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Circuit d'Estoril - Portugal

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"A cause de la pandémie mondiale, le Portugal refait son apparition au championnat du monde, une première depuis vingt-cinq ans. Au milieu des années 80, malgré l'expansion de la discipline à l’international, un petit pays de la péninsule ibérique fait son arrivée avec un circuit technique, rapidement apprécié des pilotes : Estoril.\n"

Déjà présent à la fin des années 50, le Portugal réintègre le calendrier de la Formule 1 en 1984 sur le tracé d’Estoril. Construite en 1972, la piste portugaise, située à une soixantaine de kilomètres de la capitale Lisbonne, borde l’océan Atlantique, ce qui lui vaut d’être souvent balayé par les vents marins. Malgré la présence d’un certain relief, le dessin du circuit n’en demeure pas moins fluide, alternant courbes rapides, épingles plus serrées, mais surtout, une parabolique très compliquée à négocier et qui aura posé de très nombreux problèmes à beaucoup de pilotes, comme peut en témoigner Mika Hakkinen, victime d’une grosse sortie dans cette ultime course, en 1993. En élargissant sa trajectoire en sortie de virage, le finlansais perdit le contrôle de sa McLaren qui s’échoua dans le rail de l’autre côté du circuit. Le futur double champion du monde commettra une grosse boulette trois ans plus tard, en percutant son équipier Coulthard, obligeant les deux machines rouges et blanches à regagner les stands. Des stands qui furent le théâtre de nombreuses péripéties, surtout pour le champion 1992, Nigel Mansell. En 1989, alors qu’il était en tête, il plonge dans la voie des stands pour effectuer son arrêt ravitaillement. A noter qu’à ce moment précis, Martini prend le commandement pour un petit tour, le seul mené de l’histoire pour la petite écurie Minardi ! Pour ce qui est de l’anglais, une arrivée trop rapide à son emplacement de ravitaillement l’oblige à s’arrêter deux garages plus loin. Les mécaniciens Ferrari se pressent pour reculer la monoplace mais dans le même temps, “Le Lion” enclenche la marche arrière pour s’installer à ses marques. Le changement de pneumatiques prend plus de vingt secondes mais surtout, le fait de reculer dans les stands est interdit par le règlement. Sans attendre, les commissaires brandissent le drapeau noir synonyme de disqualification. Mais au lieu d’obtempérer, Mansell reste en piste et continue d’attaquer pour reprendre la tête. Neuf tours plus tard, alors qu’il est revenu dans le sillage de Senna, il tente une attaque dans le premier virage. Le pauliste se rabat sur la Ferrari : c’est l’accrochage. Les deux pilotes finissent au fond du bac à graviers. Le brésilien est furieux, il a sans doute perdu toutes chances de titre en cette année 1989. Pour l’anglais, la sanction est sans appel. Pour refus d’obtempérer, il est suspendu pour le grand-prix d’Espagne suivant. Deux ans plus tard, toujours pour ce même moustachu, les galères continuent dans la voie des stands d’Estoril. Cette fois, ce sont ses mécaniciens qui commettent la bourde en relâchant leur pilote alors que la roue arrière droite n’était pas fixée ! La Williams à trois roues s’arrêta quelques mètres plus loin, tandis que la roue folle se frayait un chemin parmis les hommes de Tyrrell. Si la machine bleue, blanche et jaune peut repartir, son pilote sera disqualifié quelques boucles plus tard pour “arrêt dans la voie rapide des stands”. Nouveau coup dur pour l’anglais qui voit ses chances de couronne disparaître. L’année suivante, toujours chez Williams, c’est Patrese qui s’offre une belle frayeur. Alors qu’il était blotti derrière Berger, l’italien ne remarqua pas le ralentissement de la McLaren pour plonger aux stands. Le choc est terrible. La monoplace anglaise décolle à la verticale avant de retomber contre le mur des stands, disloquée. Cet accident aurait pu être bien plus dramatique si la Williams avait franchi le mur délimitant le circuit. L’année suivante, c’est Berger qui nous offrit une sacré figure à la sortie des stands. Alors qu’il regagnait la piste avec ses pneumatiques froids, sa suspension arrière céda et envoya la Ferrari directement dans le rail de l’autre côté du circuit, sous le museau et les yeux de Warwick et Lehto. En 1994, un curieux incident provoqua la sortie du drapeau rouge. Pour éviter la Jordan d’Irvine en tête-à-queue, Damon Hill décida de la contourner mais l’écart entre les deux voitures étaient trop faibles. Résultat, les roues s’accrochèrent et la Williams décolla pour atterrir sur l’arceau. Plus de peur que de mal pour l’anglais, quitte pour une belle frayeur. En 1995, c’est dès le départ que le carnage eu lieu. En fond de peloton, Katayama percuta la Minardi de Badoer avant de s’envoler dans une impressionnante série de pirouettes. Plus de peur que de mal pour le japonais qui s’en retrouva particulièrement sonné, comme pour Alex Caffi, lui aussi en fâcheuse posture cinq ans plus tôt. Après un accrocha avec Suzuki, l’italien pulvérisa son Arrows dans les barrières, obligeant les commissaires à stopper définitivement l’épreuve pour permettre l’intervention des secours. Une course aussi arrêtée en 1987 dès la deuxième boucle suite à l’imposant carambolage du premier virage, obligeant les officiels à intervenir entre les bolides lancés à pleine vitesse. Mais outre ces incidents, le circuit d’Estoril c’est aussi et surtout des batailles d’anthologie, à commencer par la lutte Prost-Senna en 1988.

Avant cette course, les deux équipiers sont séparés par trois petits points, à l’avantage du brésilien. Mais si jusque-là l’entente entre les deux hommes reste cordiale, les événements du départ eurent raison de leur bonne relation. Après un premier démarrage avorté à cause de De Cesaris puis un carambolage lors du deuxième, il faut attendre la troisième procédure pour voir les bolides s’élancer. Lors de ce troisième envol, les deux McLaren restent côte-à-côte mais c’est Senna qui prend l’avantage au premier virage. Mais à l’abord du second tour, Prost se blottit dans les échappements de l’autre MP4/4 pour prendre l’aspiration et se déporter vers le côté sale de la piste. Le Pauliste ne l’entend pas de cette oreille et n’hésite pas à tasser dangereusement le français contre le muret des stands. Cet incident marquera le début des tensions au sein de l’écurie McLaren. Si les dépassements ne sont pas simples sur ce tracé, il en est pourtant un qui reste aujourd’hui dans les annales de Formule 1 : celui de Jacques Villeneuve sur Michael Schumacher en 1996. Légèrement gêné par Lavaggi, l’allemand lève légèrement le pied de l’accélérateur à l’abord de la parabolique finale. Dans son sillage, le canadien saisit sa chance en se portant à l’extérieur du virage et de la Ferrari. Les deux bolides sortent côte-à-côte du virage, roues contre roues jusqu’au premier virage, où le pilote Williams parvient à prendre un avantage définitif, tout en se replaçant pour la course au titre. Et des titres, le grand-prix du Portugal à Estoril en aura décernés. A commencer lors de sa première apparition au calendrier en 1984, avec le sacre de Niki Lauda pour un demi-point sur son équipier Prost, le plus faible écart jamais observé pour une couronne. Pour autant, le français inversa la tendance neuf ans plus tard en s’imposant haut la main sur FW15C. Une écurie Williams qui rafla la mise en 1986 dans une campagne ultra dominée. Ce tracé est également le lieu de premières, à commencer par la toute première victoire de Senna, en 1985, sous une pluie battante, après avoir réalisé la pole position la veille, sa première également. L’année suivante, le week-end est marqué par le changement de livrée de la McLaren de Rosberg, passant du rouge et blanc au jaune et blanc, un drôle de coup de pub initié par le cigarettier Marlboro. En 1987, Alain Prost remporte son vingt-huitième succès, un nouveau record dans la discipline auparavant détenu par Stewart. En 1990, la course est animée par les deux Ferrari et les deux McLaren, quasiment roues dans roues jusqu’à l’interruption de l’épreuve après l’accident de Caffi. Durant ce grand-prix, Mansell tenta le tout pour le tout pour semer son poursuivant Senna, y compris trouver des trous de souris pour s’infiltrer entre ses concurrents, comme ce fut le cas avec Alliot, alors retardataire. Mais si la manœuvre de l’anglais est bien amenée, le français n’y prête pas attention. Résultat, les monoplaces s’accrochent et la Ligier finit dans le décor, sans pour autant que la machine rouge ne s’abîme. Quatre ans plus tard et après les divers évènements tragiques de début de saison, le tracé est légèrement modifié avant la parabolique. Mais ces aménagements ne sauvent pas le rendez-vous portuguais qui tourne rapidement au désastre économique. Avec un prix des billets exorbitant et une population pauvre, difficile d’attirer les spectateurs d’autant plus que les infrastructures présentes correspondent de moins en moins aux exigences de la FIA. Prévu au calendrier 1997 pour accueillir la finale, il fut remplacé par le grand-prix d’Europe à Jerez avant de tout simplement disparaître à tout jamais.

De 1996 à 2020, le Portugal s’est totalement tenu à l’écart de la Formule 1. A plusieurs reprises, des projets firent état de la possible tenue d’un grand-prix dans ce petit pays mais il n’en fut rien. Le tracé d’Estoril ne fut pas abandonné pour autant, servant pour bien d’autres compétitions. Pourtant bien apprécié des pilotes, il aura souffert de ses trop faibles infrastructures et de son faible attrait pour les spectateurs. Mais en 2020, à cause de la crise sanitaire mondiale, le calendrier est chamboulé. Quasiment toutes les manches extra-européennes sautent, laissant vides de nombreuses dates. Il n’en fallait pas plus au Portugal pour relancer la compétition, non pas à Estoril, mais sur le récent circuit de Portimao : réel succès. C’est d’ailleurs ici même qu’un certain Lewis Hamilton s’octraya le record du nombre de victoires, dépassant les quatre-vingt-onze de Michael Schumacher...

Le circuit d'Estoril en chiffres...

Années de présence en Formule 1 :

1984-1996

Longueur :

4.360 km

Nombre de tours :

70

Meilleur temps en qualifications :

1'20"330 (Hill-1996) 1'22"446 (Coulthard-1994)

Meilleur temps en course :

1'22"446 (Coulthard-1994)

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