Circuits Asiatiques Ephémères
En 2020, la Formule 1 s’envole vers une nouvelle destination : le Vietnam. Conçu en plein milieu de la capitale Hanoï, ce tracé montre l’essor de l’Asie depuis près de vingt ans dans la catégorie reine.
Si, depuis 1994, de nombreuses destinations orientales ont vu le jour, certaines n’auront eu que peu d’intérêt, voyant leur grand-prix passer à la trappe après seulement quelques éditions. Il est alors légitime de se demander si l tout nouveau circuit d’Hanoï perdurera dans le temps, ou finira oublié d’ici quelques années. Retour sur ces pistes de l’autre bout du monde appartenant désormais au passé. Et ils sont trois que l’on pourrait qualifier de circuits asiatiques éphémères : Aida, Yeongam et Buddh. Aucun d’eux n’aura accueilli plus de quatre courses mais pourtant, ils ne sont pas forcément sans histoire.
Aida (1995)
Yeongam (2010)
Buddh (2013)
Aida (1995)
Avant 1994, seul le Japon avait accueilli une épreuve du championnat du monde de Formule 1, que ce soit à Fuj ou à Suzuka. C’est alors que le pays nippon décida d'organiser une seconde manche sur ses terres mais sans porter la dénomination “grand-prix du Japon”, devenant le “grand-prix du Pacifique”. Disputée sur le circuit d’Aïda (renommé depuis), la seconde course japonaise ne connut qu’un seul vainqueur pour ses deux éditions : M.Schumacher. Celle de 1994 fut remportée sans vraiment de difficultés par l’allemand, encore sans couronne à ce moment-ci. En effet, le pilote Benetton prit un tour à tous ses concurrents, excepté Berger même s’il était largement à portée de main. Son succès solitaire s’explique aussi par l’abandon prématuré de son probable seul adversaire de la course, Senna. Dès le premier virage, le brésilien fut percuté par Hakkinen puis par Larini. Personne ne le savait encore, mais ce fut la dernière course du triple champion avant son tragique décès lors de la manche suivante à Imola. C’est d’ailleurs là que ce dernier posa les premières interrogations d’un possible système d’antipatinage illégal sur la Benetton-Ford. Dans une course ponctuée par de nombreux abandons sur ennuis mécaniques, l’écurie Jordan tira son épingle du jeu pour son cinquantième grand-prix, hissant son pilote Barrichello sur la troisième marche du podium, le premier pour l’équipe anglaise. Un an plus tard, l’épreuve est toujours positionnée dans le premier quart du calendrier mais d’importants tremblements de terre dans la région de Kobe perturbèrent l'organisation de la manche nippone. C’est donc en fin de saison que le second et dernier grand-prix du Pacifique se déroula. Fort d’une année réussie, M.Schumacher arrive en tant que grand prétendant à la couronne mondiale face à Hill. La course se résume en un tour de passe passe magistralement orchestré par Benetton et Brawn qui propulsèrent l’allemand en tête au prix d’une stratégie à trois arrêts, contre deux seulement pour son rival du jour Coulthard. A l’issue du grand-prix, c’est en double champion du monde que le vainqueur quitte le circuit d’Aïda pour la dernière fois. Après deux courses animées, l’épreuve disparaît à tout jamais, jugée peu accessible de par sa situation géographique et par sa proximité d’une semaine imprévue avec le grand-prix du Japon, ce qui condamnera le futur de ce circuit peu spectaculaire.
Aida (1994)
Yeongam (2010)
Yeongam (2013)
Aida (1994)
A la suite de la disparition du grand-prix du Pacifique, le Japon se porte alors en unique manche asiatique et ce, jusqu’en 1999 et l’apparition du circuit malais de Sepang. En 2004, c’est Bahreïn et la Chine qui rejoignent le calendrier de la Formule 1, avant que Singapour et sa fameuse course nocturne débute en 2008. L’année suivante, c’est le tracé de Yas Marina à Abu Dhabi qui sort de terre, première course au soleil couchant. Si ces pistes sont encore utilisées actuellement (sauf la Malaisie depuis 2017), deux autres circuits asiatiques virent le jour mais leur destin fut loin d’être aussi glorieux. En 2010, la Corée du Sud intègre le grand cirque de la Formule 1. Problème, les travaux prennent du temps et le tracé n’est pas réellement prêt pour la course. Quinze jours avant la tenue de cette dernière, l’homologation tombe enfin. Ce circuit, construit entre les murs de béton, accueille donc son premier grand-prix, une course qui restera dans les annales. Le jour J, la pluie s’abat intensément, si bien que le départ de la course est retardé. Les installations n’étant pas tout à fait opérationnelles, l’évacuation de l’eau ne se fait pratiquement pas et il faut presque deux heures pour lancer l’épreuve, du moins, la course à l’élimination. Après seulement quelques tours, Webber sort de la piste et accroche Rosberg. Les voitures sont pleines de boue et les accidents se multiplient. A moins de dix tours de l’arrivée, c’est l’autre Red Bull, celle de Vettel, qui abandonne, moteur explosé. C’est donc Alonso et sa Ferrari qui s’imposèrent lors de ce grand-prix totalement fou, terminé dans l'obscurité. C’est d’ailleurs ce rendez-vous qui fut couronné comme étant le plus beau de l’année. Mais les éditions se suivent et ne se ressemblent pas. Le tracé n’est pas très intéressant et la seule “vraie” possibilité de dépassement se trouve au bout de l’interminable ligne droite. En 2011, Petrov harponna la Mercedes de M.Schumacher, provoquant la sortie de la voiture de sécurité. La course, peu passionnante, verra l’écurie Red Bull triompher grâce à Vettel, empochant, par la même occasion, le titre constructeur. Un an plus tard, toujours peu d’actions. Button se fait percuter par Kobayashi dès le premier tour, arrachant la suspension avant droite de la McLaren. En course, le passage successif des voitures sur les bordures artificielles fait se décoller ces dernières. Ainsi, Hamilton se retrouve avec une McLaren amputée de son aérodynamique, la faute à un énorme morceau de gazon synthétique accroché sur son ponton droit. C’est de nouveau Vettel qui s’impose, tout comme en 2013, année de la dernière fois. Si l’épreuve est émaillée de quelques rebondissements comme la casse d’aileron de Rosberg ou l’explosion du pneu de Perez, c’est bien l’accident Webber-Sutil qui fit passer la crédibilité des organisateurs à néant. En effet, alors que la course venait d’être relancée, l’allemand s’encastra dans la Red Bull, provoquant l'incendie de la monoplace autrichienne. Au tour suivant, alors que l’épreuve n’était pas neutralisée, un 4x4 d’intervention emprunta le circuit juste devant les bolides lancés à pleine vitesse. Rapidement, les pilotes se rangèrent derrière ce véhicule sans savoir que la voiture de sécurité était toujours aux stands. Le confusion fut totale et cet élément fut peut-être déclencheur de la disparition du grand-prix de Corée du Sud.
En 2011, une nouvelle destination s’ajoute aux nombreuses épreuves asiatiques. C’est donc sur le circuit international de Buddh que se déroula le premier grand-prix indien de l’histoire. Située à quelques kilomètres de la capitale New Delhi, la toute nouvelle piste, construite pour l’occasion, est censée faire tourner les têtes. En effet, les organisateurs estiment que les moyennes au tour seront les plus élevées de la saison, après Monza bien sûr. Avec une très grande ligne droite, tous les espoirs étaient permis. Mais à y regarder de plus près, le tracé s’apparente plus à une succession de courbes et chicanes, n’offrant pas de réelles opportunités de dépassement. La première course vit l’envol solitaire de Vettel, de la pole à la victoire sans être menacé. Derrière, alors que Massa joue avec Hamilton et les vibreurs “saucisses”, un facteur inhabituel perturba le grand-prix, tout comme les éditions suivantes : la pollution. L’air sale de la mégalopole indienne atteint le circuit, si bien que le ciel est ponctué de nuages de pollution, plongeant, par moment, la grande ligne droite dans le brouillard. Un autre problème de ce tracé réside en sa proximité avec les très nombreux bidonvilles indiens, signe de grande pauvreté. Construire un complexe hors de prix juste à côté ne fut peut-être pas la meilleure idée que pouvait avoir les organisateurs… En 2012, nouvelle balade pour Vettel, grapillant de nouveaux points pour le titre. Derrière, le DRS fait son affaire en ligne droite mais les dépassements ailleurs sont impossibles. L’image du grand-prix pourrait être le changement de volant d’Hamilton lors d’un arrêt aux stands, chose pas tout à fait très courante. L’année 2013 ne réserva pas vraiment plus de spectacles, si ce n’est l’impressionnant dépassement d’Alonso sur Gutierrez, à la limite du passage dans le gazon. Malgré la remontée de l’espagnol après être redescendu dernier, cela ne suffit pas à contrer Vettel, accrochant un quatrième sacre à son palmarès. L’écurie Red Bull est elle aussi titrée lors de ce grand-prix, qui restera le dernier couru en Inde. Prévu initialement pour dix ans, le contrat fut rompu au bout de trois seulement, des problèmes financiers et d’accords entre les promoteurs et le gouvernement enterrant à jamais cette course prometteuse sur le papier…
Les circuits asiatiques éphémères en chiffres...
Années de présence en Formule 1 :
1994-1995, 2010-2013
Longueur :
x
Nombre de tours :
x
Meilleur temps en qualifications :
x
Meilleur temps en course :
x