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Circuit de Brands Hatch - Grande-Bretagne

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Si Silverstone reste le tracé anglais par excellence, il existe un petit circuit perdu dans la campagne anglaise qui pourtant, marqua l’histoire de la Formule 1 : Brands Hatch.

Niché au beau milieu de la verdoyante campagne du Kent, à une trentaine de kilomètres de la capitale Londres, le circuit de Brands Hatch reste l’un des plus beaux que la catégorie reine ait pu avoir. Tracé simple au premier abord, il est pourtant des plus difficiles à dompter. Epingle en pleine côte, important dénivelé, courbes rapides en aveugle, étendues d’herbe et bacs à sable, bosses, que d’ingrédients pour une piste d’un peu plus de quatre kilomètres. Apparu pour la première fois au calendrier en 1964, le circuit anglais participa à l’alternance avec Silverstone jusqu’en 1982, avant d’apparaître chaque année jusqu’en 1986. Au total, ce sont quatorze grands-prix qui se seront tenus ici. Mais avant de connaître sa première course, la piste était utilisée pour mener tests et essais pour les nombreuses équipes anglaises inscrites au championnat du monde. C’est en 1954 que les Formule 1 posèrent leurs roues pour la première fois, dans le cadre d’une épreuve hors-championnat. Rapidement, le tracé anglais s’imposa comme l’un des plus complexes mais aussi comme l’un des plus intéressants. Le championnat du monde de Formule 1 y débuta officiellement en 1964, voyant la victoire d’un certain Jim Clark, exténué après deux longues heures de pilotage intense. Il faut dire que Brands Hatch n’a rien d’un circuit tranquille mais s’affirme plutôt comme un circuit d’homme, de courageux. Beaucoup parlèrent de danger mais dans une époque où la sécurité n’était qu’à ses balbutiements, les maigres infrastructures n’inqiuétaient personne. En 1968, Jo Siffert remporta son premier succès sur une Lotus 49 privée du team Rob Walker, profitant notamment des soucis de transmission du pilote officiel Jackie Oliver. Dans ans plus tard, l’histoire est des plus surprenantes. Facile leader de l’épreuve, Brabham voit son moteur tousser à l’abord des derniers virages, la faute à un réservoir désespérément vide. En roue libre jusqu’à la ligne, il ne pu empêcher Rindt de lui voler un succès pourtant destiné. Comme un clin d’œil à la même mésaventure de Monaco quelques semaines auparavant. Cette même année, un jeune brésilien du nom de Fittipaldi effectue son premier départ en Formule 1. C’est lui-même qui s’y imposera deux ans plus tard, lors de sa triomphale saison 1972. L’édition 1976 fut l’une des plus contestées. Après un premier carambolage au départ mettant au tapis Regazzoni, Laffite, et surtout Hunt, la course est arrêtée. Un second départ est donc prévu, sans ces trois pilotes comme le stipule le règlement. Indigné par cette mesure, le public crie le nom de Hunt. Sous la pression des spectateurs, et malgré le total désaccord de Ferrari ou de Lotus, les trois monoplaces sont à nouveau admises au départ. La seconde manche vit alors une bataille très serrée entre les deux principaux rivaux Lauda et Hunt, à l’avantage de l’anglais, qui finira finalement disqualifié quelques semaines plus tard. En 1978, le duel opposa Lauda et Reutemann après l’abandon des deux Lotus, avec la victoire finale de l'argentin face à l’autrichien. Ce dernier finira par l’emporter à deux reprises, tout d’abord en 1982, édition marquée par la première pole de Rosberg et le premier podium de Tambay, la seconde en 1984, également marquée par le scandale Tyrrell. En effet, les machines anglaises furent analysées lors de la tournée nord-américaine et diverses traces d’essence et de billes de plomb furent retrouvées dans le réservoir d’eau. L’astuce était de partir sous le poids autorisé par la FIA avant de s’arrêter aux stands en fin d’épreuve pour lester la voiture et ainsi la rendre conforme. La fraude fût alors étudiée et à Brands Hatch, l’équipe apprend sa disqualification au championnat du monde 1984, tout en étant autorisée à courir à nouveau. En 1983 et 1985, le tracé anglais compte pour le grand-prix d’Europe, formule permettant au Royaume-Uni d’organiser deux épreuves sur ses deux joyaux des sports mécaniques. En 1983, c’est de Angelis qui réalise sa première pole position avant que deux ans plus tard, Mansell l’emporte pour la première fois. Cette même année, Prost conquit le premier de ses quatre titres mondiaux, à deux courses du but. En 1986, la Formule 1 voit réapparaître dans son paddock l’une de ses figures les plus emblématiques : Frank Williams. Gravement accidenté quelques mois plus tôt, le voici sur sa chaise roulante, très amaigri. Pour fêter son retour, ses pilotes, Mansell et Piquet, lui offrirent un spectacle que le public, venu en masse, n’oubliera jamais. Bien installé en tête, le brésilien ne pu se défaire de son diabolique équipier mais après un passage de vitesse raté, le moustachu plongea sur l’autre Williams, s’emparant de la tête par la même occasion. S’en suivit un duel des plus mémorables entre les deux machines bleues, blanches et jaunes, sans que le brésilien ne trouve pour autant l’ouverture. Les spectateurs n’en demandèrent pas tant mais malgré une course des plus passionnantes, jamais plus la Formule 1 ne se rendra à Brands Hatch, la faute à une sécurité que trop peu garantie…

Car oui ce circuit avait un problème : sa sécurité. Au début des années 60, les barrières n’étaient pas obligatoires en bord de piste et en pleine forêt, difficile d’imaginer autre chose que des arbres pour border la piste. Fort heureusement, les incidents furent assez rares en cette décennie mais en 1971, tout bascula. Lors d’une course hors-championnat, baptisée “World Championship Victory Race”, Jo Siffert, vainqueur en 1968, trouva la mort dans un effroyable accident. Coincé dans son épave en flammes et gravement blessé, le suisse ne survécu pas. Une modernisation du circuit devait être entreprise pour éviter de nouvelles catastrophes. Ce fut chose faite dès 1972 avec l’arrivée de nouvelles infrastructures, notamment de nouveaux stands, de nouvelles tribunes. L’année suivante, lors de la “Course des Champions”, Gethin réussit l’exploit de gagner la course à bord d’une Formule 5000 ! En 1974, le tracé est légèrement redessiné dans la cuvette derrière les stands, de manière à ralentir les monoplaces mais problème, le bitume se dégrade au passage des monoplaces, occasionnant de multiples crevaisons, dont le leader Lauda, à quelques boucles du but. Obligé de s’arrêter à l’entame du dernier tour, l’autrichien ne pu même pas repartir des stands, la faute à un public envahissant la piste pour approcher au plus près des bolides. En 1978, quelques temps avant la tenue de la course, l’écurie Brabham testa sa fabuleuse et tant décriée BT46B et son énorme ventilateur à l’arrière. Très satisfait des résultats, Gordon Murray, le concepteur de la voiture, décida de l’envoyer pour sa première course, en Suède. Cette même année, lors du grand-prix officiel, Pironi fut victime d’une étonnante défaillance de sa Tyrrell. Oubliez la traditionnelle casse de boite de vitesses car cette fois-ci, c’est toute la boite qui se désolidarisa du châssis de la monoplace. En 1980, à nouveau Pironi, alors leader, voit l’un de ses pneumatiques éclater, laissant libre champ à Laffite pour caracoler en tête. Mais quelques boucles plus tard, c’est la Ligier qui est victime de la même défaillance, envoyant son pilote loin dans le décor, heureusement sans blessures. Deux ans plus tard, Brabham fait à nouveau sensation en annonçant que ses voitures ravitailleront en essence en course. En partant avec moitié moins d’essence, les machines blanches et bleues détruiront moins leurs gommes et préserveront d’autant plus la mécanique. Ce ballet minutieusement préparé et testé en coulisses ne s’effectuera pas, les deux monoplaces renonçant après quelques tours de course. Mais après l’épreuve, plusieurs voix s’élèvent face au manque de sécurité du circuit, notamment après les deux accidents mortels ayant ponctués cette douloureuse saison. Jusque là assez épargné, le circuit de Brands Hatch finira par connaître quatre accidents menant à sa disparition. Le premier arriva en 1984 lors des premiers essais lorsque Cecotto, pilote Toleman, sorti violemment de la piste, percutant de plein fouet les barrières, elles aussi détruites. Si le vénézuelien s’en tire avec quelques fractures, sa carrière en Formule 1 est terminée. Deux jours plus tard, lors de la première descente après l’épingle de Druids, Patrese perdit le contrôle de sa monture, entrainant l’accrochage de quatre machines derrière lui. Lancée à pleine vitesse, certaines monoplaces passèrent tout proche du public présent en masse sur les buttes aux abords du circuit. Au onzième tour, c’est Palmer qui explosa sa RAM, obligeant les commissaires à arrêter la course pour réparer les barrières elles-aussi démolies. Puis deux ans plus tard, en 1986, c’est au départ que tout se passa. Envoyé vers l’intérieur de la piste avant le premier virage à cause d’un carambolage, Laffite percuta de face la barrière. Si la voiture s’immobilise aussitôt, le pauvre français reste bloqué dans son épave. Comme Cecotto en 1984, sa carrière venait de s’arrêter ici, à Brands Hatch avec de très nombreuses fractures causées par l’accident. Après presque une heure d’intervention, le départ est redonné, pour la dernière fois sur ce fabuleux tracé. Jugé trop dangereux par et pour la Formule 1, le circuit anglais n’est plus admis en catégorie reine.

Si le circuit de Brands Hatch n’a aujourd’hui pas changé, c’est par son dessin naturel spectaculaire. Bien que non-adapté aux F1 modernes, il est le témoin de nombreux rassemblements d’anciennes monoplaces ayant fait la gloire de ce tracé si particulier et intéressant. Les courses y auront toujours été palpitantes et serrées mais le danger aura finalement eu raison de cette piste ayant fait les jours heureux de la discipline. Par la suite, seul Silvertone organisa le grand-prix du Royaume-Uni, rejoint par Donington pour le fabuleux et iconique grand-prix d’Europe 1993.

Le circuit de Brands Hatch en chiffres...

Années de présence en Formule 1 :

1964, 1966, 1968, 1970, 1972, 1974, 1976, 1978, 1980, 1982-1986

Longueur :

4.207 km

Nombre de tours :

75

Meilleur temps en qualifications :

1'06"961 (Piquet - 1986)

Meilleur temps en course :

1'09"593 (Mansell - 1986)

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