Mais en 1985, le circuit de Kyalami connait un coup d’arrêt. La politique actuelle du pays, sous le régime de l’apartheid, est condamnée par de nombreux pays qui interdisent tous déplacements et épreuves en Afrique du Sud. D’ailleurs, la France fut l’une des premières à le faire, interdisant la venue de Renault et Ligier en 1985, tout comme l’écurie Zakspeed, absente elle aussi. Pourtant, les problèmes d’ordre politique ne sont pas les premiers à toucher la piste sud-africaine. En 1981, la guerre entre FISA et FOCA, les deux organismes gouvernant la Formule 1, éclate. Les deux partis, qui ne s'entendent pas sur une date commune pour le grand-prix, s’attaquent mutuellement, donnant lieu à une non-course. A la place, c’est une épreuve hors championnat qui est disputée, mais seulement avec les équipes liées à la FOCA. De ce fait, Ferrari, Renault, Alfa Romeo, Talbot-Ligier, Osella et Toleman. Si cette drôle de course fut remportée par Reutemann, l’argentin ne s’en tira pas aussi bien en qualifications, victime d’une sortie de piste l’envoyant dans les grillages, le pilote Williams ne pouvant même plus sortir de sa monture. En 1982, scène encore plus rocambolesque à Kyalami. L’inter-saison 1981-1982 vit l’introduction d’une super-licence, fortement contestée par les pilotes qui n’auront que peu été mis au courant. Pour montrer leur mécontentement, des menaces de grève sont annoncées. Leader du mouvement, Pironi tente de faire plier Ecclestone et Balestre, les présidents de la FISA et de la FOCA pour les contraindre à changer cette super-licence polémique. La première tentative fut un échec mais les pilotes n’en restèrent pas là, allant jusqu’à tous s’isoler dans le salon d’un grand hôtel pour mener la grève. Aussi surprenant que cela puisse paraître, les rivalités s’estompent et les pilotes passent du bon temps. Le lendemain, jour des premiers essais, Pironi retourne s’expliquer, sortant vainqueur des négociations cette fois-ci. Mais avant que ces essais ne débutent, Ecclestone cherche à priver Piquet de son volant, sous prétexte de soucis médicaux. Les pilotes lancent alors une nouvelle offensive, arguant que si le brésilien ne prend pas part aux essais, aucun d’eux ne le fera ! Finalement, tout rentra dans l’ordre et la course put se dérouler sans nouvelles embûches. En 1983, lors de la finale du championnat, des policiers armés évacuèrent l’intégralité du public sur la voie des stands et la grille de départ avec force et violence. Cette action sera le point de départ de la chute de Kyalami, notamment dû à la politique. En 1985, l’histoire est finie. Pourtant, la Formule 1 reviendra sept ans plus tard sur un tracé nouvellement aménagé, bien moins rapide que l’ancien. La nouvelle piste de 4,2 kilomètres fut le théâtre, en 1993, du retour de la confrontation Prost-Senna après l’année sabbatique du français. Mais si la politique entacha l’histoire de ce circuit, la sécurité, parfois précaire, indigna bon nombre de pilotes. En 1973, l’accident entre Charlton et Regazzoni provoque l’embrasement de la voiture de ce dernier. Le suisse reste coincé dans son épave en flammes et sans le secours de Hailwood, il ne serait sûrement pas sorti vivant. Pour autant, l’épreuve n’est pas arrêtée et continue comme si de rien était. L’année suivante, lors d’essais quelques jours avant la course, Revson trouve la mort après qu’une rupture de suspension l’ait envoyé à pleine vitesse dans un rail d’acier. Dès lors, les premières critiques vis-à-vis de la sécurité éclatent et pourtant, rien n’est fait pour changer les choses. En 1975, à la suite d’une fuite d’huile provenant de la monoplace de Peterson, Lauda, Scheckter, Hill et Tunmer se crashent au même endroit, faisant exploser tous les éléments de sécurité bien trop fragiles. Dans l’attente de meilleures protections, les pilotes refusèrent de reprendre le volant avant l’amélioration de ces dernières. Le coup de grâce arriva en 1977. Après le début d’incendie sur la voiture de Zorzi, garée devant les stands, en pleine montée, deux commissaires traversèrent la piste sans aucune visibilité du contrebas. A ce moment-là, quatre pilotes, dont Pryce et Laffite, déboulèrent à pleine vitesse. Si trois d’entre-eux parviennent à éviter les commissaires, ce n’est pas le cas de Pryce qui percuta l’un des d’eux, le projetant en l’air tel une vulgaire poupée. Dans le choc, l’anglais reçu, sur la tête, l’extincteur du commissaire. Tous deux furent tués sur le coup. Laffite, qui n’a vu que peu de la tragédie, continue de faire la course face à la Shadow incontrôlée de Pryce mais les deux voitures s’accrochent. Quand le français s’extirpe de sa monture pour aller s’expliquer avec l’anglais, il découvre, avec horreur, le corps sans vie de son adversaire. Mais comme si cela ne suffisait pas, en 1978, le paddock découvre que les installations devant être montées pour garantir davantage de sécurité sont inexistants, la faute à des propriétaires faisant passer la sécurité au second plan. L’année suivante, une casse de suspension de Pironi provoqua l’arrachement de la roue du français qui atterrissa sur la tête du malheureux, heureusement sans réels dommages. En 1980, c’est Prost et Surer qui sont victimes de très grosses sorties de piste, le second se retrouvant coincé dans sa voiture un long moment. Ce même pilote souffrira d’un autre gros accident deux ans plus tard sur ce même circuit, lui occasionnant plusieurs fractures des talons. En 1984, c’est le pilote Osella Ghinzani qui percuta violemment les barrières avant de décoller. Coupée en deux, la voiture laissa échapper toute l’essence présente dans le réservoir mais fort heureusement, le pilote s'extirpa de son épave, échappant très probablement à une nouvelle catastrophe.