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Les Circuits asiatiques éphémères (Aida / Yeongam / Buddh / Hanoi)

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Trois petits tours et puis s’en vont. Retour sur ces épreuves asiatiques déjà oubliées…

Si depuis 1994, de nombreuses destinations orientales ont vu le jour, certaines n’auront eu que peu d’intérêt, voyant leur grand-prix passer à la trappe après seulement quelques éditions. Flashback sur ces pistes de l’autre bout du monde appartenant désormais au passé. Et ils sont quatre que l’on pourrait qualifier de circuits asiatiques éphémères : Aida, Yeongam, Buddh et Hanoi. Aucun d’eux n’aura accueilli plus de quatre courses mais pourtant, ils ne sont pas forcément sans histoire… Avant 1994, seul le Japon avait accueilli une épreuve du championnat du monde de Formule 1 sur le continent asiatique, que ce soit à Fuji en 1976 et 1977 ou à Suzuka depuis 1987, trop peu selon Mosley et Ecclestone, les grands manitous de la Formule 1 de l’époque. Avec un rayonnement croissant sur le monde entier, l’ouverture de la catégorie reine vers l’Orient se devait d’être actée. Un premier projet de “Grand-Prix d’Asie” est évoqué en 1993 sur le circuit d’Autopolis, au Japon, mais face aux problèmes financiers du tracé et à sa gestion très discutable par la mafia locale, l’épreuve est annulée. Ce n’est qu’un an plus tard que le sujet est remis sur la table et cette fois-ci, le travail paye. En 1994, la deuxième manche, dénommée “Grand-prix du Pacifique”, est créée. Disputée sur le circuit d’Aïda (renommé depuis), la seconde course japonaise ne connaît qu’un seul vainqueur pour ses deux éditions : M.Schumacher. Celle de 1994 est remportée sans vraiment de difficultés par l’allemand, encore sans couronne à ce moment-ci. En effet, le pilote Benetton prit un tour à tous ses concurrents, excepté Berger même s’il était largement à portée de main. Son succès solitaire s’explique aussi par l’abandon prématuré de son probable seul adversaire de la course, Senna. Dès le premier virage, le brésilien est percuté par Häkkinen, puis par Larini. Personne ne le savait encore, mais ce serait la dernière course du triple champion avant son tragique décès lors de la manche suivante à Imola. C’est d’ailleurs là que ce dernier posa les premières interrogations d’un possible système d’antipatinage illégal sur la Benetton-Ford. Dans une course ponctuée par de nombreux abandons sur ennuis mécaniques, l’écurie Jordan tira son épingle du jeu pour son cinquantième grand-prix, hissant son pilote Barrichello sur la troisième marche du podium, le premier pour l’équipe anglaise. Un an plus tard, l’épreuve est toujours positionnée dans le premier quart du calendrier mais d’importants tremblements de terre dans la région de Kobe perturbent l'organisation de la manche nippone. C’est donc en fin de saison que le second et dernier grand-prix du Pacifique se déroulera. Fort d’une année réussie, M.Schumacher arrive en tant que grand prétendant à la couronne mondiale face à Hill. La course se résume en un tour de passe passe magistralement orchestré par Benetton et Brawn qui propulsèrent l’allemand en tête au prix d’une stratégie à trois arrêts, contre deux seulement pour son rival du jour, Coulthard. A l’issue du grand-prix, c’est en double champion du monde que le vainqueur quitte le circuit d’Aïda pour la dernière fois. Après deux courses animées, l’épreuve disparaît à tout jamais, jugée peu accessible de par sa situation géographique et de par sa proximité d’une semaine imprévue avec le grand-prix du Japon, qui condamnera le futur de ce circuit peu spectaculaire.

A la suite de la disparition du grand-prix du Pacifique, le Japon se porte alors en unique manche asiatique et ce, jusqu’en 1999 et l’apparition du circuit malais de Sepang. En 2004, c’est Bahreïn et la Chine qui rejoignent le calendrier de la Formule 1, avant que Singapour et sa fameuse course nocturne ne débute en 2008. L’année suivante, c’est le tracé de Yas Marina à Abu Dhabi qui sort de terre, première course au crépuscule de l'histoire. Si ces pistes sont encore utilisées actuellement, sauf la Malaisie depuis 2017, deux autres circuits asiatiques voient rapidement le jour mais leur destin sera loin d’être aussi glorieux. En 2010, la Corée du Sud intègre le grand cirque de la Formule 1. Problème, les travaux prennent du temps et le tracé n’est pas réellement prêt pour la course. Quinze jours avant la tenue de cette dernière, l’homologation tombe enfin. Ce circuit, construit entre les murs de béton, accueille donc son premier grand-prix, une course qui restera dans les annales. Le jour J, la pluie s’abat intensément, si bien que le départ de la course est retardé. Les installations n’étant pas tout à fait opérationnelles, l’évacuation de l’eau ne se fait pratiquement pas et il faut presque deux heures pour lancer l’épreuve, du moins, la course à l’élimination. Après seulement quelques tours, Webber sort de la piste et accroche Rosberg. Les voitures sont pleines de boue et les accidents se multiplient. A moins de dix tours de l’arrivée, c’est l’autre Red Bull, celle de Vettel, qui abandonne, moteur explosé. C’est donc Alonso et sa Ferrari qui s’imposent lors de ce grand-prix totalement fou, terminé dans l'obscurité presque totale. C’est d’ailleurs ce rendez-vous qui sera couronné comme étant le plus beau de l’année. Mais les éditions se suivent et ne se ressemblent pas. Le tracé n’est pas très intéressant et la seule “vraie” possibilité de dépassement se trouve au bout de l’interminable ligne droite. En 2011, Petrov harponne la Mercedes de M.Schumacher, provoquant la sortie de la voiture de sécurité. La course, peu passionnante, verra l’écurie Red Bull triompher grâce à Vettel, empochant, par la même occasion, le titre constructeur. Un an plus tard, toujours peu d’actions. Button se fait percuter par Kobayashi dès le premier tour, arrachant la suspension avant droite de la McLaren. En course, le passage successif des voitures sur les bordures artificielles fait se décoller ces dernières. Ainsi, Hamilton se retrouve avec une McLaren amputée de son aérodynamique, la faute à un énorme morceau de gazon synthétique accroché sur son ponton droit. C’est de nouveau Vettel qui s’impose, tout comme en 2013, année de la dernière fois. Si l’épreuve est émaillée de quelques rebondissements comme la casse d’aileron de Rosberg ou l’explosion du pneu de Perez, c’est bien l’accident Webber-Sutil qui fera passer la crédibilité des organisateurs à néant. En effet, alors que la course venait d’être relancée, l’allemand s’encastre dans la Red Bull, provoquant l'incendie de la monoplace autrichienne. Au tour suivant, alors que l’épreuve n’était pas neutralisée, un 4x4 d’intervention emprunta le circuit juste devant les bolides lancés à pleine vitesse. Rapidement, les pilotes se rangent derrière ce véhicule sans savoir que la voiture de sécurité était toujours aux stands. Le confusion sera totale et cet élément restera probablement le déclencheur de la disparition du grand-prix de Corée du Sud.

En 2011, une nouvelle destination s’ajoute aux nombreuses épreuves asiatiques. C’est donc sur le circuit international de Buddh que se déroule le premier grand-prix indien de l’histoire. Située à quelques kilomètres de la capitale New Delhi, la toute nouvelle piste, construite pour l’occasion, est censée faire tourner les têtes. En effet, les organisateurs estiment que les moyennes au tour seront les plus élevées de la saison, après Monza bien sûr. Avec une très, très, très grande ligne droite, tous les espoirs sont permis. Mais à y regarder de plus près, le tracé s’apparente plus à une succession de courbes et chicanes, n’offrant pas de réelles opportunités de dépassement. La première course voit l’envol solitaire de Vettel, de la pole à la victoire sans être menacé. Derrière, alors que Massa joue avec Hamilton et les vibreurs “saucisses”, un facteur inhabituel perturbe le grand-prix, tout comme les éditions suivantes : la pollution. L’air sale de la mégalopole indienne atteint le circuit si bien que le ciel est ponctué de nuages de pollution, plongeant, par moment, la grande ligne droite dans le brouillard. Un autre gros problème de ce tracé réside en sa proximité avec les très nombreux bidonvilles indiens, signe de grande pauvreté. Construire un complexe hors de prix juste à côté n’était peut-être pas la meilleure idée que pouvaient avoir les organisateurs… En 2012, nouvelle balade pour Vettel, grapillant de nouveaux points pour le titre face à son rival du moment, Alonso. Derrière, le DRS fait son affaire en ligne droite mais les dépassements ailleurs sont impossibles. L’image du grand-prix pourrait être le changement de volant d’Hamilton lors d’un arrêt aux stands, chose pas tout à fait très courante. L’année 2013 ne réservera pas vraiment plus de spectacle, si ce n’est l’impressionnant dépassement d’Alonso sur Gutiérrez, à la limite du passage dans le gazon. Malgré la remontée de l’espagnol après être redescendu dernier à cause d’une aile abimée, cela ne suffit pas à contrer Vettel, accrochant un quatrième sacre à son palmarès. L’écurie Red Bull est elle aussi titrée lors de ce grand-prix, qui restera le dernier couru en Inde. Pour célébrer ce sacre, l’allemand se prosterne devant sa monoplace et la tribune principale. Ce sera le dernier passage d’une Formule 1 à cet endroit. Prévu initialement pour dix ans, le contrat est rompu au bout de trois seulement, des problèmes financiers et d’accords entre les promoteurs et le gouvernement enterrant à jamais cette course prometteuse sur le papier…

Avec les disparitions successives de la Corée du Sud, de l’Inde, de la Malaisie et partiellement du Japon et de la Chine en période de Covid, l’Asie se retrouve presque démunie de ses grands-prix. Seule la péninsule arabe et ses manches de Bahreïn, Jeddah, Yas Marina et Losail tiennent vraiment le coup, la manne financière n’étant plus à démontrer. Pourtant, un nouveau rendez-vous est annoncé pour 2020 : Hanoi. La capitale du Vietnam entend bien organiser une course dans son centre-ville et le pays voit grand. Dessin spectaculaire avec une ligne droite de 1,5 km bordée de murs en béton, tout pour faire rêver. Mais en cette triste année, l’épidémie de Covid-19 frappe le monde entier et le plonge dans un confinement total. Le grand-prix est tout d’abord repoussé puis annulé pour 2020, en attendant des jours meilleurs. Finalement, ce grand jour ne pointera jamais le bout de son nez. Le maire de la mégalopole est arrêté pour fraude fiscale. Lui qui soutenait fortement le projet l’emporte avec lui, peut-être un mal pour un bien…

Les circuits asiatiques éphémères en chiffres...

Années de présence en Formule 1 :

1994-1995, 2010-2013

Longueur :

x

Nombre de tours :

x

Meilleur temps en qualifications :

x

Meilleur temps en course :

x

Mis à jour le 

14/09/2025

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