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Circuit de Sepang - Malaisie

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Comment faire venir la pluie à coup sûr en Formule 1 ? Rouler à Sepang par exemple…

Avant le changement de millénaire, la Formule 1 découvre une nouvelle destination exotique : la Malaisie. C’est sur le tout nouveau circuit de Sepang, à quelques kilomètres de la capitale Kuala Lumpur, que se dispute, dès 1999, ce grand-prix pour le moins bouillant. Ce circuit est désormais connu et reconnu comme étant le plus orageux de tous avec des tempêtes tropicales quotidiennes sous une température digne d’une fournaise. En dix-neuf éditions, pas moins de onze pilotes différents y ont décroché la victoire sur ce superbe tracé mélangeant courbes rapides, lignes droites et virages serrés. Placée en fin de calendrier lors de ses premières apparitions, l’épreuve malaisienne remonte en début de saison durant plusieurs saisons avant de finalement revenir en dernière partie de championnat en 2016 et 2017. Mais remontons quelques années en arrière. Fin 1999. La Formule 1 vibre au rythme des luttes opposant Häkkinen à Irvine et McLaren à Ferrari mais c’est bien le retour tant attendu de M.Schumacher qui retiendra l’attention de tous. Et quelle remise en route que celle du pilote allemand, tout juste remis de son accident de Silverstone. En qualifications, il s’adjuge la pole position avec une seconde d’avance sur son équipier, une véritable claque à la concurrence. Mais la question qui brûle les lèvres de tous, c’est si le Kaiser laisserait volontairement échapper une probable victoire pour aider celui qui lui servait de lieutenant depuis trois ans ? Après cinq tours de course, la réponse est claire. Le double champion du monde ouvre une voie royale à son équipier avant de bloquer ostensiblement Häkkinen. Résultat, les deux F399 terminent roues dans roues, Irvine devant Schumi, permettant alors à l’irlandais de prendre la tête du championnat, tout comme Ferrari. Mais quelques heures après l’arrivée, coup de théâtre : les deux italiennes sont disqualifiées pour déflecteurs non-conformes, couronnant alors d’office McLaren-Mercedes et Mika Häkkinen. S’en suit une longue procédure devant le tribunal de la FIA qui finira par accepter que les mesures prises sur-place n’étaient peut-être pas justes. Les deux titres sont alors remis en jeu pour la grande finale de Suzuka. Reste que malgré cet épisode purement politique, les pilotes adorent ce nouveau tracé. La modernité dont fait preuve Sepang amène la F1 dans une nouvelle ère où les circuits ne sont désormais plus qu’un simple ruban d’asphalte mais une ville à part entière. Pour clore la saison 2000, le grand-prix de Malaisie offre les lauriers à la Scuderia Ferrari avec un M.Schumacher facile vainqueur devant un Coulthard labourant les bas-côtés. Cette course est notamment marquée par le gros crash de Herbert sur sa Jaguar, une triste fin pour le vétéran anglais, une issue que connaît également Peugeot, disparaissant dans le néant le plus total de la catégorie reine. Mais en 2001, l’histoire est toute autre et ce à cause d’un élément : la pluie. Au troisième tour, la mousson s’abat sur la capitale, inondant une partie du tracé. Si M.Schumacher et Barrichello sortent simultanément de la piste avant de retrouver le bitume, d’autres n’auront pas cette chance. Montoya, Bernoldi, Villeneuve et Heidfeld sont autant de pilotes à s’être échoués dans les larges bacs malais. L’épreuve est neutralisée par la voiture de sécurité mais de nouveau, il y a du rififi chez les rouges. Les gommes intermédiaires ne sont pas prêtes et l’arrêt simultané des deux monoplaces dure presque soixante-quinze secondes ! Reparties en fond de peloton, les italiennes reprendront les premiers rangs en l’espace de six tours grâce à leur choix de pneus audacieux. Ces mêmes rouges qui ne connaîtront pas le même succès en 2002, battues à la régulière par les Williams-BMW. M.Schumacher ne terminera que troisième, son plus mauvais résultat de l’année… 2003 voit la jeunesse prendre les devants avec une pole position d’Alonso sur sa Renault alors que c’est Raikkonen qui accroche ses premiers lauriers le jour de la course. L’année suivante, Webber impressionne avec sa modeste Jaguar, deuxième sur la grille de départ mais ce petit exploit sera mal récompensé. Après un envol totalement manqué, l’australien sera le premier à renoncer sur sortie de piste. Il ne connaitra pas un meilleur sort en 2005, accroché par Fisichella pour la dernière marche du podium. Le romain qui signera ici-même sa dernière victoire en 2006, une bien lointaine époque déjà...

Si jusque-là la météo a plus ou moins épargné les grands-prix, 2009 sera une autre affaire. Bien élancé, Rosberg caracole en tête mais au bout de vingt boucles, et alors que les différentes stratégies se mettent en place, le crachin se transforme en déluge. Plusieurs centimètres d’eau obstruent la piste, transformant les voitures en hors-bords de luxe. Les erreurs sont nombreuses et le ciel noir ne désemplit pas. Comme sur le Nürburgring deux ans auparavant, la direction de course agite le drapeau rouge mais cette fois-ci, l’apocalypse ne permet pas de relancer les machines. Le classement établit donne Button et sa Brawn GP vainqueur, une nouvelle historique pour la petite écurie anglaise. Avec moins de 75% de la distance effectuée, seule la moitié des points est attribuée, une première depuis Adélaïde en 1991. En 2011, Petrov nous offre un décollage réussi à bord de sa Lotus Renault, cassant sa colonne de direction au moment d’atterrir, alors que son équipier Heidfeld signe ici son dernier podium en catégorie reine. Si depuis plusieurs années les courses sont devenues plutôt sages, celle de 2012 change la donne. De gros nuages roulent au-dessus de Sepang et après l’accrochage Grosjean-Schumacher dans le premier tour, quelques grosses gouttes sont signalées. Perez plonge immédiatement dans les stands, rapidement imité par le reste du peloton. L’averse, aussi subite que violente, oblige à la sortie du drapeau rouge. L’étonnant mexicain et sa Sauber pointent alors en deuxième place derrière Button mais le britannique pèche par son optimisme, accrochant une HRT retardée. Aileron avant abimé, la McLaren s’enfonce inéluctablement dans le classement. Surgi de nulle part à bord d’une Ferrari rétive, Alonso dépose la Sauber mais la piste séchante inverse les performances et dans les tous derniers tours, voilà que Checo menace le double champion espagnol. La C31 est si véloce que l’écart tombe sous la seconde à quelques tours du but. Malheureusement pour lui, Pérez sort large dans le dernier secteur, abandonnant toute chance de succès. Il se contentera de la deuxième place, un premier podium qui en appelera bien d'autres. Vainqueur inattendu, Alonso se rappelle au bon souvenir de tous, de quoi le replacer dans un championnat plus disputé que jamais. La joie du podium de 2012 ne sera pas vraiment retrouvée en 2013. Après l’abandon du vainqueur sortant sur casse d’aileron, les Red Bull volent littéralement sur la piste. L’ordre est alors intimé de figer les positions jusqu’à l’arrivée, c’est-à-dire Webber devant Vettel. Mais l’allemand ne l’entend pas de cette oreille et attaque son équipier au bout de la ligne droite des stands. Les deux RB9 s’échangent des coups de roues et les positions, au grand dam de l’australien. Sa colère sera telle qu’il ne cessera de répéter ces mots au futur quadruple champion : “Multi 21 Seb, Multi 21”. La guerre d’ego dans l’équipe autrichienne venait de reprendre de plus belle. L’ère des V6 hybrides bat son plein et pour cette première sortie malaisienne, les Mercedes s’offrent le doublé, une première depuis 1955 ! Si l’hégémonie des gris est sans partage entre 2014 et 2020, Sepang ne leur aura jamais vraiment souri. En 2015, c’est un Vettel revigoré chez Ferrari qui s’adjuge la première place en optant pour une stratégie décalée à deux arrêts alors qu’en 2016, le premier virage lui sera fatal. Percutant Rosberg, le vainqueur sortant n’aura pas la chance de défendre ses couleurs, pas plus que Lewis Hamilton. Alors qu’il avait course gagnée, le moteur de sa flèche d’argent explose dans une gerbe de flammes. Le tournant du championnat venait d’arriver. Débarrassée de la rivale allemande, Red Bull s’envole vers un doublé historique pour lequel Ricciardo et Verstappen s’en donnent à coeur joie. Les passes d’armes sont sensationnelles et le contact évité de justesse mais au final, l’australien prend les devants. Le néerlandais ne sera pas en reste puisque l’année suivante, c’est lui qui tient cette première place finale après une course rondement menée. Une épreuve dont se souviendra Vettel, violemment percuté par Stroll après l’arrivée ! Après dix-neuf années de bons et loyaux services, l’organisateur malais annonce la rupture du contrat le liant à la Formule 1. Les coûts exorbitants requis pour l’inscription au calendrier et le délaissement des spectateurs vis-à-vis des autres disciplines auront eu raison de ce fabuleux tracé…

Rares sont les pistes récemment arrivées en championnat qui suscite autant de positivité de la part des pilotes. La chaleur accablante et les nombreux orages ont certes fait souffrir les organismes mais ne parlons-nous pas d’athlètes de haut-niveau ? Face au défi de Sepang, bon nombre de grands champions ont repoussé leurs propres limites pour figurer en haut de tableau. Le fantastique dessin manque cruellement à la Formule 1 actuelle, trop attiré par ces démonstrations urbaines, loin de ces classiques d'antan comme l’était le fabuleux circuit malais de Sepang…

Le circuit de Sepang en chiffres...

Années de présence en Formule 1 :

1999 - 2017

Longueur :

5.543 km

Nombre de tours :

56

Meilleur temps en qualifications :

1'30"076 (Hamilton - 2017)

Meilleur temps en course :

1'34"080 (Vettel - 2017)

Mis à jour le 

15/09/2025

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