Brawn GP BGP 001

Comment créer la plus grosse surprise de l'histoire de la Formule 1 ? Demandez à Ross Brawn…
En 2008, le monde entier est touché par une importante crise économique. La Formule 1 n’y échappe pas. Parmi ses victimes, Honda. La firme nippone, devenue écurie officielle depuis 2006, n’a pas rencontré le succès escompté en 2007 et 2008. La perte de leur principal sponsor n’aura pas aidé les machines japonaises qui ne brilleront jamais. A l’issue de la saison, alors que l’écurie B Super Aguri a déjà jeté l’éponge, Honda renonce à poursuivre son engagement en catégorie reine. Pourtant, une toute nouvelle monoplace était déjà en préparation dans les ateliers de Brackley, conforme au changement de réglementation prévu en 2009. Malgré quelques discussions de reprises, personne ne semble capable de prendre en main la désormais défunte écurie. C’était sans compter sur Ross Brawn, ingénieur de génie de l’ère victorieuse Benetton et Ferrari avec Schumacher, alors directeur technique de Honda depuis 2006. Alors que les recherches de repreneurs, avec Pat Fry, tournent court, une solution est trouvée pour engager deux voitures sur la grille : le rachat par Brawn lui-même. Désormais titulaire de son écurie éponyme, l’anglais s'attèle à un boulot titanesque. Le 9 Mars 2009, soit trois semaines avant le début de saison, la BGP 001 est officiellement présentée. Exit le moteur Honda, c’est un bloc Mercedes de 2,4L, culminant à 18 000 trs/min, qui est déniché pour s’implanter dans le châssis. Comme le stipule le nouveau règlement, la Brawn GP dispose d’un aileron avant bien plus large que ses prédécesseurs alors qu’à l’arrière, l’aile est bien plus haute mais plus étroite. Les pneus slicks font également leur retour après 12 ans d’absence. Les appendices aéro qui poussaient comme des champignons les saisons précédentes sont bannies, laissant place à une carrosserie extrêmement lisse. Mais l’arme absolue de cette monoplace blanche et verte (ou jaune selon la lumière), c’est son fameux double-diffuseur. Si le nouveau système de récupération de l’énergie cinétique (KERS) n’est pas présent sur la monture anglaise, une belle astuce technique avait été étudié par Honda. Avec un passage des flux d’air sous le fond plat amélioré, la BGP 001 semble affoler tous les compteurs, de quoi en étonner plus d’un, à commencer par Ross Brawn lui-même. Le duo de pilote reste inchangé avec Button et Barrichello aux commandes. Les deux hommes se savent dans une position délicate mais aucun d’eux ne pouvait imaginer le scénario totalement fou qui allait suivre.
Juste avant que la saison ne s’ouvre à Melbourne, l’écurie dévermine sa voiture lors des tests collectifs de pré-saison à Barcelone. Si le meilleur temps est à mettre à l’actif de Button, il n’y a aucune vraie preuve de la performance de la voiture. Mais dès les premiers essais en Australie, les machines blanches étonnent d’efficacité, de quoi faire pâlir les grands constructeurs, visiblement agacés par ce double-diffuseur qu’ils jugent illégal. Après étude par la FIA, la monoplace est jugée conforme à la réglementation. La première séance de qualifications ne fait que confirmer cette épatante performance. Button en pole, Barrichello deuxième, six dixièmes d’avance sur la concurrence, voilà une claque à laquelle ne s’attendaient pas les protagonistes des années précédentes McLaren et Ferrari, presque réduites au rang d’outsider. A l’extinction des feux, le pilote anglais s’échappe, ne se faisant jamais attaquer durant la totalité du grand-prix. Derrière lui, son équipier manque de caler et passe de la deuxième à la huitième place avant le premier virage. Au moment de freiner, Kovalainen pousse la BGP 001 du brésilien qui percute la Red Bull de Webber. Plus de peur que mal pour Barrichello qui s’en tire sans bobos et heureusement, l’équipe n’ayant presque aucunes pièces de rechange. Alors que la course se décante et que les incidents s’enchainent, les deux Brawn GP suivent leur petit chemin sans broncher. Malgré des arrêts ravitaillements un peu plus lents que ceux des autres écuries, les anglaises restent bien positionnées avec la première et la quatrième place à l’entame des trois derniers tours. C’est alors qu’entre eux deux, Vettel et Kubica s’accrochent avant de taper le mur. C’est un véritable miracle qui s’offre à Ross Brawn : voilà que son propre team remporte son premier grand-prix et réalise le doublé pour sa première sortie officielle ! Seuls Alfa Romeo en 1950, Mercedes en 1954 et Wolf en 1977 avaient réussi cette performance pour leurs grands débuts. La plus petite équipe du plateau vient de rafler la mise à la surprise générale. Ross Brawn n’y croit pas, Button et Barrichello non plus. Mais ce succès n’est-il pas juste chanceux ? Pour pouvoir prétendre à glaner un championnat du monde, il faut compter sur le développement de la voiture, or, avec des moyens financiers plus que limités, pas sûr que la BGP 001 puisse tenir la cadence, à moins que… La réponse est rapidement donnée lors de la deuxième manche, à Sepang. Premier et quatrième temps des qualifications, voilà qui encourage les blanc. et jaune fluo. Mais avant le départ, alors que Barrichello est relégué au huitième rang pour changement de boîte de vitesses, le team anglais s’inquiète de la météo malaisienne et pour cause, de gros orages sont annoncés. La Brawn GP n’a jamais roulé sous la pluie. Son baptême du feu risque d’être périlleux. Si l’envol de Button est un petit peu moins bon que celui de Trulli ou de Rosberg, il ne lui faudra pas longtemps pour retrouver le leadership au jeu des arrêts aux stands. De son côté, le brésilien se fraye un passage parmi le top 5 avant d’intégrer le podium provisoire. Peu avant la mi-course, le déluge redouté éclate. Rapidement, la piste devient un parc aquatique à ciel ouvert. Les changements de pneumatiques se succèdent sans cesse jusqu’à ce qu’au trente-et-unième tour, la voiture de sécurité intervienne pour neutraliser l’épreuve. Les monoplaces ressemblent plus à des bateaux qu’à des bêtes de course sur ce bitume inondé. Quelques secondes plus tard, le drapeau rouge est sorti. Le classement sera officiellement figé après presque une heure d’attente. Pour la deuxième fois, c’est Button qui s’impose, quatre place devant son équipier. En raison de l’interruption prématurée du grand-prix, seule la moitié des points est attribuée, fait rare dans l’histoire de la discipline. En Chine, le mauvais temps est encore de la partie. La pole position échappe pour la première fois à Button et Brawn GP, battu par Vettel, premier poleman sur Red Bull. Sous ces conditions dantesques, les machines autrichiennes se montrent particulièrement à l’aise si bien que sous le drapeau à damier, c’est le doublé. A près d’une minute du vainqueur, les monoplaces de Button et Barrichello s’inclinent au troisième et quatrième rang. La saison est loin d’être terminée mais une première hiérarchie semble s’imposer avec un duel Brawn Grand-Prix - Red Bull Racing. Qui en sortira vainqueur ?

Barcelone - Essais hivernaux (2009)

Melbourne (2009)

Sepang (2009)

Barcelone - Essais hivernaux (2009)
Finalement, ce ne sera ni l’une ni l’autre lors des qualifications de la manche bahreinie. En effet, les Toyota s’offrent un petit moment historique en bloquant la première ligne de la grille, un fait unique dans l’histoire de la marque nippone. Si les machines blanche et rouge s’envolent en formation, la stratégie ne sera pas une réussite. Après le premier arrêt ravitaillement, Button a sauté Trulli et Glock. L’allemand qui verra également Barrichello lui subtiliser une position aux stands dans un grand-prix pas très palpitant. Sur la ligne d’arrivée, le leader du championnat s’offre un troisième succès en quatre sorties, de quoi confirmer son leadership, quatre places devant son équipier. Cette étape désertique sera la dernière avant le grand retour en Europe, synonyme de premières phases de développement des monoplaces. Chez Brawn GP, le budget limité, malgré l’ajout de quelques sponsors sur la carrosserie blanche, ne permet pas de changements drastiques. Si le capot moteur, le plancher et le diffuseur sont légèrement retouchés, la voiture reste sensiblement la même qu’en entame de saison. Un mal pour un bien finalement au vu des performances des machines anglaises, monopolisant la première et troisième place sur la grille de départ. A l’extinction des feux, Barrichello est plus prompt à s’élancer en s’emparant du commandement dans le premier virage avant l’intervention de la voiture de sécurité. Dans le ventre mou du peloton, Trulli perd le contrôle de sa monture et se fait percuter par la Force India de Sutil. Voulant éviter le carnage, les deux Toro Rosso finissent par s’empaler l’une l’autre, de quoi noyer la piste sous un déluge de débris de carbone. Le leader brésilien tiendra son rang jusqu’aux arrêts ravitaillements. Là, alors que la stratégie évolue pour Button, le pauliste perd pied et laisse son équipier filer vers la victoire, sa quatrième. Assurant tout de même le doublé, Barrichello se sent dupé par son équipe, pensant avoir été désavantagé vis-à-vis du leader du championnat. Les tensions s’apaisent rapidement mais le brésilien demeure impatient de regoûter lui aussi au succès, lui qui n’a pas connu le triomphe depuis la Chine en 2004. A Monaco, le bon équilibre aérodynamique des Brawn GP fait encore des miracles. Après des premiers essais à tâtonner, les réglages optimaux sont trouvés et une fois de plus, c’est Button qui se montre le plus rapide sur un tour chronométré, devançant la Ferrari de Raikkonen de quelques millièmes seulement. Dès le départ, le chemin habituel se dessine : Button en tête devant Barrichello puis le reste du peloton. Personne ne pourra contester la supériorité des machines anglaises, de nouveau en formation au bout des soixante-dix-huit tours de course. A l’issue de son tour de décélération, l’anglais oublie de parquer sa monture sur la grille de départ comme il est de coutume à Monte-Carlo. A la place, sa BGP 001 est piégée dans le parc fermée, de quoi obliger le récent quintuple vainqueur à sprinter jusqu’au podium pour rejoindre le Prince Albert II de Monaco, Barrichello et Raikkonen. Ce succès démontre une fois de plus les qualités des Brawn GP, décidément intraitables sur tous types de tracés. Le circuit d’Istanbul ne sera pas une exception. Deuxième des qualifications, Button voit Vettel lui subtiliser la première place au départ mais à la fin du deuxième secteur, le pilote Red Bull commet une erreur de trajectoire, laissant le champ libre à l’anglais pour filer vers son sixième trophée de vainqueur. De l’autre côté du garage, l’ambiance est bien différente. Pénalisé par un embrayage fatigué, Barrichello perd très gros au moment de s’élancer, se retrouvant englué dans la seconde moitié de la grille. Sa tentative de remontée se solde par un premier accrochage avec Kovalainen puis un second avec Sutil quelques boucles plus tard, endommageant sérieusement son aile avant. Finalement, c’est sa boîte de vitesses qui mettra fin à ses supplices, rendant l’âme en dernière partie de grand-prix. Ce premier abandon de l’écurie anglaise ne ternit en rien son palmarès déjà bien étoffé. Quarante points d’avance sur sa plus proche rivale Red Bull, Brawn GP s’affirme comme la plus grosse surprise de l’histoire de la Formule 1. Il reste cependant dix courses à courir. Le retour en force des gros teams pourrait-il renverser la suprématie du petit Poucet ? Réponse à Silverstone…
Sur la piste anglaise, la BGP001 voit ses ailerons légèrement modifiés mais dès les premiers essais libres, un constat s’impose : les Red Bull ont inversé la tendance. Même si Barrichello parvient à s'immiscer en deuxième position sur la grille, le rythme de course sera impossible à suivre. Tour après tour, et alors que Vettel et Webber prennent le large, le brésilien se fait distancer. Quarante-et-une secondes de retard sur le vainqueur allemand, l’addition est salée. C’est même pire pour Button, mécontent de sa monture tout au long de son week-end à la maison. Passant proche de la correctionnelle sur un tour lancé, il limite les dégâts malgré un départ loupé pour accrocher les quatre points de la sixième position. Le calendrier bascule dans sa seconde moitié à compter de la manche allemand au Nürburgring. L’avantage comptable de l’écurie anglaise et de ses pilotes est encore confortable mais face à la montée en puissance des écuries comme Red Bull, Ferrari ou McLaren, tout pourrait basculer rapidement. Ce grand-prix d’Allemagne en sera une belle démonstration. Probablement sauvées par la pluie le samedi, les Brawn GP figurent en deuxième et troisième places sur la grille de départ dans l’ordre Barrichello - Button. Les bolides lancés plongent toutes vers le premier virage, lieu de l’accrochage entre le poleman Webber et le pauliste, fort heureusement sans conséquences sur l’état de leurs monoplaces respectives. Si l’australien écope d’une pénalité, son rythme délirant le propulse en tête sous le drapeau à damier, une première pour le pilote Red Bull Renault. Les BGP 001 ont beau s’accrocher au top 3 une bonne partie du grand-prix, la mauvaise chauffe de leurs pneumatiques et une stratégie à trois arrêts trop audacieuse les condamnera à errer au cinquième et sixième rangs à l’arrivée, le plus mauvais résultat groupé des anglaises. Et que dire de la course hongroise. Lors de la deuxième partie des qualifications, Barrichello ne réalise pas le temps nécessaire pour se battre pour la pole position, mais cela est loin d’être le plus important. En effet, alors que sa monoplace évoluait sur le bitume du Hungaroring, un ressort s’échappa de sa BGP 001 avant de rebondir sur le tarmac. Problème, Massa le suivait de près. L’élément vagabond vient percuter le casque du malheureux brésilien lancé à une vitesse folle. Instantanément, le contrôle de la machine est perdu et le crash est terrifiant. Les premières images de l’extraction du pilote Ferrari ne sont pas rassurantes. Son œil gauche semble être touché. Il faudra attendre un long moment pour enfin connaître de bonnes nouvelles à son encontre. Quant à Button, c’est le huitième temps, à près d’une seconde de l’homme en pole, à savoir Alonso, qui l’attend. Le grand-prix sera des plus difficiles, notamment à cause de l’usure prématurée des gommes tendres. Bloqué dans le trafic tout au long des soixante-dix tours, l’anglais ne peut mieux faire que sa septième place, loin, très loin du vainqueur Hamilton, enfin de retour aux avant-postes. Même résultat chez Barrichello avec la dixième position. Deux maigres points, c’est le total amassé par Brawn GP en terres hongroises, son plus faible rendement depuis l’entame de saison. Ross Brawn reconnaît que son écurie n’est plus au niveau et que d’importants changements se doivent d’être opérés pour espérer tenir jusqu’au bout. Il faut dire qu’en trois meetings seulement, l’écart avec Red Bull à diminuer de plus de 50%, de même que celui de Button en tête du classement des pilotes. La pause estivale ne sera pas de tout repos pour tout le monde…

Barcelone (2009)

Monaco (2009)

Silverstone (2009)

Barcelone (2009)
La fin du mois d’Août rime avec rentrée des classes pour la Formule 1 et c’est à Valence, sur le tracé urbain et portuaire, que se tient le grand-prix d’Europe pour la seconde année consécutive. La coupure de quatre semaines a régénéré toutes les batteries et les pilotes sont plus motivés que jamais. Si la première partie de saison était pleine de surprises, beaucoup s’attendent à un resserrement général du classement. Les McLaren-Mercedes se montrent les mieux armées pour aborder ces derniers meetings avec une première ligne entièrement chromée, devançant Barrichello, Vettel et Button. Dès le départ, le britannique perd quelques positions et peine à remonter dans le classement. A l’inverse, le pauliste réalise une course très solide, sautant une par une les deux McLaren au gré des ravitaillements pour prendre la tête de l’épreuve. Si Hamilton se montre pressant, le brésilien tient bon et pour la première fois depuis cinq ans, le voilà sur la plus haute marche du podium. Ce succès d’une Brawn GP rebooste inévitablement une équipe qui sentait le vent tourner, profitant également de l’absence des deux Red Bull parmi les huit premiers. La fin de la saison européenne approche avec les manches de Spa-Francorchamps et Monza, deux des circuits les plus rapides du calendrier. Dans les Ardennes belges, l’écurie anglaise tente de nouvelles choses avec des ailerons encore plus travaillés, bien que très fin pour diminuer au maximum la traînée. Le développement coûte cher mais petit à petit, les sponsors arrivent et les finances augmentent. Soutenu dès le début par Virgin, le team anglais assure que sa santé économique est garantie pour les trois années à venir. D’ailleurs, de très nombreuses rumeurs éclatent au grand jour, dont celle d’un rachat de l’écurie par Mercedes-Benz et la reconduction des contrats des deux pilotes pour la saison 2010. Mais avant de déceler le vrai du faux, Brawn GP s’attaque à Spa-Francorchamps dans la difficulté. Pour Button, l’équilibre de sa monoplace est catastrophique si bien qu’il ne se qualifie qu’en quatorzième position, sa plus mauvaise performance de l’année. De l’autre côté du garage, il y a du mieux avec le quatrième rang, mais à tout de même deux dixièmes de l’étonnant Fisichella et son incroyable Force India. Au moment de partir, comme souvent, l’embrayage de Barrichello fait des siennes. Résultat, il est bon dernier avant d’attaquer la Source. De son côté, le leader du championnat s’envole plutôt bien et grignote quelques positions mais dans le virage des Combes, l’anglais s’accroche avec Grosjean qui effectuait son premier départ. Les deux monoplaces s’échouent dans les barrières, de même que celles de Hamilton et d’Alguersuari. C’est le premier abandon de Button en 2009, qui restera son unique. Reparti le couteau entre les dents, Barrichello tente une stratégie alternative pour rejoindre la zone des points. Pari réussi avec la septième place finale, bien que son moteur soit victime d’une fuite d’huile dans les derniers kilomètres, provoquant un incendie une fois la monoplace sécurisée dans le parc fermé. Avec une première victoire Ferrari, un premier podium pour Force India et un resserrement de la hiérarchie, Brawn GP ne concède que deux petites unités à Red Bull Racing. A Monza, pour le dernier rendez-vous européen, la hiérarchie est encore bousculée. Comme en Hongrie, ce sont les McLaren qui sont les plus véloces sur un tour, tout de même séparées par l'impressionnante Force India de Sutil et la Ferrari de Raikkonen. Derrière ce quatuor, les Brawn GP sont bien présentes, mais à plus d’une seconde de Hamilton. Le KERS, dont ne disposent pas les voitures anglaises, est un réel atout sur ce tracé de vitesse. Pour pouvoir jouer les trouble-fêtes à l’avant, la stratégie se devra d’être audacieuse. Un seul arrêt est programmé pour les BGP 001, contre deux pour les principaux adversaires. Pari gagnant. Au trente-huitième tour, Barrichello et Button pointent tous les deux en haut du classement et ce, jusqu’au drapeau à damier. Pour sa onzième et dernière fois en carrière, le brésilien remporte un grand-prix. Pour Brawn GP, c’est le quatrième doublé de l’année, un exploit. Jamais jugées comme étant favorites, les machines anglaises auront profité du savoir-faire de son Team Principal et de sa faculté à pondre les bonnes stratégies pour prendre les devants et gagner, encore et encore. L’écart au championnat, qui prenait la tendance d’un resserrement face à Red Bull, vient à s’étirer de manière flagrante, montant à 40,5 points au soir du meeting italien. Avec quatre courses restantes, les chances de voir l’un des deux pilotes triompher est plus qu’importante. D’ailleurs, seuls Button, Barrichello et les deux pilotes de la firme autrichienne, Vettel et Webber, sont encore en lice pour le titre suprême. La folle épopée des blanc et jaune fluo teindra-t’il le coup ? Rendez-vous est pris à Singapour…
Dans les rues de la ville-capitale, l’appui et l’équilibre, qui auront été certaines des principales qualités de la BGP 001 à Monaco et Valence, sont à nouveau prédominantes. D’emblée, les Brawn GP se montrent à l’aise mais plus le week-end avance et plus les difficultés apparaissent. Preuve en est avec l'élimination surprise de Button dès la Q2 alors qu’en Q3, Barrichello arrache le cinquième temps avant de taper le mur. Pour ne rien arranger, sa boîte de vitesses, en sursis depuis plusieurs meetings, doit être changée, l’obligeant à reculer encore un peu sur la grille. Par chance, le départ se passe bien et les deux monoplaces blanche et jaune grapillent quelques position. Évitant les accidents, accrochages et autres péripéties, les deux anglaises retrouvent les points avec les cinquième et sixième places finales, ajoutant deux petits points de plus que Red Bull, pas vraiment en verve ce week-end là. Avec trois grands-prix encore à disputer, Button et Brawn GP voient au Japon l'opportunité de concrétiser leurs efforts avec une première balle de match pour les championnats pilotes et constructeurs. Mais la belle anglaise pêche sur ce tracé exigeant. Lors des qualifications, pas moins de quatre accidents stoppèrent la séance. Si les BGP 001 y échappe, une vitesse trop élevée sous drapeau jaune sera la conséquence d’unen double pénalité de cinq places sur la grille pour Barrichello et Button. Au cœur du peloton, les deux hommes font le yo-yo avec le top 6 et le top 10 au gré des arrêts. Une intervention tardive de la voiture de sécurité n’y changera rien, impossible de jouer la victoire. A la place, ce sont les petits points de la septième et huitième positions qui attendent les deux leaders au classement général. Pas de sacre dans les deux camps mais la fin est proche. En effet, il ne manque qu’un demi-point à l’écurie de Brawn pour rafler la mise. Difficile d’imaginer que tout puisse s’échapper à Sao Paulo. Dans son pays natal, Barrichello espère bien éclipser son équipier pour se maintenir dans la course au titre. Pour ce faire, il lui faut impérativement gagner, chose qu’il n’a jamais réussi à faire en carrière. Cela démarre bien pour lui avec la pole position, sa seule de l’année mais surtout, sa première en cinq ans. A l’inverse, Button échoue à passer en Q3 avec une bien mauvaise quatorzième place, en partie dûe aux mauvaises conditions météos. Dès le départ, le pauliste prend les devants et semble ne pas être inquiété. Plus loin, Button cravache et gagne position après position pour retrouver la zone des points. Si le brésilien l’emporte, il ne suffira que d’une troisième place à l’anglais pour clore ce championnat. Mais ce scénario n’aura pas besoin d’être imaginé. Au soixante-deuxième tour, Barrichello et Hamilton se touchent, occasionnant une crevaison sur la BGP 001, l’obligeant à abdiquer dans sa quête de couronne mondiale. Avec un top 5 amplement mérité, Jenson Button décroche son premier et unique titre de champion du monde de Formule 1 au prix d’une saison épique à la hiérarchie chamboulée. Ces quelques unités supplémentaires permettent à Brawn GP de sécuriser également les lauriers, un rêve qui devient réalité pour Ross Brawn et ses employés, récompensés pour leur dur labeur. Mais dans cette euphorie, il subsiste un déçu : Rubens Barrichello. Passé à côté de son grand-prix national finit même par le repousser au troisième rang du championnat des pilotes derrière Vettel. La dernière manche de la saison est arrivée et outre la bataille pour la place de vice-champion, ce premier grand-prix à Abu Dhabi n’a que peu d’intérêt. Hamilton semble être l’homme à battre lorsqu’au bout d’une vingtaine de tours, les freins de sa McLaren stoppe son récital. Les Red Bull prennent le commandement et le large, devant les deux BGP 001. La première course au crépuscule n’aura pas donné le plus grand des spectacles. Sur un ultime podium du nouveau champion du monde, l’écurie Brawn GP tire sa révérence, non sans avoir marqué les esprits…

Valence (2009)

Monza (2009)

Yas Marina (2009)

Valence (2009)
Au bout du suspense, la BGP 001 raffle tout. Jamais dans l’histoire de la discipline, une si petite écurie n’a réussi un tel exploit. Scheckter et sa Wolf y était passé proche en 1977, mais sans pour autant tenir jusqu’au bout. Partir de presque rien avec des moyens très limités, une marge de progression difficile à cerner et une voiture arrivée très tard en piste, difficile de croire au résultat. Avec huit victoires, cinq poles position, quatre meilleurs tours et quinze podiums, la BGP 001 était incontestablement l’arme ultime de 2009, bien que les Red Bull, Ferrari et McLaren se soit montrées bien plus fortes en fin de saison. Le talent de Button et de Barrichello n’est pas à oublier non plus. Sans eux, rien ne serait arrivé, ni même sans Ross Brawn lui-même. Le flair de l’anglais n’aura fait que confirmer sa place de membre à part de la Formule 1 avec tous les succès qu’on lui connaît. Pourtant, a l’issue de cette folle campagne, l’écurie est rachetée par Mercedes. Button et Barrichello ne sont pas retenus, l’un partant chez McLaren, l’autre chez Williams. A leurs places respectives, Brawn, qui est toujours présent, s’accorde les services de Nico Rosberg et d’un certain Michael Schumacher. Son génie n’aura donc aucune limite…
La Brawn GP BGP 001 en chiffres...
Grands-prix :
17
Victoires :
8
Podiums :
5
Poles Position :
5
Meilleurs Tours :
4