McLaren M23
Une longévité exceptionnelle, une compétitivité impressionnante et un titre historique, tel se résume la carrière de la McLaren M23.
Après avoir réalisé sa meilleure saison de l'histoire en 1972, McLaren souhaite franchir un step en titillant les Lotus et autres Tyrrell, dominatrices depuis plusieurs années. La M19, version A puis C à partir de 1972, affiche toujours un certain niveau de performance mais les avancées en termes d’aérodynamique et de puissance mécanique sont trop importantes pour envisager le maintien de ce programme. Mais créer une toute nouvelle machine n’est, d’une pas sans risques, et de deux gourmand en temps et en argent. Or, à l’époque, l’écurie évolue sur plusieurs tableaux comme la F5000, le Can-Am, l’USAC et la F1. Comment développer la meilleure voiture qui soit avec tous les moyens disponibles de l’équipe ? La réponse est simple et McLaren l’a bien compris : trouver le meilleur compromis entre chaque modèle pour en faire la monoplace la plus rapide. Bien évidemment, seules la M19C du championnat 1972 et la M16B, grande gagnante des 500 Miles d’Indianapolis en 1972, sont retenues pour mener à bien ce projet. Pourtant, les deux machines sont très différentes l’une de l’autre. D’un côté, la Formule 1 dispose d’une architecture des années 60 avec radiateurs frontaux et moteur V8 Cosworth, de l’autre, la version américaine qui reprend le principe de la Lotus 72 et ses radiateurs logés dans des pontons pour abaisser encore plus la voiture et le centre de gravité. Problème, le moteur Offenhauser n’est absolument pas adapté aux courses de type européen, demandant également une refonte totale du système de suspensions et de ses ancrages. L’équation n’est pas simple mais le résultat est là. Sous sa carrosserie fortement ressemblante à la M16B, et donc à la Lotus 72, le fameux DFV Cosworth reprend place, développant pas moins de 490 cv. Couplé à une boîte de vitesses cinq rapports à ses débuts, il nécessite cependant davantage d’air frais, d’où la présence d’une entrée d’air sur le capot arrière. Les suspensions sont largement retravaillées mais la forme initiale de la voiture est presque inchangée. Avec ses deux pontons, la McLaren entre dans une nouvelle ère, celle des monoplaces plus larges et plus basses, mais toujours aussi performantes.
Mais la M23 n’est pas tout à fait prête au début de l’année 1973. Hulme et Revson, les deux pilotes maison, doivent pour l’instant composer avec la vieille M19C, toujours en forme après deux saisons. Il faut pourtant se rendre à l’évidence, les Lotus 72D, puis 72E, ainsi que les Tyrrell 006 ont toujours un cran d’avance. Ce n’est qu’au troisième round de la saison, à Kyalami, que la nouvelle création de Gordon Coppuck prend part à son premier départ, entre les mains expertes du champion du monde 1973. Et quelle première sortie puisque le néo-zélandais s’offre d’emblée la pole position pour quinze centièmes de seconde sur Fittipaldi et sa Lotus, sa seule et unique en carrière. Le départ est moyen mais les chances de succès réelles mais à la suite du terrible accident de Regazzoni, le pilote McLaren roule sur des débris. La crevaison est immédiate, l’arrêt aux stands inévitable. La course est compromise mais Hulme ne lâche rien et tout après tour, il remonte dans la hiérarchie pour finalement terminer au cinquième rang, une maigre consolation au vue du rythme de course affiché. A partir de l’Espagne, une seconde M23 rejoint les rangs de McLaren mais là encore, le podium leur échappe, tout comme en Belgique ou à Monaco. A Anderstorp, alors que les Lotus et Tyrrell sont les grandes favorites et ne tardent pas à s’échapper. Derrière, Hulme reste en embuscade, espérant un possible pépin pour les pilotes devant lui et une chose est sûre, la chance était réellement de son côté ce jour-là. Après avoir dépassé Cevert, il s’attaque à Fittipaldi et sa boite endommagée, puis à Stewart et ses freins défaillants avant de chiper le commandement à un Peterson victime d’une crevaison dans l’avant-dernier tour. C’est donc sur une splendide première victoire que s’achève le périple suédois de la M23, un succès qui en appellera bien d'autres. Au Castellet, Scheckter remplace Revson, absent ce week-end là. Sa très bonne prestation en Afrique du Sud lui octroie une jolie place dans les paddocks mais c’est sur la piste que le futur champion 1979 démontra l’étendue de son talent en menant les quarante-et-uns premiers tours. Mais derrière lui, Fittipaldi se montre de plus en plus pressant mais au moment de dépasser, la porte se referme. Les deux monoplaces s’accrochent et abandonnent. Si une deuxième victoire s’échappe sur cet incident, la McLaren comme à inquiéter la concurrence. A Silverstone, elles seront trois au départ mais à la fin de la première boucle, à Woodcote, Scheckter perd sa monture dans le peloton, provoquant l’un des plus gros carambolages de l’histoire. Le grand-prix est interrompu avant de repartir sous une pluie fine. Les M23 sont à l’affût et se montrent étonnamment plus véloces que quiconque, disputant rapidement les premières places. Au bout du compte, c’est Revson qui franchit la ligne d’arrivée en tête, sa première victoire en catégorie reine, deux places devant son équipier Hulme. Ce glorieux été ne se terminera pourtant pas comme il avait été entamé. A Zandvoort, au Nürburgring, sur l’Österreichring ou à Monza, aucun triomphe n’est acquis, exceptées les troisièmes places de Ickx, invité surprise en Allemagne, et de Revson en Italie. Au Canada, c’est le grand retour de Scheckter, vivement critiqué après Silverstone, à bord d’une M23 affublée du numéro zéro, une première dans la discipline. Hélas pour lui, que ce soit sur le Mosport Park ou Watkins Glen, il ne verra pas l’arrivée. A l’inverse, les deux pilotes officiels restent en piste, bien que le classement n'ait plus aucun sens. La raison derrière ce désordonnément est l’apparition de la première voiture de sécurité de l’histoire, se rangeant inexplicablement devant le huitième de la course. Devant, Oliver et Revson semblent tous deux désignés à batailler pour la première place mais la Shadow souffre à l’accélération, laissant alors passer l’américain, en route vers une deuxième victoire, validée plus de quatre heures après l’arrivée suite au cafouillage monumental de la direction de course. La saison s’achève à Watkins Glen, théâtre du terrible accident de Cevert aux essais. Les McLaren ne décolleront jamais des quatrième et cinquième places, laissant Peterson, Hunt et Reutemann occuper les trois marches du podium. La nouvelle McLaren aura été l’une des grandes surprises de l’année, reste à confirmer.
Kyalami (1973)
Mosport Park (1973)
Jarama (1974)
Kyalami (1973)
En 1974, McLaren frappe fort. En s’associant avec Marlboro et Texaco, l’écurie débauche l’un des meilleurs pilotes du paddock, un certain Emerson Fittipaldi, contrarié par la place prise par Peterson chez Lotus. A ses côtés, c’est Hulme qui est choisi mais la retraite semble approcher pour le champion 1967. Une troisième M23 est alignée par le team Yardley, pilotée par Mike Hailwood. La saison s’ouvre en Argentine mais après quelques petites boucles, le champion 1972 connaît sa première défaillance. De longues minutes passées aux stands plus tard, il rejoint le circuit avec le mince espoir d’accrocher un top 10. Sur l’autre McLaren officielle, tout roule parfaitement bien et sous la chaleur écrasante, l’endurance de Hulme fait la différence. Il bute pourtant sur le local de l’étape Reutemann, déjà loin devant, mais comme en Suède l’année passée, la chance finit par tourner. En effet, la Brabham de l’argentin perd de sa grande forme après que sa prise d’air se soit brisée. Pire, il tombe en panne sèche dans le dernier tour à cause d’une négligence de ses mécaniciens. Le vétéran néo-zélandais récupère donc une victoire chanceuse, sa dernière en carrière. Le deuxième meeting au Brésil est attendu par les fans de Fittipaldi et ce dernier finira par les régaler. Bataillant contre Reutemann et Peterson pour la tête, il trouvera finalement l’ouverture pour s’échapper jusqu’à l’interruption de course à cause des conditions climatiques dantesques. Avec deux succès consécutifs, McLaren démarre on ne peut mieux cette saison 1974 mais la concurrence n’est pas très loin, comme en témoignent les cinq courses suivantes, remportées chacune par un pilote différent. Fittipaldi arrive pourtant à doubler la mise en Belgique mais Lauda et Scheckter, alors sur Ferrari et Tyrrell, restent à l’affût, de même que les pilotes Brabham Reutemann et Pace, ainsi que la Lotus de Peterson. L’écart au championnat constructeur ne cesse de diminuer entre McLaren et Ferrari, jusqu’à s’inverser lors du rendez-vous français. Il faut reconnaître que depuis sa victoire en Argentine, Hulme est transparent et peine par rapport à son équipier brésilien. Sur la piste de Dijon-Prenois, les M23 changent de look. A la place de la petite prise d’air du dessus du capot moteur se dresse une immense cheminée triangulaire, un effet de mode déjà présent sur beaucoup d’autres monoplaces. Après une deuxième place à Brands Hatch, les McLaren connaissent leur plus mauvais week-end de la saison au Nürburgring.En effet, Fittipaldi ne parvient pas à s’élancer si bien que toute la meute le dépasse au départ, sauf Hulme. Les deux machines sont détruites mais le néo-zélandais est convié, par son équipe, à s’installer dans la voiture de réserve pour reprendre le grand-prix, action prohibée menant à sa disqualification. Seul Hailwood demeure en piste mais à deux boucles du but, sa M23 quitte brusquement la route. Le choc est terrible, le pilote sérieusement blessé. La manche suivante en Autriche verra le retour de “l’Ours” Denny Hulme sur le podium avec la deuxième place. Son équipier est bien moins à la fête avec un nouvel abandon sur ennui mécanique, le reléguant à neuf points de Regazzoni à trois meetings du but. A Monza, les Ferrari sont en verve mais après deux pannes moteur, Fittipaldi et Peterson, les ex-équipiers, reprennent le flambeau pour mener une longue course à l’aspiration. Le brésilien tente de se faufiler à la moindre occasion mais il n’y a rien à faire, la Lotus est beaucoup trop rapide. Sa deuxième place n’est pas une déception pour autant, elle lui permet de se replacer dans la quête de la couronne finale. Dans le même temps, l’écurie de Teddy Mayer reprend le leadership au tableau des constructeurs pour deux petits points sur Ferrari. C’est donc lors de la tournée américaine que se joue les deux titres. A Mosport, Fittipaldi hisse sa M23 en pole position mais dès le départ, c’est Lauda qui prend la tête. Les deux hommes ne se lâchent pas quand soudain, l’autrichien quitte la route et percute les grillages. S’en est fini de sa course et de ses chances de sacre, comme Scheckter quelques boucles avant lui. Sans adversaire, le brésilien remporte un nouveau trophée, le ramenant à égalité de points face à Regazzoni, deuxième du meeting. A Watkins Glen, les deux équipes phares rencontrent de gros problèmes de tenue de route mais c’est principalement les Ferrari qui en seront victimes. Rapidement résigné et handicapé par la situation, Regazzoni fait une croix sur la couronne après quelques tours, laissant le champion 1972 terminer en quatrième place, synonyme de titre mondial pour lui, mais aussi pour son équipe, le premier pour McLaren. Quant à Hulme, une casse moteur aura raison de son dernier départ, un adieu à la Formule 1 aussi discret que son champion.
1975. La McLaren M23 entame sa troisième saison en tant que championne du monde mais avec déjà tant de grands-prix derrière elle, beaucoup songent à une rapide descente aux enfers, comme ce fut le cas chez Lotus avec la 72. Pour accompagner Fittipaldi dans sa quête, c’est Jochen Mass qui est retenu, l’allemand ayant déjà été vu à bord d’une M23 en fin de saison dernière. La première grille de l’année, à Buenos Aires, voit l’étonnant Jarier et sa Shadow réaliser la pole position devant les Brabham et les Ferrari. Le double champion brésilien reste en embuscade et après un très bon envol, utilise le plein potentiel de sa machine pour se hisser parmi les premiers. Après s’être débarrassé de Hunt et Reutemann, le voici en tête, une place qu’il occupera jusqu’à l’arrivée, loin de son équipier Mass, totalement décroché. Le travail au niveau des suspensions semble payer puisqu’après le succès argentin, c’est un double podium qui attend les pilotes McLaren à Interlagos, Fittipaldi second derrière son compatriote Pace. En arrivant en Europe pour le grand-prix d’Espagne, les pilotes découvrent stupéfaits un circuit en piteux état, entouré par des barrières à peine solidaires entres-elles. Face à ce manque cruel de sécurité, une fronde s’organise pour boycotter le rendez-vous espagnol. Des travaux sont amorcés en pleine nuit mais l’état des barrières est catastrophique. Devant un tel manque, Emmo décide de ne pas participer, quittant tout bonnement le pays pour y échapper. A l’inverse, Mass doit conduire, les écuries ayant été poussées par la FOCA pour éviter d’importantes amendes et poursuites juridiques. Mais ce qui devait arriver arriva. Suite à un bris d’aileron, la Hill de Stommelen sort violemment de la piste, passant au-dessus des barrières de sécurité pour venir s’écraser dans le public, conduisant à la mort de cinq personnes. La course est stoppée deux tours plus tard, au moment même où Mass prenait la tête à Ickx. L’allemand est déclaré vainqueur mais n’inscrira que la moitié des points en raison de la courte distance tenue. Cela restera son seul succès dans la discipline. Si l’entame de saison de la M23 paraît tonitruante, les italiennes de la Scuderia ne tardent pas à refaire parler d’elles, devenant une réelle machine à battre. Après la deuxième place du brésilien à Monaco, il faudra attendre quatre meetings pour revoir une McLaren sur le podium, Mass en l'occurrence, troisième en France. Les réglages sont de plus en plus délicats à trouver, ce qui ne plaît guère à Fittipaldi, un poil démotivé par la situation. En quelques week-end, son avance au championnat se solde par un retard conséquent sur Lauda, véritable favori à présent. Pourtant, c’est bien lui qui s’imposera à Silverstone, bien aidé, il est vrai, par le terrible orage s’abattant sur le circuit, menant à l’arrêt définitif du grand-prix. Personne ne pouvait le savoir mais plus jamais le grand Emmo ne grimpera sur la plus haute marche du podium. Le double abandon au Nürburgring sera un véritable coup de massue pour l’équipe de Teddy Mayer, abandonnant là ses derniers espoirs de sacre. Fittipaldi y renonça après la manche autrichienne, ne pouvant que constater le chemin parcouru par Lauda, couronné en Italie. Les 312 T de Ferrari sont nettement plus rapides mais le brésilien continue de pousser pour espérer trouver encore une fois le chemin du podium. Il y parviendra à deux autres reprises, une première à Monza puis une seconde à Watkins Glen, juste devant son équipier Mass. La troisième année ne se sera pas terminée de la manière escomptée mais pour autant, aucune nouvelle voiture n’est dans les cartons et pour cause, la vaillante M23 n’a pas dit son dernier mot…
Nürburgring (1974)
Monaco (1975)
Le Castellet (1976)
Nürburgring (1974)
Mais avant même que la nouvelle saison 1976 ne commence, coup de théâtre : Fittipaldi quitte le navire pour rejoindre le team de son frère Copersucar. Il faut d’urgence trouver un nouveau chef de file mais dans le même temps, un pilote très demandé se retrouve sans volant : James Hunt. Le contact entre l’écurie de Mayer et l’anglais est très vite établi et la soif de victoire des deux parties ne fait que renforcer leur envie d’évoluer ensemble. Problème, les concurrents optent pour de nouvelles montures, à l’inverse de McLaren qui poursuit le développement de sa M23, peut-être remplacée mais pas avant l’année suivante. Un gros travail a été réalisé sur cette machine et notamment autour de la boîte de vitesses avec l’ajout d’un sixième pignon, solution inédite pour l’époque. Sa première sortie est une réussite puisqu’à Interlagos, le nouveau transfuge anglais réalise la première pole position de sa carrière. La course ne connue pas le même résultat, une fuite d’huile l’expédiant dans le décor à quelques tours du but. Hunt se consola avec une deuxième pole de rang à Kyalami mais dès le départ, Lauda le saute pour filer vers un nouveau succès, à peine plus d’une seconde devant l’anglais. Mass complète le podium mais à presque une minute des deux leaders. Après deux courses, il apparaît déjà évident que le championnat se jouera entre ces deux hommes. Une bataille de longue haleine attend spectateurs et autres journalistes. A Long Beach, c’est dans le mur que terminera la M23 du grand blond après un accrochage avec Depailler, une voiture abandonnée mais qui, selon l’équipe, pouvait très bien encore rouler. En arrivant en Espagne, les teams sont priés de supprimer les énormes cheminées surplombant les capots moteur. Chez McLaren, le grand capot triangulaire laisse place à deux petites ouïes en forme de “L”, remplissant exactement la même fonction. Lors de la course, les M23 se montrent très performantes, profitant des ennuis de santé de Lauda pour filer vers le doublé avant que le moteur de Mass ne parte finalement en fumée à quelques kilomètres du but. Hunt remporte donc son premier succès sur McLaren mais quelques minutes après avoir franchi la ligne, le pilote anglais apprend sa disqualification pour aileron arrière non-conforme. La sanction est sévère mais l’équipe à bien l’intention de faire appel. En Belgique, à Monaco et en Suède, il n’y a rien à faire, les machines rouges et les Tyrrell P34 à six roues dominent tout. Ce n’est qu’au grand-prix de France, tenu au Castellet, que la M23 retrouve le chemin de la victoire avec Hunt au volant. La nouvelle recrue aura bien profité de l’abandon de son rival autrichien pour caracoler en tête et enfin s’imposer officiellement. En plus de ce triomphe, l’équipe apprend, le lendemain, sa réintégration au classement de la manche espagnole, synonyme de neuf nouveaux points au championnat. Certes, Lauda est déjà très loin mais rien n’est jamais acquis en Formule 1. L’anglais en fera d'ailleurs les frais à Brands Hatch, théâtre d’un carambolage entre les favoris lors du premier départ. Normalement sur le carreau, Hunt prend part au second départ avant de se montrer sous son plus jour devant la foule en remportant une splendide victoire. Mais ce succès n’est pas au goût de tout le monde, notamment de Ferrari qui lance un appel à la sanction envers l’équipe de Teddy Mayer. Le dossier sera examiné dans les semaines suivantes, concluant alors sur la disqualification de l’anglais, une terrible claque pour McLaren. Puis arriva le célèbre week-end allemand de cette saison 1976. Les conditions sont plutôt mauvaises mais la course démarre tout de même. Elle sera rapidement interrompue suite au terrible accident de Lauda, gravement brûlé lors du crash. Un second départ est donné un peu plus tard et cette fois-ci, les ennuis sont évités, notamment pour Hunt, leader de bout en bout. Sans rival, le pilote McLaren peut largement refaire son retard. En Autriche, il arrache la pole position mais échoue finalement au quatrième rang, loin derrière l’étonnante Penske de Watson. Mass, quant-à-lui, nage toujours dans le ventre mou du peloton, n’inscrivant que très peu de points. A Zandvoort, petite révolution. McLaren lance en piste une nouvelle monoplace : la M26. Plus légère et plus basse que la M23, elle est, cependant, loin d’être au point. Pour pouvoir établir un comparatif, l’écurie de Mayer décide de l’aligner face à sa voiture actuelle mais seulement entre les mains de l’allemand. Ce premier test grandeur nature s’avéra totalement décevant, Hunt remportant la course hollandaise avec une facilité déconcertante, là où Mass termine seulement neuvième, à un tour de son leader. Avec ce nouveau succès, les écarts au championnat sont désormais infimes mais c’était sans compter sur la volonté sans failles de Lauda de défendre son championnat. Bien que très diminué et durement touché, l’autrichien débarque à Monza, théâtre d’une drôle d’histoire pour les hommes de McLaren. En effet, les voitures rouges et blanches sont disqualifiées après les qualifications pour indice d’octane trop élevé selon les autorités italiennes. Fort heureusement, les voitures sont finalement acceptées du fait de l’absence des concurrents non-présent au départ même si à la fin, aucune des anglaises ne verra l’arrivée. Avec trois grands-prix restants, le championnat semble pencher en faveur de Lauda mais c’était sans compter sur un James Hunt des grands jours, battant tous ses rivaux au Canada puis aux Etats-Unis, pour revenir à trois petits points de l’autrichien au classement pilote. La finale se joue donc à Fuji mais le dimanche, un énorme crachin s’abat sur la piste nippone. Le départ est donné mais à la fin du deuxième tour, coup de tonnerre : Le leader du championnat décide d’en rester là, jugeant les conditions trop dangereuses pour continuer ainsi. Pourtant, les autres pilotes ne sont pas du même avis et poursuivent leur effort malgré la pluie incessante. Hunt à désormais de belles chances de l’emporter mais ses pneumatiques se détériorent trop vite, d’autant plus que la piste s’assèche. A cause d’un début de crevaison, un arrêt imprévu s’impose. A ce moment-là, personne ne connaissait le classement réel. Reparti le couteau entre les dents, le pilote McLaren fond sur les leaders avant de reprendre la troisième place, synonyme de couronne. Le dernier intéressé est furieux lorsqu’il regagne les stands, pensant avoir tout perdu mais sa joie sera vite retrouvée. Pour sa quatrième année, la M23 aura couronné un second champion du monde, une couronne chanceuse mais qui montre la témérité du team. L’écurie de Mayer échoue finalement à huit petits points de la Scuderia, un bilan plutôt honorable lorsque l’on connaît les difficultés de début de saison et les piètres performances de Mass.
L’allemand sera pourtant toujours de la partie en 1977, agissant en qualité de lieutenant pour son équipier et champion Hunt. Cette année, McLaren souhaite faire rouler pour de bon sa M26 mais les réglages ne sont pas optimaux et c’est donc la vieille M23 qui reprend du service, cinq ans après sa première apparition en grand-prix. Malgré son âge certain, la monoplace est toujours en forme puisque l’anglais signe trois poles positions d’entrée de jeu, poles qu’il ne convertira cependant pas en victoire. L’arrivée en Europe est souvent le moment choisi par les constructeurs pour lancer leurs dernières créations. McLaren n’y fit pas exception, lançant pour de bon sa M26 entre les mains de Hunt. Pour Mass, ce ne sera que la M23 pour l’instant, l’allemand étant également rejoint par Emilio de Villota pour le compte d’un team privé. Dès lors, la championne n’est plus. Ses performances se détériorent course après course. Le développement ayant pris fin, peu de chance quant à un possible succès avant sa retraite bien méritée. Mass y aura le droit jusqu’au grand-prix de France avant de lui aussi partir sur la M26, victorieuse à Silverstone puis plus tard à Watkins Glen. Pour autant, la M23 est toujours en piste grâce aux petites structures privées, faisant rouler et débuter divers pilotes tels que Lunger, Giacomelli ou le grand Gilles Villeneuve. Malheureusement, la monoplace ne peut plus jouer les podiums ni même les points, peinant souvent à trouver le chemin des qualifications. La route du musée semble toute tracé mais étonnement, la création de Gordon Coppuck reprend du service, cinq ans après ses débuts. Les résultats sont tout bonnement catastrophiques mais pour sa dernière sortie, la M23 accroche une belle neuvième place à Hockenheim mais pas entre les mains de n’importe qui, un certain Nelson Piquet…
Fuji (1976)
Interlagos (1977)
Zandvoort (1978)
Fuji (1976)
Après le rendez-vous allemand, la M23 ne reprendra plus la piste. Celle qui avait si bien débuté en 1973 avant de se concrétiser en 1974 et 1976 tire enfin sa révérence. Elle aura pourtant participé à 83 week-end de course, un record pour un modèle unique. La McLaren a tout de même décroché seize victoires, quatorze pole positions, dix meilleurs tours en course et trente-huit podiums, une belle carrière ponctuée de deux couronnes pilote et d’une constructeur. La nouvelle M26 lancée après coup ne rencontrera jamais le succès escompté et il faudra attendre 1984 et l’arrivée du TAG-Porsche pour revoir l’écurie, devenue anglaise, retrouver le devant de la scène pour une décennie iconique.
La McLaren M23 en chiffres...
Grands-prix :
83
Victoires :
16
Podiums :
38
Poles Position :
14
Meilleurs Tours :
10