top of page

Mark Webber

La première victoire est souvent la délivrance pour l’acquisition d’autres succès. Pour certains, prendre son mal en patience est une nécessité, n’est-ce pas Mark Webber ?

Fils d’un vendeur de motos et propriétaire d’une station service, le jeune australien ne pouvait passer à côté de l’envie de conduire certains engins. C’est ainsi que dès son très jeune âge, il roule seul, chez lui, sur de petits deux-roues motorisés pour s’amuser. Rien de bien sérieux pour celui qui aimait pratiquer de nombreuses activités sportives. Mais en grandissant, Mark se dirige de plus en plus vers les voitures et le karting en l'occurrence. En 1991, alors qu’il n’a que quatorze ans, il entame sa carrière de pilote, disputant de petites épreuves locales, avant de rejoindre les rangs de la Formule Ford australienne trois ans plus tard. Le succès n’est pas immédiat et il doit attendre 1995 pour enfin enregistrer ses premières victoires. Quatrième du championnat, il est alors poussé à quitter son pays pour rejoindre l’Europe, berceau du sport automobile mondial. De la Formule Ford à la F3 anglaise, le step est grand et la difficulté accrue. Mais ce qui pénalise l’australien, ce sont surtout ses moyens financiers faibles, bien qu’ayant décroché un sponsor de longue date. C’était sans compter sur l’aide précieuse de l’un de ses compatriotes, le rugbyman David Campese, qui lui octroiera les fonds nécessaires pour continuer. Ses performances au Royaume-Uni ne passent pas inaperçues, notamment auprès de la marque à l’étoile. En effet, Mercedes décide de le recruter pour courir en FIA GT, un championnat de GT1 très relevé, mêlant Porsche 911 GT1, McLaren F1 GTR, Panoz Esperante GTR-1 ou encore Mercedes CLK-GTR. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que Webber s’adapte plutôt bien au monde de l’endurance, remportant cinq épreuves avec son équipier Bernd Schneider, terminant vice-champion de la catégorie. C’est sans surprise que l’australien se retrouve engagé dans le programme Le Mans et le développement de la fameuse CLR. L’allemande est certes magnifique, elle dispose d’un énorme problème : son aérodynamisme. Lors des tests pour la classique mancelle, Webber connaît une grosse sortie de piste à cause d’un bris de suspension mais cet accident ne sera rien à côté de qu’il vivra lors de la semaine des 24 Heures. Le jeudi soir, alors qu’il arrive à pleine vitesse dans le virage d’Indianapolis, sa voiture s’envole sans prévenir avant de s’écraser contre les rails. Le choc est rude mais la voiture peut-être réparée pour le samedi, jour de la course. Mais avant le départ, les pilotes profitent d’un dernier warm-up pour peaufiner les derniers réglages. Mais rien ne va pour le pilote Mercedes, de nouveau prisonnier d’une voiture volante à Mulsanne. La CLR est à l’envers en milieu de piste, le forfait indéniable. Pour l’anecdote, les grises seront tout de même au départ mais le décollage et les loopings de Peter Dumbreck scelleront définitivement l’épopée des allemandes. Remis de ses frayeurs, l’australien décida de quitter l’endurance pour revenir à ses premiers amours et la monoplace. C’est là qu’il croisa la route de Paul Stoddart, propriétaire du team Arrows en F3000. Les débuts sont réussis et avec sa troisième place en championnat, c’est l’écurie Benetton qui lui ouvre ses portes en tant que pilote essayeur. L’entrée en F1 est toute proche mais encore faut-il trouver l’écurie pour. Et c’est une nouvelle fois Stoddart qui aura la solution : Minardi.

Car le chef d’écurie australien est aussi à la tête de la petite Scuderia. Les ambitions sont très faibles mais l’envie d’apprendre y est. Pour son premier départ, chez lui à Melbourne, Webber domine son équipier ainsi que les Jaguar et la Jordan de Sato. En évitant l'impressionnant carambolage du premier virage, il s’offre même le luxe de viser le top 10, voire mieux. Huitième après le premier tour, il profite des abandons devant pour remonter à la cinquième place, se retrouvant à la lutte avec Salo et sa Toyota dans les derniers tours, défendant comme jamais. Ce résultat, aussi inattendu soit-il, fait rêver les australiens venus en nombre. Pour sa première apparition et ses premiers points, il s’autorise, avec Stoddart, une irruption sur le podium pour saluer la foule. Étonnamment, ce sera sa seule venue sur ce podium, pourtant non-officiel. Ce sensationnel résultat resta sans suite tant la Minardi est médiocre. En Espagne, les italiennes ne sont même pas admises au départ, faute d’ailerons se détachant tout seul. Malgré de belles remontées et une huitième place en France, son avenir semble déjà écrit en pointillés. Fort heureusement, l’écurie Jaguar, fraîchement séparée de ses pilotes De la Rosa et Irvine, cherche un nouveau leader pour mener à bien ce projet fou lancé par Ford. Webber s’habille donc désormais de vert mais sait pertinemment que les points seront difficiles à accrocher. La fiabilité est loin d’être le point fort de la nouvelle R4 vantée par Niki Lauda et pourtant, lors du troisième meeting de l’année, à Interlagos, l’australien réussit l’exploit de se hisser au troisième rang sur la grille de départ. Les conditions météo sont terribles mais la voiture verte tient son rang, ne perdant que quelques places. Les accidents se succèdent mais Webber tient le coup jusqu’à ce cinquante-quatrième tour où un terrible aquaplanning l’envoya tout droit déchiqueter un mur de pneus. Sa monture est détruite mais le pire est à venir lorsqu’Alonso percuta de plein fouet l’une des roues perdues au milieu du circuit, donnant lui à un véritable carnage devant la voie des stands. Si l’espagnol est touché aux chevilles l’australien s’en sort miraculeusement. Il réalise une nouvelle belle prestation en qualifications à Imola avec le cinquième temps mais après un départ complètement manqué, ses espoirs de points furent douchés. Mais peu à peu, Webber se montre de plus en plus rapide et fiable, comme en témoignent ses dix-sept unités inscrites tout au long de la saison, soit la quasi-totalité des points scorés par son équipe cette année-là. Mais beaucoup de travail reste encore à accomplir car avec au mieux une sixième place, le pilote Jaguar n’a toujours pas égalé son meilleur résultat avec Minardi. A Indianapolis, il court ses premiers tours en tête au gré des ravitaillements mais une averse subite lui fit perdre le contrôle de sa monture qui s’échoua dans les graviers. Reste qu’en une année, l’australien aura farouchement dominé ses équipiers Pizzonia puis Wilson. Ford se retire de plus en plus de la Formule 1, ce qui n’augure rien de bon pour l’année 2004 et pourtant, Webber réussit l’exploit de se qualifier au second rang du grand-prix de Malaisie mais sous la pression, il céda bien vite avant d’abandonner. La Jaguar R5 est ratée et peu fiable, ce qui ne l’empêche pas de largement devancer son équipier Klein avec qui, pourtant, il s'accrocha deux fois cette saison-là. A Monaco, son anglaise, parée d’un diamant incrusté dans le museau, ne franchit pas la ligne d’arrivée mais au moins la pierre précieuse était encore en place. Avec ses sept points au compteur et une nouvelle belle qualification au Japon, Webber décide de quitter Jaguar, alors rachetée par le géant de la boisson énergisante Red Bull, pour rejoindre, enfin, une équipe de haut niveau : Williams-BMW.

L’écurie anglaise ne cesse de s’améliorer depuis son association avec le motoriste germanique et le talent de Webber est un réel plus pour cette équipe toute neuve. En effet, R.Schumacher et Montoya ont délaissé leur baquets en faveur de l’australien et de son nouvel équipier Heidfeld, parés pour une nouvelle aventure. La première sortie est une réussite avec le troisième temps des qualifications puis une cinquième place en course mais face à l’autre Williams, les résultats ne sont pas géniaux. A Sepang, il s’accroche avec Fisichella alors qu’il luttait pour le podium, là où son équipier concrétise en ramenant les points de la troisième place. Certes, les unités s’additionnent à chaque meeting mais à chaque fois, l’australien franchit la ligne d’arrivée plus bas dans le classement qu’en qualifications. C’est finalement à Monaco que Webber connaît enfin le goût du champagne. Parti troisième, il perdit quelques positions au départ avant de repasser devant Alonso, Fisichella et Trulli. Un premier podium à Monaco est forcément inoubliable mais une fois de plus, Heidfeld le devance. Au Nürburgring, ce même allemand réalise la pole position alors que l’australien pointe deux rangs plus bas mais si le premier prend un bon envol, Webber perd quelques places avant de percuter Montoya dans le premier virage et de se garer dans les graviers. Cela va de mal en pis pour le pilote Williams, perdant de gros points trop souvent. Privé de grand-prix des USA suite à la polémique Michelin, l’australien rentre soudainement dans le rang, se battant, lui et son équipier, pour sortir de la deuxième moitié de grille. La raison : le retrait du motoriste bavarois à l’issue de la saison pour fonder son propre team, altérant grandement les performances des monoplaces bleues et blanches. En arrivant à Monza, le grand australien retrouve son ancien camarade de chez Jaguar, le brésilien Pizzonia, remplaçant d’un Nick Heidfeld blessé. Avec ses quatrièmes places à Spa-Francorchamps et à Suzuka, Webber remonte au dixième rang du championnat mais son équipe à totalement perdu pied. A Interlagos, il se fait emboutir par l’autre Williams avant de devoir renoncer lui aussi. L’épisode BMW est déjà clôturé mais le Cosworth ne fait que commencer. Hélas, le V8 anglais sera une vraie calamité, tout comme la FW28. Les ennuis mécaniques apparaissent aléatoirement sur cette monoplace aux performances bien en deçà de celles de sa devancière. Son nouvel équipier Nico Rosberg n’est pas mieux loti. Les deux pilotes tentent de pousser leur team vers le haut mais malgré les quelques apparitions dans les points de Webber, il n’en est rien. Sa seconde place sur la grille à Monaco restera sûrement le meilleur moment de sa saison bien que son échappement finisse par le trahir alors qu’il tenait une splendide troisième place. Au Brésil, une fois encore, la malchance le touche encore lorsque, comme les deux années écoulées, il se fit percuter par l’autre Williams, l’obligeant à renoncer une nouvelle fois, aileron arrière arraché. L’écurie de Grove connaît alors une grave crise alors que dans le même temps, plusieurs teams commencent à devenir de vrais outsiders, à commencer par Red Bull Racing, anciennement Jaguar. Retour aux sources…

Au sein de l’écurie autrichienne, Webber retrouve l’un des pilotes les plus expérimentés de la discipline en la personne de David Coulthard. Les deux hommes auront pour tâche de mener la nouvelle RB3, création d’Adrian Newey, au plus haut dans le classement. Mais pour l’australien, le début de saison est très malchanceux. A plusieurs reprises, le manque de fiabilité ou la sortie de la voiture de sécurité au plus mauvais moment l’empêche de marquer de gros points. Malgré un bon début de course chez lui, à Melbourne, la stratégie lui fait perdre énormément de places. A Bahreïn, Barcelone et Monaco, c’est la mécanique qui vient s’en mêler, faisant perdre quelques petits points précieux à l’écurie autrichienne. Le sort est encore plus cruel au Canada, grand-prix marqué par l'effroyable crash de Kubica. Un temps deuxième, il observe un dernier arrêt tardif entre deux périodes de Safety Car, le faisant redescendre à la porte des points. Il faudra attendre le rendez-vous suivant, à Indianapolis, pour revoir Webber parmi le top 8, à la septième place mais rapidement, les problèmes reviennent en force. Pas de rythme à Magny-Cours puis souci hydraulique à Silverstone, les choses s’empirent course après course. Mais c’est lors du grand-prix d’Europe que l’australien s’illustra enfin au volant de sa Red Bull. Pourtant, il fut loin d’être le héros du jour, cette place étant scellée par l’incroyable Markus Winkelhock, passant de la dernière à la première place en un seul tour et pour son premier départ, bien aidé, il faut dire, par un choix de pneumatiques parfait. Car si ce meeting reste célèbre, c’est pour son déluge qui s’abattit en quelques secondes dès le départ, envoyant pas moins de sept voitures dans le décor, au même endroit, simultanément. Les RB3 parviennent à flotter et lorsque la meute repart, la performance est retrouvée. Longtemps quatrième, Webber profite des ennuis de Raikkonen pour prendre la troisième place et ainsi signer son deuxième podium en carrière, derrière les rivaux que sont Alonso et Massa. Si les résultats sont bien moins bons par la suite, la manche japonaise, disputée à Fuji, aurait pu tourner à son avantage. Tout était pourtant mal parti lorsque l’australien, nauséeux suite à une intoxication alimentaire, vomit dans son casque alors que la course était neutralisée par voiture de sécurité. Sans broncher, il continua tout de même, menant même quelques tours avant de poursuivre en seconde position derrière Hamilton. Mais alors que la Safety Car revenait sur le circuit à cause de l’accident d’Alonso, sa Red Bull fut percutée par Vettel, surpris par le freinage brusque de Hamilton devant eux. Les espoirs de podium et de gros points venaient d’être complètement anéantis de la plus terrible des manières. Pour la dernière de l’année, au Brésil, ce n’est pas un accrochage avec son équipier qui stoppa sa belle prestation mais une nouvelle panne de transmission. La saison 2007 est cauchemardesque mais heureusement, 2008 sera meilleure. La RB4 est loin d’être la meilleure voiture du plateau, sa fiabilité est désormais presque exemplaire. Ainsi, Webber accumule les bons résultats et les points avec pas moins de six top 8 en huit épreuves mais les podiums sont loin et la concurrence élève son niveau de jeu. La deuxième moitié de campagne en sera le triste exemple. Seulement trois points lors des dix dernières épreuves, le bilan est plutôt maigre pour l’australien qui domine pourtant outrageusement son équipier écossais désormais poussé vers la sortie. Mais ce qui irrite encore plus Webber et son écurie, c’est la performance trouvée par l’équipe sœur Toro Rosso, victorieuse à Monza grâce à un Vettel des grands jours. Une nouvelle page se tourne dans l’histoire de la Formule 1, une nouvelle ère qui pourrait bien changer la donne…

Car en 2009, la Formule 1 entame une nouvelle révolution technique : retour au pneumatiques slicks, aileron avant plus large, à l’inverse de l’arrière, arrivée du KERS,... Les monoplaces sont radicalement différentes mais les performances demeurent équivalentes. Mais avant même que la saison ne débute, premier couac pour Webber. Lors d’une course caritative de vélo, il se fait renverser par une voiture, se blessant sérieusement. Heureusement pour lui, il sera rétabli pour le premier départ à Melbourne mais une fois encore, sa course à domicile ne sera guère simple. Percuté dès le départ par Barrichello puis Kovalainen, il ne franchira la ligne qu’en douzième position, là où son nouvel équipier Vettel luttait pour la victoire finale. Les Red Bull semblent être plutôt en forme, ce qui se confirma lors de la manche chinoise, courue sous des trombes d’eau. Les RB5 se montrent alors plus qu’à l’aise, contrant, pour la première fois, la Brawn Gp de Button. Le team autrichien réalise un sans-faute, bloquant les deux premières places à l’arrivée, l’allemand devant l’australien. Totalement à côté de la plaque à Bahreïn, Webber profita de l’incroyable rythme de sa monture pour grimper sur le podium à Barcelone, à Istanbul, puis à Silverstone. Sa machine est de plus en plus compétitive mais ce premier succès semble vouloir lui échapper continuellement. De plus, Vettel cumule les gros points et les succès, de quoi énerver encore plus l’australien. Son jour de chance finira pourtant par arriver, au Nürburgring. Fort d’une première pole position, il se fait pourtant pénaliser d’office pour un contact avec Barrichello au départ. Déterminé comme jamais, il cravacha pour reprendre la première place dans les dernières boucles, s’offrant par ailleurs, son premier triomphe dans la discipline après cent trente départs, un record battu onze ans plus tard par Perez. S’il fait jeu égal en termes de points avec son équipier, une suite de cinq résultats vierges viendra mettre fin à tous ses espoirs de couronne. Ce n’est que lors de l’avant-dernier meeting, à Interlagos, que l’australien réapparaît sur le devant de la scène avec un deuxième succès. Les titres sont perdus mais la confiance est là et pour 2010, les ambitions sont grandes. Sqa RB6 est la machine à battre mais une fois encore, son début de saison est médiocre. Il faut attendre la troisième course et le rendez-vous malaisien pour le voir enfin de retour sur le podium après avoir décroché la pole. C’est en Espagne qu’il retrouve la plus haute marche, ménageant ses gommes mieux que tout le monde. Il récidive à Monaco, toujours depuis la pole, mais c’est en Turquie que sa campagne prit un nouveau tournant. Alors qu’il était en passe de remporter la course, Vettel le rattrapa avant de tenter un dépassement par l’extérieur. Jusque là tout va bien mais lorsque l’allemand se rabat, l’australien est toujours là. Les deux Red Bull s’accrochent, faisant perdre toutes possibilités de doublé. C’est un désastre dans le camp autrichien qui blâme pourtant Webber. Dès lors, la discorde est de mise dans le garage. A Valence, pour le grand-prix d’Europe, l’australien, qui venait de s’arrêter aux stands, se fraya un chemin parmi les voitures plus lentes mais en voulant dépasser la Lotus de Kovalainen, c’est le crash. La RB6 décolle et effectue un spectaculaire looping, rappelant bien évidemment ses tristes cabrioles de 1999. Cet accident ne sera pas sans conséquences puisqu’une commotion cérébrale lui sera finalement décelée. Pour autant, son attitude en piste ne change pas et pour démontrer qu’il vaut aussi bien que Vettel, il n’hésite pas à employer la force, comme à Silverstone où il tassa sèchement l’allemand au départ, lui occasionnant une crevaison immédiate. De nouveau victorieux en Hongrie, Webber enchaîne avec une deuxième place à Spa-Francorchamps, le faisant alors caracoler en tête du championnat. A Singapour, malgré un accrochage avec Hamilton, il tient la troisième place mais son iconique chat noir ne tarda pas à faire son grand retour. Avant le meeting de Suzuka, l’australien connaît une nouvelle chute de vélo, ce qui lui occasionnera une fracture de l’épaule. Il parvient pourtant à piloter, s’inclinant seulement face à son équipier au Japon. En Corée du Sud, la course est très humide mais Webber tient les points quand tout à coup, une excursion hors piste puis un accrochage avec Rosberg le prive de précieuses unités. En arrivant à Abu Dhabi pour la dernière manche de la saison, l'australien n’est plus leader du championnat mais ses chances sont très importantes. Et pourtant, rien ne se passa comme prévu. Mauvaise qualification, mauvais départ, mauvaise stratégie, le pilote Red Bull perd tout, tout comme son rival Alonso, piégé dans le peloton. Et c’est finalement Vettel qui rafle la mise, inscrivant son nom au palmarès des champions du monde de la discipline. Webber le sait, à trente-quatre ans, ses chances de titres seront désormais plutôt rares…

Et pourtant, la Red Bull RB7 de 2011 est de loin la meilleure voiture conçue par le team autrichien. Les échappements soufflés sont utilisés à la perfection ce qui offre un gain de performance non négligeable aux voitures championnes. Mais il est un changement qui modifia beaucoup de choses cette année-là : le passage aux pneumatiques Pirelli et leur dégradation très élevée. Webber avouera avoir beaucoup de difficultés à les exploiter dans le trafic. Malgré tout, l’australien demeure très constant, se battant pour le podium à quasiment chaque rendez-vous, même en Chine où il ne s’élançait pourtant que dix-huitième. Poleman en Espagne , en Grande-Bretagne et en Allemagne, il ne parvient cependant pas à concrétiser le lendemain, se faisant battre à plate couture par son équipier allemand, dominateur comme à l’époque Schumacher. Webber sait que son écurie se porte à cent pour cent derrière Vettel mais les points qu’il ramène sont loin d’être négligeables. Il connaît son seul abandon de l’année à Monza, sur sortie de piste après un contact avec Massa, mais le reste du temps, c’est dans le top 5 qu’il achève toutes ses courses. A Spa-Francorchamps, il régale le public et les téléspectateurs en osant une magnifique manœuvre de dépassement sur Alonso dans le Raidillon. Ce n’est que lors de la dernière de l’année que la victoire lui revient enfin, bien aidé par les soucis de boite rencontrés par l’autre Red Bull. Troisième au championnat, l’australien pense déjà à l’avenir, encore incertain. En cette saison 2012, la Red Bull n’est plus la machine de prédilection, talonnée par les McLaren et Lotus. Ses départs sont toujours moyens et ses problèmes de KERS récurrent mais pour ses quatre premiers départs, Webber aligne les quatrièmes places. Après un week-end compliqué en Espagne, il hérite de la pole perdue de Schumacher à Monaco avant de remporter, le lendemain, son deuxième succès en principauté. Il récidive un peu plus tard à Silverstone, maintenant une solide deuxième place au championnat du monde, à une vingtaine de points d’Alonso. Plus important, l’australien devance son équipier allemand mais le réveil de ce dernier ne saurait tarder. Durant la seconde moitié de cette folle campagne, Vettel remonte la pente et engrenge victoires sur victoires, là où l’autre pilote Red Bull essuie plusieurs résultats blancs. A Suzuka, il est harponné par un Grosjean tout juste remis de sa suspension, lui faisant perdre tous espoirs de titre en fin d’année. La sanction sera la même à Abu Dhabi, percuté par ce même pilote Lotus. Son iconique malchance le suit perpétuellement, à croire qu’un chat nior ce soit glissé dans son baquet. La paire de pilotes Red Bull reste inchangée en cette année 2013, année du déchirement. C’est en Malaisie que l’histoire bascula à tout jamais pour Webber. Alors qu’il menait la course, l’équipe décida de figer les positions pour amasser un maximum de points à l’arrivée. Mais pour Vettel, hors de question de rester bloqué derrière son équipier. Les deux voitures s’échangent la première place, passant plusieurs fois à la limite du contact. Finalement, c’est le triple champion qui finira par prendre le premier le drapeau à damier, au grand dam d’un team autrichien désabusé. Sur le podium, les mines sont grises. Webber répète alors sans cesse “Multi 21”, nom de code donné à la consigne Red Bull. Cet évènement marquera un déchirement sans précédent entre les deux pilotes. Sa campagne se résuma alors en un triste rôle de spectateur, l’autre RB9 écrasant tout sur son passage. En Chine puis au Nürburgring, la perte d’une roue lui coûtera de nombreux points, finalement inutiles au vu de la situation comptable de son équipier. A Singapour, un abandon tardif l’oblige à s’arrêter en bord de piste. Alonso, qui passait lors du tour d’honneur, l'accueilla à bord de sa monoplace pour faire le taxi, ce qui ne plaira absolument pas à la FIA. Malgré deux poles au Japon et à Abu Dhabi, la victoire lui échappa tout le temps. Son heure est venue, l’envie n’y est plus. A Interlagos, Webber dispute son dernier grand-prix. Bien que courtisé par d’autres teams, comme Ferrari, il prend sagement la décision de s’arrêter là. Pour son dernier tour d’honneur, l’australien roule sans casque, une drôle de célébration forcément très remarquée.

Ainsi s’achève la carrière du grand Mark en Formule 1, pas en sport automobile. Désormais, c’est en endurance qu’il souhaite faire ses armes. Acteur du programme Porsche LMP1, il remporta le titre par équipe en 2015, dominant de la tête et des épaules une saison particulièrement disputée. L’année précédente, il fut pourtant victime d’un très gros crash à Interlagos, au même endroit qu’en 2003. Ses trois années dans le clan allemand se soldera par une deuxième place lors des 24 Heures du Mans 2015. Dès lors, il décide de se retirer en tant que pilote, travaillant comme égérie auprès de plusieurs grandes marques ou de fondations. L’australien officie également en tant que commentateur pour diverses chaînes, de quoi occuper ses journées de jeune retraité, toujours avec le sourire et la bonne humeur qu’on lui connaît.

Mark Webber en chiffres...

Meilleur classement en championnat du monde F1 :

3e (2010, 2011, 2013)

Grands-prix :

215 (217 engagements)

Victoires :

9

Podiums :

42

Poles Position :

13

Meilleurs Tours :

19

bottom of page