Felipe Massa
Jamais un pilote ne sera passé si proche d’une couronne mondiale. Une dizaine de secondes auront changé la carrière de Massa
En gravissant rapidement les échelons régionaux, Massa décroche aisément un baquet dans les championnats de F3000 à l’aube de l’année 2000. Très rapide, régulier et performant, il ne lui faudra que peu de temps pour accéder aux sommets : la Formule 1. Et c’est un certain Peter Sauber, en plein rajeunissement de son équipe, qui lui ouvre la porte de la catégorie reine.
C’est en 2002 que le brésilien commença chez Sauber Petronas. Pris dans le carambolage du grand-prix d’Australie, il parvient à inscrire le point de la sixième place pour sa deuxième course. La suite ne se passera pas de la même manière. Le brésilien enchaine les bourdes et ne marque que peu de points, se faisant dominer par son équipier Heidfeld. Pire encore, l’entente avec Peter Sauber se détériore, privant même Massa de son volant aux Etats-Unis, remplacé par Frentzen. C’est d’ailleurs ce dernier qui est préféré au pauliste pour la saison 2003. Sans baquet disponible, il se retrouve pourtant pilote essayeur chez Ferrari, travaillant notamment sur les pneumatiques avec Badoer. Grace à la fourniture moteur Ferrari chez Sauber, Massa retrouve son volant perdu en 2004. Associé à Fisichella, il parvient à gommer quelques défauts de son pilotage mais subit la loi de l’italien, accrochant tout de même la quatrième place à Spa-Francorchamps et échappant à un terrible accident à Montréal. A Interlagos, le jeu des ravitaillements lui permet de prendre la tête pour deux petits tours, moment très spécial pour lui. Toujours chez Sauber Petronas en 2005, le voici confronté au champion du monde 1997 Villeneuve. Pour la première fois de sa carrière, le brésilien domine le vétéran canadien. Malgré une altercation entre les deux pilotes à Monaco, il décroche la quatrième place au Canada avant de s’ouvrir grand les portes de la Scuderia Ferrari.
C’est donc en titulaire que Massa pose ses valises à Maranello en 2006. Aux côtés de M.Schumacher, le brésilien améliore son style de pilotage brouillon et découvre les joies du podium au grand-prix d’Europe. Dès lors, il ne quittera que peu les places de choix. Avec une 248 F1 en grande forme, il décroche plusieurs podiums avant de réaliser son week-end parfait. Sur le tout nouveau circuit d’Istanbul, Massa s’impose en qualifications avant de récidiver en course, son premier succès en Formule 1. Mieux encore, il récidive chez lui, au Brésil. Ce que Barichello n’aura pas réussi durant tant d’années, Massa le réalisa, devenant le premier brésilien prophète en son pays depuis Senna en 1993. Avec le départ de M.Schumacher en retraite, le voici propulser numéro un chez Ferrari. 2007 marqua l’arrivée de Raikkonen au sein de la Scuderia. Si l’acclimatation du finlandais prend du temps, Massa bataille régulièrement avec les McLaren d’Alonso et de Hamilton, nouvelle recrue en Formule 1. Fort de deux victoires en deux courses, le brésilien s’imagine bien lutter pour le titre mais les choses tournèrent au vinaigre. Disqualifié au Canada après avoir grillé le feu rouge de sortie des stands, il perd son succès promis au Nürburgring, dépassé par Alonso à quelques tours du but. Même s’il réalise de bonnes performances, le brésilien se fait chiper le leadership dans son équipe. Sa victoire en Turquie ne lui suffira pas, le titre ne sera pas pour cette année-là. En bon équipier, il parviendra pour autant à aider son équipe dans la quête de la couronne pilote, celle des constructeurs étant assurée à la suite de l’affaire d’espionnage.
Arriva l’année 2008. Le début est catastrophique, ponctuée par des accrochages, sorties et pépins mécaniques. Massa se ressaisira à Barhein, marquant de nombreux points et plusieurs victoires. En Belgique, il hérite, sur tapis vert, de la victoire de Hamilton, pénalisé pour avoir coupé la chicane de l’arrêt de bus. En Hongrie, son moteur le lâche tout près du but alors qu’il menait l’épreuve. Nouvelle désillusion à Singapour où un arrêt précipité et un tuyau d’essence arraché mettent fin aux espoirs de victoire du brésilien. A Fuji, les deux prétendants au titre s’accrochent, mais sans gravité. En arrivant chez lui, Massa compte sept point de retard sur Hamilton. Au prix d’une course parfaitement maitrisée, le brésilien s’imposa mais la pluie, venue jouer les trouble-fêtes dans les derniers tours, perturba les pilotes. C’est alors que son adversaire au championnat perd pied et se fait passer par Vettel dans l’avant-dernier tour. Avec une sixième place, le britannique n’est pas champion. Explosion de joie dans le stand Ferrari, Massa est champion du monde ! Enfin presque. Dans le tout dernier virage du dernier tour du championnat, Glock, en totale perdition, ne parvient pas à résister à Hamilton et lui offre la cinquième place tant convoitée synonyme de titre. La désillusion est de mise chez les rouges, y ayant cru jusqu’au bout. Jamais un championnat ne se sera joué d’une telle façon.
Le changement de règlement 2009 sera fatal à Ferrari. Loin des étonnantes Brawn et Red Bull, les F60 sont à la peine. L’arrivée en Europe améliora quelque peu les choses mais les victoires sont impossibles. C’est alors que le drame arriva : en pleine séance de qualifications en Hongrie, Massa est percuté au niveau de la visière par un ressort perdu de la Brawn de Barichello le précédant sur la piste. La situation est jugée grave. Massa passe deux jours dans un coma artificiel. Ses jours ne sont pas en danger malgré des dommages crâniens, une commotion cérébrale et une lésion à l'œil gauche, le bilan médical est positif et le retour à la compétition dès l’année suivante est alors prévue. L’arrivée d’Alonso à Maranello marqua à jamais le brésilien. Un éphémère passage en tête du championnat après la manche australienne ne refléta pas le reste de la saison et sa carrière en rouge. Largement battu par son équipier, certains pointent du doigt son accident l’ayant affaibli. Malgré le soutien de la Scuderia, les résultats ne sont pas là. En Allemagne, un excellent départ le propulse en tête mais l’optique du championnat fut plus forte pour Ferrari qui n’hésita pas à envoyer un message clair à son pilote, lui intimant l’ordre de laisser passer son meneur de file. Si la F10 n’était pas trop mauvaise, la monoplace de 2011 le fut. Cette année-là, Massa aura passé plus de temps à s’accrocher avec Hamilton qu’à jouer les podiums, chose qu’il ne décrocha même pas. 2012 ne fut pas meilleure mais le brésilien rafla quelques top 3, ne terminant que septième au championnat. Alors que tout le monde le pensait fini, Massa renouvela une dernière fois chez les rouges, sans vrai succès. C’est alors vers Grove qu’il se dirigea pour y finir sa carrière.
En 2014, l’introduction des V6 hybrides change la donne et étonnamment, la Williams est très bonne. Si les Mercedes sont inatteignables, elles ne sont pas intouchables. En Autriche, Massa réalise une étonnante pole position, la dernière se carrière. Passant tout proche du succès au Canada avant d’être harponné par Pérez dans le dernier tour. Le pauliste réalise quelques podiums, tout comme l’année suivante. Il réalise l’envol parfait à Silverstone mais sur la totalité de la saison, son équipier Bottas devient une menace plus qu’inquiétante. Il rempile pour sa dernière saison en 2016 avec des résultats en baisse. Au Brésil, sous le déluge d’Interlagos, Massa crashe sa Williams spécialement décorée en son honneur. Dans une parade très émouvante, l’enfant du pays dit adieu à la Formule 1. Du moins, c’était sans compter sur Rosberg et sa retraite imprévue ! Envoyé d’urgence chez Mercedes, Bottas laisse un baquet vaquant aux côtés de Stroll. Rappelé à la dernière minute, Massa reprit le casque et s’engagea pour sa vraie dernière saison. La Williams n’est pas très bonne mais il parvient à souvent rentrer dans les points, passant peut-être à côté d’un possible succès à Bakou lors d’une course folle. A Abu Dhabi, Massa délaisse définitivement la Formule 1.
Depuis son retrait, le brésilien s’est lancé un nouveau défi : la Formule E, sans réel succès à l’heure actuelle.
Felipe Massa en chiffres...
Meilleur classement en championnat du monde F1 :
2e (2008)
Grands-prix :
269 (272 engagements)
Victoires :
11
Podiums :
41
Poles Position :
16
Meilleurs Tours :
15