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Circuit de Buenos Aires - Argentine

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L’Argentine, terre de l’un des plus grands pilotes de la discipline, mais aussi lieu de course avec son fameux tracé aujourd’hui oublié : le circuit de Buenos Aires.

Tracé à quelques kilomètres de la capitale argentine, le circuit de Buenos Aires sortit de terre en 1952. L’année suivante, et sous l’impulsion d’un Juan-Manuel Fangio en grande forme, la Formule 1 réalise sa première “vraie” expédition extra-européenne, si l’on excepte les 500 Miles d’Indianapolis. Mais cette première édition sera tout sauf un bon souvenir pour une nation toute entière. Face à l’immense intérêt de la population pour cette compétition, les organisateurs sont dépassés. Des centaines de milliers d’argentins se ruent en bord de piste pour admirer les bolides, d’un peu trop près. Lors de la course, un adolescent coupa la route de Farina qui déboulait à vive allure. En voulant l’éviter, le pilote Ferrari perdit tout contrôle de sa monture qui finira par s’écraser dans le public, provoquant plusieurs décès. L’hécatombe se poursuit un peu plus tard avec l’accident d’une autre voiture puis par l’intervention des ambulances, elles aussi responsables de nouvelles victimes. L’épreuve se poursuit comme si de rien était, couvrant de lauriers les Ferrari, toutes trois sur le podium à l’arrivée. Pour éviter de nouveaux problèmes, le sens est inversé en 1954, avant d’être rétabli dès 1955 dans son ordre d’origine. Durant sept années, excepté 1959, la Formule 1 utilise une seule et même configuration, bien que la piste argentine soit dotée d’une multitude de dessins différents. Le premier changement interviendra en 1972 avec la suppression de l’épingle, puis en 1974, avec l’ajout d’une importante boucle entourant un lac, ajoutant une zone de pleine charge de plus de quarante secondes, de quoi faire souffrir les moteurs. Ce tracé sera maintenu jusqu’à la disparition de la piste du calendrier en 1981, avant son grand retour de 1995 à 1998. Là, les pilotes empruntent un circuit bien raccourci et plus sinueux, diminuant grandement les possibilités de dépassements. Si le manque d’actions en piste influe sur le spectacle, il est une done propre à l’Argentine qui aura une grande influence sur les grands-prix : la chaleur. Disputées entre Janvier et Avril, soit en plein été austral, les courses sont souvent soumises à des conditions de températures extrêmes, frôlant parfois les quarante degrés à l’ombre. Dans les années 50, alors que les pilotes roulaient parfois pendant trois heures, nombreux étaient ceux qui partageaient leur baquet pour rallier l’arrivée, si tant est que la mécanique tienne le coup. Ainsi, en 1955, le héros local Fangio fut le seul à croiser le drapeau à damier tout en pilotant seul, le tout en complétant l’intégralité des quatre-vingt-seize tours prévus. En 1958, alors que l’argentin venait de coiffer sa cinquième couronne mondiale, il prit le départ de son avant-dernier meeting. Ce jour-là, c’est l’un de ses ex-équiper Stirling Moss qui rafla la victoire sur sa Cooper, la première d’une monoplace à moteur arrière. Deux ans plus tard, en 1960, Bruce McLaren remporte son deuxième succès en catégorie reine lors d’une course où la chaleur intense règna, provoquant d’improbables scènes de personnes jetant des seaux d’eau sur les pilotes dans certains virages. Par la même occasion, ce fut le dernier podium de Trintignant, alors que le local de l’étape Gonzalez, premier vainqueur sur Ferrari, tirait sa révérence. Sans stars à soutenir, l’Argentine délaisse son circuit.

Ce n’est que onze ans plus tard, en 1971, que la Formule 1 réapparaît au pays de Fangio, dans le cadre d’un grand-prix hors-championnat. La foule est de nouveau présente pour son retour officiel l’année suivante avec le débarquement en fanfare de Carlos Reutemann, poleman pour son premier départ, évènement rare pour la discipline. Malheureusement pour lui, un mauvais choix de gommes finira par noyer tous ses espoirs de bien figurer à l’arrivée. En 1973, la lutte pour la victoire est intense entre Cevert et Fittipaldi mais au final, dans les derniers instants de course, le brésilien surprend le français pour s’emparer d’un nouveau succès. Dès l’année suivante, c’est le nouveau et long tracé qui rentre en jeu et c’est le héros local, surnommée Lole, qui prend les devants après un très bon envol. S’il mène quasiment tous les tours, un étonnant bris de sa grosse brise d’air le pénalise dans la partie rapide. Pire encore, il est contraint de s’arrêter dans l’avant-dernier tour, en panne sèche, conséquence d’une grosse boulette en calcul de la part des mécaniciens Brabham. L’argentin est en larmes, laissant échapper un succès pourtant bien mérité. Et c’est finalement le champion 1967 qui récolte les lauriers, décrochant sa huitième et dernière victoire. En 1975, Jarier décroche une impressionnante pole position sur sa modeste Shadow mais malheureusement pour lui, sa mécanique le trahira avant même le départ. Si les Brabham étaient favorites, c’est finalement Fittipaldi qui s’offrit, une nouvelle fois, les lauriers de la première place, devant l’étonnant James Hunt et sa Hesketh. Après une annulation pour raisons politiques en 1976, le tracé de Buenos Aires revient dès 1977, toujours sur le grand circuit. Et quel retour. Au bout des cinquante-trois tours de course, Scheckter glane un succès inespéré sur sa toute nouvelle Wolf, de sortie pour la première fois. En 1978, Andretti domine de la tête et des épaules mais c’est bien son équipier Peterson qui passe le premier sous le drapeau à damier. La raison ? Une erreur du préposé au drapeau qui n’a pas attendu la bonne voiture, un certain Juan-Manuel Fangio. En 1979, et à la surprise générale, les Ligier se montrent les plus véloces et bloquent la première ligne. Au départ, un accrochage au cœur du peloton entre Scheckter et Watson provoque une sacré pagaille entre les concurrents, se percutant à tout va. La course est interrompue avant de repartir une heure plus tard, amputé de certaines voitures. L’année suivante vit la montée de colère des pilotes, critiquant ouvertement les faibles installations de sécurité et le délabrement de la piste à chaque passage des monoplaces. Les modestes travaux arrangés en hâte n’y feront rien et le grand-prix se tiendra sur un circuit passablement détruit, occasionnant de nombreuses sorties de piste. Au final, c’est Alan Jones qui s’impose, devant Piquet et Rosberg, tous deux sur leur premier podium en Formule 1, de même pour l’écurie Fittipaldi. Un peu plus loin, au sixième rang, un certain Alain Prost accroche son premier point, le début d’une longue série. La course fut également marquée par le gros accident de Villeneuve, propulsé à vive allure contre les barrières en acier à la suite d’un bris de suspension. Puis l’année suivante, en 1981, Piquet mène sa Brabham au triomphe devant le héros local, jamais prophète en son pays, et le jeune espoir français Prost, grimpant sur son premier podium avec Renault. Mais au début des années 80, l’Argentine se livre une guerre politique avec le Royaume-Uni, berceau de la Formule 1. Le pays sud-américain s'éclipse donc de longues années, avant son second retour, en 1995, sur une piste totalement remodelée. Les pilotes sont unanimes sur l’ennui et l’absence de technicité de la piste argentine. Les quatre éditions seront surtout marquées par différents incidents. En 1995, un tête-à-queue d’Alesi provoque de multiples accrochages au départ. L’année suivante, Badoer nous offrit une belle cabriole tandis que Diniz sortait miraculeusement de sa Ligier en flammes après une casse moteur. En 1997, un accident entre M.Schumacher et Barrichello au premier virage provoqua l’abandon des deux pilotes, un retrait qui mathématiquement aurait pu lui suffire en fin de saison. Le Baron Rouge qui démontra toute sa fougue en 1998 lorsque son rival David Coulthard manqua totalement son point de corde. En plongeant à l’intérieur pour récupérer la tête, le pilote Ferrari n'imaginait sans doute pas un instant le fait que la McLaren se rabattrait sur lui. Le contact est inévitable. La monoplace grise et noire part en toupie, laissant libre champ à l’allemand pour contrecarrer, pour la première fois, la domination des voitures de Woking…

Mais cette ultime course en Argentine n’aurait pas dû être la dernière et pourtant, la politique ainsi que l’argent s’en sont mêlés. Sans pilotes de premier plan, sans réels investissements sur son tracé, l’un des pays les plus victorieux de la discipline abandonne sa place au calendrier, perdant par la même occasion son accréditation FIA. Quelques projets de retour à Buenos Aires, sur un tracé urbain cette fois-ci, furent réfléchis mais aucun d’entre eux ne verra finalement le jour. Les pilotes sud-américains se faisant plus rares de nos jours, l’espoir de voir revenir cette grande nation semble désormais révolue...

Le circuit de Buenos Aires en chiffres...

Années de présence en Formule 1 :

1953 - 1958 ; 1960 ;1972 - 1975 ; 1977 - 1981 ; 195 - 1998

Longueur :

4.259 km

Nombre de tours :

72

Meilleur temps en qualifications :

1'24"473 (Villeneuve - 1997)

Meilleur temps en course :

1'27"981 (Berger - 1997)

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