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Circuit de Long Beach - Etats-Unis

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Les circuits urbains en Formule 1, une institution aux USA mais une réelle aberration pour les pilotes. Il en est pourtant un qui tira formidablement bien son épingle du jeu : le tracé de Long Beach.

Les circuits tracés en pleine ville ne sont pas les préférés des pilotes, si ce n’est le mythe Monaco. Alors quand les Etats-Unis proposent un tracé alternatif à Watkins Glen, tracé à même les rues pentues de Long Beach, les avis sont partagés. Mais contrairement aux inintéressants tracés de Dallas ou Las Vegas et leurs virages à angle droit similaires, celui de Long Beach se dote de longues lignes droites, de portions rapides et lentes, de deux épingles et d’une belle courbe, le tout sur un terrain bosselé comme à San Francisco. Sur le papier, l’équation semble parfaite. Le résultat fut épatant. En tout, le circuit américain apparu à huit reprises au calendrier de la Formule 1, de 1976 à 1983, en tant que grand-prix des Etats-Unis Ouest, un nom qui n’appartiendra qu’à lui. A noter une particularité unique pour cette piste : l’emplacement de la ligne de départ à l’opposé de la voie des stands. Si en 1976 et 1977, les deux sont collés, les embouteillages du premier virage poussèrent les organisateurs à déplacer le départ sur la grande ligne droite bordant l’Océan Pacifique. C’est d’ailleurs l’incontournable de ce circuit : le paysage. Situé au coeur de la zone portuaire de Long Beach, le tracé n’est pas très loin de la ville et des grandes plages de sable blanc. La vue, il n’y a pas que les spectateurs et les pilotes qui en profitèrent. Pour en faire un évènement mondialement connu, des centaines de caméras furent installées en bord de piste pour retransmettre au monde entier, et en direct, le grand-prix. Le “Monaco Américain”, comme le voulait l’organisateur, était presque parfait mais au bout de huit années seulement, plus de Long Beach au calendrier. La décision fut radicale et la transformation totale du tracé en 1983 n’aura pas joué en faveur des américains. Il faut dire qu’en supprimant toutes les parties intéressantes, en ajoutant des portions plus sinueuses, le tout à cause de la construction d’un hôtel, ne ravit pas grand monde. Pourtant, tout avait bien débuté en 1976. Pour la dernière fois de l’histoire, les Formule 1 affichaient leurs énormes cheminées, bannies dès la manche suivante. Regazzoni y signa sa dernière pole avant de remporter la course le lendemain, devant Lauda, pour la dernière de la 312 T. L’année suivante, la lutte pour la gagne se joue à trois : Scheckter et sa Wolf, Andretti et sa Lotus et Lauda et sa Ferrari. Si le sud-africain mène un long moment, l’un de ses pneumatiques se dégonfle au fur et à mesure que les tours passent. A trois boucles du but, il cède face à l’américain, puis la Ferrari, tenant bon pour assurer la troisième place finale. C’est la première fois en Formule 1 qu’une voiture à effet de sol s’impose, la Lotus 78. A partir de 1979, fait rare, à chaque course un nouveau poleman : Villeneuve en 1979, Piquet en 1980, Patrese et son Arrows en 1981, l’étonnant De Cesaris et son Alfa Romeo en 1982, puis Tambay en 1983. Mais dans cette liste, seul Piquet viendra à l’emporter. Sur la durée, piloter pied au plancher entre les murs de béton demande une concentration des plus extrêmes et surtout, une patience de tous les instants. Parfois, les courses se résument en un cavalier seul d’un pilote, comme Villeneuve en 1979 ou Piquet en 1980, dans d’autres cas, la hiérarchie peut être complètement chamboulée. En 1983, le grand-prix eut des allures de jeu vidéo. Dès l’extinction des feux, Rosberg, alors troisième sur la grille, prend un envol parfait et dans une glissade toute maîtrisée, se faufile devant la Ferrari d’Arnoux, non sans percuter sa roue avant-droite. Au terme du premier tour, le finlandais tente une attaque sur Tambay mais en freinant sur une bosse, l’arrière de sa Williams se dérobe et le voici en tête-à-queue à l’entame du virage mais le contrôle du champion du monde 1982 est parfait et il peut reprendre le droit chemin sans avoir perdu de position, si ce n’est par rapport à son coéquipier Laffitte. Après être repassé devant, il repart à la chasse pour la première place mais dans sa seule “vraie” attaque, il percute Tambay, entraînant l’abandon du français. Quelques mètres plus loin, ce même Rosberg tasse l’autre Williams contre le mur des stands. Surpris, Jarier, alors troisième sur sa Ligier, percute la Williams du finlandais. C’est l’abandon pour les deux hommes. Les éliminations se poursuivent et petit à petit, les deux McLaren, pourtant parties vingt-deux et vingt-troisième sur la grille, remontent aux avant-postes et au quarante-cinquième tour, les voici première et deuxième ! Elles tiendront ces positions jusqu’à la fin du grand-prix. Watson, le vainqueur du jour, aura donc réalisé l’exploit de remonter de vingt-et-une positions pour aller s’imposer au terme d’une course à rebondissements.

Des rebondissements, les grands-prix disputés à Long Beach n’en auront pas manqué. En 1976, les premiers tours auront été une réelle boucherie. Bon nombre de voitures restèrent sur le carreau, y compris celle de Hunt, s’accrochant avec Dépailler, alors deuxième. L’anglais ne cacha pas son mécontentement en insultant copieusement le français à chaque passage. Pas plus de chance pour le champion 1976 l’année suivante, victime d’un nouvel accrochage dès le départ le faisant décoller au milieu du peloton. Derrière, c’est Brambilla qui sème la panique au sein de la meute en percutant le mur en béton. En 1978, rebelote. Hunt se sort une troisième fois consécutive, non sans que cela ne lui déplaise finalement. Plus tard dans la course, Villeneuve, aussi fougueux qu’à l’habitude, s’empresse derrière Regazzoni et tenta un dépassement dans une portion un peu trop sinueuse. La Ferrari escalada la Shadow avant d'atterrir, par derrière, contre les murs de pneus. En frôlant le casque du suisse avec l’une de ses roues, le canadien évita de peu une nouvelle catastrophe. Le déplacement de la ligne de départ avait plutôt bien fonctionné en 1978 mais en 1979, c’est à nouveau le crash. Cette fois-ci, c’est Tambay qui manqua totalement son freinage, venant percuter de plein fouet la Brabham de Lauda. Cette course se déroula d’ailleurs sans les Renault, absentes suite à deux casses successives de la transmission, l’une envoyant même le malheureux Jabouille s’encastrer violemment dans un mur en béton durant les essais. Mais c’est avant même l’extinction de feux que la situation fut la plus cocasse. Poleman, Gilles Villeneuve n’avait qu’à s’installer à son emplacement et attendre l’extinction des feux. Mais lors de son arrivée sur la grille, impossible pour lui de trouver sa place. Il s'élança donc dans un deuxième tour de chauffe, non sans perturber toutes les autres voitures derrière qui finirent par suivre le canadien, à l’exception de Laffite, arrêté sur la grille. Pas de chance pour Hunt non plus qui, pour sa dernière à Long Beach, renonça dès la première boucle. En seconde moitié d’épreuve, Rebaque et Daly s'accrochent à leur tour avant d’en venir tous deux aux mains. En 1980, la première épingle est à nouveau le lieu d’un grand cafouillage où de nombreuses voitures se touchent et se percutent. Trois tours plus tard, l’histoire se répète. Après un tête-à-queue de Giacomelli, la piste est obstruée et plusieurs pilotes se retrouvent bloqués de longues secondes. Le drapeau rouge ne sort pas mais la piste est toujours jonchée de débris et de monoplaces. Ce même Giacomelli, qui arriva à repartir, termina sa course peu avant la fin à la suite d’un accident avec Jones. Durant la course, Regazzoni se rend compte d’une défaillance de ses freins alors qu’il atteint le bout de la ligne droite. Son Ensing s’encastre violemment dans une Brabham stoppée ici, avant de percuter d’imposants murs en béton. Le pilote est grièvement blessé, sa carrière est définitivement terminée. En 1981, c’est tout d’abord la présentation d’une voiture qui fait polémique : la fameuse Lotus 88 et ses deux châssis, une idée révolutionnaire de Chapman qui fut, par la suite, bannie, suite aux très nombreuses protestations quant à sa légalité, par la concurrence. Comme à l’habitude, le premier virage est le théâtre d’un nouveau carambolage, poussant Prost à l’abandon. En 1982, nouvelle bizarrerie : la Ferrari 126 C2 et ses deux ailerons arrière. Pour protester face aux trop grandes libertés accordées à Gordon Murray chez Brabham, la Scuderia décide de contourner elle-même le règlement en proposant cet inédit arrangement aérodynamique. Si Villeneuve parvient à finir troisième malgré une belle pirouette, il sera disqualifié suite à une protestation de la FOCA.

Mais après huit éditions, c’est le clap de fin. Les retombées économiques sont de plus en plus faibles alors que les demandes sont de plus en plus élevées. L’organisateur décide donc de se pencher vers un autre championnat, bien moins coûteux mais tout aussi relevé : le CART. C’est un coup dur pour la Formule 1 qui voit, après Watkins Glen, la disparition d’un autre bon tracé, à l’instar des pitoyables circuits de Dallas ou de Détroit.

Le circuit de Long Beach en chiffres...

Années de présence en Formule 1 :

1976-1983

Longueur :

3.275 km (1983)

Nombre de tours :

75

Meilleur temps en qualifications :

1'26"117 (Tambay - 1983)

Meilleur temps en course :

1'28"330 (Lauda - 1983)

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