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Circuit d'Hockenheim - Allemagne

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Quand l’Allemagne défiait Monza en forêt… Voici Hockenheim.

Car oui, jusqu’en 2002, c’était, avec Monza, le circuit le plus rapide du calendrier. Tout s’explique par son dessin, simple au premier abord. Un premier virage presque à angle droit et c’est parti pour libérer les chevaux le long de ce ruban d’asphalte infini entrecoupé de chicane au cœur même des . L’endurance à les Hunaudières du Mans, la F1 avait le Hockenheimring. Après avoir tapé dans les plus hauts régimes moteur possibles, les pilotes déboulent dans une partie iconique : le Stadium. Ce secteur, qui s’entortille sur lui-même, est dominé par d’imposantes tribunes pouvant accueillir plus de cent mille personnes. Ici, pas un seul arbre en vue mais une succession de virages très lents, contrastant grandement avec le reste du circuit. Là est le paradoxe de l’ancien Hockenheim : réduire l’appui aérodynamique quitte à sacrifier la fin du tour ou monter un gros aileron qui ralenti en ligne droite ? Apparu pour la première fois en 1970 avant de succéder à la Nordschleife en 1977, le circuit n’aura que très peu évolué jusqu’en 2002, les chicanes étant modifiées pour des questions de sécurité. Cette année-là, le tracé se voit métamorphosé. Fini le passage en forêt, place à une longue courbe ponctuée d’une épingle on ne peut plus serrée, avant de revenir vers le Stadium, toujours intact, lui. Remontons quelques années en arrière, là où la nature n’avait pas encore repris ses droits. Lors de son ajout au calendrier pour pallier l’absence du Nürburgring, les avis sont partagés. Beaucoup de pilotes estiment que ce circuit est sans intérêt et tout aussi dangereux. Le décès de Jim Clark ici-même en Formule 2 deux ans plus tôt ne joue clairement pas en faveur de la piste allemande. Dès la première édition, les vitesses de pointe s’affolent et le combat titanesque qui oppose Ickx et Rindt fascine le public. Sept ans plus tard, le grand-prix d’Allemagne s’implante officiellement dans cette région boisée. Scheckter place sa Wolf en pole position pour l’unique fois de son existence avant de laisser Lauda l’emporter le dimanche. Mais si ce meeting de 1977 reste iconique, c’est pour la performance d’un homme : Hans Heyer. Pigiste de luxe pour le compte de l’écurie ATS, l’allemand rate le coche en qualifications et n’est donc pas admis au départ de la course. Cependant, au moment du départ, le voilà prêt à dégainer au bout de la voie des stands. La confusion créée par l’accident entre Regazzoni et Jones ne permet à personne de se rendre compte qu’une monoplace jaune prend la piste ! Le valeureux pilote tiendra neuf tours avant d’abandonner sur ennuis de transmission. Ce n’est qu’à ce moment-là que sa présence est remarquée par les commissaires, qui lui infligèrent immédiatement une disqualification. Deux ans plus tard, c’est un Jones offensif qui l’emporte malgré des pneumatiques au bord de l’explosion, tout comme son moteur Ford-Cosworth. Mais si tout se passait assez bien sur le tracé allemand, 1980 marque un tournant décisif. Lors d’essais privés, quelques jours avant le grand-prix, Patrick Depailler se tue au volant de son Alfa Romeo dans des circonstances toujours inconnues. Le malheureux laisse un vide immense derrière lui et ce n’est pas la victoire hommage de Laffite le dimanche suivant qui changera le cours de l’histoire. Deux ans plus tard, alors qu’une nouvelle chicane est inaugurée dans la courbe nord, nouveau drame. Lors d’une séance d’essais copieusement arrosée, Pironi, qui n’aperçoit pas la Renault de Prost au ralenti, percute de plein fouet la monoplace française. La Ferrari s’envole sur une centaine de mètres avant de lourdement retomber dans une série de cabrioles. Le pilote est sérieusement touché aux jambes mais toujours vivant. Les dégâts infligés à ses membres inférieurs lui coûteront probablement le titre et sa carrière à haut niveau. Fort heureusement, les dernières modifications apportées aux 126 C2 après l’accident mortel de Villeneuve lui ont sûrement sauvé la vie. La Scuderia meurtrie se consolera le dimanche avec une victoire ô combien symbolique de Tambay, sa première en carrière. Cette même épreuve aura été le théâtre d’une scène plutôt cocasse où, après un accrochage, Piquet se lance dans un combat de kung-fu face à un Salazar sans défense. Après une édition 1985 offerte au tout nouveau Nürburgring, l’Allemagne fait à nouveau confiance à Hockenheim et ce, jusqu’en 2006. Pour le retour en 1986, tous les pilotes n’ont qu’un mot à la bouche : consommation. La réduction de la taille des réservoirs les conduit à constamment vérifier leur jauge, sous peine de s’arrêter avant le drapeau à damier. Ce jour-là, Rosberg n’y prête pas attention et ne peut rejoindre l’arrivée, tout comme Prost, échouant à moins de cent mètres de la ligne d’arrivée. S’il tente de pousser sa monoplace, il renoncera, à bout de forces. Un an plus tard, c’est Johansson qui peine à rejoindre la ligne de départ-arrivée et pour cause, son pneumatique avant-droit est crevé ! Cette péripétie ne lui enlèvera pas sa solide deuxième place derrière un Piquet royal. Il faut dire qu’avec ses longues zones de pleine charge, le Hockenheimring est traitre avec les moteurs. Les abandons sur casse mécaniques sont presque plus nombreux que sur n’importe quel autre tracé du championnat ! Les accidents sont également monnaie courante à ces hautes vitesses, ce dont n’échapperont pas Berger et Pirro en 1989. Le premier est victime d’une impressionnante explosion d’un pneu avant la première chicane, envoyant sa Ferrari dans un tout-droit spectaculaire. Son aileron avant arraché passe à quelques millimètres de la tête de l’autrichien. Le drame est évité de justesse, tout comme avec l’italien, extrait sans précaution de sa Benetton détruite après avoir percuté d’importants morceaux de polystyrène. Le malheureux ne s’en sortira pas mieux en 1990, harponnant la machine d’Alliot bloquée sur la grille de départ. En 1991, c’est tout d’abord Senna en essais privés, puis Comas, qui se sortiront violemment de la piste. Le français s’extrait sans mal de sa Ligier retournée en flammes. Le tracé est véritablement dangereux mais aucune évolution n’est pour l’instant attendue…

Pour autant, en 1992, les chicanes sont remodelées. C’est le dernier changement apporté avant la refonte du tracé, dix ans plus tard. Michael Schumacher y signe son premier podium à domicile, profitant de la sortie de piste de Patrese dans le dernier tour pour lui ravir la troisième marche. L’allemand qui deviendra le véritable héros de tout un peuple, remplissant toujours plus ces imposantes tribunes. L’année suivante, un terrible accident replonge la F1 dans une insoutenable stupeur. Sa Footwork glisse sur le flanc avant de rebondir dans un bac à sable. Le pilote est coincé dans son épave et sa tête a durement frappé le sol. L’anglais sera sain et sauf et sera même apte pour le grand-prix quelques heures plus tard ! Cette course est dominée par un Prost des grands jours, pourtant pénalisé pour avoir involontairement court-circuité une chicane. Pourtant, c’est son équipier Hill qui était pressenti pour la gagne mais son premier succès en catégorie reine attendra encore. Dans l’avant-dernier passage, l’un de ses pneus explose. C’est l’abandon. L’édition qui suivra marquera à tout jamais l’histoire de la Formule 1. Après un départ mouvementé et dix voitures sur le carreau, ce sont les arrêts aux stands qui agitent ce grand-prix. Lors de son ravitaillement en essence, Verstappen voit rouge flamme. Le tuyau, mal connecté, laisse jaillir de l’essence sur les échappements bouillants. En une fraction de seconde, la Benetton s’embrase sous des flammes de plusieurs mètres de hauteur. Les mécaniciens aspergés se roulent par terre alors que le néerlandais s’extrait de sa monture carbonisée. Plus de peur que de mal pour tous les membres de l’équipe où quelques brûlures légères sont à déplorer. Cette course marque le retour de Ferrari au premier plan avec un succès de Berger, le premier pour les italiens depuis 1990, mais aussi le premier podium de Panis et Bernard. 1995 est l’année de la réussite pour Schumi, remportant enfin ce grand-prix chez les siens, profitant notamment de la sortie de piste de son adversaire Hill dès le deuxième tour. L’anglais qui tiendra sa revanche l’année suivante avant que Berger ne s’impose un an plus tard pour ce qui restera son dernier succès, idem pour Benetton. Deux ans plus tard, c’est un étonnant Mika Salo, remplaçant de luxe d’un Schumacher blessé, qui caracole en tête après la sortie de piste de Häkkinen, avant de s’effacer derrière Irvine, quête du titre oblige. Le nouveau millénaire est le théâtre de ce qui reste le plus incroyable grand-prix à Hockenheim. Après un accident ayant mis sur le carreau Schumi et Fisichella au premier virage, les McLaren-Mercedes partent pour une démonstration. Mais en fin de course, après l’irruption d’un homme viré de chez Mercedes sur la piste et après la spectaculaire sortie de piste d’Alesi, la pluie fait son apparition et tombe intensément dans le Stadium. Les flèches d’argent piquent aux stands pour chausser les gommes rainurées, à l’inverse de Barrichello, toujours en slicks. L’option du brésilien est la bonne. Dans toute la partie couverte par les arbres, l’eau ne s’infiltre pas. Rubinho déjoue les éléments et accroche sa première victoire en F1 malgré sa dix-huitième place sur la grille ! 2001 se démarque par son impressionnant crash à l’extinction des feux. Victime d’un problème moteur, le Kaiser ne peut prendre de la vitesse, ce que remarque bien tard Burti. La Prost percute de plein fouet la Ferrari avant de décoller à la verticale et de retomber, à l’envers, sur l’Arrows de Verstappen. Les deux hommes sont quittes pour une belle frayeur mais aucun bobs n’est à signaler. Cette édition 2001 marque d’ailleurs la fin d’un mythe. Le Hockenheimring se doit de changer de peau pour s’accoutumer à la F1 moderne. Les longues lignes droites en forêt ne sont pas visibles des spectateurs et ne sont pas franchement sécuritaires. Un nouveau tracé voit le jour pour 2002, qui n’évoluera plus par la suite. La Schumi-mania s’impose avec trois succès en 2002, 2004 et 2006. Mais en 2007, l’Allemagne est absente au calendrier. Désormais, c’est une alternance avec le Nürburgring qui est programmée. 2008 sera notable de par le violent accident de Glock contre le mur des stands mais aussi pour le podium inédit de Piquet Jr sur sa Renault. Deux ans plus tard, les Ferrari sont à la fête et si Massa vole la vedette à Alonso, la radio crépite dans les oreilles du brésilien avec le fameux “Fernando is faster than you”. Cet échange de position à peine masqué n’est pas sans rappeler la tuile de l’Autriche 2002 chez les rouges. Si le nouveau circuit garantit davantage la sécurité, les incidents sont toujours aussi nombreux, comme en témoignent les tonneaux de Massa en 2014 ou le tout-droit de Vettel dans le Stadium en 2018. Cet incident ne sera pas sans conséquences pour l’allemand qui ne reviendra jamais à son vrai niveau après cette déconvenue. Surpris par quelques gouttes de pluie, le quadruple champion s’échoue dans les graviers. Derrière, Hamilton hésite à rentrer aux stands mais se ravise au dernier moment, coupant l’entrée des stands sans jamais recevoir de sanction. La pluie diluvienne annoncée ne viendra qu’au moment du podium avant de revenir un an plus tard, en 2019. Alors que la participation de l’Allemagne au calendrier de la F1 semble vouée à disparaître définitivement en raison de demandes économiques exorbitantes. Pour célébrer leurs 125 ans et leurs 200 grands-prix, les Mercedes arborent une livrée spéciale qui ne leur portera pas vraiment chance. Après plusieurs incidents et une piste devenue sèche de nouveau trempée, Leclerc se fait piéger dans l’avant-dernier virage après avoir surfé sur la piste de dragster. Quelques secondes plus tard, Hamilton l’imite mais parvient à repartir malgré une moustache abîmée. L’arrêt de la flèche d’argent sera catastrophique mais les péripéties sont loin d’être terminées. Après la relance, c’est Hulkenberg qui plante sa Renault. L’épreuve neutralisée repart après quelques minutes, là où les Mercedes se donnent en spectacle. Après une belle pirouette de Hamilton dans le premier virage, c’est au tour de Bottas d’en faire de même, placardant sa monture dans les barrières. Ce grand-prix totalement fou verra Verstappen maître des eaux devant un improbable Vettel, qui partait dernier, et le non-moins inattendu Kvyat et sa Toro Rosso. L’épreuve allemande était folle mais elle sera sans lendemains.

Depuis cette folle édition, seul le Nürburgring aura accueillit une épreuve sur le sol allemand avec le grand-prix de l’Efeil. Si un retour n’est pas prévu prochainement, le tracé de Hockenheim reste à l’affût. Jadis temple de la vitesse, il s’est vu métamorphosé à la demande des grands dirigeants pour promouvoir le spectacle au détriment du caractère historique. Est-il pour autant moins intéressant ? Pas vraiment, du moins, c’est ce qu’ont démontré ces dernières folles éditions…

Le circuit d'Hockenheim en chiffres...

Années de présence en Formule 1 :

1970 ; 1977 - 1984 ; 1986 - 2006 ; 2008 ; 2010, 2012, 2014, 2016, 2018-2019

Longueur :

4.574 km

Nombre de tours :

67

Meilleur temps en qualifications :

1'11"212 (Vettel - 2018)

Meilleur temps en course :

1'13"780 (Raikkonnen - 2004)

Mis à jour le 

08/06/2025

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