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Circuit de Magny-Cours - France

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Au début des années 90, le grand-prix de France vit un grand changement. Exit le Castellet, voilà la Formule 1 au coeur de l’hexagone sur le fabuleux circuit de Magny-Cours.

Situé à quelques kilomètres de Nevers, le circuit de Magny-Cours était à l’origine une simple piste de karting. Ce n’est que dans les années 80 que le projet, sous l’impulsion de Mitterrand, voit le jour. Le 29 avril 1989, la nouvelle piste est prête et une fois homologuée, ne restait plus qu’à accueillir les bolides. Ce fut chose faite le 7 juillet 1991 avec le tout premier grand-prix de Formule 1 sur le nouveau tracé de Magny-Cours. Et il faut dire que la différence avec le Castellet est grande. Fini les longues lignes droites, place à de longues courbes, à des virages serrés, des épingles, le tout sur une bande de bitume d’un peu plus de quatre kilomètres. L’accueil est pourtant mitigé. Beaucoup remarquent les similitudes avec d’autres tracés et pointent du doigt le manque de zone de dépassement. Avant la toute première épreuve, des essais furent programmés pour les équipes, de quoi découvrir en avance ce tout nouveau circuit. Mais la veille du premier week-end de course, catastrophe : une gigantesque panne d’électricité plonge tout le secteur dans le noir complet. Heureusement, tout sera rétabli pour le vendredi matin et la manche française pu se dérouler sans soucis. Des problèmes, le circuit de Magny-Cours en connaîtra l’année suivante. En plus des bouchons interminables pour accéder à la piste, des grèves paralysent les déplacements dans le pays, provoquant de nombreux retards pour les écuries et leur matériel. Mais le plus gros casse-tête pour les équipes, c’est la loi Evin, interdisant la publicité pour les cigarettes et l’alcool. Alors, pour contourner cette règle, chaque team rivalise d’ingéniosité pour masquer leurs sponsors : rectangles, codes barres, prénoms des pilotes, points d’interrogation, les designers s’amusent ! Outre ces petits contretemps, le grand-prix de France parvient à réunir un grand nombre de fans en quête de vitesse et de frisson. Si les manoeuvres de dépassements sont délicates, elles ne sont pourtant pas impossibles. Certes, de nombreuses attaques à l’épingle d’Adélaïde se sont terminées en accrochage ou tête-à-queue, mais parfois, des changements de positions étaient opérés. Que ce soit Mansell sur Prost en 1991, M.Schumacher sur Raikkonen en 2002, ou Raikkonen sur Trulli en 2006, les grands champions s’illustrèrent sur la piste française, cherchant à tout prix la première place. Pourtant, la manoeuvre la plus iconique ne fut pas pour le leadership, mais seulement pour la troisième place. En 2004, dans le dernier tour, dernier virage, Barrichello se jeta à l’intérieur de Trulli et subtilisa la dernière marche du podium à l’italien in-extremis, au plus grand désarroi de Renault qui espérait positionner ses deux voitures dans le top 3. Mais la plupart du temps, c’est dans les stands que se font les dépassements. La stratégie décida de l’ordre de beaucoup de grands-prix mais leur diversité maintenait le suspens tout le long de l’épreuve. Mais certains poussèrent l’idée encore plus loin comme Ferrari en 2004, utilisant une stratégie à quatre arrêts ravitaillements pour permettre à M.Schumacher de dépasser Alonso pour la gagne. L’allemand qui, au passage, détient le record de victoires sur ce tracé avec huit succès. Plus surprenant encore, il y décrocha, en 2002, le titre de champion du monde, à six courses du but. Un record de précocité qui tiendra probablement encore longtemps. Mais d’autres faits importants sont à noter. C’est en effet sur le circuit nivernais que Brundle grimpa sur son premier podium en 1992, que Hill (1993) et R.Schumacher (2001) décrorchèrent leur première pole position, tout comme l’écurie Stewart en 1999. Courues sous des conditions dantesques, ces dernières nous avaient d’ailleurs d’ailleurs offertes une grille de départ inédite : Barrichello et sa Stewart premier, Alesi et sa Sauber Petronas deuxième, Panis et sa Prost troisième. Pour autant, seul le quadruple champion du monde français réussira à s’imposer à Magny-Cours, en 1993, marquant également son centième podium en Formule 1. 1994 marqua le retour de Mansell en catégorie reine, récupérant le baquet vide de Senna. En 1995, c’est l’écurie Ligier qui fête, à domicile, son trois-centième grand-prix en catégorie reine, qui se conclut par une belle quatrième place pour Brundle. En 1998, Irvine sauva, malgré les attaques incessantes de Häkkinen, le premier doublé de la Scuderia depuis 1990, une éternité pour la firme au cheval cabré. En 2001, c’est M.Schumacher qui accrocha sa cinquantième victoire, se rapprochant alors à une unité du record de Prost, pour le quatre-centième départ de Williams en Formule 1. Deux ans plus tard, cette même écurie Williams réalisait son dernier doublé à ce jour, R.Schumacher empochant son ultime succès par la même occasion. Quand à son frère, il y décrocha sa dernière pole position, celle de Monaco 2012 n’étant pas retenue en raison de la pénalité attribuée. Enfin, en 2008, la Scuderia Ferrari s’élançait de la première place pour la deux-centième fois de son existence en Formule 1, un record qui à encore de beaux jours devant lui.

Au regard des différents vainqueurs, force est de constater que les forces françaises ne furent pas toujours au rendez-vous. Certes Prost s’imposa en 1993 et grimpa sur quelques podiums, certes le moteur Renault permit à Williams, Benetton et Renault de gagner, certes Alesi termina troisième en 1996, mais dans l'ensemble les coups d’éclat furent rares. L'avignonnais perdit même une belle chance de figurer dans le top 3 en 1992, préférant rester sur piste humide avec des slicks, mauvais choix sur ce coup là. Sept ans plus tard, lors d’une séance d’essai libre, le français, désormais chez Sauber Petronas, sortit très violemment de la piste, décollant dans le bac à graviers avant de s’écraser dans les barrières de pneumatiques, retournant sa monture disloquée. Excepté ce violent accident, les incidents furent choses rares à Magny-Cours. En 1992, M.Schumacher harponna Senna dès le départ à la chicane d’Adélaïde, provoquant de nombreuses incompréhensions dans le reste du peloton. En 1996, grosse désillusion pour la Scuderia Ferrari. Après une sombre affaire d’éléments aérodynamiques non-conformes, Irvine est disqualifié des qualifications, mais pas M.Schumacher. Ce dernier, qui avait réalisé la pole, fut contraint à l’abandon avant même le départ sur bris de moteur, son seul non-départ en Formule 1. L’année suivante, c’est le futur champion canadien Villeneuve qui partit à la faute, percutant très violemment le mur, détruisant tout le côté gauche de sa Williams. En 2002, Fisichella se fit une très grosse frayeur. A la sortie de la grande courbe à droite menant à la ligne droite principale, l’aileron avant de sa Jordan se détacha. Privée d’appuis à l’avant, la monoplace jaune tira tout droit, arrêtant sa course dans les barrières de pneumatiques. Si l’italien s’en tira bien, il ne fut pas autorisé à participer à la course. En 2004, c’est Montoya qui, surpris par la pluie lors des essais, quitta la piste à pleine vitesse avant d’écraser sa monture dans le mur. Deux ans plus tard, Monteiro, sur sa Midland, nous octroya une jolie figure, décollant assez haut sur un vibreur, endommageant suffisamment sa voiture pour renoncer. L’année suivante, le départ fut fatal à Liuzzi et Davidson, tout comme à Trulli, percutant Kovalainen à l’épingle d’Adélaïde. Un peu plus tard, c’est Albers qui nous offrit une spectaculaire image. En effet, le pilote Spyker s’extirpa trop rapidement de son emplacement d’arrêt, arrachant le tuyau d’essence, renversant plusieurs mécaniciens dans le même temps. Si le grand-prix de France à Magny-Cours connaît de beaux jours, tout bascule en 2008. Dans l’ombre de la course, des affaires juridiques mettent à mal l’organisation du grand-prix de France à partir de 2009. Les accords ne sont pas trouvés et la manche prévue en 2009 est annulée. Dès lors, et après dix-huit années de présence, le circuit de Magny-Cours quitte la Formule 1 par la petite porte.

C’est donc une belle aventure de dix-huit ans qui se termina au soir du 22 juin 2008 sur le circuit de Magny-Cours. Après son retrait, plus aucune course de Formule 1 ne se déroula en France avant 2018, une première dans l'histoire du sport si l’on excepte 1955. Les grands-prix disputés n’auront pas toujours été les plus animés mais les stratégies propres à chacun amenèrent un certain suspens bien moins présent de nos jours.

Le circuit de Magny-Cours en chiffres ...

Années de présence en Formule 1 :

1991 - 2008

Longueur :

4.411 km

Nombre de tours :

70

Meilleur temps en qualifications :

1'13"698 (Alonso - 2004)

Meilleur temps en course :

1'15"377 (Schumacher - 2004)

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