top of page

Mercedes W05

Alboreto.jpg

En 2014, la Formule 1 a décidé de passer dans une ère plus écologique. Fini les V8 bruyants, place aux V6 Turbo hybrides. Et si il y a bien une écurie qui a su tirer partie de cette nouvelle réglementation, c’est bien Mercedes. Retour sur l’histoire de la première flèche d’argent hybride victorieuse : la Mercedes W05.

Si la W05 arbore la même livrée iconique des Mercedes actuelles à savoir le gris orné du vert Petronas, la monoplace est bien différente de la précédente. Le nez haut est remplacé par un museau très bas, nouvelle règle instaurée pour la sécurité. Autre changement, la longueur de la voiture. A partir de 2014, les Formule 1 se sont bien allongées. La raison : les volumineux V6 Turbo et tous leurs composants. Car oui, ce n’est pas un simple moteur 1,6L qui se trouve dans le dos du pilote. En plus du coeur de la bête, on y retrouve les batteries de l’ERS (le remplaçant du KERS), le système ERS, le MGU-H et le MGU-K, avec la boîte de vitesses bien entendu.

Après quatre ans de domination Red Bull, les premiers essais à Jerez et Sakhir donnent une premières visions de ce que pourrait être la saison. Les équipes motorisées par Mercedes semblent être plus à l’aise que Ferrari et Renault, mais ce ne sont que des essais. La crainte de toutes les écuries, c’est bien entendu la fiabilité. Ces nouveaux ensembles ne seront qu’au nombre de cinq par voitures, demandant un travail de fiabilité extraordinaire de la part des ingénieurs. D’ailleurs, plusieurs observateurs se demandent si ne serait-ce qu’une monoplace puisse passer la ligne d’arrivée en Australie. C’est donc sur le tracé de l’Albert Park que démarre cette saison 2014 et première surprise, les Mercedes ne sont pas toutes deux sur la première ligne, Ricciardo plaçant, par surprise, sa Red Bull Renault en seconde place, derrière Hamilton. Les feux s'éteignent et après la première neutralisation causée par le strike de Kobayashi, les choses changent aux avant-postes. Hamilton et Vettel rentrent aux stands pour abandonner, leur V6 démontrant déjà des signes de faiblesse. Heureusement, ils ne seront que cinq à renoncer sur problèmes mécaniques. En tête, Rosberg imposa la W05 d’entrée, plus de vingt-cinq secondes devant l’étonnant Magnussen second, après la disqualification de Ricciardo pour débit d’essence trop élevé. Rien qu’après cette première épreuve, les V6 Turbo sont vivement critiqués pour leur bruit bien moins strident et élevé que les V8 ou précédents moteurs. En effet, les crissements de pneus se font même entendre, choses devenues inaudibles en Formule 1. La deuxième course à Sepang vit une nouvelle fois une Red Bull séparer les deux Mercedes de la première ligne mais le lendemain, l’ordre est vite rétabli et les flèches d’argent sont intouchables. Sur la ligne, Hamilton précède Rosberg, le premier doublé Mercedes depuis… 1955 ! Dès lors, tout le monde sait que l’écurie allemande est l’équipe à battre. Mais qui pour les contrer ? Red Bull ? Williams ? Ferrari ? McLaren ? A priori, personne. Les premières rumeurs d’une saison archi-dominée émanent du paddock et font craindre une saison ennuyeuse. Si la première moitié de la rumeur s’avéra être vraie, la seconde le fut moins, notamment en raison de la libre bataille laissée par Toto Wolff envers ces pilotes, une consigne qui fut bénéfique à Bahreïn…

Dans le désert saoudien, les Mercedes W05 font à nouveau des merveilles. Cette fois, personne ne les sépare sur la grille, le troisième Bottas étant relégué à près d’une seconde de Rosberg le poleman. Si Hamilton prend l’avantage, l’allemand n’a pas dit son dernier mot et se lance à la poursuite de son équipier. Après les premiers arrêts aux stands, la course semble figée. C’était sans compter sur Maldonado qui déboula en sortie de stands, harponnant la Sauber de Gutierrez qui décolla dans une série de tonneaux. La course neutralisée, la bataille en tête pouvait à nouveau faire rage. Et quelle lutte ! Les deux W05 se dépassent, se redoublent, s’aspirent, se déboitent, se poussent, jusqu’au terme de l’épreuve, finalement remportée par Hamilton. Derrière, les autres équipes de points se mordent les doigts : les Force India se sont montrées les plus compétitives avec le podium de Pérez, de quoi effrayer Ferrari, Williams et McLaren. En Chine, les Red Bull privent une nouvelle fois les flèches d’argent de partager la première ligne, Rosberg étant relégué en quatrième place mais comme depuis le début de l’année, les choses rentrent vite dans l’ordre et le doublé est à nouveau acquis avec facilité. L’arrivée en Europe donne espoir aux autres équipes, espérant enfin battre ces machines invaincues. Pour autant, il n’en fut rien.

Les courses se suivent et se ressemblent toutes. En Espagne comme à Monaco, les Mercedes W05 survolent la concurrence, bloquant tant la première ligne que les deux premières places à l’arrivée. Toutefois, les premières voix s’élèvent au sein de l’écurie allemande après les qualifications monégasque, marquée par la sortie dans l'échappatoire de Rosberg, empêchant tous ses concurrents, y compris Hamilton, de lui chiper la pole. Un incident qui n’est pas sans rappeler celui de 2006 où M.Schumacher avait commis la même manoeuvre, devant s’élancer en fond de grille contrairement à son compatriote de chez Mercedes. Après les six premières courses de l’année, force est de constater que cette incroyable voiture dompte tous les types de pistes, de la plus rapide à la plus étroite, en passant par la plus chaude. La question n’est donc plus de savoir qui gagnera la prochaine course mais qui des deux pilotes Mercedes va s’imposer. A ce rythme, les flèches d’argent sont en lice pour remporter toutes les épreuves mais encore faut-il que la fiabilité soit de mise. Pour l’instant, toutes les étoiles semblent à peu près alignées pour les allemands, du moins, jusqu’au Canada. Sur l'Île Notre-Dame, la tendance change quelque peu. Si la première ligne est entièrement couverte de gris, la course fut plus compliquée. A la mi-course, les deux W05 se mettent soudain à ralentir de plus de trois secondes par rapport à la concurrence. Un arrêt aux stands pour les deux pilotes quelques tours plus tard et voici que Massa et sa Williams prennent le commandement, première fois qu’une Mercedes ne mène pas en 2014, enfin, seulement pour deux tours. Les deux machines sont touchées par le même problème : le système de récupération d’énergie au freinage cesse de fonctionner entraînant une perte de vitesse en ligne droite mais surtout une surchauffe des freins importantes, condamnant surtout Hamilton, obligé de mettre pied à terre. Trop lent, Rosberg se fit dépasser dans les dernières boucles par Ricciardo, alors en bagarre avec Vettel, Pérez et Massa, ces deux derniers s’accrochant violemment dans le dernier tour. Pour la première fois de la saison, les allemands laissent échapper une victoire pourtant promise. Alors faut-il compter sur Red Bull à présent ? Seulement en cas de pépins mécaniques apparemment. Pourtant, la question a le mérite de se poser car pour la manche suivante en Autriche, surprise : les deux Williams bloquent la première ligne, les Mercedes étant seulement troisième et neuvième ! Si l’étonnement est de mise, l’ordre est vite rétabli en course, Rosberg devant Hamilton, huit secondes devant Bottas et sa Williams troisième. A Silverstone, l’anglais manque une nouvelle fois sa qualification, ne réalisant que le sixième chrono, cinq places derrière Rosberg. Lors du premier tour, la Ferrari de Raikkonen partit dans une terrible embardée, provoquant la sortie du drapeau rouge mais dès que l’épreuve reprend son court normal, il ne faudra que deux boucles pour les flèches d’argent pour mener. C’est alors que la boîte de vitesses de Rosberg se bloque en cinquième rapport et oblige son pilote à renoncer ! Nouveau coup dur pour les gris. Devant une foule entièrement acquis à cause, Hamilton croise la ligne en vainqueur mais c’est bien lui qui connaîtra les futurs ennuis de la W05… À Hockenheim, les qualifications mettent en avant une nouvelle défaillance de la Mercedes lorsqu’un disque de frein d’Hamilton cassa, l'envoyant tout droit dans le mur. S’il remonta jusqu’en troisième place, soit deux derrière Rosberg, c’est bien la voiture frappée du n°44 qui est à nouveau touchée en Hongrie. Son V6 Turbo explose et s’embrase en Q1, l’obligeant à s’élancer des stands alors que l’autre W05 démarre encore et toujours de la pole. Pourtant le dimanche, un nouvel ingrédient vient pimenter l’épreuve : la pluie. Dans le deuxième virage, Hamilton part à la faute et lèche le rail, sans dommages. Les accidents se succèdent et le suspens est insoutenable. Devant, Alonso et Ricciardo mènent au plus grand étonnement de tous, devant les deux Mercedes. Pour la première fois de la saison, Mercedes fait usage de consignes de course, demandant à Hamilton de s’effacer devant Rosberg, chaussé de pneus frais. L’anglais n'obtempèra pas et creusa même un écart avec son équipier. Après un ultime arrêt de Ricciardo, les W05 pourchassent la Ferrari du double champion espagnol mais derrière eux, la Red Bull de l’australien revient comme une balle. S’en suit une incroyable bataille dans les derniers tours pour la tête et contre toute-attentes, c’est bien Ricciardo qui s’impose devant Alonso, puis Hamilton et Rosberg ! Ce sera le pire résultat de la firme à l’étoile en cette année 2014. Mais en coulisses, les esprits s’échauffent, l’allemand étant furieux du non laisser-passer de son équipier pour la tête. Les premières tensions éclatent au grand jour et cela ne sera pas sans conséquences pour l’équipe…

A Spa-Francorchamps, Toto Wolff tente de calmer ses pilotes et pourtant, l’impensable se produisit. Au deuxième tour de course, Rosberg accroche Hamilton aux Combes, occasionnant une crevaison sur la machine de l’anglais. Avec son aileron à moitié arraché, Rosberg ne peut lutter avec Ricciardo qui s’imposa une nouvelle fois sur un circuit entièrement destiné aux moteurs Mercedes. Si la n°6 prend la seconde place, l’autre W05 fut trop abîmée pour terminer la course. L’ambiance est glaciale dans l’écurie allemande. Les deux amis équipiers ne se parlent plus, rejetant la faute l’un sur l’autre. Les flèches d’argent doivent se ressaisir immédiatement car après trois problèmes et erreurs, ce sont trois victoires promises qui n’ont pas lieu. A sept course du but, Rosberg dispose d’un bel avantage comptable au championnat mais personne ne sait comment l’allemand résiste à la pression. Les manches suivantes seront décisives. En Italie, les six premières places de la grille sont occupées par des voitures motorisées par Mercedes, de quoi confirmer encore un peu plus la supériorité du bloc allemand et de sa technologie hybride. En course, Rosberg mène avec aisance devant son équipier mais à deux reprises, l’allemand bloque les roues et court-circuite la première chicane. La deuxième fois lui coûtera finalement la première place, aux dépends de l’anglais. Si l’ordre ne change pas d’ici l’arrivée, de nouvelles rumeurs éclatent au grand jour, arguant du fait que l’allemand ait volontairement laissé passer l’autre W05 pour se faire pardonner de son erreur en Belgique. Le pilote de la n°6 se retrouve sous le feux de toutes les critiques et pour ne rien arranger, sa voiture refuse de démarrer dans la nuit de Singapour avant de finalement rouler à faible allure jusqu’à son arrêt aux stands où le V6 Turbo se coupa totalement. Avec cet abandon, c’est Hamilton qui récupère le commandement du championnat à un Rosberg malchanceux et vivement critiqué. A Suzuka, un terrible typhon balaie le circuit. Si les Mercedes réalisent le doublé, la course passe bien après la terrible nouvelle du jour. Jules Bianchi percuta de plein fouet une dépanneuse qui retirait la monoplace accidentée de Sutil. Le français fut extrait inconscient et décèdera de ses blessures quelques mois plus tard. En Russie, au coeur du tout nouveau parc olympique de Sotchi, c’est une Formule 1 très touchée qui s’apprête à rouler entre les installations des récents JO d’hiver pour la première fois de son histoire. Dès le départ, tout est joué. Au bout de l’interminable ligne droite de départ, Rosberg bloque ses roues dans un important panache de fumée, l’obligeant à remplacer de suite ses pneus très abîmés. Cette nouvelle erreur prive le public d’une nouvelle bataille entre les W05, bien que terminant première et seconde de la course. Ce résultat permet d’ailleurs aux flèches d’argent de sécuriser leur premier titre constructeur, une première pour la firme à l’étoile.

A trois courses du but, Hamilton semble prendre un avantage certain mais une nouvelle règle instaurée pour la dernière course à Abu Dhabi pourrait changer la physionomie du championnat. En effet, il a été décidé que la dernière manche décernerait le double des points, drôle d’idée. A Austin, les W05 dominent encore facilement et tout le monde attend la confrontation Hamilton-Rosberg qui jusque-là, ne se sont jamais battus depuis Spa-Francorchamps. Il n’en fut rien. L’allemand prend un meilleur envol mais à mi-course, son équipier anglais lui ravit le leadership grâce au DRS, sans revanche de la part de Rosberg. La manche brésilienne ne sera guère plus intéressante. Les flèches d’argent dominent encore aisément et c’est à la suite d’une erreur du britannique que le classement n’évolua plus. Avant la dernière épreuve sur le circuit de Yas Marina, l’allemand n’a que peu de chances de l’emporter, à moins d’un éventuel problème sur la machine de son coéquipier. Avec la nouvelle pole de la Mercedes W05, le V6 Turbo de la firme à l’étoile aura réalisé les meilleurs temps de toutes les séances de qualifications, seule l’Autriche échappant à l’équipe usine Mercedes. Mais ce qui s’annonçait comme une lutte intense pour le titre tourna court. Le système de récupération d’énergie cesse de fonctionner sur la voiture de Rosberg qui descend dans les profondeurs du classement. Cette fois-ci, le championnat est plié en faveur d’Hamilton. Ce dernier ravira le dernier trophée de vainqueur de la saison lors d’une course décevante et vite dénuée d’enjeux.

Au terme de la saison, la Mercedes W05 aura remporté seize des dix-neuf manches, laissant échapper trois victoires pourtant promises. S’ajoute à cela dix-huit poles position, trente-et-un podiums et douze meilleurs tours en course. Si cette monoplace s’avéra être la plus dominatrice en 2014, ses successeurs, les W06 et W07, furent encore plus performantes, raflant trente-cinq des quarante courses disputées, avant d’ajouter à leur palmarès 2017, 2018 et 2019. L’amitié Hamilton-Rosberg fut bien détériorée et atteindra son point d’orgue en 2016, où les deux pilotes s’accrochèrent bêtement en Espagne, provoquant l’abandon des deux monoplaces grises...

La Mercedes W05 en chiffres...

Grands-prix :

19

Victoires :

16

Podiums :

31

Poles Position :

18

Meilleurs Tours :

12

bottom of page