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McLaren MP4/4

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Quand le meilleur moteur rencontre la meilleure voiture, dessinée par le meilleur concepteur de l’époque, tout cela accompagné des plus grands pilotes du moment, le résultat ne peut être qu’étincelant. C’est ce qui se passa avec la mythique McLaren MP4/4.

En suivant le nouveau système de nomination McLaren, la MP4/4 descend de la MP4/3 engagée en 1987. Si les couleurs du célèbre cigarettier ne changent pas, les deux monoplaces n’ont rien en commun, à commencer par le moteur. Exit le TAG-Porsche, place à présent au tout nouveau V6 Honda à 60° de 650 cv. Avec cet angle peu prononcé, le moteur se trouve très bas, tout comme l’ensemble de la monoplace. De ce fait, le centre de gravité est bien abaissé et l’équilibre aérodynamique meilleur. De plus, le pilote dispose d’une position de conduite très innovante, à savoir être couché au lieu d’assis. Enfin, pour tirer le meilleur du V6 nippon, une boite de vitesses longitudinale à trois arbres est mise en place, une révolution pour l’époque.

Pourtant, la MP4/4 ne serait pas la voiture dominatrice connue sans la MP4/3. En effet, la monoplace de 1987 servit de base pour mener une série de tests afin de mieux connaitre ce moteur Honda en attendant la nouvelle monture. En coulisses, les choses s’agitent aussi. A l’initiative de Prost, McLaren offre un volant au jeune et talentueux Senna. Ne reste plus qu’à créer le nouveau bolide. Aujourd’hui encore, une question soulève un débat chez McLaren : qui est vraiment le concepteur de cette voiture ? D’un côté, ceux qui pensent que Gordon Murray en est le père, de l’autre, ceux qui pensent à Steve Nichols. Intelligemment, ces deux protagonistes se partagent sa paternité de façon à ne pas froisser l'égo de l'autre. Pourtant, la McLaren reprend un concept utilisé quelques années plus tôt par la Brabham BT55 dessinée par Murray, à savoir une monture extrêmement plate et basse. Si la BT55 s’avéra désastreuse en raison du manque cruel de fiabilité, le concept aérodynamique transposé sur une voiture au moteur ne devant plus faire ses preuves devenait le combo gagnant. Avec la création d'une nouvelle boite de vitesses à trois arbres par le trio North-Murray-Wiesmann, la MP4/4 était, sur le papier, une arme absolue pour McLaren. Lors des derniers tests d'avant saison, en compagnie des autres écuries à Imola, l’anglaise explosa tous les records, claquant des temps deux secondes de mieux que toute la concurrence. La saison 1988 commençait bien pour Ron Dennis et ses hommes. Voyant les performances de sa monoplace, ce dernier osa même dire, sous forme de pari : « si cela se trouve, nous allons gagner toutes les courses de la saison ! ».

C’est à Jacarepagua que se dispute la première épreuve de la saison. Réalisant le meilleur temps des qualifications, Senna ne profita pas longtemps de sa pole position, son sélecteur de vitesses se brisant lors de la procédure de départ. Malgré sa course vers le mulet, le changement de voiture étant interdit après le lancement de la procédure de départ, le brésilien fut logiquement disqualifié. Sur l’autre MP4/4, Prost domine aisément, dépassant Mansell, unique rival de la course, dès le premier virage. Sans jamais être menacé, le français décroche le premier succès de l’ère McLaren-Honda. A Imola, théâtre des premiers tours de roues des MP4/4, les anglaises rouges et blanches poursuivent leur ballet en tête. Après le doublé des qualifications, Senna et Prost récidivent le lendemain, remportant à nouveau un succès facile ponctué du premier doublé de la saison. Dans les rues de la principauté de Monaco, les mêmes sont toujours devant, Senna devançant tout de même son équipier de plus d’une seconde et demie ! Si l’aérodynamique joue moins entre les rails, la puissance moteur est très importante. Si Senna mène largement l’épreuve devant Prost, c’est bien le français qui l’emporte. En effet, à douze tours du but, le brésilien manqua son virage à l’entrée du tunnel et percuta le rail, arrachant sa suspension avant gauche.

Au Mexique, le terrible crash d’Alliot et l'altitude du circuit Mexicain n’altéra en rien la supériorité des machines anglaises qui arrachent ici leur deuxième doublé de la saison. S’enchaina alors une succession de trois doublés consécutifs, sans jamais laisser le loisir de mener, ne serait-ce qu’un seul tour, à la concurrence. La question de la domination McLaren ne se pose plus mais pourtant, une question subsiste : la MP4/4 peut-elle tout rafler cette saison ? Pour l’instant, c’est véritablement le cas. A Silverstone, les Ferrari créées la surprise, devançant les anglaises sur la grille. En difficulté à cause d'un châssis endommagé par l'épreuve française, Prost ne sera jamais dans le coup et préféra renoncer plutôt que de courir en fond de peloton. Devant, Berger résiste quelques temps à Senna avant de se faire passer. Pour la première fois de la saison, une McLaren n’aura pas mené tous les tours d’une course. Une fois en tête, le brésilien n’aura eu qu’à tenir son rythme pour s’imposer sur les terres de son écurie. Si la manche anglaise aura vu le monopole quelque peu bouleversé, les machines anglaises ne tardèrent pas à écraser de nouveau la concurrence. Que ce soit sur les circuits d’Hockenheim, du Hungaroring et de Spa-Francorchamps, personne ne peut lutter face aux redoutables MP4/4. Si les trois doublés sont réalisés, c’est bien Senna qui récolta à chaque fois les lauriers devant Prost. La tendance du début de saison semble s’inverser, le brésilien enchainant les très bons résultats.

Peu avant la course belge, le monde du sport automobile est en deuil : Enzo Ferrari s’en est allé le 14 août 1988. L’empreinte qu’il aura laissée dans le monde de l’automobile reste encore aujourd’hui impressionnante. Les italiens pleurent Il Commendatore, le grand industriel qui aura fait vibrer et fait encore vibrer aujourd’hui un pays entier. La course suivante à Monza se déroule donc sans Enzo mais avec Ferrari, sèchement battu par les McLaren que rien n’arrête. En qualifications, les MP4/4 sont encore et toujours les plus rapides, ne laissant que peu de doutes sur un potentiel nouveau succès. Si le départ se passe sans encombre, Prost rencontre rapidement quelques soucis sur son V6 Honda, le conduisant à l’abandon. Senna mène sans être inquiété mais sa consommation excessive l’oblige à ralentir, réduisant l’écart le séparant des Ferrari de Berger et d’Alboreto. A deux tours du but, le brésilien a quasiment course gagnée, bien qu’extrêmement limite en terme de consommation. Devant lui, Schlesser, remplaçant de dernière minute de Mansell, dispose d’un tour de retard. En s’écartant, le français bloqua ses roues et escalada les vibreurs du premier virage alors que Senna le passait. Une roue de la McLaren touche une des roues de Williams. La MP4/4 décolle légèrement, retombant sur un vibreur, moteur calé. Explosion de joie dans les tribunes. Les deux Ferrari volent la vedette aux McLaren, s’imposant pour le plus grand bonheur des tifosi venu en nombre saluer la mémoire d’Enzo Ferrari. Les anglais ne réaliseront pas le grand chelem tant espéré.

A quatre courses du but, Senna est le grand favori, une victoire lui assurerait le titre. A Estoril, les McLaren sont de nouveau à la fête, la déconvenue de Monza étant déjà oubliée. Après un premier départ mouvementé et une course stoppée après de multiples accrochages sur la grille de départ. Lors du restart, Prost tasse Senna dans la pelouse de manière à garder la première place. Si le français contrôle la course, le brésilien perd peu à peu pied, se retrouvant même accroché par Mansell en fin de course. Il décrocha la sixième place, Prost imposant à nouveau la MP4/4. Les premières tensions Prost-Senna éclatèrent après l’incident du départ. L’histoire se répéta en Espagne, le champion français gagnant la course, Senna seulement quatrième. A Suzuka, McLaren n’a pas le droit à l’erreur devant le peuple japonais. Ce sera chose faite dès les qualifications avec les deux meilleurs chronos, positions de départ transformées en positions finales à l’issue de la course, Senna devant Prost. De ce fait, le brésilien décroche ici son premier titre mondial au terme d’une saison archi-dominée par les monoplaces blanches et oranges. La dernière course en Australie n’y changea rien, les MP4-4 dominèrent comme à leur habitude, le français devançant son équipier fraichement titré à l’arrivée, assurant à la McLaren MP4/4 un nombre impressionnant de succès.

Au final, la McLaren MP4/4 c’est quinze victoires en seize courses, quinze poles position, dix meilleurs tours, vingt-cinq podiums, mais surtout mille trois tours menés sur les mille trente-et-un que comprenait la saison, une domination quasi sans failles.

La McLaren MP4/4 en chiffres...

Grands-prix :

16

Victoires :

15

Podiums :

25

Poles Position :

15

Meilleurs Tours :

10

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