Circuit d'Indianapolis - Etats-Unis
Quand la Formule 1 rencontre le circuit de la course la plus rapide du monde, le spectacle est garanti. Bienvenue à Indianapolis.
Quel fanatique de sports mécaniques ne connaît pas le circuit américain d’Indianapolis ? Cet ovale rectangulaire accueille depuis 1911 l’épreuve la plus rapide au monde : les fameux 500 Miles d’Indianapolis. Si les monoplaces d’Indycar sont les seules à concourir lors de cet évènements aujourd’hui, les Formule 1 y était accueillies de 1950 à 1960. Cette course comptait donc pour le championnat du monde mais pour autant, elle n’intéressait personne dans la discipline. De ce fait, quasiment aucun pilote de Formule 1 n’a participé à la classique américaine durant ces onze premières années et quasiment aucun pilote courant les 500 Miles n’a roulé en Formule 1. En 1960, la séparation est effectuée. Dès lors, la catégorie reine quitta le temple de la vitesse américaine, tout en continuant à visiter d’autres grands circuits tels que Sebring ou Watkins Glen. A la suite de l’échec de Detroit, les Etats-Unis deviennent les grands absents du calendrier. La raison ? Des circuits très souvent urbains, identiques les uns les autres, et surtout, un manque d’intérêt de la part des américains, habitués à la NASCAR où au CART. Ce n’est qu’en 1998 qu’un nouveau projet voit le jour, et pas des moindres : le retour à Indianapolis. Bien sûr, rouler sur l’ovale n’aurait aucun sens pour des Formule 1 et c’est pour cela que l’aménagement d’un circuit intérieur, appelé “Infield”, voit le jour cette même année. Le tracé reprend la voie des stands et le premier virage de l’ovale, premier virage qui devient le dernier sur le nouveau circuit puisque contrairement aux 500 Miles, la Formule 1 roule dans le sens des aiguilles d’une montre. La piste, très plate, se compose de nombreuses courbes et épingles, entourées de bacs à sable et d’étendues d’herbe. Mais l’élément le plus important, c’est bel et bien ce dernier virage et son fameux banking, responsable d’importants incidents. De plus, la longue pleine charge menant jusqu’au premier enchaînement est un réel supplice pour les moteurs, atteignant leur rupteur en bout de ligne droite. De ce fait, le son criard des V10 et V8 de l’époque résonne entre les tribunes et l’allée des stands pour le plus grand plaisir des spectateurs présents sur place. Et de la place, il y en à Indianapolis. Certes, l’ovale comporte plus de places assises que l’Infield mais la démesure américaine fait que plus de 150 000 personnes peuvent assister à l’épreuve ! Lors de l’épreuve inaugurale en 2000, le public s’était déplacé en masse et il faut dire que qu’il n’a pas été déçu. Durant la course, la fantastique bataille Coulthard - M.Schumacher pour la tête profita à Häkkinen qui raccrocha le wagon du duo jusqu’à ce que l’allemand finisse par trouver l’ouverture sur l’écossais, à l’extérieur, dans le premier virage, avant que le moteur du champion 1999 ne rende l'âme. Mais un an plus tard, l’atmosphère est très différente. Dix-neuf jours après les attentats du 11 Septembre 2001, les Etats-Unis accueillent la Formule 1, premier événement d’envergure international depuis la tragédie. En preuve de soutien, les écuries arborent de nombreuses inscriptions et drapeaux américains sur leur carrosserie. Alors qu’Alesi disputait sa deux-centième et avant-dernière course, Häkkinen remportait sa dernière victoire en catégorie reine. En 2002, année du monopole Ferrari, le finish fut assez étonnant. Leader depuis le départ, le quintuple champion allemand ralentit en vue de l’arrivée. La raison ? Attendre Barrichello pour franchir la ligne ensemble, côte à côte. L’image aurait pu être réussie si le brésilien n’avait pas passé son équipier juste avant la ligne, s’appropriant une victoire non-méritée, possible revanche de l’épisode autrichien. En 2003, c’est la lutte pour le titre de champion du monde qui est au coeur de toutes les discussions. Entre le baron rouge, Raikkonen et Montoya, seuls sept petits points les différencient au championnat. Pour l’occasion, de très nombreux fans colombiens firent le déplacement pour saluer leur héros et sa Williams. Qualifiés premier et quatrième, le pilote McLaren et le pilote Williams étaient favoris à l’instar d’un M.Schumacher seulement septième sur la grille. C’est alors que l’impensable se produisit. Montoya percuta Barrichello et écopa d’une très sévère pénalité, trop sévère au goût de certain. De plus, la pluie arrosa le tracé de l’Indiana et sous ses conditions, la F2003-GA du champion en titre était la meilleure. Vainqueur de l’épreuve, l’allemand s’offrit une belle carte pour s’imposer au championnat, ce qu’il réalisa deux semaines plus tard à Suzuka. Ce fut également la dernière apparition sur le podium de Frentzen, étonnant troisième sur sa Sauber Petronas. Le pilote Ferrari sera d’ailleurs intouchable les trois années suivantes, la chance étant de son côté en 2005. En 2004, le japonais Sato créa la surprise en terminant troisième de la course, son seul podium en catégorie reine. À défaut de succès en Formule 1, le pilote BAR se rattrapera quelques années plus tard, remportant à deux reprises les 500 Miles. En 2007, c’est le jeune Hamilton qui décrocha sa deuxième victoire consécutive avec sa McLaren alors que plus loin, en huitième place, Vettel marquait son premier point pour son premier grand-prix, en remplacement de Kubica, devenant alors le plus jeune pilote à inscrire un point, record battu par Kvyat en 2014. Si le tracé plaisait à la majorité des pilotes, tout s’arrêta brusquement en 2007, le promoteur annonçant l’arrêt des courses de Formule 1 à Indianapolis. Si la décision surprend, la cause remonte à trois ans plus tôt, lors de l’édition 2004.
2000
2002
2007
2000
Car cette année-là, un événement boulversa l’histoire du grand-prix américain. Tout commença avant même le départ lorsque la Williams de Montoya refusa de démarrer. S’en suit alors un sprint intense du colombien jusqu’à sa voiture de réserve mais ce qu’il ignorait, c’est que cette manoeuvre était interdite. De ce fait, il sera disqualifié en cours d'épreuve. Au neuvième tour, le pneumatique arrière droit d’Alonso explose et envoi l’espagnol dans le mur, à l’abord du premier virage. Mais au tour suivant, c’est la Williams de R.Schumacher qui est victime de la même déconvenue, cette fois-ci, dans le banking. Le choc est très violent, la voiture disloquée. De longues minutes, le pilote allemand reste bloqué, sans bouger de sa monoplace. Il fut évacué à l’hôpital où lui sera diagnostiqué une fracture de la colonne vertébrale. Se posent alors de nombreuses interrogations sur les deux crevaisons subites des pneumatiques Michelin, sans réponses. La course se poursuit normalement et exceptées les nombreuses casses moteurs, aucun autre incident n’est à déplorer. Mais en 2005, c’est la catastrophe. Durant les essais, R.Schumacher, malchanceux une nouvelle fois, voit l’un de ses pneumatiques exploser en plein banking. Résultat, sa Toyota est pulvérisée dans le mur, au même endroit que l’an passé. Dès lors, l’alarme sonne chez Michelin. Le manufacturier français, qui a mené des tests sur circuit et dans ses usines en France, annonce que ses gommes ne peuvent supporter l’effort que demande ce virage relevé. Ce que Michelin ne savait pas, c’était que le tracé avait été resurfacé pour augmenter l’adhérence, au contraire de Bridgestone qui aura prévu le coup en fabriquant une nouvelle gamme de pneumatiques. Or, comme l’exige le règlement 2005, les changements de gommes lors des ravitaillements sont interdits. Le constructeur français tenta de faire changer cette règle pour la course, demandant à chaque équipe de faire arrêter leurs voitures tous les dix tours pour tenir la distance, mais cette demande fut refusée. L’instauration d’une chicane dans le banking fut alors étudiée mais pour des raisons de sécurité et d’assurance, cette décision ne fut pas retenue non-plus. Alors que faire ? Le débat durera jusqu’à la mise en grille des voitures et c’est là que la réponse fut apportée : le retrait de toutes les monoplaces équipées de gommes Michelin. Si toutes les voitures furent présentent sur la grille, quatorze sur les vingt ne prirent pas le départ. Cette parodie de grand-prix, avec six voitures au départ, uniquement équipées de Michelin, passa très mal auprès des spectateurs sur place et devant leur télévision. Les images insolites de six voitures disséminées sur la grande ligne droite des stands firent le tour du monde. La Formule 1 fut moquée, Michelin accusé. A l’issue de cette course totalement tronquée, les Ferrari emmenèrent les deux Jordan et les deux Minardi jusqu’à l’arrivée, sous les huées des quelques spectateurs encore présent dans les gradins. Mais l’histoire ne s’arrêta pas à ce simple événement puisque les équipes chaussées de Michelin furent accusées pour ne pas avoir pris part à course, un scandale qui ternira grandement la Formule 1. A la suite de ce triste spectacle, Michelin annonça le remboursement des 150 000 billets à ses frais, tout comme l’achat de 20 000 tickets pour l’édition 2006. Une édition elle aussi rocambolesque. Si les gommes françaises sont désormais opérationnelles, ce sont les pilotes qui perturbèrent, involontairement, l’épreuve. Dès le départ, deux carambolages décimèrent un tiers du peloton. Si le premier, touchant Montagny et Klien fut un simple accrochage, le second fut une cascade d’incidents : Montoya percuta son équipier Raikkonen, puis toucha Button, lequel envoya Heidfeld en tonneaux, avant que Speed, premier américain en grand-prix depuis Andretti en 1993, ne se fasse accrocher par le colombien. Un nombre d’abandons qui grandira tout le long de l’épreuve en raison des nombreuses casses de moteur ou de boîte de vitesses. D'ailleurs, les abandons n'étaient pas chose rare sur ce tracé très exigeant avec les mécaniques.
2000
2004
2006
2000
Si l'histoire d'Indianapolis en Formule 1 ne s'est pas terminée de la meilleure des manières, son retour n'est pas à éviter et ce, malgré la présence du Circuit of the America à Austin. Avec l'achat du tracé de l'Indiana par Roger Penske, de plus en plus de rumeurs font état d'un retour prochain au calendrier avec une piste légèrement modifiée pour éviter tout nouvelles embûches.
Le circuit d'Indianapolis en chiffres...
Années de présence en Formule 1 :
1950 - 1960 ; 2000 - 2007
Longueur :
4.023 km (Brickyard) / 4.192 km
Nombre de tours :
73
Meilleur temps en qualifications :
1'10"223 (Barrichello - 2004)
Meilleur temps en course :
1'10"399 (Barrichello - 2004)