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Circuit de Fuji - Japon

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Fuji, sa montagne, ses cerisiers et son circuit.

Le Japon et la Formule 1, c’est avant tout Suzuka, Honda, Toyota, Suzuki, Sato ou Kobayashi, mais également Fuji. La ville japonaise, célèbre pour son point culminant et enneigé, a été le théâtre des premières manches asiatiques de l’histoire en 1976 et 1977. Initialement conçu pour être un ovale, le Fuji Speedway de l’époque n’a plus grand chose à voir avec le tracé actuel. Si l’interminable ligne droite des stands est toujours d’actualité, le premier virage s’apparentait plus à une longue épingle, contrairement aux des cassures actuelles. En revanche, le deuxième secteur n’a pas évolué Cette longue courbe à droite maltraite toujours autant les pneus aujourd’hui qu’à l’époque. Mais c’est dans sa partie finale que le dessin se différencie le plus. Dans les années 70, le circuit se terminait par une infinie boucle presque complète, relativement ralenti dans sa version moderne avec un enchaînement de chicane et de virages très serrés. Si sur le papier la donne est simple, régler sa monoplace pour une piste comme Fuji relève du casse-tête, surtout lorsque la météo s’en mêle. Le mauvais temps est très souvent de la partie sur la côte est du pays au soleil levant, un comble en soi. Les pilotes en feront particulièrement les frais en 1976, année de la grande première, et quelle première ! Cette folle saison n’aura clairement pas manqué de péripéties et la manche nippone ne fera pas exception à la règle. Placé en toute fin de calendrier, ce rendez-vous ne représente rien d’autre que l’épilogue du duel Niki Lauda - James Hunt. La pression est maximale dans les deux camps et les télévisions du monde entier n’en ratent pas une miette. En qualifications, les deux rivaux se suivent, uniquement devancé par la Lotus d’Andretti. Si l’avantage comptable est pour l’autrichien, son récent accident quasi-mortel au Nürburgring et le retour en forme des McLaren M23 redonnent beaucoup d’espoir à Teddy Mayer et ses hommes, sûrs de pouvoir battre la grande Scuderia d’Enzo Ferrari. Mais le jour fatidique, les cieux sont bouchés et ne laissent voir aucune amélioration à l'horizon. Pire encore, le violent orage qui tombe sans cesser rend les conditions de course tout simplement impossible à dompter. Le briefing des pilotes démontrent bien l’envie de ne pas courir, sauf pour les plus casse-cous. Si les petites équipes voient ici une opportunité en or de scorer de précieux points, les Lauda ou Fittipaldi sont plus sceptiques. Le départ est tout d’abord retardé mais face aux exigences de la FIA et du CSI, le grand-prix du Japon est lancé. Sur les flaques de la piste nippone, les voitures glissent, dérapent. L’habileté des hommes au volant ne fait pas tout et les têtes-à-queue s'enchaînent, les sorties de route également. Après deux boucles, alors qu’il dégringole dans le classement, Niki Lauda regagne les stands pour abandonner volontairement. Si Forghieri veut préserver son pilote et son image en mentant sur les raisons du retrait, l’autrichien est formel : c’est bien lui qui décide d’arrêter là. La météo épouvantable pousse à prendre des risques inconsidérés, un sentiment de trop-plein pour le champion 1975, traumatisé par son crash allemand. Sur le bitume largement détrempé, la course se poursuit, même si la luminosité baisse franchement tour après tour. En tête depuis le début, James Hunt mène la charge car il le sait, ce classement lui ouvre une voie royale vers un titre inespéré. Mais peu à peu, la pluie diminue et la piste devient praticable. A moins de dix boucles du terme, Depailler, puis Andretti passent la McLaren. Si la Tyrrell à six roues crève quasi instantanément, c’est le pneu avant-droit de la M23 de l’anglais qui reste sujet à discussion. Son état d’usure est avancé et la crevaison tant redoutée pourrait subvenir d’un moment à l’autre. Cela ne rate pas avec un arrêt précipité à quatre tours du but. Si le pneu défaillant est rapidement changé, personne ne connaît le classement final. Au passage sur la ligne, Andretti impose sa Lotus 77 mais c’est bien derrière que les yeux de tous se tournent. Après quelques minutes à tergiverser, le résultat officiel tombe. En se débarrassant de Regazzoni et Jones dans l’avant-dernier tour, James Hunt arrache la troisième position, synonyme de titre mondial pour un petit point sur Lauda ! L’anglais, tout d’abord en colère pour son passage aux stands impromptu, explose de joie à l’annonce de sa consécration. Lauda n’ira pas féliciter son successeur au panthéon, étant déjà reparti à bord de son hélicoptère. L’autrichien qui ne remettra d’ailleurs plus les pieds sur cette piste, décidant de quitter la Scuderia à l’obtention de son deuxième sacre, lors du week-end précédent. C’est donc à nouveau Gilles Villeneuve qui sera associé à Reutemann pour cette course sans réels enjeux. Comme en 1976, Andretti et Hunt se partagent la première ligne et comme en 1976, c’est le champion sortant qui s’empare du commandement. L’américain ne s’en sortira pas de la meilleure des manières, pris dans un terrible accident dès le deuxième passage. Mais c’est quatre tours plus tard que le mot drame prend tout son sens. En attaquant le premier virage, le fougueux Villeneuve ne peut éviter le contact avec la Tyrrell de Peterson. Les deux voitures s’accrochent et la Ferrari 312 T2 est rapidement propulsée dans les airs. Après plusieurs cabrioles, l’italienne traverse les grillages de protections, percutant plusieurs personnes, dont deux spectateurs imprudemment placés en bordure de piste. Les deux malheureux sont tués sur le coup alors que sept autres individus sont évacués par ambulance. Malgré cette tragédie, l’épreuve continue et rien ne pourra empêcher Hunt de remporter son dixième et dernier succès en Formule 1. Longtemps second pour le compte de Ligier, Laffite tombe en panne d’essence dans les derniers kilomètres, laissant Reutemann et Depailler grimper sur le podium final. Un podium aux allures de trahison pour le peuple nippon puisque seul le français s’y trouve, ses deux autres camarades ayant choisis de quitter le sol japonais aussitôt la course terminée. L’histoire de Fuji vient-elle de s’achever sur ce goût de trop peu ? Pas vraiment.

Après le rachat du circuit par Toyota en 2000 et d’importants travaux de modernisation, la Formule 1 est de nouveau apte à affronter les terribles conditions nippones. Subsiste un problème : Suzuka est là. Le tracé en forme de “8” est devenu un mythe depuis son instauration en 1987 et le retirer ne serait pas une bonne chose pour l’histoire du sport. Pourtant, en 2007, pas de traces de Suzuka au calendrier. Sous l’impulsion du constructeur local, le Fuji Speedway réintègre le grand cirque de la F1 mais l’organisation laisse à désirer. Le trafic alentour est bouché, les tribunes et alentours surbondés et les points de vue laissent à désirer. Les signes d’encouragements autres que ceux pour Toyota sont même prohibés ! Reste que le Japon ne déroge pas à la règle avec une météo typiquement désastreuse. Après le brouillard qui réduit le temps de roulage en essais, c’est la pluie qui perturbe le dimanche. Le départ est donné derrière la voiture de sécurité qui ne s’effacera qu’au bout de 19 tours ! Alors que les Ferrari perdent pied en stoppant durant cette période à cause d’un mauvais choix de pneus, la meute est enfin lâchée. Rapidement, les McLaren de Hamilton et Alonso prennent le large, suivies d’un étonnant Vettel et sa Toro Rosso, profitant de l’accrochage entre Heidfeld et Button devant lui. Dans le même temps, alors que Wurz détruit sa Williams contre la F2007 de Massa, Webber, victime d’un intoxication alimentaire, vomit littéralement dans son casque sans pour autant abandonner. Dans la deuxième moitié d’épreuve, Alonso perd le contrôle de sa monture argentée et tape violemment le mur. Les points perdus ici-même seront déterminants en fin de saison. Alors que l’épreuve est à nouveau neutralisée, Vettel percute Webber, conduisant à l’abandon des futurs équipiers alors qu’un résultat exceptionnel leur tendait les bras. Il sera admis, par la suite, que cet incident soit finalement la cause d’un brusque coup de frein du leader anglais, piégeant ses adversaires. Le britannique s’impose sous cette pluie diluvienne devant Kovalainen, auteur de son premier podium en catégorie reine, et Raikkonen. Le dernier tour qui sera sujet à débat avec la splendide bataille opposant Massa à Kubica, les deux hommes s’échangeant continuellement les positions jusque dans le dernier virage, avant que le brésilien ne prenne l’ascendant, non sans être passé au-delà des limites de piste. Ayant appris de leurs erreurs, les organisateurs mettent les bouchées doubles pour garantir un spectacle à la hauteur de Suzuka. Malheureusement pour eux, la météo n’est toujours pas de la partie. Le crachin est bien moins important et la course ne s’en trouvera pas perturbée. A l’extinction des feux, Hamilton tasse son équipier finlandais hors des limites du premier virage, entraînant avec lui Raikkonen. Kubica s’empare de la tête alors que derrière, Coulthard pulvérise sa Red Bull. Au deuxième passage, Massa tente de s’infiltrer devant Hamilton à la chicane mais la Ferrari manque la manœuvre et touche la McLaren-Mercedes, à l’envers sur la trajectoire. Les deux hommes recevront chacun une pénalité, l’un pour avoir forcé un pilote à aller au-delà de la ligne blanche, l’autre pour la collision. Si le brésilien s’en sort le mieux, il se fera pourtant pousser par Bourdais en sortie de stands, le malheureux français qui écopera lui aussi d’une pénalité pour cet incident. Devant, les stratégies se déroulent et à ce jeu-là, c’est Renault qui s’en sort le mieux, propulsant Alonso en tête, devant Kubica et Raikkonen. Le résultat final sera inchangé, pour la plus grande joie du clan tricolore, signant alors le dernier succès d’une Renault en Formule 1…

Après deux années de bons et loyaux services, la FOM demande une alternance avec le concurrent Suzuka. Finalement, rien ne sera fait et le Fuji Speedway ne retrouvera plus jamais sa place en F1. Jadis traître avec les pneus et les nerfs, la piste nippone a clairement perdu de son intérêt avec ses modifications modernes. Le charme d’antan n’est plus et l’organisation de l’évènement par Toyota, disparu des girons de la F1 depuis lors, ne laisse guère espérer un retour imminent sur ce tracé faisant encore les beaux jours de l’endurance, du moins, quand le ciel le permet…

Le circuit de Fuji en chiffres...

Années de présence en Formule 1 :

1976 - 1977 ; 2007 - 2008

Longueur :

4,563 km

Nombre de tours :

67

Meilleur temps en qualifications :

1'18"404 (Hamilton - 2008)

Meilleur temps en course :

1'18"426 (Massa - 2008)

Mis à jour le 

16/10/2025

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