quelques unités supplémentaires viendront s’ajouter à son compteur bien rempli, bien aidé par le nouveau système d’attribution des points mis en place. En 2011, la voiture gagne en performances mais les Red Bull et les McLaren ont largement pris les devants. La saison débute mal avec un accrochage à Melbourne puis une lointaine douzième place en Malaisie mais rapidement, les flèches d’argent retrouvent leur niveau passé, sans pour autant accrocher de podiums. Pourtant, il mena quelques tours à Shanghaï avant de rétrograder quatre rangs plus loin à l’arrivée. Contrairement à 2010, les résultats sont bien plus irréguliers malgré la fiabilité excellente de la monture allemande. A Spa-Francorchamps, il prend un départ canon depuis le cinquième rang pour pointer en tête au bout de la ligne droite de Kemmel. Malheureusement pour lui, l’usure de ses pneumatiques le pénalisa et il ne termina cette épreuve que sixième, juste derrière son équipier Schumacher, parti depuis la dernière place de la grille pour le vingtième anniversaire de sa présence dans la discipline. A Monza, il ne pu éviter la HRT de Liuzzi en perdition au départ, provoquant un spectaculaire carambolage à la première chicane. Si cette campagne 2011 est à oublier, c’est celle de 2012 qui l’amena sur le devant de la scène. Pourtant, tout ne commença pas de la meilleure des manières. La Mercedes W03 usait tellement vite ses gommes qu’elle n’était à l’aise que sur un tour lancé. Après plusieurs corrections apportées en Chine, la monoplace grise est comme transformée. En Chine, Rosberg signe sa première pole position en carrière, devant Schumacher. Si le septuple champion du monde connaît un pépin aux stands, Nico ne rencontre aucunes embûches et au terme des cinquante-six tours de course, le voici, pour la première fois, sur la plus haute marche du podium, le premier succès d’une Mercedes en grand-prix depuis 1955 et Fangio ! Chez lui, à Monaco, il réalise le troisième temps des qualifications mais grâce à la pénalité infligée à son équipier, le voici en première ligne, synonyme d’une bonne place pour la gagne. Finalement, il resta bloqué tout le long de l’épreuve derrière Webber, comme trop souvent en principauté. La saison 2012 est plus ouverte que jamais, mais en seconde partie de campagne, les résultats sont en baisse. En difficulté avec ses gommes, l’allemand perd très gros en course et manque plusieurs fois les points. A Suzuka, il se fait percuter par Senna lors d’un départ chaotique, tout comme à Yeongam où c’est un Kobayashi maladroit qui empoigna la Mercedes ainsi que la McLaren de Button. Puis à Abu Dhabi, une touchette avec Grosjean abîme son aileron avant après un bref arrêt pour le changer, Rosberg attaqua pour remonter mais lorsqu’il arriva derrière la HRT de Karthikeyan, du fluide s’échappa de la monoplace espagnole, ce qui la ralentit brusquement. Déboulant à pleine vitesse derrière, l’allemand ne peut éviter le contact. Sa W03 s’envole par-dessus l’indien avant de s’écraser de plein fouet dans les barrières. Plus de peur que de mal pour le pilote Mercedes quelque peu étourdi par ce spectaculaire incident. L’année 2012 s’achève. Schumacher prend sa retraite définitive. Pour Rosberg, c’est le moment de se projeter vers le futur. Son avenir sera sûrement lié à Mercedes mais l’allemand ne se fait pas d’illusion pour 2013, préférant penser à la révolution technique de 2014. Bon choix.
En cette saison 2013, l’écurie allemande fait appel aux services de Lewis Hamilton, grand ami de Rosberg. Les deux hommes ont pour mission de jouer les trouble-fêtes auprès des Red Bull et Ferrari, tout en préparant le développement pour 2014. Cette nouvelle campagne ne démarre pas de la meilleure des manières avec deux abandons en trois épreuves et une consigne d’équipe. A Bahreïn, les premières évolutions augmentent sensiblement les performances, si bien que Rosberg y décroche sa deuxième pole position. Mais la W04 souffre du même problème que sa devancière, une usure excessive des pneumatiques. Avec quatre arrêts au lieu de trois pour la concurrence, l’allemand échoue en fond de top 10, pour son plus grand désarroi. Il réédita sa performance sur un tour en Espagne mais comme à Sakhir, ce sont les pneumatiques qui dictent le déroulement de la course. C’est finalement à Monaco que le grand jour arriva. Après avoir décroché une troisième pole consécutive, Rosberg remporte, trente ans après son père, le rendez-vous de la Principauté, un petit évènement pour le résident monégasque. Cinquième au Canada, il profita d’une course ponctuée de crevaisons et d’explosions de pneumatiques pour occuper la première place sur la ligne d’arrivée. Avec deux succès, l’allemand se place comme un outsider au championnat mais dans le même temps, son équipier anglais commence à hausser son niveau de jeu. Les Mercedes sont de plus en plus proches des Red Bull mais il n’y a rien à faire face à un Vettel impitoyable. En Hongrie, alors que son moteur le lâche, c’est Hamilton qui s’impose. Après la pause estivale, Rosberg enchaîne les points et les bons résultats, grimpant même sur le podium en Inde et à Abou Dhabi, sans pour autant retrouver le chemin de la victoire. La saison s’achève mais rapidement, une nouvelle page s’ouvre dans le petit monde de la Formule 1 : l’ère hybride et ses V6 Turbo si décriés. Depuis plusieurs années déjà, Mercedes s’était préparé à cet important changement et il faut dire que le travail aura bien payé. En concevant la W05, la marque à l’étoile venait de créer une véritable machine de guerre capable de s’imposer sur n’importe quel tracé. Mais dans une écurie, il y a deux pilotes. Là est tout le problème. Pour Rosberg, cette nouvelle campagne débute par un succès à Melbourne, bien aidé par l’abandon de Hamilton en début d’épreuve. A Sakhir, les deux flèches d’argent se livrent à une bataille épique, roue contre roue, avec pour épilogue un nouveau triomphe de l’anglais. En quelques meetings, les allemandes terrorisent la concurrence en empochant tout sur leur passage. Résultat, six courses, six victoires, six doublés. De nouveau vainqueur à Monaco, Rosberg laisse pourtant échapper son équipier, de peu, au championnat. Mais au Canada, premier revers. Les deux monoplaces sont touchées par le même problème au même moment, ce qui pousse d’ailleurs Hamilton à renoncer. L’allemand peut poursuivre mais l’attaque de Ricciardo est imparable. S’il s’impose en Autriche, il est victime d’une défaillance de sa boîte de vitesses à Silverstone, coup dur dans la course au titre. A Hockenheim, le champion 2008 est très loin sur la grille, situation profitable pour Rosberg qui hisse sa monture sur la plus haute marche du podium pour sa course à domicile. A Budapest, le scénario des qualifications est identique mais le dimanche, la pluie sème la pagaille parmi les stratégistes. En lutte face à Ricciardo, l’allemand voit fondre sur lui son équipier, pourtant très loin au moment du départ. La bataille entre les deux est plus féroce qu’à Bahreïn, preuve d’une tension naissante au sein de l’équipe. Hamilton en sortit vainqueur, sans pour autant résister à Ricciardo, de nouveau vainqueur surprise. Mais c’est à Spa-Francorchamps que le cours de l’histoire changea à tout jamais. Ultra favorites, les W05 ne semblaient inquiétées par personne, sauf peut-être par elles-mêmes. Et ce qui devait arriver un jour arriva : Rosberg découpa le pneumatique arrière gauche de son équipier avec son aileron avant, causant une crevaison irréversible pour le pilote anglais. Si la victoire est perdue sur cette action, en coulisses, les discussions sont de plus en plus vives entre Rosberg, Hamilton, Toto Wolf et Niki Lauda. A Monza, l’équipe aura retenu son souffle à l’approche d’une confrontation des deux pilotes. Mais sous la pression, l’allemand craqua et court-circuita la première chicane, laissant l’autre Mercedes filer vers le succès. A Singapour, sur son circuit fétiche, Rosberg fut touché par un étonnant problème électronique, mettant fin à tous ses espoirs de résultat avant même le départ. A Sotchi, c’est dès le départ que l’allemand ruina sa course en bloquant très longuement ses roues à l’abord du premier freinage. La balance au championnat penche fortement du côté de Hamilton mais l’allemand s’accroche, gardant au coin de l’esprit les points doublés de Yas Marina. S’il s’imposa à Interlagos, les jeux étaient quasiment faits à Abou Dhabi. Pour l’emporter, il aurait pu compter sur une défaillance technique de la monture adverse. Hélas, c’est sur lui que le sort s’acharna, le privant d’une grosse partie de sa puissance. Le titre était perdu mais la revanche déjà prise.
En 2015, rebelote. On prend les mêmes et on recommence. Les vives tensions de fin d’année sont dissipées. N’en demeure pas moins une importante rivalité qui commence à peser lourd au sein de l’équipe allemande. La W06 est encore meilleure que la monoplace précédente mais en début de saison, c’est le champion en titre qui prend les devants. Pourtant, en Malaisie, grosse surprise : les pilotes Mercedes usent trop leurs gommes et sont obligés de s’arrêter une fois de plus que Vettel et sa Ferrari, étonnant vainqueur du jour. Mais à part ce résultat inattendu, les flèches d’argent dominent toujours autant et s’offrent bon nombre de doublés. Rosberg doit pour autant attendre la cinquième manche et le grand-prix d’Espagne pour enfin ouvrir son compteur de victoire. A Monaco, Hamilton mène facilement et largement mais lorsque Verstappen percute Grosjean et fait sortir la voiture de sécurité, le britannique est rappelé aux stands, consigne non donnée à Rosberg. De ce fait, l’allemand hérite du commandement et grâce au bouclier Vettel, personne ne peut l’inquiéter. C’est son troisième succès consécutif dans les rues de la Principauté, un exploit jamais réalisé depuis Senna. A part en Autriche, il n’arrive pas à lutter face à un Lewis des grands jours. De plus, son championnat n’est pas facilité par sa course calamiteuse à Budapest, sa casse moteur à Monza à quelques tours du but ou encore son accélérateur cassé à Sotchi. Les jeux sont presque faits mais Rosberg continue de se battre corps et âme pour remporter le championnat. A Austin, une tempête transforme, tout le week-end, le circuit en toboggan géant et glissant. Finalement, c’est lors du grand-prix que Mère Nature se calme et après la prise de leadership des Red Bull, les Mercedes retrouvent leurs places habituelles, l’allemand devant l’anglais. Mais à quelques tours du but, Rosberg part au large et laisse son équipier filer vers la victoire, mais surtout, vers la couronne mondiale. A L’arrivée, la tension est palpable. La “Cool Room” devient le théâtre d’un jet de casquette devenu légende de la part de Rosberg, dépité d’avoir tout perdu à cause d’un coup de vent selon ses dires. Piqué au vif, l’allemand finira par tout arracher sur son passage : trois épreuves restantes, trois poles, trois succès, malheureusement trop tard pour la couronne mondiale. Après deux échecs, beaucoup se demandent si le fils de Keke a réellement les cartes en main pour devenir, un jour, champion comme son père. Pourtant, l’ascendant pris en fin de saison 2015 se poursuit en 2016 puisqu’en quatre grands-prix, Rosberg n’y laisse que des miettes à ses concurrents. Son avance au championnat se porte déjà à quarante-trois points sur Hamilton, un confortable matelas. Mais la rivalité entre les deux est toujours bien présente et la manche espagnole ne fera qu’empirer les choses. En tête à l’extinction des feux, l’allemand pointe en tête au quatrième virage lorsqu’il décide de se placer à l’intérieur pour défendre sa position. Dans le même temps, son équipier décide lui aussi de prendre l’intérieur pour se faufiler. La Mercedes du triple champion part dans l’herbe. Sans adhérence, elle glisse avant de percuter l’autre machine grise. Les deux flèches d’argent échouent au fond du bac à graviers. La scène est terrible dans le stand Mercedes, où le grand patron était d’ailleurs présent pour voir ses troupes en action… Une réunion de crise est décrétée durant la course. Les deux protagonistes sont désormais ennemis jurés. Après deux piètres résultats à Monaco et au Canada, l’allemand renoue avec le succès lors d’un grand-prix d'AzerbaÏdjan particulièrement ennuyant. Puis arriva la manche autrichienne. La victoire lui semblait pourtant facilement promise mais petit à petit, Hamilton revenait sur lui. Dans le dernier tour, les deux pilotes sont au coude-à-coude en arrivant au bout de la montée vers le deuxième virage. Au lieu de nous présenter une belle lutte finale, les deux Mercedes s’accrochent une nouvelle fois. Hamilton arrive à s’en sortir sans mal et finira par s’imposer, au contraire de Rosberg, sans aileron avant, pénalisé de dix secondes pour la manœuvre à l’arrivée. La colère gronde dans le garage des gris après ce nouveau désastre. Avoir la meilleure voiture du plateau ne fait pas tout, une bonne entente reste un élément clé. A Silverstone, la pluie du départ n’aura que peu fait évoluer les choses. C’est alor que, durant la course, Rosberg reçoit une instruction par radio, de la part de son équipe, sur une possible défaillance de sa boîte de vitesses. Or, depuis peu, la réglementation interdit la communication d’éléments techniques au pilote, une totale hérésie. A cause de cette communication, l’allemand se voit infliger une pénalité de dix secondes, le faisant descendre d’un rang au classement mais surtout, réduisant son avance au championnat à un petit point. Il sera dépassé dès la manche suivante en Hongrie, avant de connaître un nouveau revers à Hockenheim. Alors qu’il allait dépasser Verstappen au freinage de l’épingle, le néerlandais se décala au tout dernier moment. Rosberg ne se laissa pas intimider et garda sa trajectoire, obligeant le pilote Red Bull à sortir un peu large. Pour cette action quelque peu osée, l’allemand sera salué par… une nouvelle pénalité ! Décidément… La pause estivale fait basculer le championnat dans sa seconde moitié avec un semblant de déjà-vu. Mais contrairement aux deux saisons passées, c’est bien Rosberg qui enfonça le clou : vainqueur à Spa-Francorchamps, à Monza et à Singapour, le voici de nouveau dans le coup, mais surtout, devant son équipier au championnat. Et c’est en Malaisie que la saison prit une tournure inédite. Tout démarra pourtant mal pour l’allemand, percutant la Ferrari de Vettel dans le premier virage. Si Hamilton domine outrageusement, c’est une casse moteur qui stoppa net son élan. Bien que reparti en queue de peloton après son accrochage, l’allemand se montre rapide, très rapide. Sous le drapeau à damier, et malgré une enième pénalité de dix secondes, il se classe troisième. Cette position de force sera démontrée par une nouvelle victoire au Japon, portant son avance à trente-trois points. Avec quatre courses restantes, Rosberg peut enfin s’imaginer soulever le trophée de champion du monde. Calculateur et concentré comme jamais, il profita de la situation pour s’adjuger les deuxièmes places, suffisantes pour maintenir une avance convenable au classement. Au Brésil, sous une pluie diluvienne, l’allemand ne commet pas d’erreur et s’il se fait magistralement dépasser par Verstappen, il attend sagement la faute du pilote Red Bull pour reprendre son deuxième rang. Douze points, c’est l’écart qui sépare les deux protagonistes à l’amorce de l’ultime manche d’Abou Dhabi. Comme pour les épreuves précédentes, Rosberg ne se brusque pas et attend patiemment son heure. S’il ose un dépassement sur le jeune néerlandais, il ne peut rien faire pour la gagne. Sauf que devant lui, Hamilton cherche à tout prix à faire perdre son adversaire. Ainsi, dans les portions sinueuses, il ralentit intentionnellement de manière à créer un petit train, qui pourrait mettre en péril la deuxième place, bien que suffisante, de l’allemand. Mais rien n’y fait, personne ne porte d’attaque. Sous le drapeau à damier, Nico Rosberg devient champion du monde de Formule 1, trente-quatre ans après son père. L’allemand est plus heureux que jamais, réalisant une série de donuts sur la ligne de départ-arrivée avant de saluer la foule, debout sur sa monture.
Après ce premier essai marqué, les spectateurs attendaient beaucoup de la revanche de 2017. Il n’en fut rien. Quelques jours après son sacre, Rosberg annonce sa retraite immédiate pour se consacrer entièrement à sa famille. Cette décision, courageuse soit-elle, est vue, pour beaucoup, comme un certain aveu de faiblesse, mais quoi qu’il en soit, il aura bien battu le champion Hamilton. Depuis ce jour, l’allemand est devenu un personnage des réseaux sociaux, un influenceur également commentateur de grands-prix à ses heures perdues, bref, un homme épanoui en somme.
Nico Rosberg en chiffres...
Meilleur classement en championnat du monde F1 :
Champion du monde (2016)
Grands-prix :
206
Victoires :
23
Podiums :
57
Poles Position :
30
Meilleurs Tours :
20