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McLaren MP4/13

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Après le dernier triomphe de 1991, McLaren n'a cessé de plonger dans le classement, se faisant même battre à la régulière par les Benetton, Jordan ou autres Sauber. Mais en 1998, ce fut bien autre chose…

En effet, l’année 1998 impose sa révolution en matière de réglementations. Fini les pneus slicks, fini les monoplaces larges, fini les gros freins. Tous ces changements ne vont que dans un seul sens : augmenter la sécurité en réduisant la vitesse des bolides. La McLaren MP4/13 n’échappe pas à ces modifications. Sous sa livrée noire et grise identique à celle de 1997 se trouve un moteur Mercedes V10 de 780cv à 16500 trs/min pour une masse record d’à peine 107kg. Pour le reste, tout a changé. La voiture est plus étroite, les mâchoires de freins se réduisent à un seul et même élément et surtout, les gommes sont désormais rainurées. En outre, ce n’est pas moins de 17% d’appui au sol qui est perdu par rapport aux slicks. De plus, McLaren fit le choix de la nouveauté en se tournant vers Bridgestone pour pneumatiques, un partenariat démarré en grande pompe avec pas moins de 8000 kilomètres de tests avant le début officiel de la saison. Enfin, l’arrivée majeure de l’intersaison 97-98 réside dans le transfuge de l’ingénieur artisan des récents succès de Williams : Adrian Newey. Lors des essais hivernaux, les flèches d’argent pulvérisent les records, devançant très facilement le reste de la concurrence. Si ces tests ne sont pas toujours le reflet de la saison à venir, beaucoup voient l’écurie anglaise comme l’équipe à battre en cette année 1998. Et c’est à Melbourne que la Formule donne rendez-vous pour sa manche d’ouverture.

A peine les premiers essais terminés, McLaren s’attire les foudres de toutes les autres écuries du plateau. En effet, la MP4/13 serait dotée d’un système de freinage directionnel, permettant au pilote, par le biais d’un bouton sur le volant, de freiner un peu plus la roue intérieure et donc de filer dans les virages comme sur des rails. Si cette invention fait grincer des dents la concurrence, la FIA ne s’en sort pas mieux. Avec ces changements pour ralentir les voitures, les Formule 1 sont désormais… plus rapides ! Certes, le temps de la pole de 1997 n’est pas battu, onze pilotes sur les dix-huit présents la saison dernière améliorent leur marque. En qualifications, les voitures noires et grises sont intraitables, sept dixièmes devant M.Schumacher et sa Ferrari, troisième. La course ne sera qu’un reflet de la séance de la veille. Jamais embêtées, les McLaren filent vers la victoire et le doublé, Häkkinen devant Coulthard. C’est alors qu’une mauvaise information est passée au finlandais, lui stipulant de passer par les stands. Or, personne ne l’y attend et ce passage imprévu lui coûte la première place, piquée par son équipier. A trois tours du but, la consigne est passée d’inverser les positions, ce à quoi se plie l’écossais. Häkkinen s’impose donc pour la deuxième fois de sa carrière juste devant Coulthard, un tour devant le reste du peloton mené par Frentzen. Pour la deuxième fois de sa carrière, le finlandais volant l’emporte après que le succès lui soit donné. Ne reste plus qu’à l’emporter seul à présent. Dès lors, tout le monde s’attend à une domination extrême des flèches d’argent, comme ce fut le cas dix ans plus tôt, en 1988, avec l’iconique tandem Prost-Senna. La seconde manche au Brésil n’y fera pas exception. Cependant, la FIA, poussée par les autres écuries, se saisit de l’affaire des freins directionnels. Après l’interdiction de la deuxième pédale de frein utilisée par l’équipe anglaise l’an passé, c’est désormais au tour de l’ingénieux système d’être banni. Si l’écart tend à se réduire logiquement, c’est tout l’inverse qui se produisit. Avec une seconde pleine d’avance sur le troisième, tout le monde se demande quel est le véritable secret de cette MP4/13. Si en course la lutte est plus intense pour le leadership, le doublé est à nouveau facile. Mais en Argentine, premier coup dur pour les gris et noirs. Les Ferrari, équipées de nouveaux pneumatiques Good Year, se rapprochent considérablement, s’incrustant même sur la première ligne pour M.Schumacher. Si les McLaren virent en tête au départ, il ne faudra que cinq tours et une collision avec Coulthard pour voir le Baron Rouge prendre le commandement. Impuissantes, les MP4/13 échouent en deuxième et sixième place. Ce petit retournement de situation ne sera que passager et à Imola, comme à Barcelone ou Monaco, les succès s'enchaînent, un pour l’écossais, deux pour le finlandais qui conforte sa place de leader du championnat.

Mais à partir du Canada, McLaren est confronté à un problème de taille : le retour en force de M.Schumacher et sa Ferrari. Si les MP4/13 bloquent la première ligne, l’arrêt de la première course suite à l’envolée de Wurz suivie des différentes apparitions de la voiture de sécurité auront fait défaut aux boîtes de vitesses des anglaises. Résultat, double abandon et succès offert à l’allemand de Maranello malgré une pénalité pour conduite dangereuse. A Magny-Cours, la F300 du double champion ne passe qu’à deux dixièmes du meilleur chrono détenu par Häkkinen. Les Ferrari sont bel et bien de retour et la course du dimanche ne fera que confirmer ces propos. Après une procédure de départ tardivement avortée, les flèches d’argent voient rouge. Si l’allemand vole en tête de l’épreuve, l’autre Ferrari d’Irvine bloque toutes manoeuvres de dépassement pour lui prendre la deuxième place. Plus tard dans la course, Häkkinen part à la faute dans un tête-à-queue tandis que son équipier Coulthard se retrouve touché par un problème lors du ravitaillement en essence, lui coûtant une place sur le podium. Avec ce doublé de la Scuderia, le premier depuis huit ans, les gris et noirs commencent à se mordre les doigts, et ce n’est pas la manche anglaise qui arrangea les choses. Avec des trombes d’eau s’abattant à mi-course, toutes les cartes étaient redistribuées. Si le finlandais mène facilement la danse, l’intervention de la voiture de sécurité changea la philosophie de l’épreuve. Revenu dans ses roues, l’allemand de chez Ferrari profita d’une erreur d’Häkkinen pour lui prendre la première place mais à quelques tours du but, M.Schumacher est averti d’une pénalité qu’il doit rapidement purger. Dans le dernier tour, la Ferrari s’immobilise à son stand et la McLaren passe sous le drapeau à damiers mais à cet instant, personne ne sait qui a gagné. La logique voudrait que ce soit le finlandais, premier pilote croisant la ligne qui l’emporte. En réalité, c’est une erreur de la FIA qui le condamna à la seconde place. En annonçant trop tardivement la pénalité, Ferrari ne pouvait faire autrement que d’arrêter son pilote dans l’ultime boucle, ce que la FIA avoua. Dès lors, des accusations de tricherie et de favoritisme éclatèrent au grand jour mais qu’importe, la victoire ne changera pas de camp.

Après trois courses sans succès, McLaren sait que ses pilotes doivent se ressaisir. Avec le meilleur matériel du plateau, les gris et noirs ont déjà laissé échapper quatre victoires à M.Schumacher et Ferrari. Sur le court tracé de l’A1-Ring, renommé Red Bull Ring de nos jours, la pluie fausse les qualifications et voit Fisichella, sur Benetton, et Alesi, sur Sauber Petronas, s’emparer des deux premières places sur la grille. Bien moins performants en course, les deux pilotes ne pourront lutter dans la course à la victoire qui cette fois-ci, tourne au duel entre les deux protagonistes du championnat : Häkkinen VS M.Schumacher. Mais cette première “vraie” confrontation tourna court lorsque l’allemand, et sa fougue légendaire, parti à la faute à pleine vitesse dans les graviers, explosant son aileron avant dans un saut mémorable. Il n’en fallait pas plus pour les MP4/13 pour se placer aux avants-postes et ainsi regoûter au champagne de la victoire. La manche suivante se court sur le très rapide circuit d’Hockenheim, épreuve à domicile pour le motoriste Mercedes mais aussi pour M.Schumacher. Et pourtant, ce sont bien les McLaren qui seront à la fête. Menant la course de bout en bout malgré une consommation mal calculée, les flèches d’argent ne seront jamais vraiment inquiétées. Avec ce nouveau doublé et la victoire du finlandais, le championnat semble à nouveau basculé en leur faveur mais à cinq courses du but, tout est encore jouable.

Mais comme à mi-saison, c’est une nouvelle série noire qui attend McLaren. En Hongrie, si les MP4/13 sont à nouveau favorites, c’est la stratégie, ou plutôt le travail très coopératif de deux hommes qui dessina la course : Ross Brawn et M.Schumacher. Alors que l'ensemble du peloton semble se diriger vers une stratégie à deux arrêts, Ferrari innova en jouant la carte de l’attaque maximale, passant à trois ravitaillements. Face aux tours de qualifications enchaînés par l’allemand, les McLaren ne peuvent rien faire. Pire encore, un problème mécanique sur la monture d’Häkkinen le relégua en sixième place finale. Arriva ensuite le fameux grand-prix de Belgique 1998 sous la terrible pluie belge. Dès le départ, le finlandais s’envole parfaitement mais derrière, c’est la catastrophe. Pris dans un épais mur d’eau, Coulthard, traversa la piste en direction de l’Eau Rouge et percuta le mur intérieur. Le carambolage qui s’en suivit fut monstre et reste, à ce jour encore, le plus gros de l'histoire de la Formule 1 avec pas moins de treize voitures sur le carreau. Fort heureusement, aucun blessé, si ce n’est Barrichello légèrement touché au bras, n’est à déplorer et la présence de mulets dans les écuries permet à certains pilotes de repartir. Le second départ est donné une heure plus tard mais la casse continua. Légèrement touché par M.Schumacher à l’épingle de la source, Häkkinen effectua un tête-à-queue avant d’être percuté de plein fouet par la Sauber Petronas d’Herbert. Plus loin, Coulthard s’accroche avec Wurz et repart bon dernier, alors que devant, le Baron Rouge vole sur l’eau stagnante. Mais au vingt-cinquième tour, coup de théâtre. Alors qu’il s’apprétait à mettre un tour à l’écossais, une incompréhension entre les deux pilotes provoqua leur accrochage. Si la McLaren pu repartir avec bon nombre de tours de retard, la Ferrari était trop endommagée. Furieux, le champion allemand fonça dans le stand McLaren pour exprimer son mécontentement envers Coulthard. Mais quoi qu’il en soit, aucune McLaren ni Ferrari ne marqua de points, laissant la concurrence se battre pour une victoire inespérée, finalement acquise par le champion du monde 1996, Hill et sa Jordan. A trois courses du but, sept points séparent les deux protagonistes du championnat, à l’avantage de Häkkinen. C’est à Monza que se dispute la quatorzième épreuve du championnat, le temple de la vitesse et des tifosi. Le rythme montré par les MP4/13 à Hockenheim ou lors des qualifications en Belgique laisse penser à une nette domination mais pourtant, les flèches d’argent ne sont qu’en deuxième ligne sur la grille, la première fois qu’une pole leur échappe cette saison. Mais dès l’extinction des feux, les gris et noirs prennent le large mais après quelques boucles, consigne est donnée d’échanger les positions. Coulthard passe donc en tête mais alors qu’il dominait de main de maître la course, son moteur Mercedes explosa dans un panache de fumée. Häkkinen reprit donc le commandement mais ses freins commencent à un peu trop s’user et rapidement, le finlandais aperçoit la Ferrari de l’allemand dans ses rétroviseurs. Quelques boucles plus tard, M.Schumacher était en tête. Si la McLaren rescapée s’adonna à la chasse pour le leadership, les freins achevèrent cette action héroïque. Après un violent tête-à-queue dans la première chicane, c’est au ralenti que le finlandais croisa la ligne seulement sixième. Devant, la Scuderia décroche, à domicile, son premier doublé depuis 1988 en Italie. De plus, le championnat se resserre comme jamais avec une égalité parfaite de points et de victoires entre les deux rivaux. Avec deux courses restantes, tout peut arriver.

Et c’est au Nürburgring, pour le grand-prix du Luxembourg, que se joue l’avant-dernière manche de la saison 1998. En qualifications, étonnement, ce sont les deux F300 qui trustent la première ligne, Häkkinen troisième, Coulthard cinquième. Après un brillant départ des rouges et une défense musclée d’Irvine, le finlandais parvient à trouver l’ouverture et se lança dans une succession de tours incroyablement rapides. Après les premiers arrêts aux stands, la McLaren avait repris plus de huit secondes au leader allemand et ressortait juste devant la Ferrari. La lutte s’engagea entre les deux pilotes mais la MP4/13 était meilleure. Jusqu’à la fin de la course, les deux pilotes attaquèrent à la limite mais au final, c’est bien le finlandais volant qui s’imposa. Avec quatre points d’avance au championnat, l’avantage était certain. C’est le circuit de Suzuka qui accueilla la dernière manche de l’année avec un duel au sommet. D’ailleurs, les deux rivaux se partagent la première ligne, l’allemand devant le finlandais. Mais après une première procédure de départ avortée à cause de Trulli, le deuxième départ sera fatal à M.Schumacher, voiture calée. Cet incident de dernière minute l’envoi en fond de grille, offrant un cadeau inespéré à Häkkinen, s’élançant donc premier. Le départ fut sans encombres et rapidement, la McLaren creusa l’écart. Si Irvine tenait à peu près le rythme, l’autre Ferrari peinait à revenir dans les points. Ce n’est qu’après la mi-course que tout s’accéléra. En roulant sur un débris, M.Schumacher explosa l’un de ses pneumatiques, causant son abandon. Cette fois c’était sûr, Häkkinen était champion pour la première fois de sa carrière. De plus, l’abandon de la Ferrari sécurisa le titre constructeur pour McLaren et sa MP4/13. C’est d’ailleurs le dernier titre de la firme anglaise encore à ce jour.

Au final, la McLaren MP4/13 aura remporté neuf grands-prix, douze poles position, vingt podiums et six meilleurs tours. Si elle était incontestablement la machine de l’année, les quelques problèmes de fiabilité, les erreurs des pilotes, l’agressivité de M.Schumacher ou les meilleurs choix stratégiques de Ferrari auront mis à mal la domination affichée en début de saison par les noirs et gris. L’année suivante, la MP4/14 sera dépassée par la F399 mais l’accident de l’allemand à Silverstone retourna la situation et ce, malgré le gros coup de force d’Irvine.

La McLaren MP4/13 en chiffres...

Grands-prix :

16

Victoires :

9

Podiums :

20

Poles Position :

12

Meilleurs Tours :

6

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