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Circuit de Watkins Glen - Etats-Unis

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Les Etats-Unis et la Formule 1, une drôle d’histoire d’amour marquée par l’utilisation d’un nombre de pistes invraisemblable. Le plus utilisé : l’iconique tracé de Watkins Glen.

Niché au cœur de la campagne de l’état de New-York, le circuit de Watkins Glen est le seul à être apparu vingt années consécutives au calendrier pour ce qui est du pays de l’Oncle Sam. Pourtant, après les échecs commerciaux et financiers de Sebring et Riverside, le choix de courir sur une petite piste perdue au milieu des collines n’était pas gagné. Et pourtant, le tracé américain s’avéra être l’un des tous meilleurs durant ces nombreuses saisons. Tout d’abord, le dessin de la piste, simple mais efficace. Avec l’important dénivelé offert par Dame Nature, le premier enchaînement qui s’offre aux pilotes après le premier virage emmène vers une longue ligne droite précédant une épingle rapide en dévers. Si les voitures continuent alors leur route tout droit de 1961 à 1970, elles empruntent une toute nouvelle portion à partir de 1970, rallongeant sensiblement la longueur du tracé. Les dernières courbes laissent alors place à une série d’épingles et de virages à 90°. Ces modifications, pourtant importantes, ne modifièrent en rien le caractère rapide et dangereux du circuit américain. Et c’est bien ce qui fit sa renommée dans le petit monde de la Formule 1, en plus de l’accueil chaleureux des américains. Lors de la première édition, en 1961, un grand monsieur de la discipline faisait ses adieux : Stirling Moss. Ce même jour, Ireland signait son seul et unique succès en Formule 1 sur une Lotus, la première victoire également pour le team officiel de Chapman. Les six éditions suivantes seront marquées par l’hégémonie Clark - Graham Hill, tous deux détenteurs de trois premières places. Il faudra donc attendre 1968 et Jackie Stewart pour voir l’élan des deux hommes brisé. Une édition qui vit le débarquement d’un certain Mario Andretti chez Lotus, en pole pour son premier départ en grand-prix. L’année suivante, c’est Jochen Rindt qui grimpe enfin sur la plus haute marche du podium après de nombreuses occasions manquées. C’est également ici, un an plus tard, que l’autrichien sera sacré, à titre posthume, grâce au succès de son remplaçant, Emerson Fittipaldi, le premier d’une longue série. En 1971, les ennuis de Stewart sur sa Matra offrent au jeune François Cevert une victoire bien méritée, sa seule en carrière. Car hélas, un tragique évènement deux ans plus tard, stoppa net un espoir en devenir. C’est ce qui conduira d’ailleurs le triple champion Stewart à se retirer avant même le départ de la course. L’année suivante, c’est le champion 1967, Denny Hulme, qui tire sa révérence sur le désormais nommé “The Glen”. En 1979, c’est au tour de Jacky Ickx de dire au revoir à la Formule 1, tout comme Jody Scheckter et Emerson Fittipaldi un an plus tard, pour la dernière à Watkins Glen, là où l'étonnant Giacomelli décrocha une sensationnelle mais unique pole position en carrière. Toujours disputées en Octobre, les courses débouchèrent souvent à une attribution des titres pilotes ou constructeurs. C’est donc ici même que Rindt, Fittipaldi et Lauda remportèrent chacun une couronne mondiale, respectivement en 1970, 1974 et 1977. Du côté des constructeurs, Brabham, Lotus, McLaren et Ferrari y inscrivirent leur nom au palmarès de la discipline. Mais le tracé américain n’est pas qu’une affaire de chiffres, mais surtout une affaire de pilotes et de pilotage. En 1972, pour sa première apparition en grand-prix, Scheckter régale le public présent en se battant parmi les leaders, avant d’être piégé par une brutale averse en cours d’épreuve. En 1978, après la tragique disparition de Peterson à Monza, Lotus fait appel à Jean-Pierre Jarier pour épauler le local de l’étape, Mario Andretti. Inconfortablement installé dans la 79, le français ronge son frein en début de course à cause d’une crevaison le reléguant en fond de peloton. Reparti le couteau entre les dents, il attaqua tour après tour pour remonter jusqu’au troisième rang avant que sa voiture ne s’arrête soudainement dans l’avant-dernière boucle, en panne d’essence. Le vainqueur de l’édition suivante n’aura eu aucun problème de carburant malgré son attaque constante dans des conditions dantesques. Au volant de Ferrari 312 T4, Gilles Villeneuve se joue de la météo pour remporter l’une de ses plus belles victoires, profitant surtout du malheureux abandon de Jones, relâché trop tôt en piste avec une roue non-fixée. Mais plus le temps passe, plus les infrastructures deviennent vétustes. Les fameuses barrières bleues, installées pour garantir la sécurité des pilotes, n’auront pas toujours joué leur rôle de protection. Si Watkins Glen était apprécié pour son tracé, il était détesté pour sa sécurité.

Dans les années 60 et 70, les accidents n’étaient pas rares. La piste américaine n’y fit d’ailleurs pas exception mais sans réels dégagements, les conséquences ont parfois été dramatiques. Le Samedi 6 Octobre 1973, François Cevert s’élance pour réaliser une séance d’essai, tout ce qu’il y a de plus normal. Mais quelques secondes après avoir rejoint le circuit, sa Tyrrell quitte inexplicablement la route, s’écrasant avec une violence rare dans les barrières en acier, avant de se retourner et de taper de l’autre côté de la piste. La monoplace bleue est disloquée, le français tué sur le coup. La nouvelle de sa mort se répand très vite et touche l'entièreté du paddock. Stewart et Amon n’iront pas plus loin, cette tragique disparition est un terrible coup de massue. L’année suivante, le pire survient à nouveau, durant la course. Helmuth Koinigg, pilote Surtees, sort lui aussi violemment. Le choc est si puissant que les barrières d’acier se coupent au choc avec la monoplace. Le pauvre autrichien est décapité sur le coup. Ces deux évènements tragiques conduiront au rajout d’une chicane pour couper la vitesse d’entrée des premiers enchaînements. Mais le circuit est loin d’être sûr et les incidents se succèdent, tous plus impressionnants les uns les autres. En 1975, le pilote Hesketh Lunger est victime d’une spectaculaire envolée mais fort heureusement pour lui, sa monture retombe sur ses roues, du moins, les roues avant. L’année suivante, durant le grand-prix, Jacky Ickx percute violemment les barrières. Coupée en deux, l’Ensign s’embrase quasi instantanément, juste après que le malheureux pilote se soit extrait de son épave en boitillant. De la même manière que deux ans auparavant, les barrières ont cédé lors du choc. Le drame a été évité de peu. Peu après, en roulant sûrement sur l’un des nombreux débris jonchant le circuit, Laffitte perd le contrôle de sa Ligier qui vient s’encastrer elle aussi dans les barrières. Le français qui s’y encastra à nouveau en 1980, imité quelques instants plus tard par Prost après qu’une de ses suspensions cède, envoyant l’une des roues dans la tête du pilote, fort heureusement sans trop de dommages corporels. Il en est un qui, par contre, ne peut pas en dire autant. En 1969, après avoir exécuté un tête-à-queue, Graham Hill regagne ses stands pour faire vérifier sa monture et surtout, l’un de ses pneumatiques. Quelques secondes plus tard, alors qu’il avait regagné le circuit, sa monoplace braqua inexplicablement vers le bas-côté avant d’escalader un talus et de s’envoler, éjectant, par la même occasion, le pauvre pilote. Gisant au sol à plus d’une vingtaine de mètres de la carcasse de sa voiture, le double champion est ensuite envoyé à l’hôpital le plus proche. Résultat, deux jambes cassées, bien loin de ce qu'aurait laissé présager un tel accident, surtout pour l'époque…

Après vingt années de bons et loyaux services, le circuit de Watkins Glen quitte le petit monde de la Formule 1. Les trop nombreux accidents, la trop grande distance des grandes villes et une piste finalement plus adaptée à la vitesse des monoplaces auront eu raison de ce tracé pourtant si particulier. Sa disparition sera très vite regrettée après les brefs mais décevants passages à Las Vegas, Phoenix ou encore Dallas. Malgré quelques rumeurs faisant état d’un retour à Watkins Glen, il semble difficile d’imaginer la catégorie reine évoluer à nouveau sur ce circuit, quasiment toujours dans son jus d’antan.

Le circuit de Watkins Glen en chiffres...

Années de présence en Formule 1 :

1961 - 1980

Longueur :

4.435 km

Nombre de tours :

59

Meilleur temps en qualifications :

1'33"291 (Giacomelli - 1980)

Meilleur temps en course :

1'34"068 (Jones - 1980)

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